• Good Neighbors
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    Que dire de la « gentrification » ? Dans la nouvelle introduction de la traduction anglaise de De bons voisins, Sylvie Tissot propose des outils d’analyse critique des transformations, profondément inégalitaires, des grandes villes d’Amérique du nord et d’Europe. Nous la publions ici en français. « (...) Source : Les mots sont importants

    • Les ancêtres de ceux que l’on voit aujourd’hui comme des « hipsters » se sont en effet appropriés les lieux d’une manière inédite, n’investissant pas seulement les espaces publics mais aussi les institutions du pouvoir local et parvenant, plus généralement, à « donner le ton » à la vie du quartier. Ce type de pouvoir, dont nous allons analyser les différences facettes, a ceci de particulier qu’il s’est construit sur la base d’un mot d’ordre jusque-là inconnu des classes supérieures du pays. Les gentrifieurs qui s’installent depuis les années 1960 dans les quartiers centraux dégradés se réclament en effet de la « diversité », slogan directement hérité des mouvements sociaux. A cette époque, ceux qui s’opposent aux bulldozers de la rénovation urbaine (urban renewal, rebaptisée negro removal), rêvent, inspirés par l’essayiste Jane Jacobs, à d’autres manières de vivre en ville, loin de l’entre-soi blanc de la suburban way of life.

    • Hier, j’écoute « la voix de son maitre » et surtout l’émission un jour en France . Ça part bien, ça parle de revitalisation rurale, de maires qui vendent des terrains à 1€/m² ou carrément des maisons à retaper à 1€ pour attirer des familles et remplir les écoles.
      Et puis, rapidement, on parle des critères : on prend pas n’importe qui, mais des gens qui apportent le travail avec eux, parce qu’il ne faudrait pas qu’ils piquent celui des locaux, déjà qu’il n’y en a pas assez pour tout le monde. Et puis, on ne veut pas des « inactifs ».
      La nana de Roubaix explique bien son problème de logement : 6500 demandes de logements sociaux en attente — ben oui, quand l’industrie textile a disparu, elle n’a pas laissé que des friches industrielles derrière elle — mais elle, ce qu’elle veut, ce sont des classes moyennes, parce que sinon, ça fait ghetto.

      Ils veulent tous des classes moyennes avec de l’argent, un métier et l’envie de se faire chier au cul des vaches, loin de tous les services et commodités qui font le charme de la classe moyenne. Le problème, c’est que j’ai l’impression que ces gens qui ont les moyens, ils ont précisément ceux de ne pas vivre dans les quartiers dégradés et les zones périphériques sans activité économique. Qu’ils ont déjà tout ce qu’ils pouvaient désirer, merci pour eux.

      Donc, une fois de plus, la fameuse politique de l’offre : on bâtit une politique de logement fondée sur nos désirs et non sur les besoins… et plus tard, on va chialer parce que ça ne marche pas.

      Parce qu’on continue à produire du logement de standing qui restera vide pendant que les gens qui ont des besoins urgents et flagrants de logement continuent à être ignorés, voire méprisés.

      Les pauvres ne vont pas disparaitre juste parce qu’on ne les veut plus comme voisins.