stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : septembre 2015

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  • Savoir reconnaître l’impact psychotraumatique sur les enfants victimes de violences sexuelles est un impératif
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2015/09/nouvel-article-de-la-dre-muriel-salmona.html

    Il y a une véritable incapacité à penser les violences et donc à les reconnaître, mais également à les entendre lorsqu’elles sont révélées. La révélation entraîne un tel stress émotionnel chez la plupart des personnes qui reçoivent la parole des victimes, qu’elles vont souvent mettre en place des systèmes de protection d’une efficacité redoutable. De plus, cette révélation remet en cause l’opinion favorable qu’elles pouvaient avoir des agresseurs. Le refus d’intégrer que de telles violences aient lieu dans des espaces que l’on pensait protecteurs et fiables, le sentiment d’horreur face à des crimes et des délits qui les rendent impensables et inconcevables, particulièrement quand ils sont commis sur des tout-petits, la peur des conséquences d’une dénonciation des violences, font que par angoisse, lâcheté ou complicité, tout sera mis en place pour dénier les violences et imposer le silence aux victimes.

    Tout le monde pense que le viol et les agressions sexuelles existent, tout comme les incestes et la pédocriminalité, que c’est grave pour les victimes et que les violeurs, les incestueurs, les pédocriminels doivent être fermement condamnés. Mais dans le système de dénégation où nous baignons, ils n’est pas possible que les violences sexuelles existent « dans notre monde, dans notre entourage, chez nous, dans notre famille, dans nos couples, dans notre univers professionnel, dans nos institutions, chez ceux que nous côtoyons et encore moins chez ceux que nous admirons… ». Elles existent mais seulement dans un espace social de personnes « peu civilisées, marginalisées, sans éducation, malades mentales… ». Si pour quelques crimes sexuels médiatisés, l’opprobre est général, pour tous les autres, l’immense majorité, aucune dénonciation, ni indignation ne sont au rendez-vous. Les violences sexuelles sont ignorées et les victimes n’existent pas, considérées comme des menteuses, des folles, ou bien comme des séductrices - des « lolitas » - capables par leurs conduites provocantes, de pervertir des personnes bien sous tout rapport. De toute façon dans ce système, tout sera de leur faute, même si l’agression ou le viol sont avérés, et que la victime ne peut pas être considérée comme menteuse, elle est malgré tout fautive : de s’être exposée, d’avoir provoqué, de l’avoir cherché, d’être celle par qui le scandale arrive, d’être celle qui détruit tout, qui n’est pas capable de se relever, de tourner la page, de pardonner, d’aller mieux… (Gryson-Dejehansart, 2009 ; Salmona, 2013)

    Or les crimes et les délits sexuels sont uniformément répandus dans tous les milieux socio-culturels sans exception, 94% de ces violences sont commises par des proches, et 54% par des membres de la famille (IVSA, 2015). Les agresseurs - essentiellement masculins dont le quart sont des mineurs - bénéficient presque toujours d’une totale impunité.

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    • De toutes les violences sexuelles, celles qui touchent les enfants font partie des plus cachées. Chaque année, nous dit-on, 102 000 adultes sont victimes de viols et de tentatives de viol (86 000 femmes et 16 000 hommes) en France (CVS-ONDRP 2012), mais on ne nous parle pas des victimes mineures pourtant bien plus nombreuses, estimées à 154 000 (124 000 filles et 30 000 garçons). Dans le monde 120 millions de filles (une sur dix) ont subi des viols, et la prévalence des violences sexuelles est de 18% pour les filles et de 7,5% pour les garçons (OMS, 2014).

      Selon les résultats de l’enquête IVSEA 2015 : 81% des victimes de violences sexuelles ont subi les premières violences avant l’âge de 18 ans, 51% avant 11 ans, et 23% avant 6 ans.

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