• Comment #Sarkozy et #Djouhri ont exfiltré de #Libye leur « ami commun » -
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    Comment Sarkozy et Djouhri ont exfiltré de Libye leur « ami commun »

    23 septembre 2015 | Par Fabrice Arfi et Karl Laske

    Des notes de la DGSE obtenues par Mediapart retracent l’épisode de la défection de #Bachir_Saleh, le directeur de cabinet de Mouammar #Kadhafi, lors de la chute du régime libyen en 2011. L’homme clé des financements occultes demande aux agents français l’aide de l’homme d’affaires Alexandre Djouhri. Ce dernier a récemment été perquisitionné par le juge Tournaire dans l’affaire des financements libyens.

    C’était un épisode encore très secret de la guerre de Libye. Comment s’est déroulée la défection de Bachir Saleh, l’ancien directeur de cabinet de Kadhafi et homme clé des financements occultes du régime libyen ? Les juges parisiens René Cros et Emmanuelle Legrand ont involontairement éventé le secret en obtenant, le 5 mai 2015, la déclassification de notes établies par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

    Les magistrats voulaient vérifier la position prise par la DGSE sur l’authenticité d’un document libyen publié par Mediapart en avril 2012, concernant la mise en place d’un financement occulte à l’occasion de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Deux notes leur ont été communiquées – du 30 avril et du 27 novembre 2012 – qui mentionnent cette publication. Elles sont factuelles : l’authenticité du document n’y est pas mise en doute un instant.

    Par ailleurs, douze autres notes, rédigées entre le 6 mai et le 16 novembre 2011, retracent le déroulement et la prise en charge par la France du départ de Bachir Saleh, également ancien président du fonds souverain Libya Africa Portfolio for Investment (LAP), du territoire libyen et des conditions qu’il a posées.

    Selon l’un des rapports de la DGSE, daté du 25 août 2011, l’ancien homme de confiance de Kadhafi demande notamment à l’ambassadeur de France à Tripoli « d’entrer en contact avec Eskander Djouhri, ami commun de Nicolas Sarkozy et de BS [Bachir Saleh ­­– ndlr] afin de lui demander de téléphoner au président français pour le rassurer sur son sort ».

    L’homme en question est Alexandre Djouhri, alias “Eskander” dans les notes de la DGSE. Il a été, dès 2007, l’un des pivots des relations secrètes de l’équipe Sarkozy auprès des autorités libyennes, à travers Saleh justement. Son rival historique, Ziad Takieddine, avait joué le même rôle entre 2005 et 2007, de manière peut-être plus décisive, via un autre officiel, Abdallah Senoussi, beau-frère du “Guide” et patron des services spéciaux extérieurs (voir notre dossier).

    [...]

    La boucle semblait donc bouclée pour l’ancien directeur de cabinet de Kadhafi. Il allait pouvoir rester quelques mois en France. Jusqu’à ce que Mediapart publie, en avril 2012, une note libyenne sur le financement de la campagne de Sarkozy, provoquant son départ en catastrophe de la capitale. Un départ organisé par Alexandre Djouhri, avec le soutien du patron de la DGSI d’alors, Bernard Squarcini, alors que Saleh était sous le coup d’un mandat d’arrêt d’Interpol (voir ici).

    Reconverti dans le conseil, l’ancien ambassadeur Boris Boillon sera pour sa part intercepté par les douaniers, le 31 juillet 2013, gare du Nord à Paris, porteur d’un sac contenant 350 000 euros et 40 000 dollars en espèces, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre Bruxelles à bord d’un Thalys. L’enquête se poursuit sur l’origine de ces sommes, que l’ancien diplomate avait « enterrées » dans sa cave.