Le Monde diplomatique

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  • Un peu de dystopie en ces jours de grande malbouffe.

    Chères chairs humaines…, par Pierre Alferi (Le Monde diplomatique, juillet 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/07/ALFERI/64843

    Chères chairs humaines,

    Votre flaccidité n’est pas fatale. Elle n’est pas non plus imputable aux confinements de ces dernières années. La pandémie d’obésité n’a fait qu’accélérer une déchéance amorcée dès la fin du XXe siècle, quand apparut le type de la « patate sur canapé ». On peut blâmer les chaînes de restauration rapide, l’industrie des boissons sucrées et des plats ultratransformés, la vente en ligne, la vidéo à la demande. Mais mille tentatives ont prouvé qu’il ne suffisait pas de s’attaquer à ces cofacteurs de mollesse. Le risque d’avachissement, de paralysie grasse et d’enlisement visqueux est systémique.

    Du coup, après cette (mal)saine lecture, je me sens remotivé pour manger « de tout » ...

  • « Le marché européen de l’électricité devait apporter une énergie abondante, peu chère et propre. Mais, comme d’habitude, la libéralisation est un échec. Malgré cela, l’UE et le gouvernement français la poursuivent en démantelant EDF. »

    Absurdistan électrique | David Garcia

    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/GARCIA/65343

    Le coût exorbitant d’une libéralisation

    La crise énergétique consécutive aux sanctions occidentales contre la Russie n’a pas seulement rogné le pouvoir d’achat des Européens et affaibli le Vieux Continent. Elle projette une lumière crue sur l’échec de la libéralisation du marché de l’électricité en France et, surtout, sur l’obstination des différents gouvernements à poursuivre cette politique quoi qu’il en coûte.

    « Le marché européen donne l’impression d’être au bout du modèle mis en place il y a vingt, vingt-cinq ans . » L’auteur de cette formule n’est ni encarté à La France insoumise (LFI), ni adhérent du syndicat contestataire Sud énergie. Président-directeur général (PDG) d’Électricité de France (EDF) de 2014 jusqu’à son récent remplacement, M. Jean-Bernard Lévy a dirigé plusieurs multinationales du CAC 40 : Vivendi, Thalès…

    #Destruction-Dogmatique #EDF

  • A lire dans @mdiplo : Orion, le logiciel de planning RH que la SNCF teste en Ile-de-France... https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/DERKAOUI/65381

    A ce qu’on en lit, visiblement, Orion n’est pas seulement un planneur RH... Enfin, si, il pose exactement les mêmes problèmes que les autres logiciels de planning des horaires des employés, surtout quand ils sont calculés selon des modalités opaques aux employés. Qui décide des « shifts », des changements d’équipes, selon quelles règles ? Quand un système de prévision de vente par IA est couplé à un logiciel de planning qui fait le planning, l’IA ou le responsable RH ? Quel employé est sollicité, lequel ne l’est pas ? Sur quels critères (rémunération, disponibilité, assiduité, couleur de peau, fonction...) ? Autant de questions qui montrent l’obfuscation en cours dans ces systèmes. Orion, semble prendre en compte, principalement, le coût de travail des salariés dans le temps. Son principe, c’est de limiter les primes spécifiques et les heures supplémentaires. Ce qu’il optimise, c’est le coût RH, au mépris des conditions d’existence d’employés prévenus de la veille pour le lendemain.

    Face à ce type de problèmes, aux Etats-Unis, plusieurs organisations syndicales ont fait adopter des lois sur les horaires stables obligeant à un préavis de 2 semaines sur les horaires et des compensations en cas de changements à la dernière minute J’en parlais là : https://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/faut-il-changer-de-mentalite-pour-changer-les-parametres-des-logiciels

    Mais ces questions de changements d’emploi du temps à la volée vont très certainement s’améliorer avec le déploiement du logiciel. On peut imaginer qu’Orion devrait pouvoir facilement calculer des plannings à plus long terme, tout en optimisant les coûts pour l’employeur. Par contre, le principe d’Orion, plus que la gestion des shifts, est visiblement mis en place pour raboter et supprimer les primes. A terme, l’introduction de ces calculs signifie que l’optimisation des primes va rendre leurs négociations inutiles. Face aux systèmes de rémunérations calculés par l’IA, cela montre la limite aujourd’hui à négocier des primes par rapport aux salaires ainsi que l’enjeu de déplacer la négociation salariale sur la stabilité, avec des compensations en son absence. Et surtout, de concentrer l’action de négociation sur le seul salaire - et pas sur les primes - mais ça, on le savait déjà ;). Un beau cas d’école de l’utilisation politique des systèmes de calcul et de la manière dont ils vont modifier en profondeur le dialogue social...

  • La #méthanisation, stade suprême de l’#agriculture_industrielle, par Claire Lecœuvre (Le Monde diplomatique, décembre 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/LECOEUVRE/65358

    Parée de vertus sur le papier, la production de #biogaz rencontre pourtant de plus en plus d’oppositions locales. Outre les mauvaises odeurs qui mobilisent contre elles de nombreux voisins, l’usage des digestats n’est pas sans incidence sur l’environnement, en particulier les rivières. Mais, au-delà des remèdes à apporter aux multiples nuisances, deux visions de la filière s’opposent : d’un côté, un écosystème avec de petits méthaniseurs, consommant et produisant ce dont il a besoin localement, à l’échelle d’une exploitation ; de l’autre, un système productiviste qui repose sur d’immenses #méthaniseurs, centralisant les lisiers de dizaines de fermes, et qui vise à produire de grandes quantités d’énergie à répartir sur un réseau national ou à vendre à l’étranger, avec de plus grosses centrales — mais qui ne se contente plus de recycler et doit être alimenté par une production accaparant une partie des surfaces agricoles.

  • À bas la presse bourgeoise ! - Deux siècles de critique anticapitaliste des médias. De 1836 à nos jours- Publico
    https://www.librairie-publico.com/spip.php?article3521

    La liberté de la presse a ceci de commun avec la République qu’elle est aujourd’hui défendue même par les forces politiques qui ont le plus férocement ferraillé contre elle dans un passé pas si lointain. Les avocats de la critique de la presse, eux, sont beaucoup moins nombreux. Passe encore (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Sécessions américaines, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, octobre 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/10/HALIMI/65166

    Reste toutefois un domaine où cette opposition pétrie de haine ne s’observe guère : la défense de l’empire. Affronter la Russie, armer l’Ukraine, contenir la Chine, soutenir Israël, assujettir l’Union européenne fait consensus au sein de la classe politique américaine. La preuve, on n’en parle pas…

    #états-unis

  • Rêves sionistes au pays du Cèdre, par Olivier Pironet (Le Monde diplomatique, décembre 2020)
    https://www.monde-diplomatique.fr/mav/174/PIRONET/62476

    Entre 1982 et 2000, cette politique de « normalisation frontalière » mise en œuvre dans la zone méridionale occupée permet notamment aux Israéliens d’exploiter massivement les ressources agricoles et hydrauliques du pays du Cèdre, en particulier les eaux du Hasbani, avant qu’ils soient contraints de se retirer sous les coups de boutoir du Hezbollah. Le retrait est pourtant loin d’être totalement achevé. En 2020 [et jusqu’à present], Israël occupe toujours illégalement deux localités stratégiques au Liban sud : une zone agricole de trente kilomètres carrés, dite des « fermes de Chebaa », riche en eau et revendiquée par Beyrouth ; et le versant libanais de Ghajar, un village à cheval sur le Liban et le Golan syrien, saisi par l’armée israélienne lors de la guerre de 2006. Elles sont toutes deux situées au pied du mont Hermon, cet imposant château d’eau brigué par les sionistes depuis cent ans.

    #sionisme #vitrine_de_la_jungle #Liban #eau

  • Alice Neel - Peindre corps et âme - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/103536-000-A/alice-neel-peindre-corps-et-ame

    Fidèle à son sens de la figuration très personnel, la #peintre américaine Alice Neel (1900-1984) a consacré sa vie aux laissés-pour-compte, liant la cause féminine à la question sociale. Retour sur le parcours d’une artiste « collectionneuse d’âmes », farouchement indépendante et devenue une icône féministe.

    #Alice_Neel — AWARE
    https://awarewomenartists.com/artiste/alice-neel
    #peinture #art #femmes_artistes

  • Le football, c’est la guerre, par Ignacio Ramonet (Le Monde diplomatique, juillet 1990)

    https://www.monde-diplomatique.fr/1990/07/RAMONET/42700

    On ne joue pas pour jouer, on joue pour gagner. Le football de masse satisfait ainsi le désir pervers d’affronter un ennemi pour mieux définir l’identité nationale. La haine pour la haine s’ajoute à la détestation gratuite, sans raison, sans cause. Pour l’exaltation, souvent, d’une idée nécrosée de la nation.

    • Ce sont tous les sports. Chaque fois que tu dis que tu viens pour participer, les vrais sportifs te regardent avec le plus profond mépris.

      J’aimais bien l’escalade, parce qu’il y avait un rapport au temps et à la performance très apaisé. Certes, on classait déjà les voies par difficulté, mais le fait d’enchainer un passage difficile était plus vécu comme une satisfaction personnelle qu’un défit jeté à la face du monde.

      Depuis, les mêmes Rank Xerox ont déboulé et se sont mis à chronométrer les voies.

      Dans ma ville vient d’être inaugurée la plus grande SAE (Structure artificielle d’Escalade) intérieure d’Europe et avant même l’ouverture, on annonçait déjà fièrement que le gros des créneaux était déjà occupé pour l’entrainement des équipes et les compétitions, restent les voies Mickey pour le menu fretin, un peu comme dans les piscines où on n’a plus le droit de barboter…

      La compétition, ça pourrit tout.

    • @monolecte et j’ajouterais aux plaisirs de l’escalade celui d’avoir un point de vue unique arrivé en haut des voies (pas en salle évidemment :o) ), que les randonneurs n’ont pas. Que de souvenirs dans les calanques de Cassis et dans le massif de la Sainte Victoire...

      Pour le reste je suis entièrement d’accord avec toi, c’est un sport qui est devenu complètement axé sur la performance et la compet.

      N’empêche que régulièrement j’hésite à rempiler, juste pour le plaisir des grandes voies, pas forcément dures (on s’en fout) mais qui emmènent dans des endroits tellement magiques !

  • En #Suisse, des perturbateurs

    Contre l’image d’une Suisse stable et sédentaire, Nicolas Bouvier avait en son temps fait l’éloge d’une Suisse nomade, saisie par la bougeotte et l’appel des lointains. On pourrait poursuivre utilement cet exercice de déconstruction en montrant qu’il existe, derrière l’Helvétie « officielle » — convenable, conformiste et conservatrice —, une Suisse remuante, rebelle, voire révoltée, dont l’existence ne date pas d’hier.

    Décédé en 2021, l’historien Marc Vuilleumier avait consacré sa vie et ses travaux à cette « autre Suisse » — celle des socialistes, des syndicalistes, des immigrés… Son ouvrage sur La Suisse et la Commune de Paris (1), premier d’une série de publications posthumes, rappelle que la Confédération, petite république nichée au milieu des monarchies et des empires, fut au XIXe siècle un refuge pour les exilés politiques de toute l’Europe, un haut lieu du mouvement ouvrier internationaliste et un bastion de l’anarchisme bakouniniste. L’auteur l’admet lui-même : les répercussions suisses du séisme communard n’eurent « rien de spectaculaire ». Mais leur étude fait resurgir le peuple des militants, qui cherchent à savoir mais aussi, dans la mesure de leurs moyens, à agir, à manifester et à organiser la solidarité avec les insurgés parisiens, sous le regard d’autorités tiraillées entre souci d’ordre et libéralisme.


    Dans la longue lignée des Suisses qui, de Jean-Jacques Rousseau à Jean Ziegler en passant par Max Frisch et Friedrich Dürrenmatt, se sont évertués à bousculer l’ordre établi, Niklaus Meienberg figure en bonne place. Journaliste, écrivain, Meienberg fut un des grands noms de la presse alémanique dans les années 1970 et 1980. Il avait une plume, des idées, un regard acéré et une forte propension à « mettre le feu aux poudres (2) ». S’il livra à ses lecteurs des reportages sur la France (son pays d’adoption), l’Amérique, l’Algérie ou le Haut-Karabakh, il se fit aussi (et surtout) le chroniqueur irrévérencieux de son propre pays — de ses institutions, de ses mœurs et de son histoire. Dans Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler (3), qui vient d’être republié en poche, il reconstitue l’équipée d’un jeune Neuchâtelois qui imagina en 1938 commettre un attentat contre Adolf Hitler et qui, arrêté par les nazis et lâché par la Confédération, fut exécuté en 1941. En se saisissant de cette vie minuscule, Meienberg s’attaque en fait — comme il le fit, avec des moyens similaires, dans L’Exécution du traître à la patrie Ernst S. — à l’attitude douteuse de l’État et de l’establishment suisses à l’égard du IIIe Reich. En 1982, quand parut la première édition du livre, la Confédération n’était pas disposée à considérer trop franchement ces années noires. Il fallut attendre la fin de la décennie 1990 pour que la Suisse se penche, officiellement, sur ce passé, et 2008 pour que Maurice Bavaud soit réhabilité. Trop tard pour Meienberg, disparu prématurément en 1993.

    Dans son dernier roman (4), Daniel de Roulet jette lui aussi un œil critique sur l’histoire de la Suisse contemporaine — en l’occurrence sur quelques événements troubles ayant précédé la création, en 1978, du canton du Jura. Lutte d’indépendance nationale en miniature, terrorisme, assassinats, manœuvres politiques, secret d’État : de Roulet jette au milieu de cet écheveau un personnage d’enquêteur, qui n’est autre que Meienberg lui-même, et qui s’efforce de « soulever le couvercle de l’idylle consensuelle ». L’auteur expose, suggère, ne conclut pas. Et le lecteur sort du livre convaincu que la Suisse, décidément, n’est pas un pays au-dessus de tout soupçon.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/10/BURLAUD/65171

    #résistance #anarchisme

  • La bataille de Tchernobyl : un documentaire de 1 heure et demi relatant les faits d’une catastrophe industrielle majeuredès les premières heures jusqu’en 2016 (construction de « l’arche »)

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/16415_0

    Le 26 avril 1986, 1 h 23 du matin. Une flamme aux couleurs arc-en-ciel de 1 000 mètres de haut s’élève dans le ciel d’Ukraine. Le quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. Le plus grave accident nucléaire de l’Histoire vient de se produire. Quelques jours plus tard, une deuxième explosion menace, une explosion nucléaire au cœur de l’Europe, plus puissante qu’Hiroshima.

    (le film rend surtout hommage aux « liquidateurs » sacrifié·es sur l’autel de la civilisation thermo-industrielle).

    100% #flippant

    La bataille de Tchernobyl ,25 - 26/04/1986 - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=us7_qdnKMjQ

    • Quelques jours plus tard, une deuxième explosion menace, une explosion nucléaire au cœur de l’Europe, plus puissante qu’Hiroshima.

      Heu... Compte tenu de l’enrichissement de l’uranium utilisé dans ce genre de réacteur, non.
      Il y avait bien une explosion qui menaçait : une explosion de vapeur, engendrée par le contact du corium (le combustible fondu mélangé à tout ce qu’il a fait fondre au passage) avec la flotte. Et ça aurait fait du vilain et balancé des tonnes de matières radioactives dans l’atmosphère, aucun doute là dessus.
      Mais d’explosion nucléaire point .

    • Extrait de l’article de WP : https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_nucl%C3%A9aire_de_Tchernobyl#Apr%C3%A8s_l'accident

      Le principal danger de l’incendie est que les dégâts qu’il occasionne à la structure risquent de provoquer l’effondrement de la matière en fusion (corium) dans les parties souterraines qui sont noyées. Un contact entre l’eau et le réacteur en fusion provoquerait une explosion d’une puissance d’environ 4 mégatonnes, qui disperserait d’immenses quantités de matière radioactive sur une très vaste zone

      Donc il est vrai que le pitch du docu parle d’une explosion nucléaire et non d’une explosion de vapeur. Ce qui est certes regrettable.
      Dans le film, il y a l’intervention de Hans Blix (AIEA) à 32’30 et celle du général Antochkine à 33’11. Tous deux parlent d’une seconde explosion mais là aussi pas de précision quant à sa nature. Volonté de vulgarisation grand public ?

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Explosion_de_vapeur_d%27eau

      Je n’ai jamais pu voir la mini-série « Chernobyl ». Mais si j’en crois cet article, ce n’est pas non plus un modèle d’objectivité sur la dangerosité du nucléaire dit civil mais plutôt une sorte de film d’espionnage antisoviétique ...
      https://www.monde-diplomatique.fr/2019/08/BALDASSARRA/60137

    • Voilà, tu as parfaitement décrit le problème.
      C’est tout le problème de la vulgarisation, mais je pense qu’il faut préciser les choses. En gardant des imprécisions de ce style, en particulier dans le discours anti-nucléaire, on tend la perche à ces pignoufs de nucléocrates qui systématiquement répondent : « vous voyez, vous dites n’importe quoi vous n’y comprenez rien. »

      Ayant eu un père bossant dans le nucléaire (et qui donc avait eu le cerveau bien lavé de ce point de vue là), quand je voulais discuter critique du nucléaire avec lui, j’avais pas intérêt à raconter une seule connerie. Du coup je repère hyper vite ce genre de faille !

  • Pierre Rimbert, l’Ukraine et le « campisme » | Dominique Vidal
    https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/280922/pierre-rimbert-lukraine-et-le-campisme-0

    On se serait attendu à ce qu’un article placé en première page du Monde diplomatique rappelle que c’est Vladimir Poutine qui a décidé d’envahir l’Ukraine — et non Zelensky qui a agressé la Russie sur ordre des États-Unis, comme on pourrait le croire en lisant ce texte de Pierre Rimbert. Mais le caractère absurde de cette réécriture de l’histoire va bien au-delà : elle ignore l’existence même de la Russie et de son rôle actif dans cette crise, comme dans les précédentes. Source : Relevé sur le Net...

    • Car la carrière de l’ex-espion, devenu président à la faveur du naufrage politique et personnel de Boris Eltsine, est jalonnée de guerres sanglantes : second bain de sang en Tchétchénie (1999-2000), agression contre la Géorgie au nom des minorités russes d’Abkhazie et d’Ossétie, (2008), appui aux russophones du Donbass et annexion de la Crimée (2014), sauvetage du régime de Bachar Al-Assad (depuis 2015) et enfin invasion de l’Ukraine (2022)…

      Poutine applique donc la maxime de Clausewitz : « La guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens. » Mais il la durcit : pour lui, c’est quasiment le seul moyen. Quitte à recourir à une barbarie peu commune : le siècle de conflit entre juifs et Arabes en Palestine, par exemple, a été le théâtre de nombre d’horreurs, mais je ne connais aucun cas de Palestinien castré au couteau ni de Palestinienne violée par des groupes de jeunes soldats ivres… [hum hum ne pensons ni aux phalangistes libanais, ni aux attentats massacres, ndc]

      Cela va sans dire, mais visiblement mieux en le disant : l’oubli par l’Occident de la promesse faite à Gorbatchev lors de l’unification allemande, l’élargissement de l’OTAN à l’est, les grandes manœuvres autour de l’Ukraine ne sauraient justifier la folle aventure déclenchée par le Kremlin le 22 février 2022 et relancée ces derniers jours, pas plus - évidemment - que la cruauté systémique de l’armée russe et de ses mercenaires.

      #Russie #impérialisme_grand_russe #impérialisme_russe

  • Mort du sociologue Michel Pinçon : il regardait les riches pour comprendre le monde
    Mercredi 28 Septembre 2022 | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/node/433318

    Michel Pinçon est mort lundi 26 septembre 2022, à l’âge de 80 ans. Ancien directeur de recherche au CNRS, le sociologue, dont les travaux sur les riches se sont conjugués souvent avec ceux de son épouse Monique Pinçon-Charlot, nous avait accordé en 2010 un entretien que nous republions. Cet entretien prenait pour point de départ les retraites dorées des patrons du CAC40 pour s’élargir aux modes d’emploi de cet argent.

  • Comment saboter un gazoduc
    Par Pierre Rimbert (mai 2021)

    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/05/RIMBERT/63053

    Pour Washington, cibler Nord Stream 2 présente des avantages mercantiles autant que géopolitiques : grâce au soutien de la Commission européenne, favorable au marché flexible du gaz naturel liquéfié (GNL) américain plutôt qu’aux gazoducs russes, et à l’appui des pays les plus atlantistes de l’Union (Pologne, Danemark…), Washington n’entend pas seulement contrecarrer les plans de Moscou, mais aussi et surtout imposer ses excédents de gaz de schiste liquéfiés sur le marché européen. Et, au passage, mettre sous pression l’Allemagne, avec laquelle les différends commerciaux s’accumulent. Toute la subtilité diplomatique des États-Unis se déploie à cet effet.

    M. Trump, qui, depuis son arrivée au pouvoir, menace l’Europe de sanctions douanières, obtient en juillet 2018 la capitulation de Bruxelles : l’Union accepte de revoir de fond en comble sa politique gazière en faveur du GNL « de la liberté » (dixit M. Trump) et au détriment du gazoduc « totalitaire ». La nouvelle directive gaz, adoptée l’année suivante, empile les chicanes administratives destinées à entraver Nord Stream 2, au point que ses concepteurs doivent en repenser l’architecture juridique et commerciale.

    #gazoduc #nord_stream_2

  • Convoitise européenne sur le #lithium serbe

    Devant l’ampleur des manifestations organisées au printemps dernier, le président serbe a dû renoncer à l’exploitation d’un important gisement de lithium. Mais M. Aleksandar Vučićć pourrait relancer le projet du géant minier #Rio_Tinto, sous la pression de l’Union européenne, qui entend développer massivement les #voitures_électriques… en délocalisant les sources de #pollution.

    Près de la ville de #Loznica, en Serbie occidentale, les maisons vides aux toits pentus et les animaux errant sur les routes désertes rappellent des scènes de western. La plupart des habitants du village de #Gornje_Nedeljice ont déjà vendu leurs propriétés à la multinationale anglo-australienne Rio Tinto. En 2004, les explorateurs de ce géant minier ont découvert à proximité des rives de la rivière #Jadar un nouveau #minerai, baptisé la « #jadarite ». Sa composition exceptionnellement abondante en lithium et en #bore laisse penser qu’il pourrait répondre au besoin de plus en plus pressant de ces éléments pour la fabrication des #batteries alimentant les #moteurs_électriques.

    Le 8 juin dernier, le Parlement européen a voté l’interdiction à la vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035. Et le vice-président de la Commission européenne chargé de la prospective, le Slovaque MaroÅ¡ Å efÄ oviÄ , a fixé comme objectif à l’Union européenne de devenir la deuxième région productrice de batteries au lithium dans le monde, après la Chine, d’ici 2025. Or, aujourd’hui, l’Europe importe la quasi-totalité du lithium dont elle a besoin et elle doit diversifier ses approvisionnements. On comprend donc pourquoi, à Bruxelles, la direction générale du marché intérieur, de l’industrie, de l’entrepreneuriat et des petites et moyennes entreprises soutient l’investissement de Rio Tinto en Serbie.

    Cette multinationale - dont le capital est principalement détenu au Royaume-Uni (42 %), en Australie (16 %) et aux États-Unis (18 %) - est l’une des plus actives dans les Balkans depuis l’enregistrement de sa première filiale à Belgrade en 2001. En 2017, elle a signé avec le gouvernement un protocole d’accord pour la mise en oeuvre du projet Jadar. Le groupe de travail qui a préparé celui-ci comprenait des représentants de la multinationale, du gouvernement, mais aussi M. Mike Shirat, le deuxième secrétaire à l’ambassade d’Australie, et l’Américano-Kenyan Stephen Ndegwa, alors directeur de la Banque mondiale en Serbie. Plusieurs documents divulgués en 2021 montrent que le gouvernement serbe a subi d’intenses pressions de la part des ambassades occidentales pour que cet accord se concrétise et que les études d’impact environnemental ne soient qu’une simple formalité.

    Pressions américaines et allemandes

    En mai 2018, le Britannique Alan Duncan, alors ministre d’État pour l’Europe et les Amériques, a rencontré plusieurs responsables de Rio Tinto au sujet du projet Jadar (1). « La discussion s’est déroulée dans une bonne ambiance et le représentant de Rio Tinto a interrogé le ministre britannique sur les chances de la Serbie de devenir membre de l’Union, ce que Rio Tinto considère comme important pour le projet », peut-on lire dans le compte rendu de cette réunion, publié par un réseau de journalistes d’investigation des Balkans (Balkan Investigative Reporting Network, BIRN) (2). Selon plusieurs responsables de l’opposition, le représentant spécial des États-Unis pour les Balkans occidentaux (jusqu’en 2021), M. Matthew Palmer, aurait fait pression sur eux en leur demandant de ne pas « attaquer le gouvernement [serbe] » sur la question de Rio Tinto (3). Enfin, pendant la tournée de ses adieux, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président de la Serbie, M. Aleksandar VuÄ ić, Mme Angela Merkel a également signalé que l’Allemagne s’intéressait au lithium serbe : « Si le monde entier est intéressé, nous le sommes aussi. Nous avons beaucoup investi dans l’industrie automobile, y compris en Serbie, et nous savons tous à quel point le lithium est important pour la mobilité future et les cellules de batterie (4). » Un document émanant de la mission de la République de Serbie à l’Union européenne montre que Rio Tinto a établi des contacts avec trois grandes entreprises automobiles allemandes : Daimler, Volkswagen et BMW (5).

    La Serbie pourrait devenir la plus grande source de lithium en Europe dans les quinze prochaines années, déclarait, en mai 2021, Mme Marnie Finlayson, la directrice de Rio Tinto, en signant un protocole d’accord avec le fabricant de batteries InoBat. Mais pourquoi mettre en avant la Serbie alors que des gisements importants ont été découverts dans des pays membres de l’Union : Allemagne, République tchèque, et, dans une moindre mesure, Espagne, Portugal, Autriche, France ou Finlande ? Selon le dernier rapport de l’institut d’études géologique des États-Unis, les ressources serbes de lithium représentent seulement 1,3 % de celles de la planète, contre 23,5 % pour celles de la Bolivie, 21 % pour celles de l’Argentine ou 3 % pour celles de l’Allemagne (6). Dans les gisements du fossé rhénan, entre Bâle et Francfort, l’extraction du minerai à partir de sources thermales produirait beaucoup moins de gaz carbonique que l’exploitation et le traitement du lithium en Serbie. Mais les écologistes qui participent au gouvernement à Berlin s’y opposent.

    En repoussant les dommages à la périphérie européenne, l’externalisation des productions sales permet à la fois une maximisation des profits pour les multinationales et la minimisation des risques pour les États centraux. « La saga des mines de lithium va bien au-delà du calendrier environnemental, souligne l’économiste serbe NebojÅ¡a Katić, consultant indépendant à Londres. Les effets environnementaux ne font ici que montrer plus clairement l’absurdité du modèle de développement postsocialiste serbe. C’est une illustration ou un symbole de plus du statut colonial de la Serbie. »

    Plus de quatre mille personnes vivent aux abords de la rivière Jadar, où on prévoit d’extraire la jadarite. Cette partie de la Serbie est riche en flore et en faune, avec cent quarante espèces végétales et animales protégées par les lois serbes ou européennes, ainsi que cinquante sites officiellement classés au patrimoine culturel et historique. Rio Tinto nie tout impact négatif. Pourtant, une étude commandée par la société à la faculté de biologie de Belgrade et non rendue publique indiquerait que « plus de 45 hectares de forêts primaires seraient menacés, ainsi que 37 hectares de forêts naturelles, 3 hectares de prairies et 703 hectares de terres agricoles », selon le professeur d’université et membre de l’Académie des sciences serbe Vladimir Stevanović. « Nous sommes des cobayes, affirme Mme Marijana Trbović Petković, enseignante au lycée de Loznica et membre du mouvement local Ne Damo Jadar (« Nous ne donnons pas Jadar »). Nous ne croyons pas les inspecteurs d’État, car la plupart d’entre eux ne sont même pas allés sur le terrain. Des terres agricoles ont déjà été ravagées par de précédents forages, qui ne sont que préliminaires. On peut voir des matières toxiques dans la rivière. Nous sommes dans un écosystème fermé ici ; un empoisonnement de la terre et de l’eau dégradera toute la chaîne alimentaire. »

    La production de lithium à partir de minerai, ainsi que la séparation avec le bore, provoque plus d’impacts environnementaux toxiques qu’à partir de saumures, la pratique en vigueur dans les lacs salés des Andes ou le bassin rhénan. Les filières minières demandent beaucoup d’eau et d’énergie (provoquant des émissions de gaz à effet de serre), et peuvent entraîner de graves pollutions. Car, lors des travaux miniers d’excavation et de pompage, l’équilibre chimique des affleurements et des gisements profonds est perturbé par des conditions oxydantes soudaines qui provoquent un drainage minier acide, lequel représente une menace majeure : il libère dans le système hydrographique des tonnes de composés métalliques nocifs (cuivre, plomb, nickel, zinc ou arsenic).

    Si l’on tient compte de la valeur et du potentiel des terres agricoles, du cheptel et des cultures qui y sont pratiquées, les bénéfices de l’exploitation du lithium et du bore sont, selon plusieurs experts, très inférieurs aux dommages attendus. Des projections non officielles suggèrent ainsi que la société Rio Tinto réaliserait environ 4 milliards d’euros de bénéfices au cours des dix premières années d’exploitation, tandis que les licences minières devraient rapporter 300 millions à l’État serbe. Or les opposants au projet insistent sur le fait que les recettes de la production agricole dans la région pourraient atteindre 80 millions d’euros par an avec des investissements minimaux de l’État, qui sont actuellement inexistants. Même en écartant les conséquences environnementales potentiellement dévastatrices du projet, la question de l’intérêt économique pour la population reste posée.

    Comme la plupart des États d’Europe centrale et orientale depuis la chute du mur de Berlin, la Serbie a perdu la maîtrise de son développement en devenant tributaire des investissements occidentaux. Dans un tel contexte, tous les fonds extérieurs sont a priori les bienvenus, quels que soient leurs effets à long terme. D’ailleurs, la mobilisation contre Rio Tinto n’a pris corps qu’avec les soupçons de corruption. C’est moins l’origine des fonds que leur destination qui a écoeuré la population, lorsque des journalistes d’investigation ont découvert que la multinationale a pris pour sous-traitant une entreprise appartenant à l’oncle du ministre des mines de Serbie. « Si on veut être un peu cynique, on dirait que des projets qui peuvent être néfastes pour le pays peuvent en fait être très bénéfiques pour les décideurs locaux et leurs familles, souligne NebojÅ¡a Katić. Cela concerne non seulement le pouvoir politique, mais aussi tous les experts qui participent au processus de décision et qui devraient protéger l’intérêt public, mais ne protègent que leur intérêt propre. »

    Lorsque des paysans ont refusé de vendre leur propriété à Rio Tinto, le Parti progressiste serbe (SNS) - au pouvoir - a cru pouvoir passer en force en déclarant le projet Jadar d’intérêt national et en proposant une loi visant à accélérer la procédure d’expropriation - avec une durée réduite à cinq jours si l’intérêt national est en jeu. Cette décision a entraîné une mobilisation écologiste et sociale sans précédent dans la Serbie postsocialiste (blocage de ponts et de routes), faisant trembler le pouvoir pour la première fois en dix ans. À tel point que le président VuÄ ić a dû promettre publiquement le retrait de la loi sur les expropriations, le vote d’une loi sur les études d’impact ainsi que la cessation de la coopération avec Rio Tinto. « Les manifestations ont montré comment ce pouvoir fonctionne : seule une pression énorme, et celle sur les flux de capitaux, par le biais de barrages routiers, ainsi que le soutien d’un public plus large que celui intéressé par les questions environnementales peuvent provoquer une réaction », souligne l’une des figures de proue des écologistes, Mme Iva Marković.

    Ce mouvement a également prouvé que la Serbie pouvait sortir du cercle vicieux des divisions d’après-guerre entre nationalistes et libéraux, qui a permis que passent au second plan l’appauvrissement des classes populaires, la destruction de l’industrie et des ressources naturelles, sans oublier l’exode des cadres bien formés qui migrent vers les pays occidentaux. Contrairement à la question du Kosovo, la question écologique est une question émancipatrice, qui réoriente le débat public vers les priorités sociales. Lorsque l’on parle d’eau propre, de terres fertiles, de partage équitable des ressources nationales qui appartiennent à tous, les questions de classe réapparaissent. Lors des élections législatives d’avril 2022, les mobilisations ont entraîné un recul du SNS, qui conserve cependant une majorité parlementaire relative, mais aussi l’émergence d’une union de la gauche et des écologistes dans une coalition, « Nous devons ». Pour la première fois depuis 1990, elle aura des représentants au Parlement national et au Parlement local de Belgrade, où elle a recueilli 11 % des voix.

    Toutefois, le projet Jadar est loin d’être arrêté, si l’on en croit plusieurs responsables d’entreprises intéressées liées à Rio Tinto. « Les deux parties vont se retrouver et essayer de parvenir à un accord mutuellement bénéfique », affirme un interlocuteur qui travaille dans une entreprise collaborant avec le ministère des mines. Les déclarations des représentants de la multinationale vont dans le même sens. « Nous espérons vraiment que nous pourrons discuter de toutes les options avec le gouvernement serbe maintenant que les élections sont terminées », indiquait le président du conseil d’administration de Rio Tinto, M. Simon Thompson, lors de l’assemblée annuelle de la société en Australie (7). « Nous n’avons certainement pas renoncé à Jadar, car, très franchement, c’est un projet parfait », ajoutait le directeur général Jakob Stausholm. « Ils se dissimulent, je ne crois pas qu’ils partiront », confie Mme Trbović Petković, présente sur le terrain. Les organisations locales, qui n’accordent aucun crédit aux promesses télévisées des responsables politiques, continuent à monter la garde (8).

    « La guerre en Ukraine a déplacé l’attention, affirme M. Aleksandar Jovanović Ćuta, tête de liste de l’union de la gauche et des écologistes. Mais les citoyens auront désormais des représentants au Parlement, car nous venons directement de la rue. Nous faisons témoigner des gens de Gornje Nedeljice à l’Assemblée nationale. Notre objectif est de rendre l’exploitation minière du bore et du lithium illégale sur tout le territoire de la Serbie. » Si le gouvernement tente de relancer la réalisation du projet Jadar sous l’« amicale pression » européenne, il se heurtera à cette opposition-là.
    Note(s) :

    (1) The Times, Londres, 18 juin 2021.

    (2) SaÅ¡a Dragojlo, « Litijumsko lobiranje : Rio Tintov projekat prevelik da bi propao ? », BIRN, 25 octobre 2021.

    (3) « Mediji : Palmer lobirao za interese Rio Tinta », Danas, 9 novembre 2021.

    (4) « Merkel : Germany is interested in Serbia’s lithium », Balkan Green Energy News, 14 septembre 2021.

    (5) Aleksa TeÅ¡ić, « Iz diplomatske depeÅ¡e : "Jadar 2", Rio Tinto planira proÅ¡irenje kapaciteta », BIRN, 9 juillet 2021.

    (6) « Mineral Commodity Summaries », US Geological Survey, Reston (Virginie), janvier 2022.

    (7) Reuters, 5 mai 2022.

    (8) Le gouvernement serbe n’a pas répondu aux questions que nous lui avons adressées sur l’avenir de ce projet.

    (#paywall)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/09/DRAGOJLO/65034
    #extractivisme #mines #Serbie #Europe

  • Volodymyr Zelensky et le sulfureux milliardaire ukrainien Ihor Kolomoisky (Lecanardrépublicain.net)
    https://www.crashdebug.fr/volodymyr-zelensky-et-le-sulfureux-milliardaire-ukrainien-ihor-kolomoisky

    On ne nous dit pas tout, quoique, suffit de chercher en fait.... Tout est public........

    🔴🇺🇦🔥Un extrait d’une vidéo de Xavier Poussard « Faits et Documents » ou il nous explique qui est le vrai patron de l’Ukraine, qui est le personnage qui dirige en fait le clown acteur amateur, Zelensky. #Ukraine @andrebercoff @france_soir @DIVIZIO1 @Verhaeghe pic.twitter.com/kxaTft2nzv — freedomradiofrance (@FreedomRadioFR) September 14, 2022

    « Un des principaux oligarques ukrainiens, Ihor Kolomoisky, un sulfureux milliardaire accusé d’avoir volé des milliards de dollars dans la principale banque ukrainienne, est soupçonné d’avoir blanchi une partie de cette fortune aux États-Unis. La justice américaine est sur son dos, mais Kolomoisky est aussi l’homme qui a favorisé l’ascension politique d’un certain Volodymyr (...)

    https://www.rfi.fr/fr/emission/20191023-ces-saltimbanques-mettent-main-etat-ukraine-volodymyr-zelensky
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20210305-les-%C3%A9tats-unis-sanctionnent-un-sulfureux-milliardaire-ukrainien
    https://www.monde-diplomatique.fr/2014/04/DERENS/50334

  • Palestine, de la colonisation à l’apartheid
    par Alain Gresh (Le Monde diplomatique, septembre 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/09/GRESH/65084

    Près de trente ans après les accords d’Oslo, la solution à deux États n’a plus guère de chances de se concrétiser. Tandis que la bande de Gaza subit un implacable blocus, les difficultés des habitants de la Cisjordanie, soumis à des mesures ségrégatives, ne cessent de s’aggraver. Si la direction politique palestinienne est en plein désarroi, la population, elle, ne plie pas. (...)

  • Missionnaires de luxe pour l’enseignement, par Anne Jourdain (Le Monde diplomatique, septembre 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/09/JOURDAIN/65024

    Main dans la main avec les grandes écoles (comme l’École supérieure des sciences économiques et commerciales [Essec] et HEC, avec lesquelles l’association a noué des partenariats en 2019), Le Choix de l’école recrute ainsi ses professeurs parmi les diplômés ou les jeunes actifs cherchant à exercer « un métier d’utilité sociale ».

    En retour, l’éducation nationale leur garantit une affectation à temps plein dans un seul établissement, un luxe au regard du sort habituellement réservé aux autres personnels contractuels.

  • Qui gagne la guerre de l’#énergie ?, par Mathias Reymond & Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, juin 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/06/REYMOND/64753

    […] les justifications morales apportées par l’exécutif européen pour diversifier ses approvisionnements inspirent une certaine perplexité. « Notre réflexion stratégique est la suivante, expliquait Mme Ursula von der Leyen, présidente de la Commission : nous voulons construire le monde de demain en tant que #démocraties avec des partenaires partageant les mêmes idées », avant de citer les associés énergétiques d’avenir que sont les États-Unis ainsi que trois autres démocraties exemplaires : l’Azerbaïdjan, l’Égypte et le Qatar

    • Gouverner par les crises

      Dans l’imaginaire occidental du XXe siècle, l’État a revêtu le képi du policier, la blouse de l’infirmière et le costume du planificateur. Fort d’une bureaucratie toujours plus instruite et nombreuse, il organisait la société d’un poing de fer et d’une main de velours. Mais, depuis une vingtaine d’années, un État dépossédé de ses moyens improvise une tout autre chorégraphie.

      L’État peut confiner sa population, faire inspecter les filets à provisions par des agents de police, fermer les frontières et dépenser « quoi qu’il en coûte », réquisitionner masques et infirmières — puis imposer un passe sanitaire — au nom de la lutte contre la pandémie de Covid-19 en 2020. Il peut nationaliser les banques pendant la tempête des subprime en 2008, s’asseoir sur les obligations budgétaires et financières européennes lors la crise de l’euro en 2012-2015, puis piétiner le fétiche de la stabilité monétaire en incitant la Banque centrale européenne (BCE) à faire chauffer la planche à billets. Il peut incarcérer sans jugement les suspects de terrorisme, perquisitionner sans contrôle juridictionnel préalable, positionner des blindés sur les Champs-Élysées contre les « gilets jaunes » en 2018, exproprier les oligarques (russes, pas français…). Il peut infliger des traitements inhumains aux réfugiés afghans ou syriens à Calais et accueillir des Ukrainiens à bras ouverts. Il peut interdire des médias prorusses et accepter la persécution de Julian Assange, qui a révélé des crimes de guerre américains (lire « Cajoler Pinochet, briser Assange »).

      L’État peut tout.

      Tout ? Tiens donc ! Depuis le milieu des années 1980, chacun dépeint au contraire un État débile, démantelé (1), submergé, organisateur de sa propre impuissance. N’a-t-il pas détruit ses outils de planification, disloqué des administrations performantes (l’équipement, les douanes), renoncé à sa politique industrielle en privatisant depuis 1985 quelque mille entreprises publiques où travaillaient plus d’un million de salariés — banques, assurances, industrie lourde, communication, énergie, etc. — au point de diviser par deux la part du public dans l’emploi salarié total (de 10,1 % à 4,9 % en 2016) (2) ?

      N’a-t-il pas abdiqué sa souveraineté monétaire en faveur de la BCE, amputé ses revenus en baissant de moitié le taux de l’impôt sur les sociétés (de 50 % à 25 %), et d’un tiers le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu (de 65 % à 45 %) entre 1985 et 2022 ? Ne s’est-il pas ravalé au rang de garant des lois du marché en signant les traités européens qui sacralisent la concurrence ? N’a-t-il pas abandonné sa politique étrangère autonome, aligné son appareil diplomatique sur les priorités américaines et réintégré docilement le commandement militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), déserté par le général de Gaulle en 1966 ? Assurément. Et, jusqu’à une date récente, les dirigeants politiques s’en félicitaient.

      Mais comment cet État impotent peut-il en faire autant ? Quelle magie lui donne tout pouvoir sans moyens ?

      Ce mode d’action, c’est le gouvernement par la crise. Ou plutôt par les crises : l’une succède à l’autre ; chacune impose son état d’urgence ; toutes appellent l’intervention de l’ours étatique dont on avait depuis longtemps vendu la peau. C’est par un geste exorbitant du droit commun que la puissance publique américaine, c’est-à-dire le contribuable, rachète en 2008 pour 700 milliards de dollars de créances douteuses afin de sauver un système financier failli par les conséquences de la dérégulation. Entre 2009 et 2015, une logique identique pousse les États à faire briser par les institutions de l’Union les tables de la loi économique européenne : critères de Maastricht pulvérisés, mutualisation de l’endettement public ou son refinancement par la banque centrale, émission monétaire à guichet ouvert, sauvetages d’États membres menacés de faillite par les marchés, contrôle des capitaux en Grèce et à Chypre.

      Desserrement du corset réglementaire

      Un capitalisme convulsionnaire — ironie de la fin de l’histoire — a suivi la glaciation de la guerre froide, plutôt que la « mondialisation heureuse » promise par les intellectuels de cour. Une partie de la planète a vécu ces trente dernières années comme une succession de soubresauts : « thérapie de choc » et chômage de masse dans les pays de l’ex-bloc soviétique, effondrement financier en Russie et dans le Sud-Est asiatique en 1998, explosion de la bulle Internet en 2000, attentats du 11 septembre 2001, faillite de l’Argentine cette même année, « grande récession » de 2008-2009, « printemps arabes », crise de la dette européenne en 2012-2015, pandémie de Covid-19, catastrophes climatiques, sans parler des interventions militaires occidentales en Somalie, Irak, Afghanistan, Libye, etc.

      Qu’elle soit économique, monétaire, sociale, géopolitique, environnementale ou sanitaire, la crise contraint la puissance publique à agir vigoureusement. Même l’État fédéral allemand, réputé indécis, n’hésite pas à exproprier en avril dernier Gazprom Germania, filiale du conglomérat russe, à lui injecter 10 milliards d’euros d’argent public, puis à renflouer l’opérateur gazier Uniper déstabilisé par les sanctions des pays occidentaux prises contre la Russie. Dans ces instants de périls, le corset réglementaire se desserre un peu. « Les règles budgétaires européennes resteront suspendues en 2023 », titre le quotidien économique Les Échos (24 mai 2022) : la Commission « veut laisser aux États assez de latitude pour amortir l’impact de la guerre et sortir des hydrocarbures russes ».

      Or, pour agir, le gouvernement de crise doit contourner les obstacles à son intervention qu’il a lui-même érigés. Première entrave : un corps administratif rongé jusqu’à l’os par l’austérité et les réorganisations incessantes. Alors, plutôt que de regarnir la fonction publique, l’exécutif recourt aux banquiers d’affaires (chargés en juillet du dossier de recapitalisation d’Électricité de France, EDF (3)) et aux cabinets de conseil. Qui se met en quête d’un repreneur pour l’usine de bouteilles d’oxygène à usage médical de Gerzat (Puy-de-Dôme) en février 2021 ? Non pas le ministère de l’économie mais le cabinet PwC. Qui organise la logistique vaccinale en décembre 2020 ? Non pas les services publics mais le cabinet Citwell.

      Deuxième entrave : la kyrielle de lois nationales ou européennes qui soumettent l’action publique au respect des règles du marché — rigueur budgétaire, libre accès à la commande publique. En temps ordinaire, tout dirigeant qui s’en affranchit risque l’étiquette de « populiste irresponsable ». En état d’urgence, seuls les pisse-froid vétilleux s’y conforment. Entre mars 2020 et mai 2021, Citwell et son homologue JLL reçoivent dix-huit commandes pour un montant total de 8 millions d’euros sans mise en concurrence, une obligation pourtant sacrée du droit de la commande publique. L’argent « magique » apparaît, mais pour le privé : « Les ministères sociaux ont multiplié par vingt le montant de leurs dépenses de conseil en stratégie et organisation, dans le contexte de la crise sanitaire (4). » McKinsey obtient 12,3 millions d’euros de missions, dont l’organisation de la campagne vaccinale, alors que ses consultants coûtent en moyenne sept fois plus cher qu’un haut fonctionnaire (2 708,26 euros par jour en moyenne, contre 362 euros). Pareille pratique se retrouve au Royaume-Uni, où, entre le référendum de 2016 et avril 2019, pour préparer le Brexit, le gouvernement a dépensé 115 millions d’euros en missions de conseil (5).

      Expression chimiquement pure de l’État néolibéral et de son interventionnisme de marché, le gouvernement de crise centralise temporairement la coordination des conduites — mais à la seule fin de rétablir son autolimitation. Le coût des mesures publiques de soutien et de relance prises depuis mars 2020 a atteint 157 milliards d’euros, soit plus que les budgets 2019 cumulés de l’enseignement, de l’écologie, de la défense, de la police et de la justice. Le Trésor public a rémunéré jusqu’à la moitié des salariés français. Pour autant, ce geste politique et souverain visant à financer l’économie ne consiste pas pour la puissance publique à piloter celle-ci, mais à solvabiliser le secteur privé : le fonds de solidarité créé par le gouvernement pendant la crise sanitaire a abondé la trésorerie de plus d’une entreprise sur deux. Et, alors que sa dette gonflait sous l’effet de ces mesures — indemnisation de l’activité partielle, couverture des pertes de chiffre d’affaires — comme de l’affaissement des recettes fiscales, l’État a encore pu garantir 145 milliards d’euros de prêts souscrits par plus de 700 000 sociétés privées (6).

      Trahir le marché pour sauver les marchands, tel pourrait être la devise d’un État-pompier éteignant avec l’argent public les flammes qui menacent le privé : le renflouement sans condition des banques fut payé par l’austérité et, bientôt quinze ans après le début de la crise des subprime, la finance dérégulée prospère. En 2020, le financement public du secteur privé a sauvé le petit patronat de l’hôtellerie-restauration et l’artisanat, mais l’hôpital public et son personnel agonisent. Alors que le retour à la routine sonnera l’heure de l’austérité pour l’administration, les chefs d’entreprise bénéficieront toujours des cajoleries de l’exécutif. Ministre des finances, M. Emmanuel Macron ne mobilisait-il pas déjà, en 2014-2015, les ressources de l’État central pour court-circuiter les règles de la concurrence comme celles du droit du travail et favoriser l’implantation en France de l’entreprise américaine Uber (7) ?

      Au printemps 2020, l’aberration des chaînes d’approvisionnement tendues et étendues en Asie avait conduit le gouvernement à réquisitionner des stocks et à prendre le contrôle temporaire de la distribution. Maintenant que nous y sommes, le « monde d’après » promis par le président de la République le 13 avril 2020 ne comporte ni relocalisations de la filière pharmaceutique, ni contrôle public des biens et des services critiques : tout reprend comme avant.

      Avec la crise énergétique induite par les sanctions européennes contre la Russie, l’astuce devient voyante. Début juillet, l’État français envisageait de nationaliser les dettes d’EDF (après avoir privatisé en 2020 les bénéfices de la Française des jeux), cependant que la Commission européenne reconsidérait subitement sa philosophie des subventions publiques : pressée de réduire la dépendance au gaz russe des Vingt-Sept, elle « consultera les États membres sur les besoins et la portée d’un nouvel encadrement temporaire de crise des aides d’État visant à octroyer des aides aux entreprises touchées par la crise (8) ».

      Trente ans après la chute du mur de Berlin, un « Comité de salut privé » installé par les classes dominantes préside aux destinées de la plupart des pays occidentaux. L’irruption de cette forme de gouvernement diffère de l’« état d’exception permanent » analysé par le philosophe Giorgio Agamben (9) : si l’une et l’autre suspendent la norme en imposant la prévalence du politique sur le droit, Agamben se concentre sur le pouvoir de police et l’obsession sécuritaire, alors que le Comité de salut privé statue indifféremment sur l’approvisionnement en papier toilette pendant la pandémie de Covid-19 et sur l’écrasement des « gilets jaunes ».
      Le rôle de la politique revigoré

      Il ne s’agit pas non plus de la « stratégie du choc » au nom de laquelle, selon l’essayiste Naomi Klein, des gouvernements instrumentalisent la sidération consécutive à une catastrophe pour mener réformes capitalistes et guerres impériales. Le Comité de salut privé intervient dans un monde déjà néolibéralisé pour tenter d’atténuer les contradictions d’un ordre économique qui génère le chaos. Mais, comme la stratégie du choc, son action suppose une mobilisation médiatique de grande ampleur pour élever un problème au rang de « crise majeure », installer un sens de l’urgence et accompagner les décisions extraordinaires destinées à y faire pièce. Cette forme de pouvoir ne procède pas non plus de la logique de radicalisation du néolibéralisme à la faveur de secousses qui auraient dû le voir tomber, comme l’avaient avancé à propos de la crise financière de 2008 les philosophes Pierre Dardot et Christian Laval (10) : elle ne vise plus tant à défaire les acquis sociaux de l’après-seconde guerre mondiale qu’à débloquer temporairement les freins à l’action politique introduits par les réformes néolibérales elles-mêmes.

      Ce gouvernement de la panique qui apaise les effets dont il a servi les causes restera sans doute la marque d’une époque, celle de la mondialisation triomphante. L’État s’y trouvait relégué au rang d’anachronisme au profit des institutions transnationales instituant marchés concurrentiels, monnaies fortes, rigueur budgétaire et délocalisations — au détriment des peuples. La montée des tensions géopolitiques et les ruptures que celles-ci provoquent sur les chaînes mondiales d’approvisionnement revigorent le rôle de la politique, le sens de la souveraineté et les colères populaires. Mais il manque encore à ces dernières une traduction politique puissante pour que le Comité de salut privé cède enfin la place à un Comité de salut public.

      Pierre Rimbert & Grégory Rzepski
      Respectivement membre de la rédaction du Monde diplomatique et haut fonctionnaire.

      (1) Laurent Bonelli et Willy Pelletier (sous la dir. de), L’État démantelé, La Découverte - Le Monde diplomatique, Paris, 2010.

      (2) Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), Tableaux de l’économie française, édition 2020, et Cour des comptes, L’État actionnaire, janvier 2017.

      (3) « L’État mobilise 13 milliards d’euros pour EDF… et d’autres opérations », La Tribune, Paris, 7 juillet 2022.

      (4) Éliane Assassi, « Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques », rapport du Sénat fait au nom de la commission d’enquête sur les cabinets de conseil, Paris, n° 578, tome I (2021-2022), 16 mars 2022.

      (5) National Audit Office, « Departments’ use of consultants to support preparations for EU exit », 7 juin 2019.

      (6) Cour des comptes, La Situation et les perspectives des finances publiques, juin 2021 ; Hind Benitto, Benjamin Hadjibeyli et Matéo Maadini, « Analyse des prêts garantis par l’État à fin 2021 » (PDF), Trésor-éco, Paris, n° 303, mars 2022.

      (7) « Révélations sur un “deal” secret à Bercy entre Macron et Uber », Le Monde, 12 juillet 2022.

      (8) « REPowerEU : action européenne conjointe en faveur d’une énergie plus abordable, plus sûre et plus durable », Commission européenne, 8 mars 2022.

      (9) Giorgio Agamben, État d’exception, Seuil, Paris, 2003.

      (10) Pierre Dardot et Christian Laval, Ce cauchemar qui n’en finit pas, La Découverte, Paris, 2016.