Précarisation du #travail et injonction à la #mobilité : approches critiques - Métropolitiques
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L’article de Jean-Luc Deshayes rend compte justement de la manière dont les fermetures des usines sidérurgiques et la reconversion du bassin de Longwy ont déstabilisé les institutions du salariat et induit des mobilités professionnelles et géographiques sélectives. Avec l’ampleur et la finesse d’une enquête longitudinale conduite depuis les années 1980, portant sur 500 travailleurs du bassin de Longwy, l’auteur analyse l’évolution de leur rapport à la mobilité. Sa contribution est décisive pour comprendre comment l’incitation à la mobilité géographique est devenue, pour les ouvriers, techniciens et leurs enfants, le symbole et la pratique de la rupture du contrat salarial, du renouvellement des rapports salariaux de domination au profit, cette fois, non plus de la fixation des ouvriers par l’habitat, mais de leur déménagement hors du bassin de Longwy. Les conditions de la mobilité géographique varient selon les niveaux de qualification (ouvriers spécialisés, ouvriers professionnels, agents de maîtrise, techniciens) et produisent ce que les discours institutionnels désignent comme des résistances à la mobilité, qui apparaissent cependant comme autant de « mobilisations » individuelles des salariés pour, certes, éviter une mobilité géographique lointaine mais surtout préserver leur qualification au cours de leur reconversion, éviter le déclassement et le chômage. La mobilisation des parents se traduit une génération plus tard, sous la forme d’une forte mobilité géographique des enfants et de leur mobilisation scolaire, elle-même différenciée selon les niveaux de qualification des parents.