Gafsa, la population et le rgime

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  • Gafsa, la population et le régime | Businessnews.com.tn
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    Une tribune sur la situation à Gafsa qui rompt avec le ton de la presse de l’establishment tunisois.

    Autant dire, et n’en déplaise à une certaine « intelligentsia » bien pensante, cette population exprime, à sa manière, et une nouvelle fois, une « saine » colère qui vient bousculer les modes d’organisation et de gestion bien trop vite qualifiés de modernes, d’efficients et responsables.
    Concilier nous dit-on les impératifs de la production et de la gestion des ressources humaines. Encore une de ces perceptions largement partagée qui n’a plus du bon sens que le nom. Le technocratisme a la vie dure, notamment quand il soumet le traitement de revendications sociales aux seules méthodes d’une critériologie informatisée.
    Eh oui ! Sous les apparences de rationalité, de neutralité et d’objectivité, une population « cible » (sic) est donc « traitée », à travers des critères de diplômes, d’employabilité, de localisation géographique, accessoirement de statut familial. Il en ressort une liste informatique de « promus », liste inique qui, de nouveau, suscite la défiance, réactive le ressentiment, et provoque cette nouvelle flambée de manifestations multiformes.

    Pourquoi les dirigeants perpétuent-ils donc des méthodes qui ne répondent en rien aux exigences d’une population bien trop largement dépendante de cette seule mono-industrie ?
    Il va sans dire qu’il ne peut être question ici de refaire l’histoire, très ancienne par ailleurs, de ce bassin ouvrier qui n’a cessé de lutter pour ses droits.
    S’offusquer des déprédations commises est un raccourci « intellectuel » peu flatteur pour ceux qui le pratiquent à longueur de temps. Rappelons tout de même à toutes fins utiles que cette entité CPG-GCT a vu ses comptes s’améliorer notablement depuis 2007, à la suite de la multiplication par 3 du prix du phosphate brut comme de ses dérivés.

    [...] Nos jeunes journaux, TV, médias, qui découvrent la « démocratie » (sic) ont beau jeu de dénoncer le « ludisme » (les toutes premières formes historiques de luttes ouvrières contre l’outil de travail) de cette population de jeunes en désespérance, de travailleurs exténués, de mères de famille sans ressources dont le mari est au chômage ou est mort dans ces mêmes mines….quand on sait les harcèlements, les brutalités les persécutions auxquels ont été soumis tous les porteurs de ces demandes syndicalistes aguerris et reconnus, comme les figures locales, tous détruits.

    Oui les formes de contestation et de lutte sont ce qu’elles sont, souvent d’une violence aveugle. Mais alors à qui la faute ? Cette population n’a plus que des porte-paroles improvisés sans légitimité historique (et pour cause), sans emprise sur les réalités sociales, ni réelle capacité de dialogue et d’intermédiation.

    #Tunisie