Réfugiés, migrants, sans-abri : refuser la concurrence entre les précaires

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  • “ La crainte d’une « concurrence » entre #pauvres “, Le Monde

    #Réfugiés versus #SDF : cette «  #concurrence  » commence à inquiéter associations et élus. Alors que la mobilisation s’organise pour l’accueil des Syriens – réception des maires volontaires samedi 12 septembre Place Beauvau, réunion des préfets de Seine-Saint-Denis pour l’organisation des lieux d’#accueil jeudi –, un doute s’est immiscé parmi les acteurs qui sont en première ligne. Cet élan solidaire ne cache-t-il pas un choix entre les « bons-réfugiés-fuyant-la-guerre » et les autres sans-abri ? Pourquoi l’Etat met-il en scène une solidarité en direction des seuls réfugiés ?

    « 20 000 places trouvées en deux semaines ! Pourquoi ne l’ont-elles pas été avant ? »

    L’hébergement des sans-abri est dans une phase critique depuis le début de la crise économique. Les centres d’appel sont saturés, les lieux d’hébergement débordés, et les nuitées en hôtel en constante augmentation dans plusieurs départements. La situation est même devenue dramatique en Ile-de-France : seule une personne sur deux appelant le Samu social, au 115, se voit offrir une solution pour la nuit.

    C’est peu dire que la soudaine capacité de l’Etat à trouver en quelques jours des lieux d’accueil a laissé les équipes perplexes. Solidaires et heureuses de l’élan mais profondément désarçonnées. « Il y a un vrai agacement de constater que, quand les politiques veulent ouvrir des centres, on y arrive très vite. 20 000 places trouvées en deux semaines ! Pourquoi ne l’ont-elles pas été avant ? », s’interroge Florent Gueguen, directeur de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars).

    Dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (#CHRS) parisiens comme au #115, c’est la même incompréhension. « Nos salariés ne s’expliquent pas pourquoi cette énergie, cette solidarité n’étaient pas là pour répondre à la montée du nombre de sans-abri. La crainte d’une concurrence entre nos publics est montée très vite », souligne Christine Laconde, directrice du SAMU social de Paris.
    «  Et nous, pourquoi on n’a rien ?  »

    Des rumeurs ont ainsi circulé au lendemain de l’évacuation du campement de La Chapelle, à Paris, en juin : on aurait mis à la rue des familles logées à l’hôtel pour y héberger les migrants évacués. Il a fallu tout de suite démentir pour désamorcer la grogne. « Entre cette incompréhension et la crainte de ne pas avoir un dispositif suffisant pour l’hiver, on a un cocktail explosif », déplore Mme Laconde.
    Sur le campement d’Austerlitz, quelques jours avant son évacuation, jeudi, l’inquiétude des quelques SDF installés au milieu des Soudanais s’exprimait ouvertement. Ils avaient compris qu’ils n’étaient pas concernés par le plan d’hébergement pour les réfugiés. « Et nous, pourquoi on n’a rien ? », demandait ainsi un jeune aux agents de la ville. « Ils se sentent abandonnés, doublement punis. C’est compliqué d’expliquer que les réfugiés syriens ont droit à un abri tout de suite. Y compris parmi les travailleurs sociaux », raconte Dominique Bordin, chargé de la mission SDF de la Ville de Paris.

    En mettant en scène leur engagement, en relayant les élans de solidarité citoyenne, les autorités semblent hiérarchiser et ainsi organiser la concurrence entre pauvres. « C’est quand même curieux, ce traitement des priorités en fonction de l’actualité médiatique ! Les sans-abri à la rue depuis des mois ressentent une profonde injustice », prévient Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL. Derrière, les travailleurs sociaux savent combien le discours de l’extrême droite prospère sur la concurrence entre les sans-abri français et les réfugiés étrangers. Le FN ne s’est pas privé de dénoncer l’abandon des « SDF de souche » au profit des « clandestins ». Quand bien même 40 % des appels au 115 proviennent d’étrangers extracommunautaires.
    «  Les gens sont à fleur de peau  »

    La concurrence des places fait aussi des remous dans les municipalités volontaires pour accueillir les déplacés. De nombreux élus ont d’ailleurs fait attention, tout en affichant leur solidarité, à réclamer l’aide de l’Etat pour l’organiser. Ils n’ont pas fait de propositions trop concrètes de lieux vacants, mais plutôt annoncé leur disponibilité. Les rares qui s’y sont essayé ont dû essuyer des reproches. Pierre Aldeguer, maire sans étiquette de Champcueil, petite commune de l’Essonne où l’Etat a décidé de rouvrir un bâtiment hospitalier, a eu droit à quelques rebuffades. « “On ne va pas accueillir toute la merde du monde”, m’ont dit certains très proches de la droite extrême. Mais ils restent minoritaires », raconte l’élu.

    Stéphane Peu (PCF), adjoint au maire de Saint-Denis, banlieue pauvre du « 93 » qui a proposé ses centres de vacances, a vu plusieurs demandeurs de HLM s’inquiéter d’une éventuelle priorité donnée aux réfugiés : « On n’a pas eu de refus de solidarité, à quelques rares exceptions près – comme ce mail me disant : “Je suis désolé de ne pas avoir traversé la Méditerranée sur un rafiot mais ça fait dix ans que j’attends.” On a une telle crise du logement en Ile-de-France que les gens sont à fleur de peau. » Jean-Luc Laurent (MRC), au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), rapporte des réflexions identiques. En Ile-de-France, quelque 315 000 premières #demandes demeurent non satisfaites.

    Pour faire face à cette peur, il faut créer des lieux propres à l’accueil des réfugiés, soulignent les élus. Et expliquer. « Il faut parler avec la population, dire que les réfugiés vont rester. C’est dur parfois, mais, si on ne le fait pas, on va au-devant d’une catastrophe », insiste Bernard Gérard, maire (LR) de Marcq-en-Barœul, dans le Nord. « La France peut accueillir des centaines de milliers de gens. On l’a bien fait pour les 500 000 exilés espagnols en 1939 ! Mais ça suppose de le dire. Et que les élus n’aient pas peur », assure Yvon Robert (PS), à Rouen. A Lille et Marseille, des députés socialistes ont d’ores et déjà organisé des réunions d’information.

    Sylvia Zappi, 19/9/15, Le Monde

    • C’est plus ou moins pareil partout :
      http://seenthis.net/messages/122129

      Les revenus des mendiants sont arrivés au niveau de 20% des montants d’avant.

      Vor einigen Monaten ging das mit den neuen Verkäufern los, auch Kaufmann spricht von »Rumänen«. Anstatt zwei oder vier Ausgaben, wie sie die meisten bei ihr einkaufen, holen sie sich morgens gleich 20 oder 30 Zeitungen, erzählt sie. Nachmittags kommen sie wieder und holen den zweiten Schwung. »Die sind ziemlich gut organisiert. Wenn einer krank ist, kommt der nächste und stellt sich vor den Supermarkt. Leute wie Tom sind da eher Einzelgänger.« Und wenn einer wie Tom auf seinem langjährigen Stammplatz besteht? »Dann gibt›s öfter auch mal aufs Maul.‹«

      Le matin les nouveaux vendeurs « roumains » viennent chercher les journaux par gros paquets et se réaprovisionnent l’après-midi. C’est un commerce aux tâches partagées avec ses coursiers et ses vendeurs. Ils n’hésitent pas de « casser la geule » aux mendiants déjà sur place pour obtenir les meilleurs endroits de vente.

      Bref les conditions crées par le pouvoir en place mettent en situation de concurrence les démunis. Seule solution : Il faut organiser la solidarité te la résistance.

    • @Klaus ça me parait un peu différent toutefois car ici c’est l’état qui fabrique de la concurrence en raréfiant l’hébergement et en organisant le tri. Mettre en scène une guerre de tous contre tous reste l’une des meilleures manières de légitimer l’action de l’état, seul « garant » possible de la paix...

      Il s’agit d’exacerber toutes les contradictions « secondaires » possibles parmi les prolos de façon à étouffer la contradiction principale (qui décide ?, eh bien c’est l’économie, le mérite, etc.)

      La déclaration de Jospin en 1998 me parait un exemple séminal de cette politique. Alors qu’il était premier ministre et confronté à une mobilisation dune ampleur sans précédent de chômeurs et de précaires pour une hausse substantielle des minima et alors chômage, pour une levée de l’interdiction du RMI aux moins de 25 ans, Jospin avait déclaré « préférer une société de travail à l’assistance ». Outre la disqualification de toute solidarité (si ce n’est au nom du travail qui rend digne...), il s’agissait de "défendre le Smicard et les autres "travailleurs pauvres contre ces parasites d’assistés.

      Pour revenir au thème de ce post, une suite où des assos comme « Aurore » qui gèrent de l’hébergement dans des conditions de caserne plaident pour leurs budgets, sous couverts de droits humains.

      Réfugiés, migrants, sans-abri : refuser la concurrence entre les précaires, par Le Collectif des Associations Unies (pas moins...)
      http://www.liberation.fr/debats/2015/09/23/refugies-migrants-sans-abri-refuser-la-concurrence-entre-les-precaires_13

      Les inquiétudes qu’expriment les travailleurs sociaux, les bénévoles, parfois les personnes en situation de précarité elles-mêmes, face aux risques de concurrence entre « pauvres » sont donc compréhensibles. Mais nous entendons ici et là qu’avant d’aider ceux qui arrivent, il faut d’abord aider ceux qui sont déjà là, voire ceux qui sont nés ici. Ce positionnement est dangereux et contraire à la dignité humaine et aux droits fondamentaux. Notre pays, 6e puissance économique mondiale, peut – et doit – tendre la main à toutes les personnes à la rue, quelle que soit leur situation administrative. L’accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse, inscrit dans les textes de notre République, interdit le tri des personnes en fonction de leur statut ou de leur nationalité. Ce principe intangible guide depuis des décennies l’action des associations de lutte contre l’exclusion. Le remettre en cause serait une grave menace à notre pacte social, une entorse aux valeurs républicaines de solidarité et de fraternité.

      C’est surtout au manque de moyens que sont confrontées les associations pour garantir cet accueil et donner à tous des perspectives de relogement, d’insertion voire d’intégration. L’annonce par le Premier ministre, devant le Parlement le 16 septembre, d’une enveloppe financière supplémentaire dédiée tant à l’accueil de réfugiés qu’à l’hébergement d’urgence de tous les sans-abri est un signe positif. Il importe cependant que les réponses soient à la hauteur des besoins, et qu’un vaste plan d’ensemble soit anticipé, de manière à éviter l’ouverture de structures sous la pression de l’actualité sans réelle prise en compte de l’ensemble des besoins dans la durée.

    • Je suis assez d’accord avec Klaus, un deuxième exemple à Berlin. Pour financer l’accueil des réfugiés-migrants certaines associations ont appelés les citoyens de Berlin à collecter les bouteilles consignées et reverser l’agent de la collecte.
      Les bouteilles consignées sont une source de revenus pour certains retraités et chômeurs et concernent une population de plus en plus jeune. On arrive à des situations complètement incompréhensibles pour les gens qui sont aux minimas sociaux.