Je n’ai certes pas beaucoup de mal à me laisser convaincre du sexisme qui règnerait dans les vestiaires des garçons qui font du sport, mais j’ai un peu de mal avec la façon de l’article d’envoyer promener l’argument de la pudeur :
Alors de quoi parlait-on, à mots couverts ? De l’éventuelle nudité des joueurs face à un œil féminin ? Du fait que ma présence puisse constituer une atteinte à leur pudeur ?
Il s’agit de sportifs professionnels, dont l’une des vocations est justement de se voir dépossédés de ce corps parfois malmené, pris en (de nombreuses) mains — kinésithérapeute, préparateur, quand ce ne sont pas celles de leurs adversaires ou de leurs supporters.
Et encore une fois, je n’aurais pas de mal à me laisser convaincre que là-dedans, c’est la fête à la saucisse décomplexée, mais l’argument, là, il me gène.
1. L’argument selon lequels les sportifs se verraient « dépossédés » de leur corps et qu’ainsi ils n’auraient plus droit à leur pudeur me semble vraiment problématique. Même dans le cas extrême de quelqu’un dont l’activité nécessiterait de se montrer nu.e en public (ce qui n’est pas du le cas ici), je ne vois pas pourquoi cette personne ne pourrait plus gérer sa pudeur comme elle l’entend. Même si ça ne semble pas très rationnel.
2. Et même, dans ce cas, je vois encore une grosse différence entre se livrer à des professionnels du soin qu’on fréquente régulièrement, et dont le métier est d’être discrets (d’accord, ce ne sont pas des médecins, mais c’est un peu le principe) ; et une journaliste dont le rôle est justement de rendre les choses publique. Je trouve assez normal de ne pas avoir le même rapport de « pudeur » avec dans le cadre d’un milieu clos et en confiance, et avec un.e journaliste.
3. La pudeur des autres… : les personnes qui décident de l’accès ou non au vestiaire ne sont pas les joueurs, mais des gens qui doivent prendre la responsabilité à leur place. Et je pense que là, l’argument de la pudeur que l’on prête aux joueurs prend encore plus d’importance. Décider de la pudeur (ou non) supposée d’une vingtaine de types différents, en leur nom, ça ne me semble pas du tout évident, et je pense que la plupart des gens, dans ce cas, préfèrent adopter une position prudente.