Anne-Laure Amilhat Szary : « Nous devons reconsidérer notre perception des migrants »

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  • غالبية الهاربين من العراق هم فقراء الوسط والجنوب
    http://elaph.com/Web/News/2015/9/1037838.html

    Les guerres sont un déclencheur - un « facilitateur » si on ose l’écrire - dans l’émigration des peuples du Moyen-Orient vers l’Europe mais la principale cause est économique. Curieusement, personne ne semble vouloir trop parler de cette évidence pour quiconque connaît la région. Les signes de cette réalité sont pourtant très nombreux. Par exemple le fait que les réfugiés viennent de zones turques où ils étaient établis depuis des moins voire davantage. Ou encore cet article dans le pro-saoudien Elaph : « La majorité de ceux qui fuient l’Irak sont des pauvres vivant au centre ou au sud (du pays). Les Irakiens n’ont pas été étonnés d’apprendre que les émigrés illégaux vers l’Europe viennent des villes du sud et du moyen-Euphrate, ce qui confirme que la cause (de l’émigration) est la hausse du coût de la vie pour les personnes défavorisées vivant dans ces régions. »

    لم يستغرب العراقيون حينما علموا ان أكثر المهاجرين من ابناء جلدتهم الذين تدفقوا على أوروبا في هجرة غير شرعية، هم من مدن الجنوب والفرات الأوسط، مؤكدين ان السبب يعود الى ارتفاع نسبة الفقر في هذه المدن.

    #migrations #catastrophe_arabe

    • certains font un constat opposé:

      Tout le montre : ceux qui partent aujourd’hui sont loin d’avoir le capital social le plus faible. Il faut non seulement de l’argent pour payer le passage, mais aussi des ressources intellectuelles et relationnelles. Une grande partie des migrants parle plusieurs langues, maîtrise les nouvelles technologies, dispose souvent d’un haut niveau d’études et de contacts en Europe. Qu’on le veuille ou non, ces personnes prennent aujourd’hui la décision de tenter leur chance aux frontières de pays qu’elles perçoivent comme plus riches, mais également porteurs d’idéaux démocratiques. Nous devons reconsidérer notre perception des personnes qui frappent à nos portes : ceux-ci ne sont plus des individus dépourvues de capital, ou qui chercheraient simplement des ressources, mais bien des personnes qui arrivent avec une grande richesse.

      http://www.regards.fr/web/article/anne-laure-amilhat-szary-nous

    • @rumor : J’ai eu le tort de mettre deux choses dans le signalement précédent. L’info d’Elaph et ma réaction ! Les situations sont différentes d’un pays, d’une région à une autre et, certainement, une grande partie des flux de migrations sont aujourd’hui, pour ce qui est de la Syrie, constitués de classes moyennes. Mais ce que je voulais signaler avant tout, c’est le fait que la guerre n’est qu’une « incidente » (désolé pour ce terme) supplémentaire dans une crise bien plus vaste, celle de l’incapacité de ces régions à donner à leur population un projet d’existence à peu près viable, au regard des « tentations » à l’échelle de la planète. Tu seras d’accord avec moi pour reconnaître que l’Algérie, pays à l’abri de la guerre, se viderait de la moitié de sa population (au moins !) si des circonstances telles que la guerre rendait l’émigration sauvage (plus que clandestine) moins difficile. Et dans le cas tunisien, la catastrophe politique a été à mon avis jugulée en partie de l’extérieur (je suis conspirationniste, décidément) pour ne pas étendre davantage les problèmes créés par le chaos libyen.

  • Anne-Laure Amilhat Szary : « Nous devons reconsidérer notre perception des migrants » - regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/anne-laure-amilhat-szary-nous

    Un raisonnement pragmatique conduirait à attribuer les investissements alloués à des dispositifs de surveillance ruineux (responsables de morts dramatiques, et pas aussi efficaces qu’on ne le promeut) à des dispositifs d’intégration. On ne peut, de toute façon, se satisfaire de la construction de camps ou de no-man’s lands dans lesquels, comme la « jungle » de Calais, c’est à terme la force qui fait loi. On peut fort bien imaginer que, comme aux États-Unis, les migrants se voient accorder le droit de travailler pendant deux ans, un accès au permis de conduire, à un compte et une carte bancaire, l’accès à l’école pour les enfants. Ou de voir des migrants accueillis dans de petits villages, comme cela commence à se pratiquer ici et là. Dans tous les cas, il s’agit de revenir à une forme de rationalité : qu’elle soit économique (dissocier l’accès à des droits et des ressources de l’accès à la nationalité), ou politique (nous mettre en accord avec nos propres idéaux démocratiques), il nous faut rompre avec l’idéologie sécuritaire.

  • Anne-Laure Amilhat Szary : « Nous devons reconsidérer notre perception des migrants » - regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/anne-laure-amilhat-szary-nous

    Anne-Laure Amilhat Szary, géographe, revient sur ce qu’il faut bien appeler une « guerre contre les migrants ». Face à la crise humanitaire, elle invite à reconsidérer notre perception des migrants, et avance des mesures rationnelles et politiques.