• L’art contemporain : une balise vers les gouffres | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/cuenod/blog/070818/lart-contemporain-une-balise-vers-les-gouffres

    Nous vivons en paix, paraît-il. Nous, c’est-à-dire l’infime partie repue de l’humanité Pourtant, tout est guerre parmi nous, autour de nous, en nous. Guerres entre groupes économiques, guerres entre religions, guerres entre pays, guerres entre générations ; guerres larvées, ouvertes, bruyantes, silencieuses ; guerres froides, tièdes, chaudes ; guerres bleues, saignantes, à point, très cuites. Et Annie Le Brun de citer le poète et agitateur libertaire William Morris (1834-1896) pour dénoncer l’origine de cette spirale belliqueuse : « Le système de concurrence illimitée ». L’hypercapitalisme financier a poussé le moteur de la concurrence vers ses régimes extrêmes. Désormais, à la concurrence entre entreprises s’est ajoutée la concurrence entre individus considérés comme des autoentrepreneurs, le mot moderne pour désigner les esclaves. Pour cela, il convient d’enserrer les humains dans des réseaux serrés de représentations divertissantes et abrutissantes qui les castrent de toute velléité de révolte. Pour mener à bien cette offensive vers l’aliénation massive, la banalisation de la laideur est devenue un impératif, d’où l’invasion de ce qu’Annie Le Brun nomme « le réalisme globaliste » . La beauté possède un potentiel révolutionnaire qui met en danger cette stratégie.

    L’art contemporain et la laideur comme stratégie

    Définir la beauté demeure aléatoire. Mais c’est justement cet aléatoire qui en fait une force libératoire. La beauté est indissociable de la surprise bouleversante qu’elle provoque chez celle ou celui qui en est traversé. « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie », écrivait Lautréamont dans ses « Chants de Maldoror ». La beauté fait naître une émotion passionnée qui foudroie quiconque s’en approche. Désormais, pour cet heureux « quiconque » plus rien ne sera comme avant. Dès lors, la beauté met le feu aux poudres à l’intérieur de celle ou celui qui la vit. D’où risque d’explosion que la laideur du « réalisme globaliste » – avec ses MacDo gerbatoires, ses autoroutes grisâtres du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, son urbanisme d’un style benzodiazépine généralisé – s’efforce de désamorcer grâce à l’apport décisif de l’art contemporain qui banalise l’originalité et trivialise la poésie.

    Est-il besoin d’ajouter – oui, sans doute, considérant l’état confusionnel du temps présent – que cette émotion bouleversée par la beauté a pour ennemi l’émotivité, ce sentiment médiocre distillé par les gros médias pour distraire leur troupeau ? De même, la sensibilité est mise à mal par la sensiblerie. L’émotivité tente de bloquer l’élan passionnel enclenché par l’émotion née de la beauté et la sensiblerie désensibilise la sensibilité en la rabaissant dans le trivial. La beauté, voilà l’ennemie de ce que Le Plouc nomme la « société médiamercantile ».

    Il s’agit aussi d’extirper de ce paysage globalisé tout ce qui n’a pas de valeur marchande, d’où le titre de ce magnifique essai d’Annie Le Brun. La Joconde, devenue l’icône des selfies, doit rapporter plus que le prix d’un billet au Louvre, aussi l’installateur Jeff Koons (célèbre pour ses caniches en plastique et autres basses conneries de hauts prix) et l’inévitable famille Arnault – qui est au mécénat ce que la tribu d’Attila fut à l’art équestre – l’ont-t-ils transformée en sac à main Vuitton avec quatre autres victimes[1]. Le comble du mépris pour l’art et les artistes. On se demande si Vuitton-Koons ne vont pas un jour réduire la « Victoire de Samothrace » à l’état de balai de chiotte griffé.

    L’ « artfairiste » Kapoor lave plus noir que le noir le plus noir

    Le plus accompli et le plus cynique des entrepreneurs de l’art contemporain demeure Anish Kapoor qui s’est assuré à prix d’or (mais non connu) l’exclusivité de l’usage artistique du Vantablack.« Ce noir plus noir que tous les noirs » a pour particularité d’absorber la lumière à 99,965%. « De là son extraordinaire capacité d’abolir les formes. (…) Qui s’entêterait à vouloir (…) y discerner quelque chose ne verrait qu’un trou noir à la place d’un volume, celui-ci serait-il le plus irrégulier possible », explique Annie Le Brun. Kapoor dispose donc du monopole artistique de ce Vantablack. Juridiquement, il n’y a rien à redire. L’« artfairiste » est passé à la caisse. Politiquement, son investissement démontre à quel point l’art contemporain a partie liée avec l’hypercapitalisme financier et globalisé. Symboliquement, en acquérant le Vantablack qui efface les formes, Kapoor « devient un des maîtres de ce pouvoir d’indistinction » où tout est fonction, non de la beauté qui se dégage d’une œuvre, mais uniquement de sa valeur d’échange.

    « On pourra avancer que tout cela se limite à un milieu très restreint », ajoute Annie Le Brun. Erreur. « Tout cela » concerne chacun de nous, avertit la poète et essayiste : « Force est de constater qu’on se trouve là devant l’art officiel de la mondialisation, commandé, financé et propagé par les forces réunies du marché, des médias et des grandes institutions publiques et privées, sans parler des historiens d’art et philosophes appointés qui s’en font les garants. Cette entreprise-culture a toutes les apparences d’une multinationale, où se forge, se développe, s’expérimente la langue de la domination dans le but de court-circuiter toute velléité critique[2]. »

    La peur de la pensée conduit vers toutes les abdications et surtout au renoncement à cet infini en nous qui se fait jour chaque fois que la beauté[3]surgit. Alors, comment sortir de ces réseaux de représentations qui nous font accepter l’inacceptable ? En ayant un regard et du courage, conclut Annie Le Brun :

    « Innombrables sont les chemins de traverse pour y échapper, quand on veut bien prendre le risque de ne pas se tenir du côté des vainqueurs. Mieux, de s’en tenir au plus loin. Ce que j’en sais est qu’on ne s’y bouscule pas mais qu’on y respire beaucoup mieux et que, certains jours, même parmi les plus sombres, l’horizon peut s’éclaircir d’une soudaine et stupéfiante lumière. »

    Jean-Noël Cuénod

    Annie Le Brun – Ce qui n’a pas de prix, Beauté, laideur et politique – Editions Stock, collection les essais – 173 pages.

    J’en ai un peu marre de voire l’art contemporain réduit à Koons, Kapoor et Arnault, c’est un choix aussi de considéré ceci comme l’art contemporain et de réduire l’art à cette seule catégorie multi-milliardaire. Pour moi c’est pas ça l’art contemporain, ça c’est de l’art spéculatif contemporain, ca devrait interessé seulement les spéculateur·ices. Je vais pas voire ces expos, j’achète pas ces trucs, je m’en fiche d’eux et ce qu’ils pensent et ressentent du monde. Toutes les époques ont produit ce type d’art à la botte du pouvoir et aussi un tas de choses à la marge, et dont la qualité est rare selon les critères qu’on a là dessus. Pourquoi choisir de passer du temps sur Koons et ignoré les artistes marginale·aux tout aussi contemporain·nes ? Il n’y a probablement jamais eu autant d’artistes qu’aujourd’hui, et c’est pas la qualité qui manque (j’en connais pas mal alors c’est qu’il y en a vraiment beaucoup) et les seuls qui comptent sont ceux qui sont coté en bourse.
    Il y a en plus un gros fond de mépris du peuple dans cette manière de pensé les masses comme stupides. Que la peinture d’un vieux marchand d’armes de la renaissance, finisse sur des sacs à main, qu’est ce que ca peu nous faire ? C’est plutot sa place. Vinci c’était une sorte de Koons, en pire puisqu’il concevait des armes, participait à des assassinat politiques t pratiquait la peinture de manière accessoire. Alors déco de sacs à main LVMH il aurait probablement trouvé ca super du moment qu’il touchait les royalties.

    Sinon tous les trucs du texte qui dénonce la « sensiblerie » et la « trivialité » ca pue le virilisme. Triva est une déesse attachée aux femme (déesse des croisements) et ce sont les femmes qu’on accuse de sensiblerie, contrairement aux hommes qui eux s’adonnent virilement à l’histoire avec la grande H sans faire de sentiments. Et il réduit la révolte à un truc de mâles castrés ou pas castrés ;
    « Pour cela, il convient d’enserrer les humains dans des réseaux serrés de représentations divertissantes et abrutissantes qui les castrent de toute velléité de révolte. »

    Enfin ca me fait pensé à un truc vécu très souvent (mais heureusement pas toujours) quant je me présente. Quant je dit que je suis artiste, on me demandent si j’en vie (c’est à dire si il y a une valeure en € et $ pour mes dessins). Et là c’est toujours pareil lorsque cette question est posée. Si je dit non, la personne change de sujet et n’a plus aucun intérêt pour ce que je pourrait produire d’artistique qui n’est plus qu’un passe temps (un truc trivial, avec mépris du trivial qui va avec). Si je dit oui, alors la personne montre un intérêt pour mon travail, (avec même quelques manifestations de respect et considération, genre c’est sérieux, pas trivial) poursuit sur le sujet et demande à voire ce que je fait comme choses artistiques. En fait réduire l’art contemporain à Koons et à l’art spéculatif, c’est partagé cette mentalité qui n’accorde de la valeur et de l’intérêt que pour ce qui se paye en millions.
    Je voudrais tenté une définition de l’art, je voie l’art comme la transposition plastique de valeurs politiques individuelles et collectives. Est art pour chacun·e ce que chacun·e définit comme art selon ses propres critères. C’est un peu circulaire mais par exemple ca permet de concilié le fait que pour une personne au Dahomey du XVII° qui sculpte un vaudou en fer, cette personne ne fait pas de l’art mais plutot un truc religieux, mais une autre personne, par exemple un·e bourgeois·s blanc·he du XXI° peut y voire « de l’art » selon ses critères bourgeois blanc (esthétique, métaphysiques, financier, savoir faire, historicité...). Ca fait qu’on peut être aussi artiste tou·tes seul·e, pas besoin de reconnaissance extérieure. Mais ca fait aussi qu’on peu ne pas être reconnu. Ca fait qu’on peu voire Koons et Vinci comme des propagandistes du pouvoir, des publicitaires, plutot que comme des artistes.
    Enfin pour les sacs, je viens de me souvenir qu’un de mes dessins est sur un sac aussi. Et que ca m’aurais pas déplu d’avoir les royalties non plus...
    https://seenthis.net/messages/401711
    Ca me rappel la fin de No Logo ; la publicité (ou le capitalisme) récupère tout, y compris ma pomme.

  • @raspa
    Ça, c’est pour compléter ta lecture de Beauté Fatale :

    Un invincible été » Rencontre avec Diglee, illustratrice et féministe
    http://uninvincibleete.com/2018/02/rencontre-diglee

    La BD « girly », ça n’existe pas !

    J’ai l’impression que c’est un peu passé, mais il y a véritablement eu cette vague d’appellation « girly », ses figures de proue malgré elles étant donc des dessinatrices comme Diglee, Pénélope Bagieu et Margaux Motin, et ce qu’a dit Diglee d’une manière extrêmement percutante, c’est que la définition de la BD « girly », c’est quand même un drôle de concept. En effet, ça voulait dire quoi ?

    « Ça voulait dire que des femmes partageaient des anecdotes de leur vie sur un ton humoristique en BD. Exactement comme Boulet, et on n’a jamais dit qu’il faisait de la BD pour mecs. »

    C’est encore une fois une histoire de référentiel, que je retrouve beaucoup dans la littérature en ce moment, tout comme au cinéma. Pendant des décennies — voire des siècles ? — on a considéré que l’être humain par défaut était l’homme, de préférence blanc, hétéro, cisgenre. Parce que ce sont ces voix qu’on a privilégiées, ces hommes ont pu raconter leurs histoires de leur propre manière, imposer leur vision du monde, et il est hyper difficile d’imprimer un autre mouvement à la narration. Si une femme écrit une histoire d’amour, on va dire que c’est de la littérature féminine, et c’est tout de suite déconsidéré : il n’y a qu’à voir comment les soeurs Brontë ont galéré, comme peu d’hommes lisent Jane Austen, comme la saga Outlander est considérée comme un truc de minette (alors que bon, pas du tout !), comme on a conseillé à Joanne Rowling de devenir J.K. Rowling pour cacher son genre au premier abord.

    Pourtant, il me semble qu’on n’a jamais dit de Stendhal que son Le Rouge et le Noir était une littérature « de bas étage » (car c’est souvent dégradant, de faire des choses féminines, vous avez remarqué ?), qu’il écrivait des choses neuneu sans profondeur. De mon côté, ça me pose beaucoup de questions, parce que quand j’écris de la fiction, c’est en général des histoires d’amour et pendant un moment je me suis dit que ce n’était pas de l’écriture légitime, parce que j’étais une femme et que c’était neuneu. Et puis en y réfléchissant, des classiques écrits par des hommes qui sont des histoires d’amour, il y en a pléthore !

    Ça me fait dire qu’il faut trouver un autre terme pour désigner ces BD qui tendent à renforcer les clichés sur le genre de leur auteur⋅e. Je suis incapable de signaler des blogueurs-auteurs de BD hommes dans ce cas-là, mais il y en a sûrement. Côté femmes, certaines citées dans l’article sont dans ce cas pour moi, Margaux Motin et Soledad Bravi notamment pour ce que je connais (il y a une liste de plein d’autrices plus loin dans l’article). Les sujets sont des anecdotes dites féminines dont il y a clairement des choses à tirer (relations de couple, garde alternée des enfants, gestion quotidienne d’une famille et d’un logement...) mais sans que ça soit "travaillé" ou "bien vu" (de mon point de vue, vu que des milliers de lectrices adorent). Du coup ça se traduit en "hihihi je suis pestouille avec mon mec", "je suis trop bien sapée en toute circonstances (tout en prétendant ne pas l’être)", le tout sur fond de modèles féminins parfaitement inaccessibles (corps parfaitement parfait inexistant dans la réalité, vêtements à la mode, pratiques culturelles inatteignables socialement ou économiquement pour plein de gens). Avant je trouvais ça inintéressant (sous l’étiquette girly, en me disant "encore un truc gnangnan de magazines féminins", maintenant ça me met en colère, tellement je trouve que ça fait passer les femmes pour des débiles (sans contribuer 1 seconde à légitimer ces sujets qui n’ont pas voix au chapitre). Et je peux plus appeler ça girly. Zut alors (mais c’est très bien).
    C’est d’autant plus dommage que ça n’est absolument pas corrélé aux talents de ces dessinatrices. En regardant les productions des deux que j’ai cité, je me rends compte que je trouve le trait de Soledad Bravi vraiment chouette, avec une capacité à transmettre des émotions tout en épure que j’aime beaucoup...

    Bref, je vais continuer à lire des autrices de BD qui abordent des sujet pas spécialement féminins, et celles qui les abordent de façon intéressante (Aude Picault <3, Marjane Satrapi <3 ou Marguerite Abouët <3 pour ne citer qu’elles)

    • @georgia peut-être qu’on peut réserver le terme « girly » à des bd non pas faites « par » des femmes mais « pour » les femmes, et qui promeuvent une vision très consensuel de la femme (ou de la fille) telle qu’on l’attend. Des BD qui jouent et renforcent les stéréotypes de genre. Même pas anti-féminisme, mais juste pas du tout questionné.
      A vrai dire, c’est comme ça que j’ai toujours compris le terme. Et pour son équivalent masculin, ou plutôt... « viriliste », du coup, il y a Marsault dans un genre totalement assumé, mais aussi beaucoup d’autres je pense, y compris des BD qu’on ne se verrait pas critiquer. Le stéréotype masculin est peut-être encore plus répandu que le stéréotype féminin, vus le nombre de héros grand public qui le diffusent. Titeuf pourrait être du lot...

    • @raspa Ton exemple de Titeuf me fait penser à un autre bon exemple du genre : Le Petit Spirou.
      Validation à longueur de « gags » que les petits garçons sont en droit de passer leur temps à faire des bêtises, à regarder des filles nues et à lorgner sur leur institutrice, à acheter des magazines érotiques en douce, à faire tourner en bourrique les adultes... Pendant que leurs copines de classe sont soit inexistantes, soit des objets sexuels.
      Mais bon, c’est de « l’humouuuuur »...

  • crow feeding | TANX sur le crowdfunding
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/10313

    Ce qu’on oublie avec cette question “pourquoi tu fais pas un crowdfunding ?” c’est le boulot qu’il nécessite, ce que l’éditeur est censé faire, ce qu’est notre travail, ce qu’est notre situation, bref les questions liées à notre position sociale plus largement.

    L’autoédition est un truc vraiment cool, mais je ne comprends pas pourquoi on devrait engraisser des plateformes de crowdfunding avec notre taf si on choisit ce mode de financement au détriment par ex de la souscription old school, ou du fanzinat. Le fanzinat reste une forme tout à fait géniale et qui tend à redevenir un truc honteux semble t-il, et c’est franchement triste.
    Le rêve de succès fait le bonheur des plateformes de financement participatif.

    Et
    http://crowdagger.fr/blog/index.php?post/2017/05/28/Petit-bilan-Tipeee%2C-et-r%C3%A9flexion-sur-son-int%C3%A9r%C3%AAt-pour-de
    et
    http://crowdagger.fr/blog/index.php?post/2017/05/28/R%C3%A9flexion-sur-Tipeee%2C-l-auto-%C3%A9dition-et-les-changements-dans-

    #crowdfunding #financement #art #artiste

  • TANX | illustration, gravure, bande dessinée, et plus encore
    http://tanx.free-h.fr/bloug
    Lorsqu’en 2016, le Ministère de la Culture avait voulu l’élever au rang de Chevalier des Arts et des Lettres, la réponse de Tanx ne s’était pas faite attendre : « Chevalier mon cul, que crève l’état et son ministère. » Mais il ne faudrait pas que son caractère explosif et ses prises de position passionnées viennent occulter l’oeuvre qu’elle construit depuis plus d’une dizaine d’années. Car malgré ses doutes et ses questionnements quant à son propre travail, c’est une évidence : Tanx est une artiste.
    https://www.du9.org/entretien/tanx


    http://nextbordeaux.eklablog.com/tanxxx-le-dessin-hors-de-sa-bulle-a135552436
    #Tanxxx #BD #strips #du9

  • embourgeoisement et artisterie | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/10123

    Les prolos de Bordeaux ma ville de merde subissent les derniers assauts de la politique d’embourgeoisement de leurs derniers quartiers de centre ville St Michel, les Capucins et St Jean. Je voulais parler de ce phénomène depuis longtemps, en recentrant sur l’instrumentalisation – consentie ou non – des artistes pour rester un peu dans mon domaine.

    #Bordeaux #embourgeoisement #gentrification #art #artistes #récupération #Tanx

  • Bunch of Kunst - Sleaford Mods: Die wütendste Band Englands | ARTE MEDIATHEK | ARTE
    http://www.arte.tv/de/videos/075202-000-A/bunch-of-kunst

    Ce « road-movie » à travers la Grande-Bretagne raconte l’histoire de ce duo de rappeurs (blancs) au flow rageur. Les Sleaford Mods aiment brocarder le parti conservateur, tirer à vue sur les mirages de la célébrité ou raconter par le menu la vie en bas de l’échelle sociale. Ce duo s’inscrit dans la tapageuse lignée des grandes gueules anglaises, de Johnny Rotten à The Streets.

    https://www.youtube.com/watch?v=Vc_6SCpTtjU&list=RDVc_6SCpTtjU#t=72

  • Il devrait y avoir grosso modo 100 exemplaires en tout, le jeu sera composé des 22 arcanes majeures + 2 bonus + une carte titre. Le tout sera sérigraphié en 4 couleurs sur un papier 240gr.
    Les cartes seront imprimées à la taille des linos d’origine, les cartes feront donc 7x11cm.

    http://tanxxx.tumblr.com
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/10073
    #Tarot #Tanx #linogravure

  • portrait de l’artiste en travailleur | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/9983

    Sur son petit piédestal, l’artiste, le créateur, le scientifique, le professeur, le journaliste, clame à la face du monde qu’il est exceptionnel et mérite un traitement de faveur et pleure que sa situation est insoutenable, le sel de la terre est triste comme un caillou et il trépigne d’être traité comme les autres et le dit sans même rougir.

    C’est un piège, et le piège est monté d’un part par nos exploiteurs et d’autre part par nous-mêmes : à aucun moment on ne décide de laisser tomber cette singularité en toc pour enfin constater qu’avant d’être intellectuel ou créatif, on est un prolétaire (quand on en est un, évidemment, mais là on entendra pas l’artiste bourgeois se plaindre de ses conditions de travail, pardi, he). Si ces métiers-là ont essuyé les plâtres des statuts ultra-précaires rêvés du patronat, nous n’avons jamais envisagé que ça puisse être une incroyable occasion à une solidarité de classe. Plutôt qu’alerter les autres travailleurs sur le recul des droits sociaux – ce qu’on vit déjà, n’ayant aucune couverture sociale en dehors de la santé – pour soutenir les luttes, et y participer pleinement, on n’a eu de cesse de rappeler notre singularité.

    En oubliant au passage que le capitalisme est un empêchement à nos ambitions intellectuelles et artistiques. La perte de sens dans beaucoup de domaines, tout aussi singuliers et autrement indispensables (chez les soignants par exemple, ou à l’inspection du travail), mène des cohortes de travailleurs à la dépression, à l’alcool, aux drogues légales ou non, et au suicide.
    Exactement comme les travailleurs de domaines moins prestigieux. L’ouvrier sur une chaine de montage ne mérite pas plus cette vie de merde que nous, nous ne méritons aucun traitement de faveur, nous devons rejeter l’exploitation pour ce qu’elle est, et non pas uniquement quand elle nous touche, nous.

    Ce qui relie l’ouvrier, le soignant et l’artiste prolétaire c’est le statut social, et ça n’est pas dire que tous les boulots sont les mêmes, mais que nous sommes tenus par la même obligation de remplir le frigo, de payer un loyer ou des crédits. Les métiers intellectuels et créatifs sont prestigieux, et nous le savons puisque notre activité est la première chose que nous mettons en avant. Pourquoi choisir cet angle d’attaque quand on parle de conditions de travail, si ça n’est pour appuyer l’idée qu’on est au dessus de la plèbe ? Se situer au dessus de la masse est à la fois une absurdité et dans un sens une réalité, sauf que cette réalité nous la renforçons au lieu de la combattre et de chercher à la détruire. Parce que l’idée que l’accès aux arts est une question de bon vouloir uniquement est une idée largement répandue y compris chez nous, créateurs. Cette idée est merdique. Relire Bourdieu que j’ai pas lu d’ailleurs. Non : relire Lucien Bourgeois.

    • Tout à fait d’accord avec toi @aude_v
      C’est pour ca que je ne peu pas me revendiqué prolétaire comme Tanx et que je préfère dire travailleuse pauvre puisque je bénéficie de nombreux privilèges de ma classe même si mes revenus sont très faibles.

    • D’un point de vue personnel, je me sens à l’autre bout du spectre social : je suis née prolo, j’ai grandi prolo et j’ai accédé à l’éducation et la « création » comme prolo.

      Du coup, en lisant le texte de Tanx, je me sens une fois de plus marginalisée et illégitime. Parce que c’est bien ça qui caractérise le prolo qui sort de son parcours de prolo : son #illégitimité (qui se traduit aussi, parfois, par un gros complexe de la #fumiste, aussi appelé syndrome de l’#impostrice — même si je poste beaucoup).

      Le prolo est héréditaire, son statut de classe est d’ailleurs son seul héritage, bien collant( y a pas un truc qui s’appelle le sticky floor ?). Et l’incapacité à rester à sa place est sanctionnée non seulement par les bourgeois (la figure du #parvenu) que par les autres prolos (celle de l’ingrat qui pète plus haut que son cul).

      D’un autre côté, ce texte me fait mieux comprendre mon perpétuel pas de côté, mon non-casisme.

      Effectivement, bien qu’adhérant à un syndicat de caste (donc d’artistes), je me rend compte que ma vision est souvent assez contraire à celle des autres. Je ne veux pas de statut particulier, mais bien le fait de retrouver un statut général : sécu générale, impôts comme les autres et protection sociale convergente avec le modèle salarial itou.

      Je me rend bien compte que dans ma #corporation, il n’y a précisément aucune homogénéité de #caste, entre ceux qui se plaignent de ne pas pouvoir sortir assez de revenus du (im)pot commun, les dilettantes et ceux qui créent à « l’abri » du RSA.
      Pas les mêmes besoins, pas les mêmes attentes, mais effectivement, un profond désir de distinction, de n’être pas mélangés avec la plèbe, parce qu’on n’est pas à l’usine quand même !

      Comme sur les bancs de la fac, où les vrais prolos étaient plus rares que les poils sur le cul d’un hipster, ou même ensuite, dans le monde du travail, tu te rends compte que prolo est un état permanent et acquis comme une grosse tâche de naissance sur la gueule : pas le réseau, pas les moyens, pas la love money qui file le petit coup de pouce indispensable de ceux qui se sont fait tout seuls !
      Ce que ça peut me faire rire, le mythe des 3 gus dans un garage.
      Ils avaient déjà un garage, les cons !

      Du coup, je rejoins plutôt @mad_meg sur les privilèges de classe qui prédominent sur les revenus et le capital financier.

      En fait, pour conclure prématurément, avec le texte de Tanx, je me sens juste niée une fois de plus…#anomalie #reproduction_sociale

    • Je sais très bien faire la distinction entre la figure rhétorique du prolétaire — celui qui n’a que le revenu de SON travail — et le prolo, cette construction sociale du travailleur populaire qui n’est pas arrivé à entrer dans la vaste fumisterie qu’est la classe moyenne où l’on se donne les moyens de croire qu’on échappe à sa condition en mimant le mode de vie des bourgeois.

      De manière intellectuelle, on pourrait parler du lumpenprolétariat, mais concrètement, c’est le prolo, même si dans le prolo, il y en a une bonne mesure qui a cru à la France des proprios et qui s’est endettée à la toque pour pour son Sam Suffit tout poucave qui, sans qu’il le sache, ne vaut déjà même plus le prix de ses matériaux bruts.
      Ceci le renvoyant une fois de plus à son statut de prolo…

    • Rgngngngn. J’ai le sentiment que le truc est mal posé. J’ai tendance à penser que l’art n’est pas un secteur d’activité, qu’être artiste, c’est pas un métier. Je crois d’ailleurs que ce n’est pas à soi de décider si on est artiste ou pas. Si l’art est à part, c’est pas au-dessus de ceci ou en-dessous de cela, c’est une qualité transversale qui peut être contenue dans n’importe quel geste, parole ou production de la part de n’importe qui sans distinction social, racial, sexuel, historique ou géographique.
      Après il y a des métiers : peintre, graphiste, photographe, sculpteurice, architecte, auteurice...
      Après les conditions d’exercice : indépendant·e (ou freelance comme on dit) ou ouvrier·e pour le compte d’un·e autre professionnel·le (cabinet, agence), d’une industrie, d’une institution, d’un pouvoir politique (ne pas oublier que les « artistes » ont souvent servis et servent encore la cause du pouvoir). Il y a des ouvrier·es dessinateurices comme il y a des ouvrier·es agricoles ou ébénistes. On peut exercer avec un certain talent ou pas. Enfin, je dis ça mais je ne sais pas, je réfléchis tout haut. Qu’est-ce que l’art, vaste question n’est-ce pas ?
      Perso j’ai jamais été à l’aise avec le mot « artiste » et j’ai longtemps résisté à me l’attribuer malgré le fait que c’est ainsi que les gens me voient que je le veuille ou non. Il faut croire que j’ai la tête de l’emploi. Par paresse j’ai finalement adopté ce terme parce que comme ça que l’Insee m’enregistre dans son catalogue et c’est obligatoire de figurer dans un catalogue. Et aussi parce que pour moi « artiste » ça ne veut pas dire grand chose, cette espèce de flou (artistique) m’arrangeait bien mais je me rend compte qu’il va falloir que je trouve autre chose :)
      Enfin, sur le niveau de vie, je sais pas si ça m’intéresse de savoir dans quelle autre case je dois me situer, prolo, travailleuse pauvre, classe moyenne plutôt basse, ça m’est complètement égal. Tout ce que je sais c’est qu’on mal barré.

    • Attention, Tanx, de ce que je comprends, parle spécifiquement de travail prolétaire, elle ne parle pas ici de statut dû à tel capital culturel (ou à son manque).

      Elle utilise bien le terme dans son sens de base, celleux qui n’ont que leur force de travail. Et dit justement que même si on pense qu’on est supérieur (parce qu’on aurait tel capital cultu, ou tel prestige dû à une activité plus reconnue), bah non, on est tous dans une certaine même merde.

      Et que donc il y a matière à se reconnaitre comme faisant partie d’une même classe, à partir de ça (classe pour soi). Mais sans oublier que le préambule, elle l’introduit rapidement, est la mort de l’artiste, en tant qu’artiste séparé (donc l’acceptation de ne pas avoir de prestige particulier).

      http://lafeteestfinie.free.fr/a_mort.htm

    • Bien d’accord avec toi @odilon, « artiste » c’est une étiquette fourre-tout (comme « intermitent du spectacle »).
      Me revient à l’esprit cette phrase de Gérard Lauzier (en substance) « l’art est pour les jeunes bourgeois ce que le sport est pour les classes populaires, l’espoir d’arriver rapidement »
      Le parallèle est juste en ce sens que dans ces deux catégories quelques elu·es sont élevé·es au rang d’idoles inatteignables, ce statut (et les revenus astronomiques qui vont avec) participant pleinement au maintien du status-quo de la domination.

    • @rastapopoulos « Elle utilise bien le terme dans son sens de base, celleux qui n’ont que leur force de travail. »
      Du coup je ne suis vraiment pas prolétaire puisque je n’ai pas que ma force de travail pour moi, je suis propriétaire de mes outils de production (c’est à dire papier, encre et plume) et j’ai eu une stagiaire la semaine dernière ce qui fait de moi une patronne. A mon avis le mot prolétaire est trop précis et c’est pas étonnant que peu d’artistes (même chez les très pauvres) ne se reconnaissant pas dans cette catégorie.

      Par rapport au mot artiste, c’est peut être mon coté bourgeois mais je ne me sent pas du tout être une artisane, même si j’ai une maîtrise technique du dessin ce que je fait n’est pas de l’artisanat. Et je ne dit pas ca en méprisant les artisans mais l’art c’est pas la même chose. J’ai un diplôme d’artisanat et l’artisanat ca m’avais juste rendu dépressive car la liberté de création est proche de zéro et le peu de créativité on y a accès de toute façon après des années de brimades hiérarchique et de tâches fastidieuses et répétitives. Dans l’artisanat si on a la chance de faire de la création c’est en général près de la retraite et à destination de très grands bourgeois qui ont les moyens de se payé non seulement un objet fait à la main, mais en plus sur mesure pour leur satisfaction de riche d’exception.

      Si il n’y a plus de statu d’artiste je ne voie pas comment je pourrais continuer mes grands dessins ni de quel droit je les montrerait et dans quel cadre ou dans quelles conditions.
      C’est d’ailleurs ce que pense paul emploi et la caf qui me presse de me chercher un « vrai travail » dans le nettoiement.

    • Bé oui, ça me parait « naturel » que dans le cadre capitaliste et bourgeois actuel, en restant dans cette manière de vivre, bah t’es obligée « d’être artiste », d’avoir ce statut, pour faire ce genre de choses. Ça n’est pas trop le sujet de départ, il me semble, vu que Tanx se place dans un cadre où elle critique ce mode de vie, et où elle ne cherche pas le status quo mais à changer les choses. La mort de l’artiste (selon la brochure qu’elle met en lien), ce n’est pas la mort de l’art ou de l’œuvre, c’est la mort de l’artiste en tant que séparation, d’après ce que je comprenais (je ne l’ai pas encore lu en entier, je le dis).

      Et non tu n’es pas vraiment propriétaire de moyen de production, il me semble, puisque pour produire, tu dois toi travailler, passer des heures de travail (en créant de la valeur donc). Tu ne payes pas des gens pour ça qui le font, et tu n’as pas de machine qui le fait tout seul.

      C’est vraiment dommage que Tanx ne soit plus là pour participer. :)

    • Merci @rastapopoulos j’ai peu de culture politique sur les questions marxistes d’où mes incompréhension et maladresses sur le sujets. Il faut que je me mette à ces lectures.

      Les artistes ne sont pas une categorie homogène d’un point de vue des classes. Il y a des artistes prolétaires et des artistes milliardaires. la plus part des gens sacralisent les artistes quant ils ont les revenus de Koons ou alors quant ils sont morts. A part ca l’artiste qui ne vie pas de son art est l’objet d’un parfait mepris y compris de la part de personnes prolétaires.

      Au XIX ème il y avait des artistes solidaires des prolétaires. Le plus célèbre etait Courbet. Je pense que la plus part des artistes du XIXÈME ont été oubliés et de préférence celleux qui etaient solidaires des prolétaires et qui se sont engagés.

      L’art des classes dominantes (masculine, blanche, hétéro, religieuse puis issue de la noblesse et ensuite de la bourgeoise) ne laisse pas de place aux artistes des autres classes, sexes et races. C’est même à mon avis la fonction principale de l’art de figer et hiérarchise ses catégories et donner ses « lettres de noblesse » a la classe dominante de son époque. C’est pour ça entre autre que les femmes n’y sont toujours pas les bienvenus, y compris avec les artistes engagés auprès des prolétaires.

      Tous les artistes ne sont pas « séparés », seuls ceux de la classe dominante (et donc deja séparés) le sont. Les artistes prolétaires ne sont pas séparés des prolétaires, mais leur art est souvent dévalorisé comme etait de l’art populaire, de l’art brut, de l’art amateur, de l’art feminin... Pour ces artistes la pas besoin de séparé l’œuvre de l’artiste, ce privilège est réservé aux artistes des classes dominantes.

      Un artiste « séparé » c’est un artiste de la classe dominante dont la production artistique sert a l’édification de cette classe.

      Pour le côté sacralisé de l’artiste, à mes yeux c’est en lien avec le culte des #grand_homme qui veux que l’histoire sacralise les gros trouduc. Les peteux qui se prennent pour le mâle alpha et se comportent comme tel sont toujours très appréciés et ont un boulevard devant eux. Il n’y a qu’à voire comme les médias bossent dur sur la postérité de Polansky.

      Vouloir que les artistes soient solidaires des classes proletaires me semble impossible, seul les artistes proletaires peuvent l’être et il me semble qu’illes le font deja.

    • Le peintre-graveur libertaire, Germain Delatousche (1898-1966), connut une période de purgatoire après sa mort, mais grâce à quelques ventes publiques et leurs répercussions sur Internet, il réapparut peu à peu dans l’espace public, donnant l’image d’un peintre du Vieux-Paris, d’un peintre également de la misère. Pauvre et handicapé, il occupait un atelier à la Butte-aux-Cailles et organisa, des années durant, avec l’aide de l’association qu’il avait fondée, « Les Compagnons », des expositions de groupes accueillies d’abord par des auberges, des cafés, puis par des galeries. Il a côtoyé les #écrivains_prolétariens et les milieux anarchistes aux journaux desquels il a fourni maintes illustrations, tandis que plus de cinquante livres furent ornés de ses #bois_gravés. Notre recueil présente environ 200 d’entre eux, reproduits à leur format original. Germain Delatousche fut principalement soutenu par un mécène amateur d’art, de musique et de poésie, Jean-Daniel Maublanc, par ailleurs industriel, éditeur et critique, qui lui a consacré en 1941 une belle monographie dont nous reprenons de larges extraits accompagnés de textes de ses amis Lucien Bourgeois, René Virard, Georges Turpin, Henry Poulaille, Treno – du Canard Enchaîné.

      http://www.pleinchant.fr/titres/TypeType/Delatousche.html

      Tanxxx est dans la suite de Frans Masereel, Lynd Ward, Myron Waldman, William Gropper, Milt Gross ...
      #linogravure
      Où est la ligne de séparation entre l’ouvrier et l’artiste dans une oeuvre de Robert Tatin, où du facteur cheval ?
      #Art_Brut

    • Ce que dit wiki sur l’artiste

      Un artiste est un individu faisant (une) œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l’originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses œuvres sont source d’émotions, de sentiments, de réflexion, de spiritualité ou de transcendances.

      Le Dictionnaire historique de la langue française publié sous la direction d’Alain Rey donne d’autres origines de ce mot au Moyen Âge, mais avec des significations différentes, qui pour certaines ne sont plus d’usage, comme « étudiant des arts libéraux à l’université ». Il a aussi été utilisé à la place d’artisan ou pour indiquer qu’un objet a été « fait avec habileté et méthode, avec art ».

      ...

      Un étudiant ou un enseignant de la faculté des arts était appelé un artiste4. Il terminait ses études en obtenant la maîtrise ès arts.

      Les sept arts libéraux sont représentés par sept femmes décrites par Martianus Capella.

      En parallèle se développe le système des neuf Muses venues de la tradition homérique qui en fait les filles de Zeus et que Platon décrit comme les médiatrices entre le dieu et le poète ou tout créateur intellectuel. Cependant il n’y a aucune Muse pour les arts manuels comme la peinture, la sculpture ou l’architecture.

      Cet enseignement ne fait aucune place aux activités manuelles qui étaient souvent pratiquées dans l’Antiquité par des esclaves. L’esclavage et le servage disparaissant au cours du Moyen Âge, des hommes vont développer leurs techniques ou artifex5 dans les arts manuels ou mécaniques. Le développement de la société urbaine à partir du XIIe siècle va transformer leur travail qui d’abord itinérant va pouvoir s’exercer dans une ville où ils peuvent se regrouper en corporations, appelées Arti en Italie. Ce sont des artisans.

      Le peintre, le sculpteur, l’orfèvre exercent une activité manuelle. Ils ne vont que progressivement se détacher de la condition inférieure due ces activités. Ils sont alors pour la plupart anonymes. Pour les clercs, c’est parce qu’ils créent de la beauté à partir de la matière brute qu’ils reproduisent l’acte divin de la Création de Dieu, que saint Thomas d’Aquin décrit comme un artifex mundi. Cependant, pour saint Thomas d’Aquin, l’exécutant d’une œuvre doit la réaliser conformément aux règles définies par son commanditaire ecclésiastique.

      Au XIIe siècle, le moine Théophile écrit une somme des arts mécaniques du Moyen Âge : Schedula de diversis artibus. Pour lui la beauté de la création et la belle âme du créateur sont indissociables.

      Progressivement, les chroniqueurs vont montrer les qualités morales des créateurs des œuvres. Pour Hugues de Saint-Victor les arts mécaniques sont trop souvent méprisés et doivent acquérir un statut de science. Il les groupe en sept sciences mécaniques en reprenant la division des arts libéraux. Dans le second ensemble qu’il appelle l’ armatura, il a placé l’architecture, la peinture, la sculpture et les arts mineurs. Dans son De divisione philosophiae, Dominique Gundissalvi soutient l’égalité des arts libéraux et des arts mécaniques. Dans le Defensor pacis, Marsile de Padoue distingue les arts mécaniques servant aux nécessités matérielles de ceux qui sont de l’ordre du plaisir et de l’agrément : la peinture, la sculpture et l’architecture. Il considère que ces derniers ont un statut intermédiaire entre les arts manuels et les arts libéraux6.

      ...

      Les caractères utilisés à propos des artistes sont particulièrement variables dans l’histoire et n’ont pas de définitions universelles (de même que pour l’art, un « faux concept8 » anhistorique). Ils ont comme origine une expérience, une appréciation personnelle, un regard9 et sont la conséquence d’un intérêt collectif propre à une culture10. De plus, la notion d’artiste – ou son absence – et l’imaginaire qui l’accompagne, est liée à l’idée de sujet et d’altérité chez un groupe humain, à une époque déterminée.

      Certains usages traditionnels distinguent l’artiste de l’artisan11 en se fondant sur la condition d’auteur, ou d’interprète, du premier12. Soit un producteur de créations de l’esprit13 en opposition aux travailleurs manuels, aux exécutants14 anonymes, à ce qui est utile ou fonctionnel.

      J’appelle artiste celui qui crée des formes... et artisan celui qui les reproduit, quel que soit l’agrément ou l’imposture de son artisanat. Malraux, Les Voix du silence,1951, p. 308.

      Depuis le XVIIIe siècle, ces activités concernent principalement les accomplissements de l’humanité différents des sciences et du droit15, qui ne prétendent ni « dire le vrai », ni établir des règles. Cependant, pour l’anthropologue Lévi-Strauss16, la démarche de l’artiste relève à la fois de celle du bricoleur17 et du scientifique. (j’aime bien cette définition)

      Statut

      Dans l’Antiquité gréco-romaine ceux que l’on nomme aujourd’hui artistes « ont cherché à s’élever au-dessus de cette condition commune [...] en écrivant des traités sur leur art » (Agnès Rouveret18). Aristote, évoquant « ceux qui furent exceptionnels19 », les caractérisait par leur mélancolie20. Plus tard, du XIIIe siècle au XVe siècle européen, le statut social de l’artiste se résume essentiellement à celui de simples artisans ou domestiques de cour21.

      Mais, au cours de la Renaissance italienne, l’image des artistes est façonnée par des personnalités telles que Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, dont l’influence sur leurs contemporains dépasse ce qui a précédé, ainsi que par l’apport de théoriciens comme Castiglione, Dante, Cennini, Ghiberti et Alberti22 inscrivant le « pouvoir créateur de l’esprit humain23 » au cœur de la culture humaniste.
      Points de repères notables

      En 157124, un fait marquant est le décret pris par Côme de Médicis exemptant les peintres et sculpteurs florentins d’appartenir à une corporation. Cela est, huit ans après la fondation de l’Accademia del Disegno par Giorgio Vasari25, un des prémices de la fin du système médiéval des guildes d’artistes et de leurs accès au rang d’hommes de science26.

      De même, trois personnages sont significatifs de la transformation du statut des artistes en occident, entre le Moyen Âge et la période contemporaine : Albrecht Dürer affirmant la « valeur ajoutée » qu’il apporte à l’œuvre, au-delà de la qualité des matériaux ; Nicolas Poussin, avec sa célébrité inédite, obligé de fuir ses commanditaires ; et Pierre Paul Rubens pour l’importance prise par la vie sociale et intellectuelle, autour de l’artiste, désormais concurrente de l’œuvre elle-même27.

      Avec Vincent van Gogh, la représentation que l’on se fait de l’artiste se combine avec l’ancien mythe du poète maudit28, très vivant depuis le XIXe siècle, vers une figure de l’artiste en martyr, en marginal. Cela alors que dès les années 1920, Marcel Duchamp29, tirant les conséquences de la mort d’une certaine conception de l’art30, voire du discrédit des artistes concernés, envisage que « chacun serait un artiste, mais méconnu en tant qu’artiste31 ».
      Sociétés modernes

      La sociologue Nathalie Heinich32 propose plusieurs angles pour comprendre la place des artistes dans les sociétés modernes : « conditions de travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hiérarchique, catégorie d’appartenance, fortune, mode de vie, accès à la notoriété, critères d’excellence, représentation qu’eux-mêmes, et les autres, se font de leur position – et jusqu’à leur caractère ou leur aspect physique... »

      La France, par le code général des impôts33 et les organismes de sécurité sociale (La Maison des artistes et AGESSA), définit administrativement une ébauche de statut professionnel social et fiscal de l’artiste actuel. En date de 2012, en France, l’artiste est un indépendant34 soumis à un régime social et fiscal original.

      Dans mon entourage perso la plupart des artistes plasticiens que je connais sont des enseignants et ils formaient une espèce de caste. Je dis formaient parce que l’un d’eux (L.) a disparu, puis l’une d’elle (S.) ce qui fait que maintenant le groupe a éclaté (et il a encore plus éclaté quand j’ai révélé mon agression par un « pote » musicien puisqu’on m’a reproché d’avoir parlé). Je me souviens que L. aimaient organiser des expo dans des lieux inhabituels. J’avais participé à la première à l’époque où je bidouillais la photo. Par la suite, il m’a exclu en organisant des expos entre anciens des beaux-arts (je viens des arts graphiques) au grand étonnement des autres mais j’ai pas cherché à m’imposer je ne sais pas si c’était pas une petite vengeance parce que j’avais mis fin à notre relation. Bref.
      Politiquement c’est un groupe situé à gauche qui participait plus ou moins aux manifestations ouvrières. Ici les artistes les plus actifs dans les manifs sont des théâtreux et les absents sont les musiciens.

      Par ailleurs, je constate que les quelques artistes plasticiens que je connais qui vivent de leur art sont des personnes qui ont trouvé deux trois pistes de travail qu’ils déclinent à l’infini. Parfois ça reste créatif, mais parfois c’est un peu ronron.

    • J’ ai emprunté à la médiathèque un #roman_graphique de Giacomo Patri - Col blanc (White collar) publié une première fois en 1940. Né du krack boursier de 1929 et de la crise économique qui l’avait suivi.

      « Le roman en images, une forme inspirée à l’origine par les films muets, est un défi pour l’illustrateur. Comme les images sont en général susceptibles d’une interprétation plus large que la prose, chaque dessin de la séquence doit fonctionner non seulement comme une composition close sur elle-même, mais aussi comme une sorte d’écriture hiéroglyphique. La page fonctionne comme un rideau que l’on lève, réservant chaque fois de nouvelles surprises visuelles. Pendant la Grande Dépression, le genre s’est épanoui avec des illustrateurs tels que Lynd Ward, Otto Nïckel et Giacomo Patri, tous auteurs de magnifiques romans en images. » Art Spiegelman.

      La préface de l’auteur à l’édition de 1975 est également très éclairante - les notes de l’éditeur sur l’édition française, aussi. Dans cette préface #Giacomo_Patri dit qu’après une large distribution de son livre à une convention de la CIO ( Congres of Industrial Organisation, le plus important syndicat américains ) "... pour la première fois, je me confrontais à la réalité. La vie est un travail et la réussir est une lutte."

      Ce « roman en images » raconte la vie quotidienne, les espoirs brisés d’une famille de la classe moyenne américaine durant la Grande Dépression. Dans un style inpsiré de l’expressionnisme allemand et du cinéma muet, Giacomo Patri a réalisé une bande dessinée sans parole qui frappe par sa force, sa beauté épurée et sa radicale modernité. Col blanc est un véritable chef-d’oeuvre oublié, un des premiers « romans graphiques » américains, où Patri réussit en images ce que Steinbeck a fait avec des mots : un puissant documentaire social, sombre et saisissant, qui est aussi un hymne à la solidarité de tous les exploités.

      des #cols_blancs comme des #cols_bleus.

      Giacomo Patri (1898-1978), illustrateur et activiste, fils d’un barbier-coiffeur italien émigré aux Etats-Unis, fonda notamment le premier syndicat des artistes de Californie.

      http://www.editions-zones.fr/spip.php?article17

    • Drame du quotidien dans le #monde_du_travail : depuis 11 ans, chaque matin, une autrice est agressée au vu et au su de tous. Contre son gré, elle reçoit en pleine face la cruelle réalité de sa vie de #travailleuse_indépendante. Jusqu’alors, la résistante réussissait le tour de force de dignement se relever et sourire de toutes ses dents à ses cyniques tortionnaires. En 2016, elle a décidé de rendre coup pour coup avec la série en deux volumes Des croûtes aux coins des yeux. Dans ce second opus, la rigolarde piétine purement et simplement le syndrome de Stockholm en chantant à tue-tête des hymnes punks et met à nu tous ces personnages en les affublant de têtes de mort (plus nu, tu peux pas). Ça cause beaucoup de style, de dessin, de bande dessinée et d’introspection, de changement de direction dans le #travail_artistique (avec le passage à la linogravure), mais aussi d’actualité et de politique : les années 2013 à 2016 auront donné matière à s’énerver. Des croûtes aux coins des yeux finira en beauté - et en ultime pied de nez avec le refus de l’autrice d’être faite « chevalier des Arts et Lettres » par le #ministère_de_la_Cuculture.
      En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d’une autrice farouchement soucieuse de son indépendance et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l’Art et des idées. Des croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in vivo, bouillonnant d’idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.

      http://6pieds-sous-terre.com/collection-monotreme-mini/tanx-des-cro%C3%BBtes-aux-coins-des-yeux/-u2215

  • Marianne et les dessinateurs | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/9342

    Quand on veut représenter l’état, ou la république, on invoque Marianne, qu’elle soit celle des révolutionnaires au sein dénudé, ou celle de la droite conservatrice, maternelle, son rôle est délimité, circonscrit, et ne dépasse jamais celui de la mère, la putain ou les deux à la fois. Qu’on souhaite Marianne disponible sexuellement et à la maison à élever les gosses pendant que les mecs font le boulot, elle reste à sa place sans qu’elle ose déborder. Dans les deux cas la femme n’a pas de pensée, pas de consistance, pas de personnalité.

    Dans chacune de ces représentations, Marianne est passive, subit le viol, l’agression, et/ou le tabassage. Elle est là, amorphe, vide, creuse, au mieux en pleurs, à en prendre encore et encore plein la gueule. Quand on veut, en évoquant le viol d’une femme -explicitement ou non, directement ou non- dénoncer un abus de pouvoir ça signifie le marquage du territoire. Qu’on trouve insupportable le viol, ce plus grand crime apparemment, ne se fait qu’à la condition que la femme soit violée par l’ennemi, Marianne représentant tour à tour la fille de, la mère de, la femme de, son objet à protéger et qu’on s’arrache d’un bord à l’autre. L’ennemi change au fur et à mesure de l’actualité, et varie selon qui le met en scène : le terrorisme, le gouvernement, la droite, la gauche, la minorité, l’étranger, etc. l’ennemi peut être absolument n’importe qui, on le représentera invariablement en train de violer, tabasser Marianne ou on le suggérera. (si ce n’est pas Marianne c’est une autre, je rappelle que je reste concentrée sur ce sujet là. On a vu aux USA apparaitre la variante avec la statue de la liberté, dans le même goût).

    Parce que le viol est insoutenable non pas pour la victime mais pour son mec, son père, son fils, son frère : c’est pas le viol qui est insupportable, c’est le non-respect de la propriété. Ça n’est pas le viol qui est insupportable, puisque on brandit le “droit à l’humour” quand des femmes parlent du problème de l’évocation systématique du viol, et qu’on leur demande de prendre ça à la légère* (ignorant au passage les statistiques qui font que y’a de grandes probabilités qu’on demande ça à une victime de viol). C’est pas la femme, la victime, c’est son mec, son père, son frère, son fils. On se fout pas mal de l’état des femmes qui subissent ces agressions.
    {Aparté : Il est assez ironique d’ailleurs qu’on dise des féministes qu’elles “voient le mal partout” quand des hommes n’ont de cesse d’utiliser le sexe comme punition, que ce soit dans le dessin, le langage, ou les menaces proférées.}

    L’analogie avec le viol, plus ou moins directe et explicite, comme on a pu le voir à d’innombrables reprises lors du passage en force de la Loi Travail avec le 49-3 (exemple parmi tant d’autre mais très parlant), ne fait que renforcer ce qu’on appelle la culture du viol. Le violeur, c’est l’autre, le violeur c’est l’homme tapis dans l’ombre de la ruelle, le violeur c’est l’ennemi, le violeur est hors-humanité et délimité strictement à un camp politique, à une classe, une couleur ou quoique ce soit qui permet d’altériser et de rejeter le problème hors de soi. La culture du viol a besoin de ces mythes et de ses fantasmes pour perdurer, si on altérise pas le violeur, il faut balayer devant sa propre porte et on ne veut surtout pas de ça. Désigner l’ennemi comme violeur, c’est désigner l’autre comme seul agent de la misogynie et couvrir ainsi les viols commis chez soi, par soi, dans son camp, qu’il soit politique, familial, amical, et ne jamais vouloir mettre un terme aux violences faites aux femmes.

    Ça se constate tristement dans l’incroyable homogénéité des dessins de presse mettant en scène le viol de Marianne : qu’il soit anarchiste, socedem, de droite, ou sans opinion, le dessinateur est avant tout un homme.

    #culture_du_viol #dessin_de_press #humour #femmes #viol #représentation #Marianne #Tanx

    • Oui elle est pas mal formulée mais ca me fatigue toutes ces précautions pour ménager l’ego des classes privilégiées et dominantes. Précautions toujours inutiles vis à vis des dominants, (les réactions masculines dans les commentaires de ce texté chez Tanx en sont la démonstration) mais qui a au moins l’avantage de donner aux opprimées qui s’expriment un sentiment d’avoir fait le maximum pour être entendu.
      C’est pour ça que j’ai pas mis cette extrait sur seenthis et que j’en ai prefere un qui met bien en evidence la fausse empathie de la plus part des hommes qui s’intéressent au féminisme seulement quant Ca touche Les femmes dont ils se croient les propriétaires (leurs femmes, filles et sœurs qui sont d’ailleur les femmes les plus exposées statistiquement a la violence de ces hommes qui leurs sont proches), mais je ne veux pas dire qu’il ne faut pas prendre ce genre de précautions si on en éprouve le besoin ou l’envie, juste que moi je ne le fait pas.

    • Crèpe Georgette pête parfois les plombs et elle se protège en n’autorisant plus les commentaires. Peut être qu’elle est active sur Twiter et fessebouc mais j’en sais rien.
      Sinon pour les BD j’avais vu ta remarque mais j’avais pas vu que c’est à ce point.

  • #Tanx mise à nu
    http://bandedessinee.blog.lemonde.fr/2016/05/27/tanx-mise-a-nu/#xtor=RSS-32280322

    Au fil des albums, Tanx perd les X qui terminaient son pseudo, sans doute parce que son anonymat s’amenuise au fil de son travail. La plus radicale et la plus anarchiste de nos dessinatrices tisse depuis une dizaine d’années une œuvre … Continuer la lecture →

    #Autobiographie #Bande_dessinée #6_pieds_sous_terre #Des_croûtes_aux_coins_des_yeux

  • Les insolences de Christine Boutin : la colère des dessinateurs
    http://catoune.fr/2016/02/28/les-insolences-de-christine-boutin

    Si on résume : non seulement Christine Boutin et ses éditeurs ont utilisé mes dessins à des fins complètement différentes de ce qui m’avait été présenté à l’origine (… vous m’imaginez sérieusement accepter de faire la couverture de ce livre ?!), mais ils ont aussi zappé de passer à la caisse.
    Résultat :

    ils grillent ma crédibilité en tant que dessinatrice indépendante ;
    ils vont se faire du fric sur mon dos et ne daignent même pas payer les sommes ridicules qu’ils me doivent.

    C’est pourquoi je demande à tous les artistes qui ont participé à cet ouvrage de me contacter. Ensemble, nous pouvons démonter la supercherie de cette femme qui se présente comme « honnête et droite » et mettre en lumière les pratiques scandaleuses de cette maison d’édition !

    • Et en fait, elle a arnaqué plusieurs autrices en passant :

      Quelle ne fut donc pas ma surprise en découvrant sur les réseaux sociaux que le livre était signé par Christine Boutin. Mes caricatures – et celles d’autres auteurs – illustrent donc le livre d’une personnalité politique dont les combats (sur l’égalité des droits, le mariage pour tous, etc.) sont diamétralement opposés aux miens.

      http://www.nawak-illustrations.fr/mes-caricatures-dans-l-livre-de-christine-boutin

      Et aussi : http://www.gilblog.org/2016/02/l-arnaque-boutin.html

      #effet_streisand

    • s’il fallait une démonstration supplémentaire de la complète inanité des caricatures...
      L’une des auteures écrit :
      « oser se confronter à des caricatures – souvent féroces – est assez inédit en matière de communication politique. En plus, faire ce type d’ouvrage est une bonne idée : même si le texte est nul, il y aura au moins des dessins pour faire rire ! Après, il faut que le livre se vende… »
      passons sur la conclusion qui laisse rêveur, ce qui me surprend est que tout ça n’engendre aucune remise en question pour elle de sa pratique du dessin et qu’elle continue à parler de sa "férocité"... Sans déconner ?
      Sinon, oui, indéniablement, on peut saluer le tour politique jouer par Boutin à ses caricaturistes, c’est plutôt finaud (reste à voir si le bouquin est à la hauteur de ce tour, mais je vois mal comment il pourrait m’arriver entre les mains)

    • On ne parle pas du vol (ce qui a été fait est effectivement malhonnête), on parle du fait d’avoir utiliser des caricatures censées être « contre » elle, mais pour ses fins personnelles : c’est une certaine forme d’intelligence. Comme le dit @l_l_de_mars : après tout ça, les auteur⋅e⋅s des caricatures ne voient aucun commentaire à faire sur leurs propres dessins qui serait soi-disant contre Boutin ! La preuve que non.

    • Il y a vol ET tromperie sur la destination de la marchandise. Les dessins ont été extorqués sous de faux prétextes.
      On peut aussi considérer la manipulation comme une forme d’intelligence, mais clairement, c’est malhonnête à tous points de vue quand au détournement des œuvres (dont la qualité n’est pas importante).

      Si on me commande d’écrire une diatribe contre le racisme, l’exclusion et le sexisme, ce n’est pas pour la retrouver ensuite comme argument de vente de la campagne de Marine Le Pen. Non seulement il y a tromperie, mais en plus il y a volonté de nuire.

    • Je remarque que c’est une dessinatrice et les commentaires blâment la victime et félicitent l’agresseuse. Le hasard probablement.

      Une dessinatrice qui fait des caricatures alors que le lièvre n’en fait pas !!! mais c’est un crime ! Merci à Mme Boutin d’avoir puni cette vile femelle si médiocre aux yeux du grand lièvre.

      #Schadenfreude #misogynie

    • Je vois que certains sont totalement ignorant de l’effet Streisand et se permettent d’être agressifs en plus d’être malhonnêtes :

      Joint par BuzzFeed, l’éditeur Jacques-Marie Laffont balaie toutes ces accusations. « Ils savaient tous que c’était un livre de Christine Boutin, ou alors ce sont des bisounours », défend-il. Il concède toutefois n’avoir payé aucun dessinateur :

      « Il est vrai que nous aurions dû payer les dessinateurs avant la sortie du livre. Là nous sommes en défaut, mais nous allons corriger cela. »

      Selon cet éditeur qui dit « être de gauche » et « pour le mariage pour tous », la colère de ces dessinateurs aurait « une explication » :

      « Je subodore une bronca du lobby gay. Je fréquente beaucoup de gens, j’ai des amis influents dans le milieu gay qui me défendent et pensent la même chose.

      Ce qui me lie avec Christine Boutin, c’est que je suis chrétien, mais contrairement à elle je suis pour le mariage pour tous. »

      Et de menacer :

      « Si cela continue, je vais foutre mes avocats sur le dossier. »

      Contacté par téléphone en fin de matinée, Jacques-Marie Laffont devait nous envoyer « la preuve » que la dessinatrice savait pour qui elle publiait ses caricatures. Nous n’avons toujours rien reçu ce lundi en début d’après-midi et mettrons à jour cet article le cas échéant.

      http://www.buzzfeed.com/davidperrotin/des-dessinateurs-publies-dans-le-livre-de-christine-boutin-d
      Et un poil d’homophobie en passant !

      #crétin_abyssal

    • je relaie ici un article que j’ai écrit pour CQFD, journal où s’exerce la caricature, discipline pour laquelle je n’ai aucune espèce de sympathie. Autant dire que cet article n’était pas publié dans un cadre bienveillant à son égard. Ceci éclairera mon point de vue. Mon problème, une fois de plus, est un problème de rapport au DESSIN comme pratique du monde (je n’ai fait aucun commentaire sur la promesse non tenue de payer les dessinateurs, c’est une autre question).

      Forcer le trait, c’est rester dans les rails, c’est patiner dans la représentation la plus plate sans autre recours que le crayon gras glissant sur le même sillon, l’épaississant, s’y enlisant.
      Ce n’est pas un comique de répétition mais de hoquet, de bégaiement.

      Et la vraie misère de la caricature — comme du dessin politique à gag, à tirade — n’est pas même de forcer le trait, mais de l’arrêter : elle l’arrête à l’évidence — quand on la dit réussie —, ou elle le perd dans le signe de piste et le rébus — quand elle est foireuse.

      Ça saute aux yeux de quiconque tombe sur une vieille caricature — et rien ne vieillit plus vite ...
      Rencontrer une vieille caricature, un vieux strip satirique bavard (faute d’oser dessiner), voilà qui expose en pleine lumière les ficelles maigrichonnes qui tiennent cet art impuissant. On a le même sentiment de gêne qu’en regardant l’enregistrement d’un vieux numéro d’imitation dont les cibles ont disparu, dont leurs mimiques, leurs tirades, leurs costumes sont oubliés et remplacés par ceux de leurs cohortes de descendants à peine déclinés, jetables. L’imitateur a alors l’air de ce qu’il est : un ballon qui a perdu son helium. Cette jetabilité de toute scène (politique, médiatique), sa répétition stérile, contamine le caricaturiste et son artisanat paresseux.

      La caricature est l’échec du dessin de presse, son aveu d’impuissance ; elle n’est pas seulement impuissante à travailler sa cible, elle est impuissante à travailler le politique : dans ce domaine, il n’y a pas de dessin de droite ou de gauche (comme si la question politique épargnait le dessin lui-même, comme si elle lui était étrangère), il n’y a que de la servitude du dessin à un texte censé à la fois en sauver et en légitimer la pauvreté. Ses critères sont : lisibilité, efficacité, immédiateté. Autant avouer qu’il n’y a que de la caricature de droite.

      Le caricaturiste est un publicitaire : il vous fourgue des certitudes que vous avez déjà en triple, sous une forme jetable, marrante, simplifiée, rassurante (sérieusement : qui a déjà été inquiété par une caricature ? On peut préférer croire que ce sont les caricatures qui inquiètent ceux qui les brûlent. On peut aussi se persuader que ceux qui brûlèrent « Les versets sataniques » l’avaient lu. Mais c’est une façon de se remonter le moral en donnant un peu de sens aux crimes et aux autodafés. La vérité est que les oeuvres, bonnes ou mauvaises, sont prises dans des enjeux extérieurs à elles et qui ignorent complètement leur substance)

      Le caricaturiste au travail ne cherche pas une idée : il cherche un petit moteur pour réanimer le cadavre d’idée qui dort sous tout journal.

      La caricature — comme tout dessin politique purement démonstratif — est une promenade au musée de la marrade craquelée, une visite interminable au mausolée du rire. Le dessin s’arrête en elle là où tout devrait commencer : c’est à l’inconnu que commence la lecture, l’invention du politique ; avec le questionnement, la suspension du jugement. La caricature est l’injonction de s’arrêter avant tout ça, à l’évidence, dès qu’on a fait sa petite affaire, dès qu’on s’est reconnus (entre frères politiques) parce qu’on a reconnu ensemble ce qu’elle pointait si grossièrement.

      Nous avons déjà le plus grand mal à répondre à cette question, quand nous travaillons dans un journal politique : à quoi sert tout ce merdier puisque seuls ceux qui partagent déjà nos convictions nous lisent ? Hé bien, si on se tient à la caricature comme moyen, effectivement, à rien. Un tel travail, de tels journaux, ne sont utiles que s’ils s’abandonnent aux interrogations, aux incertitudes, à la polysémie, à l’inconnu. Que les dessinateurs politiques se mettent enfin à dessiner en ouvrant leur dessin à cet inconnu. On peut alors se prendre à rêver d’un journal politique furieux, inventif, bouleversant, inévident, déstabilisant, débarrassé de toute caricature.

      Il m’est déjà arrivé (parce que mon travail est généralement sous copyleft, c’est tout-à fait normal) qu’un de mes dessins soit utilisé par un ennemi politique (un groupe de petits merdeux libertariens dans le cadre de la lutte contre HADOPI) ; qu’est-ce que j’en ai déduit, à votre avis ? Qu’ils étaient vilains ? Que c’était injuste ? Bin non. Que nous avions des idées en partage. Ça me faisait mal au cul de l’admettre, mais c’était vrai.
      Dans le cas de figure du moment, la seule chose que devraient se demander ces dessinateurs est : en quoi mon dessin sert-il Boutin, par quelque bout que je prenne la question ? Est-il si inoffensif qu’elle peut l’associer à son mode de défense sans qu’il soit égratigné ? ou pire : est-il finalement assonant à sa conception du monde, malgré mes intentions ?

    • @monolecte

      Non, tromper sur la nature réelle du travail, sa destination et le voler à la fin (en ne le payant pas), ce n’est pas être malin, c’est être un⋅e escroc.
      Si mentir, c’est être « plus malin », je commence à comprendre pourquoi on se tape ce personnel politique…

      ce n’est pas ça, qui est malin, ici ; ce n’est pas n’importe quel travail qui est détourné, c’est celui qui porte en lui la prétendue contestation de la force qui le détourne, celui qui n’existe que par la certitude qu’il peut, lui, détourner cette force.

      Si on me commande d’écrire une diatribe contre le racisme, l’exclusion et le sexisme, ce n’est pas pour la retrouver ensuite comme argument de vente de la campagne de Marine Le Pen. Non seulement il y a tromperie, mais en plus il y a volonté de nuire.

      si c’était possible, tu aurais de quoi t’inquiéter, en effet, sur la valeur de ton texte... S’il est tourné en dérision par son cadre (s’il est ridiculisé par exemple par des commentaires haineux), en sort-il réellement diminué ou, au contraire, renforcé dans sa puissance ? (il me semble). Et s’il ne l’est pas, ça voudrait dire quoi ? S’il n’était pas nécessaire de le commenter pour qu’il accompagne un cadre de propagande fasciste, il y aurait un sacré problème, tu ne crois pas, inhérent au texte ? (on est en pleines conjectures, j’ai du mal à croire que le cas de figure puisse se présenter, en fait. Mais imaginons).
      Que le texte te soit commandé par des fascistes masqués ou qu’il s’agisse d’un de tes textes non commandé par des fascistes non masqués mais utilisé par eux dans le cadre d’une analyse a contrario , qu’est-ce que, au fond, ça change pour ce texte ?
      (on est bien d’accord qu’on part du principe que le texte n’est pas retouché ou charcuté, pas plus que ne le sont les dessins des caricaturistes dont il est question en ce moment)

    • Deuxième texte de Tanx, cette fois sur les dessinateurices en question : poum poum poum.
      http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8815

      Ce qui me laisse plus que perplexe : comment prétendre avoir des convictions politiques quand on accepte de voir ses illus dans un livre sans en connaitre ni l’auteur ni le fond ? Je crois que la réponse est dans l’email de l’éditeur, qui précise que ce livre est “insolent” vis-à-vis des politiques. Et nos illustrateurs en ont déduit que insolence + politique = de leur bord politique.
      Ça rejoint un petit peu ce que j’avais abordé dans ce texte de janvier 2015, sur le fait de croire automatiquement que les dessinateurs sont de gauche, de fait.

      De surcroît, j’ai toujours considéré que l’humour était un peu une attitude de collabo du système : un état d’esprit qui permet de “détendre” et de “faire passer la pilule” des horreurs du monde… et donc de repartir travailler au bureau après, au lieu de se révolter (la preuve : nombreux/ses sont ceux/celles qui geignent sur le sujet et n’intentent rien). J’ai toujours trouvé le statut même de l’humour, surtout en tant que métier, comme pour la politique, un peu louche. Du coup, que ces auteurs/trices se retrouvent à devoir faire un truc vraiment pas drôle (un procès…) pour réclamer leurs “droits”, ça m’amuse assez.

      (L’article de LL de Mars dans le CQFD de l’été dernier sur la caricature était très bien (oui oui on a beau s’engueuler ça n’empêche pas de tomber d’accord). J’essaie de retrouver le numéro si il est pas parti avec les épluchures de patates et je poste ici.)

      Une précision tout de même : je suis pas tellement pour charger un auteur (ou un écrivain, ou autre) de la récupération dont il est victime. Il y a certes des dessins plus facilement récupérables que d’autres, mais au final toute création l’est, il suffit de changer le contexte, surtout quand la mode est à la récupération, de la grande vidange du sens pour ne garder que la coque vide […]. Absolument tout est détournable, à un point tel que je me demande si le contexte est pas devenu plus important que le propos. En tous cas, le propos seul ne semble plus suffire… et quand du coup le propos est quasi inexistant ou inoffensif, ben forcément ça facilite le détournement.

      Bref, je vais camper sur mes positions : si y’a un truc à dire de cette affaire, c’est sur l’aspect purement syndical que ça se joue, tout le reste me parait vaguement ridicule pour rester polie.

  • C’est qui l’patron ? Ou le travail invisible au sein du microcosme DIY/éditions/militantisme & co

    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8717

    Comme exactement partout ailleurs (dans la musique, dans le militantisme, partout, que ce soit dans l’indé, le DIY ou le mainstream, c’est la constante universelle) les tâches de gestion, de logistique, d’organisation, le relationnel, sont gérées par des meufs. Ça n’est ni gratifiant, ni cool à faire, mais il faut que ce soit fait ou toute la partie visible du travail se casse la gueule.

  • C’est qui l’patron ? | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8717

    Excellent texte de @tanxxx (non ? :D) sur la #logistique et l’#administration dans quelque milieu que ce soit (artistique, militant, ou autre).

    Et notamment le fait que les artissses y veulent créer, qu’on parle de ce qui est produit, mais pas s’occuper de tout le boulot immense qu’il y a derrière (paperasse, achats, pub, promo, distrib, etc). Et que tout ça est presque toujours délégué à des femmes, surtout chez les mecs qui se targuent d’être tout indépendant.

    Mais quand j’en parle à des mecs (les meufs ne me demandent pas ce genre de choses), j’ai la nette impression qu’ils veulent pas se farcir ce taf-là. Comme exactement partout ailleurs (dans la musique, dans le militantisme, partout, que ce soit dans l’indé, le DIY ou le mainstream, c’est la constante universelle) les tâches de gestion, de logistique, d’organisation, le relationnel, sont gérées par des meufs. Ça n’est ni gratifiant, ni cool à faire, mais il faut que ce soit fait ou toute la partie visible du travail se casse la gueule.
    On admire tout d’abord que j’arrive à m’en sortir, on se montre curieux de cet exploit, mais on déchante quand on réalise qu’il n’y a pas de foutu miracle.

    #femmes #délégation #exploitation (parfois #bénévole en plus !)

    cc @aude_v pour l’application de ça à l’associatif / militantisme notamment comme évoqué de ton côté

    • J’ai du lutter – et lutte encore parfois – contre ce conditionnement, pour arrêter de promouvoir le travail d’hommes plutôt que le mien quand une occasion se présentait, par exemple.

      Ohlala ouiii, et encore un exemple récent qui m’est arrivé ces derniers jours sur du code que j’ai créé. Non seulement je commence par féliciter le gars de contribuer (code qui renvoie à la documentation et en service sur plusieurs sites) et lui demande gentiment de créer une branche de développement, et là lui me répond qu’il a corrigé des erreurs car mon code ne marchait surement pas. Hop, #siège_éjectable direct, plus de ça pour moi, pas de temps à perdre à la rééducation.

    • Et dans le milieu parlementaire, qui fait ça, à côté des député-es, sénateur-rices qui font du « super bon boulot » (ou pas) ?
      Je vous laisse deviner.
      Quand j’ai décidé, au chômage après mon dernier taf de collaboratrice parlementaire (titre arraché de haut vol en lieu et place de « assistante », et donc que personne n’utilise...) de faire la liste de ce que j’avais fait pour mon CV, je me suis retrouvée, après avoir regroupé, restreint l’ensemble des actions, ébahie, avec une page écrit petit, trois domaines et 20 points différents.
      Les hommes dans le même boulot, ne font, souvent, que des choses « nobles ».

  • TANX | illustration, gravure, bande dessinée, et plus encore
    http://tanx.free-h.fr/bloug

    La communication est un des joujoux de l’état : ce qu’on retiendra c’est la photo, toi et ton air con avec ta médaille à 120 boules, t’auras beau dire tout ce que tu veux lors de cette remise tu pourrais même chanter l’Internationale avec ton slip sur la tête, tout ce qui sera retenu c’est que t’es allé cherché ta breloque et le ou la ministre aura le même air satisfait. On ne discute pas avec l’exploiteur, il n’est même pas foutu le comprendre à qui il s’adresse et il en a à peu près autant à foutre que de ses employés de ménage. On ne discute pas, on ne négocie rien, on ne profite de rien dans une telle occasion : on se fait récupérer jusqu’au trognon, et c’est tout.

  • Quatre auteures #BD refusent la promotion Arts et Lettres exceptionnelle de Fleur Pellerin
    https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/quatre-auteures-bd-refusent-la-promotion-arts-et-lettres-exceptionnelle-de-fleur-pellerin/63288

    ce que la rue de Valois ne peut évidemment pas avouer, c’est que pour le cas précis de la réforme retraite, les Affaires sociales ne lui ont laissé aucune marge de #négociation, ni de place dans la discussion. Les représentants qui étaient au plus proche des négociations savent que le ministère a été totalement écarté du sujet.

    #culture #récupération #enfumage et @soupherbe

    • En temps normal, la question est vite réglée : malheur à toi si tu as mérité une médaille, connard. Dans le cas présent, c’est sensiblement différent, ça vise clairement l’instrumentalisation.
      Reste à essayer de comprendre ce que, symboliquement, F.P. et son staff ont trouvé de particulièrement pertinent dans ce choix, relativement à la nature des auteurs décorés. Parce que pour qu’il y ait instrumentalisation, il faut que ÇA SERVE (un gouvernement assez absurde pour tresser des lauriers à Bertoyas un jour, sera assuré de tout mon amour). En d’autres termes : quelle image favorable ce gouvernement se renvoie-t-il à lui-même, procurativement, à travers ces œuvres ? De quoi, dans ces œuvres, veut-il se parer ? De quels fétiches ? De quelle position politique ? De quelles images ? On aimerait croire à un mouvement de neutralisation d’œuvres offensives, par exemple. Mais, franchement :

      Julie Maroh
      Chloé Cruchaudet
      Aurélie Neyret
      Tanxxx
      Marguerite Abouet
      Christophe Blain
      Mathieu Sapin
      Riad Sattouf

      globalement, ça se passe quand même de commentaires...

      En dehors du désagrément évident que représente le fait d’être célébré par un troupeau d’ordures sous quelque forme que ce soit, reste ouverte la question de ce qui rend ça possible, imaginable, désirable, par ce troupeau.

    • C’est pas franchement le but. Ces questions me viennent souvent en tête devant d’autres problèmes voisins (la popularité, par exemple, les malentendus sur lesquels repose la reconnaissance publique, etc.). On peut se dire que personne n’est à l’abri et se réfugier derrière les malentendus comme cause. Même s’il y a une grande part de vérité là-dedans, il y a des oeuvres humaines qui résistent à toute captation. Qui sont l’écart de toute manœuvre, de toute pensée, de toute institution. De mon point de vue, elle peuvent nous éclairer sur ce qu’il y a de plus précieux, politiquement, dans l’anomie (super bouquin de Duvignaud, ça « L’anomie », ça mériterait grandement une republication).

    • C’est pas le but, non, mais c’est clairement le cas. Moi, perso, et probablement à cause de ma médiocrité personnelle, cette suprême « exigence » m’étouffe.

    • Alalalalala...
      C’est pas une question de cet ordre, d’idéal à suivre ou d’ exigence ... T’as de ces formulations... Exigence de quelle nature ? Dans quel but ? De déjouer les assonances politiques, théoriques, esthétiques, avec l’ennemi ? Ça n’aurait aucun sens : déjouer en l’anticipant en resignifie le jeu. Donc la posture (on ne joue pas l’anomie) . Je veux dire par là que la réponse serait dans la crainte elle-même, dans la façon d’envisager le problème comme un problème de but, de finalité, d’objet extérieur à soi, de forme à atteindre.
      La question de la médiocrité ou de l’excellence, là, on s’en fout complètement, c’est pas du tout une question d’héroïsme, mais de clarté de position.
      Je sens encore se profiler le train des malentendus...

    • Un truc quand même, qu’il n’y ait pas de malentendu là-dessus au moins (je dis ça à cause d’une remarque en privé d’un copain) : qu’il soit bien clair que la présence de Tanxx dans la liste n’a rien à voir avec mes remarques. J’ai aucune raison de m’acharner connement sur elle, je n’ai aucun compte à régler personnel avec elle. Dommage qu’elle soit embarquée dans ce merdier, c’est tout. Je peux plus facilement m’expliquer la présence de son nom dans cette dream-team ministérielle, d’ailleurs : infoutue de trouver toute seule qui diable sanctifier pour son palmarès — destiné entre autres choses à rattraper les saloperies misogynes du festival et à émettre des petits signes de gauche pour un gouvernement social-traître repoussant — Fleur Pellerin aura demandé à un quelconque conseiller qui pourrait emblématiquement être la caution féministe de cette pantalonnade ; on imagine sans peine que le nom de Tanxx sera venu assez rapidement colmater la brèche politique et culturelle de ces pignoufs, parce qu’elle est plus active, visible, qu’Oriane Lassus par exemple.

    • Y’a pas de malentendu, ou je ne crois pas, bien qu’il puisse facilement en naitre de tes éruptions discursives souvent poétiques mais tout aussi souvent franchement pénibles, je dis juste que cette position, posture, ou ce que tu veux, de jugements péremptoires et inutiles (on se demande qui te pose la question ?) n’est pas très intéressante. Tu pouvais dire la même chose sans chier sur les collègues.

    • (on se demande qui te pose la question ?)

      Il y a des trucs qui ne semblent jamais faire question pour personne (l’unilatéralité des responsabilités dans cette histoire de décoration, depuis qu’elles ont été distribuées, par exemple. L’instrumentalisation pure et dure, hop, pauvres dessinateurs. Je trouve pas ça si simple). Ce sont ceux-là qui me donnent envie de parler.

      Tu pouvais dire la même chose sans chier sur les collègues.

      les dessinateurs de bandes dessinées ne forment ni un club, ni une entreprise, ni une équipe, ni une fratrie, ni une bande, ni une compagnie. Je n’ai pas de collègues.