Vigipirate et le fantôme de la guerre d’Algérie

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  • Vigipirate et le fantôme de la guerre d’Algérie | Libertés surveillées
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    Le plan Vigipirate reste mystérieux - et pas seulement parce qu’on se demande ce qui a bien pu passer dans la tête du gouvernement pour choisir un nom aussi ridicule et le conserver, depuis près de vingt ans d’application ininterrompue. Le dispositif Vigipirate, d’exceptionnel est devenu permanent bien que tous les professionnels de la sécurité en soient d’accord : il n’est d’aucune efficacité contre le terrorisme. Il n’a permis aucune arrestation, n’a aucun effet dissuasif - tous les auteurs d’attentats sont nés alors qu’il s’appliquait déjà - et il coûte un million d’euros par jour, selon la propre estimation du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian.

    Si le plan Vigipirate n’a pas de fonction opérationnelle, il en a nécessairement d’autres : une fonction politique assurément, mais qui s’émousse au bout de vingt ans, et une fonction sociale, plus subtile, mais plus dangereuse : entretenir, par le quadrillage militaire, une confusion entre la guerre et la paix. Et ancrer en passant ce non-sens aujourd’hui largement partagé qui veut que « la sécurité soit la première des libertés ».

    • Et aussi :

      C’est tout l’intérêt de Vigipirate : le plan trouve sa source dans l’ordonnance du 7 janvier 1959 qui organise la défense nationale, en pleine guerre d’Algérie, et ses présupposés restent imprégnés de culture du maintien de l’ordre colonial. La pensée militaire, après le déclin de la menace soviétique, se construit sur l’idée que la population est à la fois le corps à protéger et « le milieu de prolifération de la subversion » : il n’est plus possible de distinguer l’ennemi extérieur de l’ennemi intérieur, qui se cache à l’intérieur même du corps social, comme le fellagha de la guerre d’Algérie.