Attentats contre Charlie Hebdo : la connexion Claude Hermant - Amedy Coulibaly couverte par le secret de la Défense nationale.

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  • #Attentats de Paris : l’énigme des #armes de #Coulibaly - Page 1 | Mediapart
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    C’est un trou noir dans l’enquête sur les attentats de Paris. Une information centrale qui s’est perdue. Selon des documents obtenus par Mediapart, les policiers chargés de l’enquête sur les attentats de Paris ont obtenu, dès le 14 janvier, l’identification de l’arsenal d’Amedy Coulibaly par les autorités slovaques. Mais ils n’en ont rien fait. Le renseignement slovaque qui incrimine un ancien militaire d’#extrême_droite lillois, Claude #Hermant, soupçonné de trafics d’armes démilitarisées dans le cadre d’une enquête ouverte à Lille, ne provoque aucune vérification des juges antiterroristes parisiens Laurence Le Vert, Nathalie Poux et Christophe Tessier.

    Cinq armes sont listées, avec leurs numéros de séries, appartenant à l’arsenal de Coulibaly. Figurent aussi le nom et l’adresse de l’acheteur, la société Seth Outdoor, sise à Haubourdin dans la métropole lilloise, et leurs dates d’achat, les 19 septembre et 15 novembre 2014. Aujourd’hui encore, questionné par Mediapart, le parquet de Paris a indiqué « qu’en l’état, il n’y a pas de lien entre le protagoniste du dossier lillois, Claude Hermant, et Coulibaly ». Malgré les éléments matériels qu’elle détient, la justice maintient la fiction d’une étanchéité entre le dossier de l’ancien militaire, par ailleurs animateur de l’extrême droite identitaire lilloise, et les attentats de Coulibaly.
    Amedy Coulibaly revendiquant ses attaques sur une vidéo posthume.Amedy Coulibaly revendiquant ses attaques sur une vidéo posthume. © DR

    L’enquête ouverte à Lille s’est pourtant brusquement accélérée, le 20 janvier, sans prendre en considération – au moins officiellement – les attentats de Paris. Claude Hermant a été placé en garde à vue, perquisitionné puis mis en examen le 23 janvier pour « trafic d’armes en bande organisée ». L’ancien militaire a mis en cause trois fonctionnaires – un des douanes et deux gendarmes – dont il a été l’informateur au moment des achats d’armes litigieux. L’un des gendarmes ayant soulevé le caractère secret de ses missions, les juges lillois Stanislas Sandraps et Richard Foltzer, ont saisi, le 10 avril 2015, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve d’une demande de déclassification. Contre toute attente, dans un dossier aussi sensible, le ministre a choisi d’opposer le #secret_défense aux investigations.
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    Bernard Cazeneuve a demandé l’avis de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), le 1er juin, qui a émis le 18 juin un avis défavorable à la déclassification. C’est désormais un grand secret. Questionné par Mediapart, Bernard Cazeneuve a indiqué s’être conformé à l’avis de la CCSDN. « Rien dans cette demande des juges lillois ne faisait état de M. Coulibaly, a fait savoir le ministre. Nous n’avons donc par définition aucun élément qui nous permette de déterminer qu’il y a ou pas lien [entre les deux affaires – ndlr]. »

    Les mis en cause, Hermant, sa compagne et un proche, n’ont jamais été interrogés sur d’éventuels contacts, directs ou indirects, avec Amedy Coulibaly ou ses complices. Seule la presse locale s’est fait l’écho, début mai, d’une « hypothèse » puis d’une « piste sérieuse » reliant les deux affaires. L’ancien militaire a confirmé son négoce d’armes neutralisées, mais il a indiqué n’avoir jamais opéré de remise en état de ce matériel. L’entreprise Seth Outdoor, immatriculée au tribunal de commerce de Lille en février 2013, a pour objet « la vente à distance sur catalogue spécialisé » et « la location de matériel de paint ball ».

    Quel secret d’État peut donc justifier la décision de Bernard Cazeneuve, et l’avis de la CCSDN, de ne pas déclassifier les éléments recueillis par les juges parisiens ? La réponse est à trouver dans la mise en cause des gendarmes et d’un douanier, dont Claude Hermant a révélé être l’informateur, dûment répertoriés par leurs services. Le quotidien La Voix du Nord a dévoilé, courant mai, plusieurs courriels prouvant les échanges de l’ancien militaire avec deux gendarmes de la section de recherche (SR) de Villeneuve-d’Ascq. Des lieux de rendez-vous, des numéros d’immatriculation de voiture auraient été communiqués par Hermant aux fonctionnaires afin qu’ils remontent ces filières.
    Claude HermantClaude Hermant © DR

    Contacté par la PJ dès janvier, l’un des gendarmes mis en cause, l’adjudant-chef Laurent B., n’avait pas déféré à sa convocation. Il a finalement été entendu comme témoin en mai. Un douanier en contact avec Hermant, rattaché à l’antenne lilloise de la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières), a en revanche été mis en examen pour « acquisition et détention » d’une ou plusieurs armes de catégorie A – armes à feu de défense ou armes de guerre dont la détention est interdite sauf autorisation.