Le Monde diplomatique

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  • L’écrivain Salman Rushdie hospitalisé après avoir été poignardé sur scène dans l’État de New York
    https://rfi.my/8elh

    « Retour sur “Les Versets sataniques” », par Laurent Binet (accès libre, janvier 2021) // https://www.monde-diplomatique.fr/62669


    « Portrait avec Khomeiny », 2008 © Francesco Arena
    #Salman_Rushdie

  • La moustache pour tous ! En 1907, ouvriers boulangers et limonadiers se rebiffent Le Monde Diplomatique - Mathieu Colloghan 
    Des travailleurs luttant contre la grande précarité, des clients « pris en otage », des syndicats dont on conteste la légitimité à parler au nom des travailleurs, des contre-arguments aux « réalités économiques » et des enjeux plus larges que la lutte particulière pour les deux camps... Cette petite musique semble familière ? Peut-être. Sauf qu’en cette année 1907 le conflit porte sur le droit à la moustache.

    Le 17 avril 1907, les troupes françaises ont envahi Oujda, au Maroc, Rudyard Kipling a obtenu le prix Nobel de littérature, et les Parisiens profitent des premiers beaux jours. Ils se ruent sur les terrasses des brasseries des grands boulevards. C’est là, à 18 h 30, que débute par surprise la grève de la moustache. Pile à la demie, les garçons de café arrêtent de saisir les commandes, encaissent les consommations. Ils filent au comptoir prendre leur solde, rendent les tabliers et quittent les brasseries. Ils se retrouvent par petits groupes sur les trottoirs sous les regards incrédules et amusés des consommateurs étonnés de ce mouvement social loin des usines.

    Les patrons replient la terrasse pour fermer boutique au Café de la Paix, baissent le rideau de fer au Café Riche et coupent la lumière à L’International pour faire partir la clientèle qu’on ne peut plus servir. Chaises sur les tables. Plus un verre n’est rempli au Buffet de la gare de Lyon, plus un bouchon n’est tiré au Café Cardinal, plus une table n’est débarrassée à L’Américain. La fête est finie.

    Ainsi commence la grève des ouvriers limonadiers restaurateurs. . . . . . .
    Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2022/08/COLLOGHAN/64948
    #gréve #greve #luttes_sociales #lutte_sociale #bistrots #restaurants #cafés #boulangeries #sabotage #inégalités #clemenceau

  • « Ce que l’épidémie a changé, ce sont les gens », par Fang Fang (Le Monde diplomatique, août 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/08/FANG/64957

    Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, que devient Wuhan, qui fut la première ville du monde à être confinée ? Comment vivent ses quatorze millions d’habitants — dont l’écrivaine Fang Fang, qui avait alors tenu un journal de bord ? L’auteure s’interroge sur la fuite du temps et témoigne des bouleversements au quotidien. Hier célébrée en Chine, elle est devenue persona non grata dans son propre pays.

    • « Ce que l’épidémie a changé, ce sont les gens »

      Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, que devient Wuhan, qui fut la première ville du monde à être confinée ? Comment vivent ses quatorze millions d’habitants — dont l’écrivaine Fang Fang, qui avait alors tenu un journal de bord ? L’auteure s’interroge sur la fuite du temps et témoigne des bouleversements au quotidien. Hier célébrée en Chine, elle est devenue persona non grata dans son propre pays.

      Le 23 janvier 2020, les autorités annonçaient la mise en #quarantaine de #Wuhan en raison d’une « épidémie de pneumonie à coronavirus ».

      Résidant dans cette mégapole du centre de la #Chine, je m’y suis retrouvée enfermée, tout comme des millions d’autres personnes. Très vite, la peur et l’affolement se sont emparés de nous. L’ombre de la mort planait sur la ville. Des informations faisaient état d’hôpitaux au bord de la rupture. D’un seul coup, notre vie a basculé dans l’incertitude la plus totale. Étais-je contaminée ? Mes proches l’étaient-ils ? Et s’il s’avérait que nous l’étions, pourrions-nous être admis à l’hôpital ? Se pouvait-il que la ville soit livrée à elle-même (selon la rumeur, Wuhan était alors encerclée par des unités militaires de défense biochimique) ? Quand il a surgi, ce virus était inconnu. Féroce. Terrifiant. Dans l’esprit de tous, l’attraper, c’était être condamné à mourir, presque assurément. Piégés dans la ville, nous étions à sa merci, saisis d’effroi.

      C’est alors qu’une revue [de Shanghaï] m’a contactée pour me suggérer d’écrire un « journal de confinement ». Dès le troisième jour de la quarantaine, j’ai ainsi commencé à relater sur Internet la progression de l’épidémie et la vie des habitants de Wuhan. On était le 25 janvier, jour du Nouvel An chinois.

      J’ai posté ces textes sur Weibo (1)… De petits récits écrits au fil de la plume, des sortes de comptes rendus. Sans m’astreindre à aucun travail de construction ni à soigner le style. Je les voyais comme de la matière première, que je pourrais reprendre plus tard. Au départ, je n’avais pas prévu d’en écrire un chaque jour. Je n’avais pas imaginé que nous serions confinés si longtemps, et moins encore que cette épidémie allait se répandre dans le monde entier. Je considérais les choses très simplement, sans doute par déformation professionnelle : j’étais sur place, j’allais m’informer en interrogeant les gens autour de moi et rapporter le plus fidèlement possible le cours des événements.

      Sans l’avoir prémédité le moins du monde, j’ai finalement écrit soixante de ces récits, avant d’arrêter une fois l’épidémie maîtrisée [le 24 mars 2020]. Deux semaines plus tard, la quarantaine de Wuhan était officiellement levée. Elle avait duré soixante-seize jours. Un événement sans précédent dans l’histoire de la ville.

      Que le temps file. Deux ans ont passé en un clin d’œil. Au printemps, cette année, je me suis replongée dans mon « Journal de Wuhan (2) », ayant décidé d’en réviser de nouveau le texte. Page après page, tout m’est revenu à l’esprit : ces moments de tension, de lutte sans répit ; l’atmosphère pesante, la confusion, la désolation ; les cris, les appels à l’aide ; les noms et les visages ; l’amour et la colère ; le sang et les larmes. Comme je suis heureuse d’avoir témoigné de tout cela jour après jour ! Sans ces récits, sans tous les détails qu’ils comportent, beaucoup de choses auraient été définitivement oubliées. Et en voyant aujourd’hui les rues de Wuhan illuminées la nuit, ses habitants en train de lire le journal ou de surfer sur Internet à toute heure, on pourrait avoir l’impression que rien ne s’est passé. Pourtant, c’était il y a seulement deux ans.

      Selon un fameux adage de la Chine antique, « le Maître, se trouvant au bord d’une rivière, dit : “Tout passe comme cette eau ! Rien ne s’arrête ni le jour ni la nuit” (3) ». Il évoque avec mélancolie le temps qui s’écoule, auquel rien n’a jamais pu faire obstacle. Que l’on baigne ou qu’on se noie dans la joie ou la tristesse, dans les plaisirs ou la souffrance, que l’on ait le cœur léger ou affligé de douleur, que l’on soit accablé de misères ou comblé de bonheur, le temps nous ignore. Il nous surpasse. Comme l’eau, il polit les souvenirs jusqu’à les faire disparaître. Comme le vent, il efface jusqu’à ce qui est gravé dans la pierre.

      Alors à chaque fois qu’on me demande si Wuhan a changé, je réponds que tout y est plus ou moins comme avant. Oui, plus ou moins. Une ville n’est qu’un espace où vivent les gens, qui s’insère dans le temps à sa façon, y suivant son propre chemin. Catastrophe ou pas, ce qui est voué en elle à changer change, et le reste demeure inchangé. Alors oui, il se peut qu’un peu moins d’immeubles soient sortis de terre, que quelques commerces aient fait faillite, ou tout aussi bien qu’une rue ou l’autre ait été rénovée… Mais ces choses seraient arrivées de toute façon, même s’il n’y avait pas eu d’épidémie. Sauf ravages d’une guerre, les transformations qui affectent une ville sont peu visibles ; souvent on n’y prête même pas attention. Il n’y a alors pas grand-chose à en dire, comme d’une journée ordinaire.

      Ce que l’épidémie a changé, en revanche, ce sont les gens. Ceux qui vivaient là et qu’elle a tant fait souffrir.
      Tyrannie du QR code

      Je me souviens d’une femme dont le pseudonyme sur Internet était « Âme en pleurs ». Une mère. Pendant le confinement, sa fille unique, contaminée, est morte. Pour cette femme, c’est comme si le ciel s’était effondré. Sur son compte Weibo, elle n’arrêtait pas d’exhorter les responsables à répondre de leurs actes, leur criant que le décès de sa fille ne pouvait pas rester sans explications. Mais la censure, avec son arsenal d’interdictions et les suspensions de comptes des contrevenants, rend à peine audibles les voix qui s’élèvent comme la sienne. Et les lamentations de cette femme ne sont plus jamais parvenues à mes oreilles.

      Combien y a-t-il d’« âmes en pleurs », à Wuhan, qu’il s’agisse de mères ou d’enfants ? Sans parler de toutes ces familles dont plusieurs membres ont été emportés en l’espace de quelques jours. Je pense que la profonde douleur laissée par l’année 2020 dans le cœur des survivants de ces foyers brisés sera toujours là, que la ville change ou non.

      À Wuhan aujourd’hui, le virus ne sème plus la mort autour de lui comme au début, et pourtant les mesures de prévention restent au cœur de l’existence des habitants. Elles ont modifié notre mode de vie, nos habitudes et l’état d’esprit de chacun. Ainsi tout le monde doit avoir un portable, pouvoir présenter un QR code vert, porter un masque. On doit aller faire la queue pour passer un test de dépistage PCR, parfois deux, trois jours de suite. Si on ne le fait pas, de vert le QR code passe immédiatement au gris — ce qui vous bloque l’accès à tous les lieux publics. Bus, métro, écoles, centres commerciaux, banques, bureaux de poste, tous ces endroits qui font partie de la vie quotidienne sont inaccessibles sans un QR code vert. Sans ce sésame, on ne peut même pas prendre l’autoroute. Jamais autant qu’aujourd’hui la vie ne nous a conduits à nous sentir si désemparés.

      Mon destin a lui aussi changé à cause de cette épidémie. Le jour même où la quarantaine de Wuhan a été levée, le 8 avril 2020, la traduction de mon journal a été mise en prévente sur Internet aux États-Unis et en Allemagne. En Chine, la nouvelle a aussitôt mis le feu aux poudres. Je suis devenue la cible d’un flot d’insultes. On m’a brusquement accusée de tous les maux. Alors que ce « Journal » m’avait été commandé par une revue chinoise, on me soupçonnait soudain de l’avoir écrit à l’instigation des États-Unis. Sa publication à l’étranger, on ne peut plus ordinaire pour une écrivaine, fut cette fois-ci jugée « anormalement rapide ».

      Tout cela parce que j’y témoignais de la vie au quotidien et de l’état d’esprit de la population pendant la quarantaine, parce que j’y critiquais les autorités pour avoir dissimulé la vérité et tardé à agir dans les premiers jours de l’épidémie, parce que j’y faisais part de ma compassion pour ceux qui avaient succombé au virus, plus encore parce que j’y appelais sans cesse les responsables à répondre de leurs actes. Or traduire et publier cette réalité dans d’autres langues, c’était la rendre intelligible hors de nos frontières. Je devins celle qui avait « donné le couteau » aux forces antichinoises d’Occident, une « vendue », une « traître à la patrie ».

      J’ai été attaquée avec violence sur Internet pendant plus d’un an. C’étaient calomnies et injures, partout sur la Toile. Des gens ont vociféré qu’ils allaient venir en bande m’assassiner à Wuhan, d’autres ont lancé un appel aux cercles d’arts martiaux pour qu’ils envoient leurs membres me passer à tabac. Quelqu’un a collé des affichettes insultantes sur les murs de la ville. On a suggéré de me représenter sous forme d’une sculpture humiliante. On a même fait courir le bruit que je m’étais enfuie aux États-Unis et que, arrivée là-bas, j’aurais été expulsée par le gouvernement américain, ou qu’un mandat d’arrêt y aurait été lancé contre moi, me forçant à fuir de nouveau.

      Tout cela sans compter les innombrables vidéos, chansons et dessins visant à me démolir. Face à cette déferlante, je n’ai eu la possibilité ni de répliquer ni de contre-attaquer. J’ai été totalement censurée : la moindre interview, le moindre début d’explication étaient supprimés à peine parus. Dans les médias, mon nom est devenu tabou : aujourd’hui encore, on le remplace par des astérisques.

      Quant aux autorités, loin de formuler un jugement rationnel, fondé sur ce que j’avais écrit dans Wuhan, ville close, elles ont préféré se fier aux interprétations biaisées d’internautes malveillants reposant sur de simples extraits et lancer contre moi une répression aveugle. Les sanctions prises à mon égard n’ont pas de sens : il m’est interdit de publier quoi que ce soit en Chine et de participer à toute manifestation littéraire ou d’utilité publique. Non seulement les médias doivent taire mon nom, mais il est strictement interdit aux chercheurs d’entreprendre le moindre travail universitaire sur mes œuvres (4). Et, lorsqu’un média indépendant prend malgré tout l’initiative de me donner la parole, l’article est immédiatement censuré, quand le site n’est pas carrément bloqué. Cela va plus loin encore : je reçois, sans arrêt, des appels de personnes occupant des postes officiels haut placés qui me mettent en gardent, me rappelant qu’il m’est interdit d’accepter les interviews de médias étrangers. Je suis sur écoute, sous surveillance… Et pourtant, dès que je sors de chez moi, on m’appelle pour savoir où je suis, au prétexte qu’on « s’inquiète » pour moi.

      L’an dernier, en juin, quelques amis m’ont proposé d’aller faire un tour avec eux à Lizhuang [réputé pour sa vieille ville], dans le Sichuan. Nous nous y sommes rendus en voiture. À mi-trajet, ils ont reçu des appels urgents de leurs unités de travail respectives leur intimant de rentrer le soir même, puis la police les a convoqués à plusieurs reprises pour les interroger. De son côté, l’hôtel où j’avais prévu de loger à Lizhuang a été contraint de refuser de me recevoir. Ce n’était qu’un petit voyage entre amis…

      Vivre ainsi vous emplit d’un grand sentiment d’impuissance. Je nomme cette oppression des autorités envers moi « violence froide d’État ». Dès lors que le pouvoir et certaines forces malfaisantes au sein de la population sont parvenus à un consensus et qu’ils agissent de concert, qu’ils se sont unis et coopèrent, il ne me reste que le silence. Une triste réalité, mais d’une tristesse qui ne me concerne pas !

      Beaucoup de choses ne seront plus jamais comme avant. La liberté à laquelle nous aspirons, l’ouverture que nous désirons tant, la vie que nous voudrions s’éloignent de nous. Devant ce constat, je ne trouve aucune raison d’être optimiste, mais j’ai malgré tout le courage et la force de choisir de faire face, sereinement.

      Fang Fang
      Écrivaine. Derniers livres parus : Wuhan, ville close, Stock, Paris, 2020, et Funérailles molles, L’Asiathèque, Paris, 2019. Cet article est traduit du mandarin par Frédéric Dalléas.

      (1) NDLR. L’équivalent chinois du réseau social Facebook.

      (2) Publié en français sous le titre Wuhan, ville close, Stock, Paris, 2020. Lire Martine Bulard « Fang Fang, une accusatrice à la chinoise », Planète Asie, 6 novembre 2020.

      (3) Confucius. Entretiens, IX-16.

      (4) NDLR. Fang Fang a écrit plus de quatre-vingts romans et essais — tous publiés en Chine et certains distingués par des prix littéraires.

      #pandémie

  • L’article est intéressant mais je trouve que cette citation est particulièrement...

    bref je la partage :

    Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne. Nous pouvons être plus heureux avec moins d’opulence, car dans une société sans privilège, il n’y a pas de pauvres.

    André Gorz

    L’article donc :

    https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027

  • « Saigner la Russie », par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, juin 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/06/HALIMI/64758
    (accès libre)

    En février dernier, quelques jours avant l’invasion russe, le président Joseph Biden a intimé aux Américains de quitter l’Ukraine dans les quarante-huit heures. Depuis, les États-Unis sont revenus dans ce pays, mais autrement. Sans risquer la vie d’un seul soldat, ils profitent de la succession de catastrophes provoquées par le président Vladimir Poutine pour engranger les percées stratégiques : une Russie durablement affaiblie ; une Chine embarrassée par les déboires de son voisin ; une Alliance atlantique renforcée par l’adhésion prochaine de la Suède et de la Finlande ; une moisson de contrats pour les exportateurs américains de céréales, d’armes, de gaz ; des médias occidentaux qui reprennent en cadence la propagande du Pentagone. Pourquoi les stratèges américains souhaiteraient-ils qu’une guerre aussi providentielle s’achève ?

    Ils ne le souhaitent pas. Depuis quelques semaines, on dirait même que la seule conclusion du conflit à laquelle les États-Unis consentiraient vraiment serait un triomphe romain des armées occidentales à Moscou, avec M. Biden à la tribune et M. Poutine dans une cage de fer.

  • Chômage, une réforme dévastatrice, par Damien Lefauconnier (Le Monde diplomatique, juin 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/06/LEFAUCONNIER/64784

    Nommée première ministre le 16 mai dernier, Mme Élisabeth Borne avait sept mois plus tôt mis en place une réforme de l’assurance-chômage qui entraîne une baisse importante des allocations pour de nombreux demandeurs d’emploi. Présentées comme un moyen de lutter contre les contrats courts, les nouvelles règles pénalisent d’abord ceux qui les subissent, a fortiori s’ils ont connu une baisse d’activité.

    Ce matin de janvier, Mme Natissa Hebbir, 35 ans, mère célibataire de deux enfants résidant près de Cannes, s’attable avec une tasse de café, pour faire ses comptes. « Je me suis aperçue qu’il me manquait 700 euros pour passer le mois suivant explique-t-elle. Moi qui n’avais jamais eu de problème d’argent ni d’emploi, je n’en revenais pas. » En l’espace de quelques semaines, la jeune femme est passée d’une vie confortable à des revenus la situant sous le seuil de pauvreté. Il lui est devenu impossible de faire face à toutes ses factures, avec un loyer de 800 euros et un crédit pour l’achat de sa voiture de 200 euros.

    Mme Hebbir travaille comme extra dans l’événementiel, elle vient habituellement en renfort, mais la crise sanitaire l’a privée de missions durant de longues périodes. Sa vie quotidienne a basculé le 15 octobre dernier lors du nouveau calcul de ses droits à l’assurance-chômage : « On m’a annoncé 26 euros par jour. Cela fait en gros 750 euros par mois. Avant, quand je n’avais pas de travail, je pouvais toucher 2 400 euros par mois. Je savais qu’une réforme se préparait depuis un an, mais je ne m’attendais pas à cela. »

    « Aujourd’hui, je m’estime précaire, j’ai honte de le dire, lâche-t-elle. J’emprunte de l’argent et je sais que ce n’est pas bien. Mon papa me fait des paniers-repas. Je réfléchis à vendre mon ordinateur, mon téléphone et certains jouets de mes enfants. Quand je vois ma fille pousser comme une plante verte, au lieu de m’en réjouir, je suis presque en panique. Je vais devoir lui acheter de nouveaux habits, mais je n’ai pas les fonds. » La jeune femme affirme tenter une reconversion dans la bureautique et scruter les annonces de Pôle emploi. « Mais il ne propose que des CDD [contrats à durée déterminée] ! », s’exclame-t-elle. Son allocation a fondu à cause du système d’indemnisation entré en vigueur le 1er octobre dernier. Le nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence [365/nb de jours employés => #salaire_journalier_de_référence abstrait] pénalise ceux qui alternent périodes de travail et (...)

    #paywall #travail #emploi #chômage #allocation #précaires #chômeuses #chômeurs

  • Mousquetaires et Misérables. « Écrire aussi grand que le peuple à venir ». Avec Evelyne #Pieiller

    Qu’est-ce que la littérature populaire ? Evelyne Pieiller est membre de la rédaction du « Monde diplomatique » et vient de publier un ouvrage intitulé « Mousquetaires et Misérables » aux éditions Agone. Des extraits de la version audio de son texte, lus par Salomé Saqué, ponctuent cet entretien. https://www.monde-diplomatique.fr/pod...

    Ce travail sur les enjeux politiques et esthétiques des œuvres en discorde avec les goûts et valeurs bourgeois a commencé au sein de l’hebdomadaire « Révolution », dans des chroniques reparues entre-temps sur le blog de son éditeur, les éditions Agone. https://agone.org/aujourlejour/a/evel...

    Réalisation : Thibault Henneton
    Références
    • Edith Piaf, « Sous le ciel de Paris », 1954.
    • Berlioz, « Symphonie fantastique », Op. 14.4, « Marche au supplice » par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Enrique Bátiz, 1987.
    • Oxmo Puccino, « Avoir des potes », 2002.
    • Extraits de l’adaptation filmée de la série théâtrale « Les Trois Mousquetaires », conçue par le collectif 49701, à voir bientôt sur Culture Box et France Télévisions.

    https://www.youtube.com/watch?v=APRtNLduCzI

    #Diplo

  • Une permanente insulte à l’intelligence, par Don Foresta (Le Monde diplomatique, août 1990)
    https://www.monde-diplomatique.fr/1990/08/FORESTA/42796

    Ce que l’on nous propose comme modèle de télévision n’est qu’un médium dépourvu de contenu, dont le niveau intellectuel est maintenu, à dessein, au ras de terre, et que l’on nous débite sur un sempiternel ton infantile. Il s’agit, en fait, d’une insulte permanente à l’intelligence du téléspectateur.

  • Bienvenue en #Géozarbie

    #Enclaves, territoires prêtés, zones disputées, #micro-États, île fantasmée... il existe dans le monde quantité de petits bouts de terre aux frontières ou statuts bizarres ! Mêlant anecdotes loufoques et grands moments de l’Histoire, Bienvenue en Géozarbie nous fait découvrir 10 lieux où l’ubuesque se dispute à l’absurde !

    https://www.arte.tv/fr/videos/RC-022365/bienvenue-en-geozarbie

    #géographie #géographie_politique #frontières #absurdité #série #arte #vidéo #ressources_pédagogiques #Absurdistan

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    Le Mont blanc n’est pas en France

    Saviez-vous que l’île de la Conférence est administrée à égalité de temps par deux pays, la France et l’Espagne ? Que la principauté d’Arbézie, à cheval sur la frontière franco-suisse, est… un hôtel-restaurant ? Ou que la France possède des territoires à Jérusalem ?
    Ce sont ces bizarreries géographiques que nous raconte #Olivier_Marchon dans ce livre étonnant qui rassemble des dizaines d’histoires de ce type, des plus tragiques au plus loufoques : de petits morceaux de terre, enclavés, disputés, au statut à part, parfois étrange, qui chacun à leur manière racontent la grande histoire…

    https://www.editionspoints.com/ouvrage/le-mont-blanc-n-est-pas-en-france-olivier-marchon/9782757895757
    #livre

    ping @reka

  • Stopper la montée de l’insignifiance, par Cornelius Castoriadis (Le Monde diplomatique, août 1998)
    https://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/3964


    Je sais, c’est vieux et multicité, mais c’est ouvert en lecture intégrale et terriblement d’actualité.

    Les responsables politiques sont impuissants. La seule chose qu’ils peuvent faire, c’est suivre le courant, c’est-à-dire appliquer la #politique ultralibérale à la mode. Les socialistes n’ont pas fait autre chose, une fois revenus au pouvoir. Ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n’importe quel moyen. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela ils sont capables de tout.

    Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de #nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la #philosophie ou dans la littérature. C’est cela l’esprit du temps. Tout conspire à étendre l’insignifiance.

    La politique est un métier bizarre. Parce qu’elle présuppose deux capacités qui n’ont aucun rapport intrinsèque. La première, c’est d’accéder au #pouvoir. Si on n’accède pas au pouvoir, on peut avoir les meilleures idées du monde, cela ne sert à rien ; ce qui implique donc un art de l’accession au pouvoir. La seconde capacité, c’est, une fois qu’on est au pouvoir, de savoir gouverner.

    Rien ne garantit que quelqu’un qui sache gouverner sache pour autant accéder au pouvoir. Dans la monarchie absolue, pour accéder au pouvoir il fallait flatter le roi, être dans les bonnes grâces de Mme de Pompadour. Aujourd’hui dans notre « pseudo- démocratie », accéder au pouvoir signifie être télégénique, flairer l’opinion publique.

    Je dis « pseudo-démocratie » parce que j’ai toujours pensé que la #démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie. Jean-Jacques Rousseau le disait déjà : les Anglais croient qu’ils sont libres parce qu’ils élisent des représentants tous les cinq ans, mais ils sont libres un jour pendant cinq ans, le jour de l’élection, c’est tout. Non pas que l’élection soit pipée, non pas qu’on triche dans les urnes. Elle est pipée parce que les options sont définies d’avance. Personne n’a demandé au peuple sur quoi il veut voter. On lui dit : « Votez pour ou contre Maastricht ». Mais qui a fait Maastricht ? Ce n’est pas le peuple qui a élaboré ce traité.

    Il y a la merveilleuse phrase d’Aristote : « Qui est citoyen ? Est #citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. » Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.

  • Quand le Sud refuse de s’aligner sur l’Occident en Ukraine,
    par Alain Gresh (Le Monde diplomatique, mai 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/05/GRESH/64659

    (...) Si, au Nord, les voix discordantes sur la guerre en Ukraine restent rares et peu audibles tant une pensée unique en temps de guerre s’est à nouveau imposée (2), elles dominent au Sud, dans ce « reste du monde » qui compose la majorité de l’humanité et qui observe ce conflit avec d’autres lunettes. Sa vision a été synthétisée par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui regrette que le monde n’accorde pas une importance égale aux vies des Noirs et des Blancs, à celles des Ukrainiens, des Yéménites ou des Tigréens, qu’il « ne traite pas la race humaine de la même manière, certains étant plus égaux que d’autres (3) ». Il en avait déjà fait le triste constat au cœur de la crise du Covid-19.

    C’est une des raisons pour lesquelles un nombre significatif de pays, notamment africains, se sont abstenus sur les résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU) concernant l’Ukraine — des dictatures bien sûr, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Inde, l’Arménie et le Mexique, le Sénégal et le Brésil (4). Et, fin avril, aucun pays non occidental ne semblait prêt à imposer des sanctions majeures contre la Russie.

    Comme le fait remarquer Trita Parsi, vice-président du think tank Quincy Institute for Responsible Statecraft (Washington, DC), de retour du Forum de Doha (26-27 mars 2022), où se sont côtoyés plus de deux mille responsables politiques, journalistes et intellectuels venus des quatre coins de la planète, les pays du Sud « compatissent à la détresse du peuple ukrainien et considèrent la Russie comme l’agresseur. Mais les exigences de l’Occident, qui leur demande de faire des sacrifices coûteux en coupant leurs liens économiques avec la Russie sous prétexte de maintenir un “ordre fondé sur le droit”, ont suscité une réaction allergique, car l’ordre invoqué a permis jusque-là aux États-Unis de violer le droit international en toute impunité » (5). (...)

    #Ukraine

    • MEGHAN MURPHY, éditrice du site “Feminist Current”:
      Hey everyone. A few weeks ago, I received the following email from the company that facilitates the ads featured on Feminist Current, SheKnowsMedia:
      “Dear Ms. Murphy:
      After careful review, pursuant to the SheKnows Publishing Network Agreement, attached for your reference, we are terminating your account effective immediately due to Feminist Current’s failure to comply with the Agreement’s quality guidelines regarding content that attacks a group on the basis of their sexual orientation and/or gender identity. Specifically, this articles https://www.feministcurrent.com/.../must-trans-activists... and https://www.feministcurrent.com/.../trans-activism... as well as others of similar tone are in violation.
      Please remove all ad code from your site as soon as possible...
      CHRISTY ROSENSTEEL
      GENERAL COUNSEL
      SheKnows Media”
      We chose to have ads hosted by SheKnowsMedia (previously BlogHer) because these companies claim to aim to support and empower women AND because I was able to limit ad categories that showed up on Feminist Current, meaning that I was able to exclude ads for things like dieting, makeup, the oil industry, the meat industry, religious ads, “dating” ads, and a myriad of other categories of ads I didn’t want showing up on a feminist site. This, of course, limited the income we were able to access via ad revenue, but still allowed us a base revenue that could ensure we were guaranteed a certain level of sustainability, from month to month. We have had ads hosted on the site via BlogHer/SheKnows since 2012.
      Recently, I have had several issues with the ads popping up on Feminist Current, some of which were unsuitable (anti-ageing ads and makeup ads, for example), others which were outright racist and sexist. When I contacted SheKnows about this, which I did numerous times, the problem was not addressed and the company claimed not to be able to do anything about these ads, despite the fact they were showing up via their ad network. As a result, I had been planning to get rid of ads on the site entirely, but needed to make sure we were able to sustain ourselves after that loss, so had tried to do some fundraising over the past month, in order to make up for the loss. (Thank you to everyone who donated!)
      Before I was able to do this, I received the above email, which referenced two posts, one of which challenges violent, misogynist threats against women and lesbians, the other that challenges the unethical and dishonest tactics trans activists use to shut down critical questions about the transitioning of children and around transgender ideology that reinforces sexist ideas about males and females more broadly.
      Neither post “attacks a group on the basis of their sexual orientation and/or gender identity.” Rather, one post directly opposes attacks and violent threats against a group of people based on sex and sexual orientation (women and lesbians), and the other defends journalism/journalistic ethics and good faith debate, and opposes censorship and attacks against journalism that challenges popular discourse and the status quo. Both posts, of course, support a feminist analysis that says gender is not innate, neither men nor women are stereotypes, and that women are oppressed under patriarchy on account of being born female, not on account of their feelings, clothing, or behaviour.
      It is incredibly important, particularly now, that journalists are able to report on issues and trends independently and with integrity, no matter how it may upset certain groups. It is also incredibly important that women be allowed to defend their sex-based rights without being beat up, smeared, and threatened. These are fundamental ideas that should be supported by those who support democracy and human rights, as well as by those who oppose hate speech and fascism.
      I responded to Christy Rosensteel at SheKnows Media, saying I was confused by her email, as the two posts in reference did not attack any group of people, and asked if she could please specify which aspects of the posts constituted an attack on “a group on the basis of their sexual orientation and/or gender identity.” I told her that our mandate at Feminist Current is to advocate the liberation of women from patriarchy and male violence, and that I felt both posts fit this aim. I added:
      “I find your claim to be quite a serious accusation, especially considering Feminist Current’s longstanding and dedicated work to opposing male violence against women and supporting the global feminist movement. If SheKnows is opposed to feminist analysis, that would be good to know, as I’d assumed your organization did not support male violence against women or sexism, in general.”
      I received no response.
      The good news is, we will no longer have to deal with a company that allows sexist, racist ads to pop up on the site, which I have no control over, and who refuses to be accountable for said ads, and will no longer be beholden to anti-feminist companies who revoke revenue because we publish articles opposing misogyny, male violence against women, and the shutting down of feminist debate/discourse. The bad news is that, more and more frequently, women who speak out against gender identity ideology, ask questions about the short and long term effects of transitioning children, and try to host discussions and debates about the impacts of gender identity legislation on women and girls are being systemically persecuted, slandered, silenced, threatened, fired, and rendered unemployable.
      It is unacceptable to try to shut down feminist media, simply because feminist ideas offend the sensibilities of some. And this is exactly what has happened. It is clear that someone who opposes the work we do at Feminist Current, who has connections or power at SheKnows, complained, and demanded they cut ties with the site. Our content has not changed substantially in the past few weeks. We have been opposing violence against women and asking critical questions about transgender ideology for years now. We are under constant attack, as a result. This was a direct attack against us by one individual who wished to attempt to shut down the site, by rendering us unable to pay our bills and support ourselves.
      Luckily, we have an enormously supportive readership around the world, are independent, and are part of a powerful, global women’s liberation movement that has more integrity and courage in its pinky finger than these self-interested, cowardly, dishonest, greedy, misogynist neoliberals.
      Fuck SheKnowsMedia. Fuck these capitalist pigs, who care more about their income than their integrity. Fuck this disgusting cooptation of feminism that bends over for men while throwing women under the bus. If they think this bullying will shut down Feminist Current and the hundreds of thousands of people who support our work and contribute to the site, they underestimate the power, courage, and steadfastness of women.
      In the past year we have seen attacks on our sisters amped up, as warrior women like Max Dashu, Nina Paley, Thistle Pettersen, Kajsa Ekis Ekman, Yuly Chan, and countless more are being smeared and no-platformed because they dare stand in solidarity with women. Women are being beaten up in the streets because they wish to speak about gender identity legislation and an ideology that says there is no such thing as a woman or a female body. Women are being threatened at the Dyke March and at Pride because they stand up for lesbians. Women are receiving death threats for supporting women-only spaces.
      These women are not wealthy, they are not powerful, they are not “privileged.” They are regular women and lesbians fighting to survive and to have a voice and to protect our and YOUR hard-fought-for rights.
      We stand in solidarity with women and in defense of free speech and democracy. We oppose the misogynist, capitalist bullying that dictates the editorial content of the vast majority of publications in North America, including those publications that claim to be “feminist.” At Feminist Current, we have always been accountable only to the feminist movement, and that will never change, no matter how many try to shut us down. Solidarity with our sisters in the struggle. Until we win ❤️✊

  • Ça fait toujours bizarre de lire le jeudi dans la bouche d’un député une partie des propos entendus le mardi en conférence de rédaction (moins l’enthousiasme, puisque la défaite était annoncée).

    https://www.monde-diplomatique.fr/audio/Podcast_diplo/2022-01-Episode_22.mp3

    Sur les limites de la stratégie « Terra Nova » qui cible la jeunesse progressiste de centre-ville et les quartiers populaires plutôt que la France des bourgs, la France Périphérique, François Ruffin : « Jusqu’ici, nous ne parvenons pas à muer en espoir la colère des “fâchés pas fachos” » https://www.liberation.fr/politique/francois-ruffin-jusquici-nous-ne-parvenons-pas-a-muer-en-espoir-la-colere

    Dimanche soir, à la tombée des résultats et l’élimination, malgré les 21,95 %, de Jean-Luc Mélenchon, quel a été votre premier sentiment ?

    D’abord de la fierté, la fierté du chemin parcouru. Je me suis dit : l’histoire continue, le fil n’est pas rompu. Parce que, sans Jean-Luc Mélenchon, sans nous avec lui, après les années Hollande, après sa créature Macron, la gauche pourrait être liquidée, enterrée. Nous avons ramassé un drapeau en guenille, et regardez maintenant comme il brille. C’est cette fierté que j’ai éprouvée pendant toute la campagne, avec des milliers de personnes dans les meetings, des dizaines de milliers dans les marches : nous sommes là, debout. L’espoir demeure. En même temps, ce dimanche à 20 h 01, c’est « caramba, encore raté ! » Je ne veux pas qu’on devienne des perdants magnifiques. L’équipe de France de mon enfance, celle de Platini, Giresse, Tigana et compagnie, elle était pleine de panache, comme nous, elle faisait les plus beaux matchs, comme nous, mais à la Coupe du monde de 82, à celle de 86, deux fois elle échoue en demi-finale, et deux fois contre l’Allemagne. Quand est-ce qu’on va jouer la finale ? Quand est-ce qu’on va l’emporter ?

    Comment jugez-vous la campagne de Jean-Luc Mélenchon ?

    Notre campagne, je l’ai trouvée joyeuse, un peu à contre-courant de l’époque. Parce qu’après deux années de Covid, avec la guerre en Ukraine, ils nous veulent comment ? Abattus, déprimés, résignés, « restez chez vous », etc. Contre ça, Jean-Luc est parvenu à apporter de l’énergie. C’est un peu notre Johnny, qui vient redonner « l’envie d’avoir envie ».

    Lorsqu’on observe les cartes, on voit que Mélenchon est fort dans les grandes villes et les quartiers populaires. Mais beaucoup moins dans la France périphérique.

    Au fond, ça montre l’efficacité de la campagne. Parce que Jean-Luc s’adresse aux Outre-mer, il s’y rend plusieurs fois, et il est élu président de la Guadeloupe, de la Réunion, au premier tour ! Jean-Luc veut la jeunesse progressiste de centre-ville, celle des marches pour le climat, il met le paquet, et il les emporte largement avec lui. Jean-Luc veut les quartiers populaires, il se pose comme l’anti-Zemmour, et la gauche retrouve droit de cité dans les cités. Finalement, tous les paris de la campagne sont gagnés. La France périphérique, en revanche, celle des bourgs, n’apparaît pas comme une priorité. Et quand on regarde les statistiques issues des urnes, c’est là-dedans qu’on plonge : le vote Mélenchon fait 24 % en agglomération parisienne [+8 points comparé à 2017, ndlr]. Mais c’est 14 % dans les communes entre 20 000 et 100 000 habitants [-7 points]. Un coup d’œil à une carte du pays suffit : pour La France insoumise, une zone rouge autour de Paris. Le bleu foncé de Le Pen, en revanche, s’étend sur tout le Nord, le Pas-de-Calais, la Picardie, la Champagne, la Lorraine, 42 départements, et pour beaucoup des terres ouvrières. C’est là qu’on perd. Au-delà même de la gauche, ça pose une question sur l’unité du pays, ces fractures politico-géographiques : comment on vit ensemble ? Comment on fait nation, sans se déchirer ?

    Le tableau est comment dans votre circonscription ?

    Il offre quasiment un cas chimiquement pur. Sur Amiens, Mélenchon devance Macron, presque à égalité : le président domine dans le centre-ville, mais on cartonne dans les quartiers populaires, avec plus de 60 %. Sauf que, dès que tu t’éloignes de la métropole, à Flixecourt par exemple, qui est ouvrier pourtant, c’est la cata : Jean-Luc plonge à 15 %, Marine Le Pen grimpe à 44 %. Je le pensais déjà en 2017, je le disais : si on veut gagner, on doit aller chercher cette France-là. Le mouvement des gilets jaunes en a montré l’importance politique, il a rendu visible, audible, cette France si longtemps muette. Et à ma mesure, durant la présidentielle, je me suis efforcé de parler à ces périphéries, avec des réunions publiques à Carbonne, à Rochefort, à Epinal… mettant en avant des caristes, des auxiliaires de vie, des salariés de la sous-traitance. Mais à l’évidence, jusqu’ici, les « fâchés pas fachos » ne se tournent pas vers nous. Nous ne parvenons pas à muer leur colère en espoir.

    Mais Jean-Luc Mélenchon s’est adressé à eux ces dernières semaines…

    Ça réclame un travail de longue haleine. Pour les quartiers populaires, ça fait des mois, voire des années, qu’on leur parle, avec des thématiques où ils se reconnaissent, parfois clivantes, comme la police par exemple. Les campagnes populaires exigent le même effort, et en vérité, peut-être dix fois plus d’efforts, pour dix fois moins de rendement, parce que l’habitat y est éclaté, parce qu’un vote Le Pen s’y est ancré. C’est pour moi un objectif électoral, mais aussi moral : on ne peut pas les abandonner au Rassemblement national. On ne peut pas, par une ruse de l’histoire, laisser triompher la logique de « Terra Nova ». Je ne sais pas si vous vous souvenez ? En 2011, ce think tank proche du Parti socialiste recommandait une stratégie « France de demain », avec « 1. Les diplômés. 2. Les jeunes. 3. Les minorités ». Tandis que, pour les ouvriers-employés : « Le FN se pose en parti des classes populaires, et il sera difficile à contrer. » Sous-entendu, inutile même d’essayer. Nous devons, nous, essayer. C’est un impératif.

    Comment faire pour les convaincre ?

    D’abord, il faut en faire un objectif commun : est-ce que cette analyse, est-ce que ce constat est partagé ? Est-ce qu’on se dit, l’Union populaire, ce sont les quartiers populaires – qu’il faut garder – et les campagnes populaires – qu’il faut conquérir ? On doit d’abord le poser comme une priorité, ensemble. Sinon, il n’y a pas de stratégie possible. Ensuite, je pense qu’il faut écouter les gens, faire quasiment du recueil des doléances. On ne fait pas de politique en extériorité, sans porosité. Et peut-être que des thèmes inattendus surgiront. Je te donne un exemple : le numérique. Les candidats ne s’en sont pas saisis dans la campagne. Et pourtant, quand je fais mon boulot de reporter, on me cause de ça, spontanément, dans les bistrots, dans les mairies : à la CAF, à Pôle Emploi, aux impôts, il n’y a plus de guichets. Les gens doivent passer des heures à enregistrer des mots de passe sur Internet, à scanner leurs documents. Faire son dossier de retraite, avec la Carsat, c’est devenu la croix et la bannière. C’est ressenti comme une douleur par les habitants, ça les met dans un sentiment d’impuissance.

    Cette impuissance donne quoi concrètement ?

    Je vais utiliser des grands mots pour de petites expériences, mais je crois que pour eux, c’est la République qui s’éloigne, ça les met dans une souffrance anthropologique : ils n’échangent plus en humains avec des humains, mais avec des machines. Quand j’en parle dans mes meetings, aussitôt je suis applaudi. Parce que chacun a éprouvé la solitude du « tapez 1 », « appuyez sur la touche étoile ». Remettre des agents pour les gens, comment on fait un numérique humaniste, c’est une question à porter. Une parmi d’autres. Les déplacements, bien sûr. La valeur du travail. Leurs loisirs, à ne pas juger. Mais il y a un style, aussi, peut-être, au-delà des idées. Dans une étude, je lisais que les travailleurs de la seconde ligne ne se sentaient pas représentés. Peut-être que, en plus des mesures – le smic à 1 400 €, la retraite à 60 ans, le blocage des prix –, peut-être qu’on doit davantage les incarner, qu’ils sentent qu’on connaît leur vie, leurs conditions concrètes d’existence, qu’on sache en parler, que les candidats soient à leurs côtés, parmi eux.

    Faire comme Ruffin, en somme.

    Donc, pour être majoritaire, il faudrait unir dans le même bloc les quartiers populaires et les campagnes populaires ?

    Le débat est construit, évidemment, pour casser le bloc populaire. Entre jeunes et vieux, entre travailleurs et assistés, entre blancs, Arabes, noirs, et maintenant, même, entre vaccinés et non vaccinés. Ma conviction, mon pari, depuis vingt ans maintenant, c’est que la question sociale peut rassembler. Juste une anecdote. Durant mon mandat, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, vient à Amiens. J’insiste, très fort, pour qu’elle rencontre des accompagnantes d’enfants en situation de handicap, et la préfecture accepte. On passe une belle heure d’échanges, et comme je connais par cœur, je me mets en écoute flottante. Je roupille à moitié, quoi. Et là, je me dis : ici, il y a Aline, Sandy, Hayat, Assia. Rien que par les prénoms, on perçoit les origines différentes. Ça fait un moment qu’elles causent, ça fait un an que je les filme, à aucun moment elles n’ont discuté de la nourriture à la cantine, de la taille de leurs vêtements, de leurs prénoms français ou pas. Non, elles ont discuté de leur travail, de comment elles peuvent gagner leur vie, de comment apporter un soutien aux enfants. C’est une parabole, à mon avis. Voilà ce qui les rassemble.

    C’est la stratégie à avoir aux législatives pour gagner un maximum de circonscriptions ?

    Franchement, je ne crois pas qu’une telle logique, inscrite dans le paysage, s’inverse en six semaines de campagne. Vraisemblablement, la France insoumise va se renforcer là où elle est déjà forte : dans l’ancienne banlieue rouge, dans les quartiers populaires des métropoles. C’est après qu’il faudra choisir : que vise-t-on ? Des bastions ? Ou se répandre dans les profondeurs du pays ?

    (…)

    • À 10’ du reportage sur la campagne de Ruffin à Flixecourt, ce dernier dit « L’union populaire et Jean-Luc, ils [sic]… » : « Y a pas eu de volonté de regagner la France des ronds-points, la France des gilets jaunes, parce que je pense que dans leur esprit c’était un pari qui était gagnant en plusieurs semaines, en plusieurs mois » https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/qui-l-eut-cru-la-nouvelle-vraie-gauche-arrive-deja-ruffin-repart-pour-un-tou https://la-bas.org/audio.api/free/aW5sYnM6Ly9mb2xkZXItNDI0MTkvbXAzLTQ3Ni81MzEzMC1wYWRfcmVwb3J0YWdlX2ZsaXhlY291cnRfMl8tX2ludGVncmFsZS5tcDM=/53130-pad_reportage_flixecourt_2_-_integrale.mp3

    • Bompard chez Regards http://www.regards.fr/actu/article/manuel-bompard-une-force-d-alternative-prete-a-gouverner-demain

      Fabien Roussel refuse d’être assimilé à la gauche des métropoles. Il rejoint en partie François Ruffin lorsqu’il dit : « On ne doit pas devenir la gauche des métropoles contre la droite et l’extrême droite des bourgs et des champs. » Est-ce la gauche qui a rompu avec les catégories populaires, ou les catégories populaires qui ont rompu avec la gauche ?
      S’il y a eu une rupture entre la gauche et les catégories populaires, c’est d’abord parce que sa dernière expérience au pouvoir a été vécue comme une trahison. Depuis lors, notre travail a plutôt permis de renouer des liens entre le peuple et la gauche. Jean-Luc Mélenchon est le premier candidat dans les villes les plus pauvres. Il est le candidat des jeunes, des chômeurs, des précaires, et fait des scores plus importants que la moyenne chez les ouvriers et les employés. Pour voir plus loin, il faut commencer par saluer ce bilan et ne pas se tromper sur l’analyse. Quand nous remportons trois circonscriptions en Haute-Vienne, deux en Dordogne, ou encore celle du département de la Creuse, il n’est pas question de métropoles… Et quand l’extrême droite remporte la circonscription des 13e et 14e arrondissements de Marseille, il n’y a pas beaucoup de bourgs et de champs sur ce territoire… La lecture géographique est une vue de l’esprit, qui fait abstraction de l’histoire politique des territoires, de leurs structures sociales comme du travail militant qui y est mené. Oui, le Rassemblement national progresse, et il progresse malheureusement partout. Certains territoires y sont davantage perméables par leur histoire et leur sociologie. Il faut donc le combattre partout. Mais si certains pensent que, pour y parvenir, il faut abandonner les banlieues populaires et renoncer à la dénonciation du racisme ou de l’islamophobie, alors nous avons un désaccord fondamental.

      Le PCF pense que la gauche s’est perdue en menant des combats qu’il juge légitimes – lutte contre les discriminations et les violences policières, féminisme, etc. –, mais au détriment du social…
      Je suis convaincu que ce que vous décrivez ici n’est pas l’orientation du PCF, dont de nombreux militants s’investissent dans ces combats. Mais c’est en effet ce que semble penser Fabien Roussel… Cela me paraît être un contresens total : la bataille pour l’égalité des conditions de vie ne peut pas être déconnectée de celle pour l’égalité de tous, quels que soient son genre, sa couleur de peau, sa religion ou son orientation sexuelle. Ce serait une grave erreur : la gauche n’a rien à gagner à mimer le Rassemblement national ou à masquer certaines batailles pour lui complaire. On ne gagne jamais sur le terrain des autres. Nous nous adressons à tous et nous disons : ces tentatives de division agissent comme des diversions. Le RN cherche à faire vibrer la corde identitaire. Nous voulons faire vibrer la corde sociale et convaincre que le problème, c’est celui de ceux qui se gavent !

    • François Ruffin : « La gauche doit être le camp du travail » | L’Humanité 07/09/2022 https://www.humanite.fr/politique/francois-ruffin/francois-ruffin-la-gauche-doit-etre-le-camp-du-travail-762479

      Comme point de départ de votre livre, vous avez choisi cette phrase que vous avez entendue de la bouche de plusieurs citoyens : « Je ne peux pas voter à gauche, je suis pour le travail. » Pourquoi vous fait-elle bondir ?

      Parce que la gauche, c’est le travail. Son histoire et celle du mouvement ouvrier le montrent. Mais chez nombre de gens ordinaires, beaucoup de ceux avec qui j’ai échangé, s’est ancrée l’idée que « la droite c’est le travail, la gauche c’est l’assistanat ». La droite a réussi à récupérer ce qu’ils appellent la « valeur travail », depuis Nicolas Sarkozy jusqu’à Emmanuel Macron. Ils célèbrent le travail pour mieux le malmener, avec l’idée qu’il faut travailler plus, tout en écrasant les salaires. Par ailleurs, pendant les campagnes, le principal obstacle que nous avons eu, ce n’est pas sur l’immigration ou la sécurité mais sur l’argument « moi je bosse et je n’ai le droit à rien, alors que d’autres touchent des aides » . Je ne veux pas qu’on ferme les yeux sur ce ressenti massif. Selon moi, il faut montrer qui sont les vrais assistés, les hyper-riches. Nous avons le devoir, à gauche, de reposer en permanence ce rapport capital-travail. Un clivage dans lequel nous serions dans le camp du travail et des travailleurs.

      Les élus et militants de gauche n’ont pas pour autant abandonné la défense des travailleurs…
      Non, d’ailleurs, dans nos programmes, beaucoup de mesures répondent en partie aux problèmes des salaires, de précarité des contrats, de pénibilité… Mais nous devons nous demander ce qu’il faut mettre en avant, ce qui convainc, rassemble. Je pense par exemple que la gauche ne porte pas assez la fierté du travail. De la même manière qu’elle avait héroïsé les métallos ou les mineurs dans l’après-guerre, dans la période post-Covid, on aurait pu héroïser le cariste, l’auxiliaire de vie sociale. On a un devoir de représentation. Il faut que les gens se disent « c’est eux qui parlent pour nous ». Ça veut dire aussi connaître leurs conditions concrètes d’existence, pour les transformer et que nos propositions trouvent un vrai écho.

      Vous faites dans votre livre un état des lieux des mutations du monde du travail, avec des salaires qui n’augmentent pas, des contrats précaires qui se multiplient, les pressions mises sur les travailleurs… Quelles réponses politiques peuvent être apportées ?
      La question est de savoir si on laisse la main invisible du marché tout régler. Or, elle produit l’écrasement du travail dans la durée. Cela a des effets individuels, avec un sentiment d’injustice pour les travailleurs, et collectifs, avec une désorganisation de la société. Aujourd’hui, nous manquons d’AESH dans les écoles, d’auxiliaires de vie sociale : parce que les gens sont fainéants ou parce qu’ils ne veulent pas travailler pour 700 euros par mois ? La République s’est fondée sur l’école mais on ne trouve plus d’enseignants et on recrute en job dating. Il faut refixer des règles communes sur le marché du travail. Sur les salaires, les conditions de travail, les contrats. Pour que le CDI soit la norme, par exemple, il faut régulariser les intérimaires qui en réalité ont des postes permanents, et décourager le recours aux autres contrats. Un contrat en CDD doit être payé plus cher, comme les heures tôt le matin ou tard le soir.

      Votre livre se conclut par l’idée de bâtir un « nouvel horizon commun », qui serait celui de l’impératif écologique. Quelles en seraient les conséquences pour le travail et les travailleurs ?
      Il nous faut passer du « vivre-ensemble », un peu stagnant, gnan-gnan, au « faire ensemble ». Et faire ensemble face au grand défi climatique, qui réclame beaucoup de travail, qui exige que chacun fasse sa part, trouve une utilité dans cette transformation. Encore une fois, ce n’est pas le marché qui va organiser la rénovation thermique, planter des haies, remettre en état les canalisations d’eau, créer des ateliers de réparation dans chaque canton, pour échapper au cycle de la production de consommation… L’État doit donc définir un certain nombre de besoins auxquels on sait que le marché ne va pas répondre. Puis diriger et canaliser les énergies, les moyens, les savoir-faire. C’est aussi un pari humaniste. Il faudrait presque recenser toutes les compétences qui sont aujourd’hui à notre disposition mais qui sont en déshérence, une richesse humaine qui peut exister dans les quartiers ou dans les campagnes et qui est délaissée. Qui sait bricoler, qui sait réparer, qui sait cuisiner ? Toutes ces compétences doivent pouvoir être utiles à la société. C’est aussi un moyen de créer de la dignité par le travail, ce qui est essentiel.

  • Tous fichés !, par Cécile Marin & Jérôme Thorel, animé par Elsa Delmas (Le Monde diplomatique, avril 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/fichage

    Cartographier l’imbrication des multiples fichiers qui étiquettent nos rapports avec l’administration mais aussi, souvent à notre insu, toutes sortes d’actes de la vie quotidienne relève d’un exercice périlleux. Les interconnexions sont multiples : automatiques, discrètes, parfois secrètes. L’intense complexification de cette toile informatique peut d’ailleurs expliquer sa banale acceptation par la population : imaginez qu’on ajoute à cette carte les fichiers commerciaux tirés du braconnage massif effectué par les géants du big data qui aspirent sans arrêt les données personnelles. Impossible d’être exhaustif sans perdre en clarté. C’est pourquoi seules quelques situations-clés sont ici présentées, modestes échantillons de nos vies désormais numérotées.

    #SNT #DonnéesPersonnelles #Data #Carte #EMC

  • Jossot : un caricaturiste de la « belle époque » (?) - PARTAGE NOIR
    https://www.partage-noir.fr/jossot-un-caricaturiste-de-la-belle-epoque
    Bien qu’elle ne soit pas complètement tombée dans l’oubli, l’œuvre du caricaturiste #Jossot (1866-1951) mériterait une meilleure diffusion. Ses meilleurs dessins datent du début du siècle, mais les sujets qu’il traite sont toujours d’actualité et son graphisme, étonnamment moderne à l’époque, n’a toujours pas vieilli.

    • En Irak et en Syrie, les civils sont les premières victimes des bombardements, par Damien Lefauconnier (Le Monde diplomatique, mars 2022)
      https://www.monde-diplomatique.fr/2022/03/LEFAUCONNIER/64422

      (...) Si les actions de la coalition internationale contre l’OEI et celles de Moscou allié au régime de M. Al-Assad sont à distinguer en termes d’intentions et de contextes, elles se rejoignent sur leurs conséquences désastreuses pour les populations. Avec les bombardements, les grandes armées internationales ont causé la mort de 20 000 à 55 000 civils syriens et irakiens. Comment un tel bilan, qui demeure une estimation officieuse, a-t-il pu être établi et comment se décompose-t-il ? Dans un contexte de conflit multiforme marqué par la présence de forces étrangères, le décompte de victimes non armées est particulièrement difficile, dépendant à la fois des déclarations des acteurs engagés militairement, mais aussi des informations recueillies par des organisations non gouvernementales (ONG) aux travaux plus ou moins consensuels. Dans ce qui suit, nous aborderons les bilans respectifs des interventions de la coalition internationale contre l’OEI, et de la Russie contre la rébellion syrienne. (...)