La Grèce entre en résistance

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  • La Grèce entre en résistance
    Par Romaric Godin | 20/09/2015
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-grece-entre-en-resistance-506776.html

    Le premier enseignement de ce premier scrutin grec est celui de la lassitude. Le niveau de l’abstention (près de 45 %) est le principal fait de la soirée. C’est dix points de plus qu’en janvier et si l’on ajoute les bulletins blancs ou nuls (2,5 % des suffrages contre 0,5 % en janvier), on peut prendre la mesure du désaveu de la politique en Grèce. On aurait tort de n’y voir qu’un rejet d’un énième scrutin anticipé. C’est bien l’acceptation, le 13 juillet dernier, par Alexis Tsipras des conditions des créanciers qui est à l’origine de ce désaveu. Cette capitulation a prouvé que le vote ne pouvait rien changer aux conditions économiques du pays. Dans ces conditions, à quoi bon voter ? On comprend que beaucoup de citoyens grecs aient préféré ne pas se déplacer ce dimanche. Cette première constatation est une défaite pour une classe politique grecque qui a clairement perdu en crédibilité. Mais c’est d’abord une défaite pour les créanciers qui, pendant six mois, ont tout fait pour effacer le vote du 25 janvier. Ils récoltent ici, par un désaveu de l’acte démocratique, les fruits de leur politique.
    L’échec d’Unité populaire

    L’autre signe de cette lassitude est la défaite d’Unité Populaire, la scission de gauche de Syriza, constituée de ceux qui, au sein du parti d’Alexis Tsipras, voulaient continuer le combat entamé en janvier et qui ne siègeront pas à la Vouli. En se détournant de ce parti, les Grecs ont fait savoir qu’ils n’étaient pas prêts à se relancer dans un bras de fer avec les créanciers. La fatigue du combat du premier semestre, l’inutilité de cette bataille, le discrédit de l’aile gauche de Syriza et la situation économique critique ont eu raison de cette tentative. Très clairement, pour les Grecs, le moment de la lutte est passé.
    La victoire de la résistance

    Mais cette lassitude ne signifie pas que la résignation l’a emporté. Bien au contraire. Si le temps n’est plus à la lutte, il est à la résistance. En redonnant un mandat à Alexis Tsipras, en sanctionnant la droite, en punissant Potami, parti préféré des créanciers et en reconduisant la coalition du 26 janvier, les électeurs grecs leur ont envoyé un message : ils ne doivent pas abuser de leur défaite. Le calcul des Grecs, qui est aussi celui d’Alexis Tsipras, est que ce message sera entendu et que les créanciers en prendront acte lors des négociations sur la dette. (...)