Le petit magazine qui ne se laisse pas caresser dans le sens du poil

http://www.kedistan.net

  • Mai 2018 Hautes-Alpes : un corps qui pourrait être celui d’une migrante découvert dans la #Durance

    –-> je refais ici un fil de discussion (pour archivage) autour de la mort de #Blessing_Matthew (son identité à été dévoilée quelques jours après la découverte du cadavre)

    Le parquet n’exclut pas qu’il s’agisse d’une migrante. La victime ne correspond à aucune disparition inquiétante.

    Macabre découverte dans la Durance (Hautes-Alpes). Le corps d’une jeune femme noire a été découvert, mercredi 9 mai, dans la rivière, annonce le parquet de Gap. « Cette découverte ne correspond pas à une disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui permette d’identifier la personne et donc de dire s’il s’agit d’une personne migrante », a précisé le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland.

    Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. « N’ayant pas en l’état d’éléments susceptibles d’être de nature criminelle, l’enquête a été ouverte du chef de ’recherche des causes de la mort’ », a indiqué le magistrat. Une autopsie sera réalisée lundi matin à l’institut médico-légal de Grenoble. « Les empreintes digitales seront exploitées afin de tenter de déterminer l’identité de la personne », a ajouté le procureur, invitant toute personne ayant des informations pouvant permettre de l’identifier à se manifester auprès de la gendarmerie.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/hautes-alpes-le-corps-d-une-jeune-femme-noire-decouvert-dans-la-durance

    Ce que craignait les professionnels de la montagne est en train de se réaliser ? Des cadavres qui font surface à la fonte des neiges ?

    https://seenthis.net/messages/688734#message693469

    #frontières #mourir_aux_frontières_alpines #morts #décès #migrations #asile #réfugiés #Alpes #montagne #mourir_aux_frontières #violent_borders #frontière_sud-alpine #Saint-Martin-de-Queyrières
    –—

    ajouté à la liste des personnes en situation migratoire mortes dans les #Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    elle-même ajoutée à la métaliste sur les mort·es aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Elle s’appelait #Mathew_Blessing...
      Communiqué de presse de Tous Migrants, 14.05.2018

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.
      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.
      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :
      ➢ Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      ➢ Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      ➢ Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.
      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.
      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :
      « Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter ».
      L’article R.434-19 du même code dispose également que :
      « Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger ».
      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.
      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des « identitaires » qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.
      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.
      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.
      Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.
      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.
      Briançon, le 14 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2151764471721787

    • Le corps retrouvé dans la Durance serait celui d’une migrante qui fuyait la police

      Selon une association, la jeune femme marchait en direction de Briançon lorsqu’elle a été surprise par des policiers.

      L’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances de la mort d’une jeune femme noire retrouvée dans la Durance (Hautes-Alpes) le 9 mai. Selon le procureur de Gap, Raphaël Balland, le corps n’a pas encore été « formellement » identifié.

      Mais pour l’association « Tous Migrants », qui vient en aide aux réfugiés dans la région depuis des mois, la jeune victime est une Nigériane de 21 ans qui voyageait avec deux hommes, également étrangers.
      Des policiers « dissimulés dans les fourrés »

      D’après « Tous Migrants », le 7 mai dernier, à l’aube, tous les trois marchaient sur une route nationale en direction de Briançon, lorsqu’ils auraient été surpris.

      Cinq policiers « dissimulés dans les fourrés » auraient fait irruption, provoquant la dispersion du groupe et une course-poursuite dans un village traversé par la Durance. Un des hommes y a été interpellé mais la jeune femme n’a plus donné signe de vie depuis, selon la même source.

      L’association, qui dénonce « les pratiques policières reposant sur des guets-apens », indique dans un communiqué avoir signalé ces éléments au parquet « afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances de ce drame ».

      http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-corps-retrouve-dans-la-durance-serait-celui-d-une-migrante-qui-fuyait-

    • Hautes-Alpes : la jeune noyée noire était-elle poursuivie par la police ?

      Mathew Blessing, 21 ans, Nigériane, n’a plus donné de nouvelles après avoir été poursuivie par la police le 7 mai, vers 5 heures du matin à La Vachette, hameau de la commune de Val-des-Prés (Hautes-Alpes). L’endroit se situe à 1 400 mètres d’altitude, juste sous le col frontalier de Montgenèvre qui constitue l’un des axes de passage importants des migrants d’Italie vers la France, malgré une importante présence policière.

      Deux jours plus tard, à quinze kilomètres en aval et de l’autre côté de la ville de Briançon, le corps d’une jeune femme noire a été retrouvé dans la Durance, sur un petit barrage. L’autopsie a établi qu’elle « serait décédée à la suite d’une noyade » selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, qui précise que « la jeune femme n’a pas encore été formellement identifiée » malgré l’appel à témoin lancé la semaine dernière.

      Le collectif briançonnais Tous migrants, qui regroupe les citoyens de la vallée engagés dans le soutien aux migrants, et notamment ceux qui vont leur porter assistance en altitude, n’a « quasiment aucun doute » sur le fait que la disparue et la noyée sont la même personne, dit l’un de ses membres, Michel Rousseau. Selon le communiqué de Tous migrants publié lundi soir, la jeune femme disparue marchait en direction de Briançon, après avoir réussi à passer la frontière, en compagnie de deux hommes dont les témoignages amènent l’association à redouter le pire : une noyade de la jeune femme lors de sa tentative d’échapper aux policiers. « La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes […]. Cinq policiers dissimulés dans les fourrés ont surgi brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant "police, police". Les trois personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champs en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’église. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les cinq policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. »

      Tous migrants, en raison « d’un faisceau d’indices concordants », a déposé lundi soir un signalement auprès du procureur de Gap. L’association soupçonne l’existence de délits de « mise en danger délibéré de la vie d’autrui », « homicide involontaire par imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité », « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « non-assistance à personne en danger », « discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence », ainsi que manquements au code de déontologie des policiers. Michel Rousseau est catégorique : « La gendarmerie dispose de tous les éléments que nous communiquons, nous ne sommes pas là pour faire une justice parallèle » et le parquet de Gap annonce qu’il « ne communiquera plus d’éléments sur les investigations en cours » d’ici la fin de l’enquête.

      Tous migrants exige solennellement « l’interdiction des pratiques policières de guet-apens et de chasse à l’homme » et « le rétablissement de l’Etat de droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte ». Avec d’autres associations, elle appelle à une veillée funèbre ce mercredi soir à La Vachette. Face aux eaux tumultueuses et glaciales de la Durance, gonflées par la fonte des neiges.

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/15/hautes-alpes-la-jeune-noyee-noire-etait-elle-poursuivie-par-la-police_165

    • Texte reçu par email, via @isskein, qui l’a reçu par une personne qu’elle ne connaît pas.
      Un texte poignant, qui vaut la peine d’être relayé :

      15 mai à 22:26
      Hautes-Alpes : Collomb envoi des renforts, un mort !
      Ou Génération Identitaire l’avait rêvé, les policiers l’ont fait.

      Ca y’ est, c’est sur toutes les lèvres... ce qui devait arriver, arriva. Ou devrait-on plutôt dire que c’est ce qu’ils ont décidé qui vient d’ arriver : la mort. Une jeune fille nigérianne a perdu la vie suite à une course poursuite avec la police lundi dernier 7mai, vers les 5h du matin, au niveau de la Vachette (pied du col de Montgenèvre). Son corps a été retrouvé immergé dans la Durance au barrage de Prelles, 10 km en aval, 3 jours plus tard.

      La militarisation de la Haute Vallée ne peut conduire qu’à des drames comme celui-ci. En plus d’empêcher illégalement des exilés de demander l’asile en France, elle leur ôte la vie, les traquant comme des animaux.

      NON la Haute Durance ne deviendra pas un tombeau à ciel ouvert.

      Pendant tout l’hiver, des dizaines de maraudeurs, de militants ont empêché la mort de frapper dans nos montagnes. Nous ne laisserons ni la police, ni les identitaires transformer la vallée en cimetière.

      Nous appelons à deux RENDEZ-VOUS ce MERCREDI 16 MAI

      11h30 devant le poste de police de Montgenèvre pour une assemblée, discussion, repas.
      20h30 à la Vachette (au croisement avec la route nationale), lieu du départ de la course poursuite meurtrière pour une veillée funèbre (ramenez des bougies et des fleurs, rassemblement en noir) pour les exiléEs.

      Nous demandons donc sans délais :
      – Le retrait immédiat des forces de police à la frontière.
      – La liberté de circulation pour toutes et tous.

    • Briançon • Elle s’appelait Mathew Blessing…

      A dix kilomètres de Briançon, une jeune femme nigériane, Mathew Blessing, âgée de 21 ans, a disparu le 7 mai dernier autour de 5h du matin. Son corps a été retrouvé dans la Durance, à proximité directe d’une prise d’eau du barrage de Prelles, sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières…

      Une coordination solidaire a été constituée, afin d’éclaircir les conditions du décès de Mathew, de suivre les résultats d’autopsie, de rechercher des proches éventuels, ainsi qu’organiser une commémoration et le retour de son corps vers son pays.

      Notre ami et collègue Sadık Çelik fait partie de cette coordination, en tant qu’automédia, et nous a fait parvenir le communiqué publié.

      Il nous fait aussi savoir qu’aujourd’hui des proches étaient arrivéEs sur place. Il y aura une enquête complémentaire indépendante à l’endroit où la jeune femme a été retrouvée morte. Un procureur de Gap a été saisi de l’affaire et a annoncé jusqu’alors un “décès par noyade”. Une plainte est déposée à la gendarmerie, et le communiqué de presse a suivi.

      Un rassemblement se déroulera demain, à 8h30, le 16 mai, à la mémoire de Mathew.

      Rappelons que ce n’est pas la première victime de cette chasse à l’homme aux frontières. En octobre, une enquête ouverte après la chute de deux migrants dans un ravin, au col de l’Echelle au-dessus de Briançon, survenue en août, fut classée sans suite. Ils avaient fuit une patrouille de gendarmerie…

      –-------

      Voici le communiqué de presse publié le 14 mai 2018, par “Tous migrants” sur leur page Facebook.
      Elle s’appelait Mathew Blessing…
      COMMUNIQUE DE PRESSE

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant”police, police”. Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.

      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.

      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :

      Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.

      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.

      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :

      Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter.

      L’article R.434-19 du même code dispose également que :

      Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger

      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.

      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des “identitaires” qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.

      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.

      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      • Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.

      • Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.

      • Nous exigeons le respect par tous de notre devise “liberté, égalité, fraternité”, à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Briançon, le 14 mai 2018

      –-------

      Entre les “arrestations” musclées et récurrentes dans les gares de la région, les destructions de moyens de survie, les poursuites judiciaires contre les “aidants”, l’abandon cet hiver en haute montagne, et l’acceptation tacite de l’aide de milices fascistes et identitaires dans leur chasse à l’homme, on aurait beaucoup de difficultés à reconnaître une “politique d’accueil et d’asile”, pourtant vantée dans un nouveau texte de loi récent en cours de vote vers le Sénat.

      Là encore, les “forces de l’ordre” font un travail d’Etat au service d’une idéologie de repli identitaire, électoralement dirigé. Le libéralisme économique destructeur de droits sociaux s’accompagne d’une politique répressive à l’encontre de celles et ceux qui résistent, et s’acharne contre les plus faibles, qui fuient la prédation économique et les guerres. L’alliance contre nature du suprématisme et du libéralisme est “en marche”, concernant les politiques migratoires…

      Rappelons que cette idéologie n’est pas majoritaire en France, comme le prouve d’ailleurs l’accueil qui est fait aux marcheurs, partis de la région, en route pour Calais et Londres, via Paris.

      Le décès de la jeune Mathew Blessing est la conséquence directe de cette guerre anti-migrants qui s’avance masquée derrière les rictus hypocrites des politiciens entrés en compétition avec l’extrême droite…

      https://www.youtube.com/watch?v=TiWCo6EeNoI&feature=emb_logo

      https://www.kedistan.net/2018/05/15/briancon-elle-mathew-blessing

    • Briançon • Chronique d’une mort annoncée

      Un récit traduit de l’Italien, fait par Le “Rifugio Autogestito Chez Jesus”, et paru dans le Quotidien Piémontais, qui précise et complète l’article d’hier, à propos du décès d’une jeune migrante près de Briançon.

      Une semaine a passé depuis la mort de B. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme “peut-être migrante” a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.

      Voici les faits.

      Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

      Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

      La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

      Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouvent alors à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq heures du matin, lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.

      La femme, elle, disparaît.

      La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et les policiers concentrent leurs recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différente des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que durant quelques dizaines de minutes. Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.

      50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’un mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.

      Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que “Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante”.

      Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ? Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?

      De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparue après une poursuite.

      Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions publiques en mars dernier.

      Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que “n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort”. Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.

      Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans. Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, B, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.

      B. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers.

      B. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s.

      Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.

      Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants.

      Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.

      Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.

      Si cela continue, les morts se multiplieront.

      14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus

      https://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2018/05/briancon-chez-jesus-refugies-sadik-celik-1.jpg
      https://www.kedistan.net/2018/05/16/briancon-chronique-mort-annoncee

    • LA FRONTIERA UCCIDE

      La militarizzazione è la sua arma.

      Una donna è morta. Un cadavere ancora senza nome è stato ritrovato mercoledì all’altezza della diga di Prelles, nella Durance, il fiume che scorre attraverso Briançon.

      Una donna dalla pelle nera, nessun documento, nessun appello alla scomparsa, un corpo senza vita e senza nome, come le migliaia che si trovano sul fondo del Mediterraneo.

      Questa morte non è una disgrazia inaspettata, non è un caso, non è “strana” per tanti e tante. Non c’ entra la montagna, né la neve o il freddo.

      Questa morte è stata annunciata dall’inverno appena passato, dalla militarizzazione che in questi mesi si è vista su queste montagne e dalle decine di persone finite in ospedale per le ferite procuratesi nella loro fuga verso la Francia. È una conseguenza inevitabile della politica di chiusura della frontiera e della militarizzazione.

      Questa morte non è una fatalità. È un omicidio, con mandanti e complici ben facili da individuare.

      In primis i governi e le loro politiche di chiusura della frontiera, e ogni uomo e donna in divisa che le porta avanti.

      Gendarmi, polizia di frontiera, chasseurs alpins, e ora pure quei ridicoli neofascisti di Géneration Idéntitaire, pattugliano i sentieri e le strade a caccia dei migranti di passaggio da questi valichi alpini. Li inseguono sui sentieri e nella neve sulle motoslitte; li attendono in macchina in agguato lungo la strada che porta a Briançon e quelle del centro città. Molti i casi quest’inverno di persone ferite e finite all’ospedale in seguito alle cadute dovute alle fughe dalla polizia.

      Quella donna era una delle decine di migranti che ogni giorno tentano di andare in Francia per continuare la propria vita. Per farlo, ha dovuto attraversare nella neve, a piedi, quella linea immaginaria che chiamano frontiera. Perché i mezzi di trasporto, sicuri, le erano preclusi data la mancanza di documenti e per la politica razziale di controllo che attuano al confine. Poi è scesa sulla strada, quei 17 chilometri che devono percorrere a piedi per raggiungere la città. È lungo quel tratto che deve essere inceppata in un blocco della polizia, come spesso viene raccontato dalle persone respinte. Probabilmente il gruppo di persone con cui era, che come lei tentava di attraversare il confine, si è disperso alla vista di Polizia o Gendarmerie alla ricerca di indesiderati da acchiappare e riportare in Italia, nel solito gioco dell’oca che questa volta ha ucciso.

      Questa donna senza nome deve essere scivolata nel fiume mentre tentava di scappare e nascondersi, uccisa dai controlli poliziesci. L’ autopsia avverà a Grenoble nella giornata di lunedì, solo allora sarà possibile avere maggiori dettagli sulla causa della morte.

      La frontiera separa e uccide.

      Non dimentichiamo chi sono i responsabili.

      Texte vu sur la page FB du refuge Chez Jesus : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=373079166510819&id=362786637540072
      Repris ici aussi : https://hurriya.noblogs.org/post/2018/05/12/frontiera-uccide-militarizzazione-sua-arma

    • "La migrante morta per scappare ai gendarmi è mia sorella: fatemela vedere"

      “Quello a Briançon è il corpo di mia sorella Blessing, ma i gendarmi mi impediscono di vederla”. È arrabbiata la sorella di #Blessing_Mathew, la giovane nigeriana, morta cadendo nella Durance, il fiume che da Montgenevre scorre verso il sud della Francia, mentre cercava di scappare dai gendarmi che pattugliano il confine per impedire ai migranti di valicarlo. “Sono andata dai poliziotti francesi al confine, volevo vedere mia sorella per aver conferma che fosse morta, ma me lo hanno impedito perché dicono che non ho i documenti per entrare nel loro Paese”.

      La donna ha un regolare permesso di soggiorno italiano, ma la sua carta d’identità non è valida per l’espatrio. Per questo ora si trova in Italia, a Claviere, negli spazi occupati sotto la chiesa del paese dal collettivo solidale con i migranti, in attesa di poter identificare il corpo di sua sorella. “Mi hanno prelevato del Dna per paragonarlo con quello del cadavere – racconta – Ma dicono ci vorranno 15 giorni per i risultati. Poi mi hanno interrogato a lungo, ma non mi hanno permesso di andare a vederla. Ho dato ai gendarmi anche le foto di mia sorella, non ci sono dubbi che sia lei. Poco lontano da dove è caduta hanno trovato una borsa con i suoi documenti”.
      Da Bari la donna ieri è arrivata a Torino per cercare di capire cosa fosse successo a sua sorella Blessing, 21 anni, scomparsa all’alba di lunedì 7 maggio. Il gruppo che era con la giovane si è sfaldato all’altezza di Vachette, il paese che si trova al fondo della lunga discesa da Montgenevre. Una pattuglia di gendarmi li ha sorpresi nel buio mentre cercavano di raggiungere Briançon e li ha inseguiti fin dentro l’abitato. Tre sono rimasti indietro, uno è stato catturato e rispedito in Italia, uno è riuscito a scappare ed è arrivato al centro Tous Migrants che è diventato il punto di riferimento per i migranti che usano la rotta alpina per raggiungere la Francia. Di Blessing però nessun traccia, se non quella borsa trovata lungo il fiume.
      Secondo il racconto di alcuni testimoni gli uomini delle forze dell’ordine francese hanno battuto le rive per alcune ore, prima di rinunciare. Segno che forse avevano capito cos’era accaduto. Il suo corpo è stato trovato solo tre giorni dopo nella diga di Prelles, a Saint Martin de Queyrières. Ancora oggi i gendarmi non hanno confermato né l’identità, né la dinamica della morte, su cui indaga la procura di Gap. “L’altro giorno qualcuno ha contattato mia madre in Nigeria dicendo che mia sorella aveva avuto un incidente – ricorda – Così ho chiamato la polizia e saputo cos’era successo. I gendarmi mi hanno fatto vedere i suoi vestiti, ma non so se fossero suoi perché non abitiamo insieme. Lei stava in un centro d’accoglienza a Torino”.

      Proprio da questo documento si è risaliti all’identità della giovane, ma il sospetto dei militanti del collettivo Chez Jesus – che per oggi hanno convocato un presidio al posto di confine di Claviere - è che le forze dell’ordine non vogliano confermare l’identità subito per far scemare la
      tensione che sta creando la notizia di una migrante morta al confine mentre cercava di fuggire dalla gendarmerie. “Ho chiesto loro cosa fosse successo, chi c’era con lei quando è caduta in acqua, quanto tempo ci è rimasta e chi l’ha trovata, ma non mi hanno risposto – attacca la sorella di Blessing – Voglio sapere cosa è accaduto a mia sorella e poterla salutare prima della sepoltura, non capisco perché me lo impediscano”.


      http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/05/16/news/_la_migrante_morta_per_scappare_ai_gendarmi_e_mia_sorella_fatemela

    • Ce midi devant la PAF à Montgenèvre, #Benoît_Ducos, un citoyen solidaire s’est adressé aux forces de l’ordre.

      A MESDAMES ET MESSIEURS LES POLICIERS ET GENDARMES

      "Mesdames, messieurs les Policiers et Gendarmes,

      Nous ne voulons pas qu’après l’enfer libyen et le cimetière méditerranéen, le passage de cette frontière se transforme en un nouvel obstacle meurtrier pour les exilés qui souhaitent venir en France.

      Nous vous demandons de cesser immédiatement les méthodes de cow-boys que vous employez ainsi que cette stratégie de la peur, de l’intimidation et de la répression des solidarités à laquelle vous jouez en mettant en pratique guets-apens, course-poursuites et chasses à l’homme envers des personnes parce qu’elles sont noires de peau ou qu’elles font preuve d’humanité.
      Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la bavure isolée mais dans la répétition systématique de graves atteintes aux droits fondamentaux des personnes de la part de fonctionnaires en charge normalement de protéger l’intérêt public.

      Un policier ou un gendarme se doit, dans l’exercice de ses fonctions de faire preuve de discernement.
      Où est il ce discernement lorsque vous osez poursuivre l’été dernier des jeunes exilés entre deux tunnels, dans la nuit noire, et que deux d’entre eux tombent dans un ravin, échappant à la mort par miracle mais dont l’un deux demeure gravement handicapé ?
      Où est il ce #discernement lorsque vous osez poursuivre en pleine nuit des exilés épuisés par la route et poussez l’un deux vers les eaux glaciales d’une rivière gonflées par la fonte des neige ?
      Où est il ce discernement lorsqu’une femme enceinte de 9 mois est interceptée ici même et que l’un d’entre vous ose lui rétorquer « ma mère à moi a bien accouché dans la neige, tu peux donc bien le faire aussi et même si c’est là devant la PAF ça ne me dérange pas » ?
      Où est il ce discernement lorsque des mineurs, isolés de surcroit, sont systématiquement refoulés. Où est il ce discernement lorsque des exilés pour vous échapper racontent qu’ils ont du traverser la rivière en crue à plusieurs reprises au péril de leur vie.
      Où est il ce discernement lorsque des personnes prônant la haine raciale vous remettent en main des exilés qu’ils ont intercepté et que vous osez les remercier pour le bon boulot qu’ils ont fait ?

      Un policier ou un gendarme se doit, même hors de l’exercice de ses fonctions, de porter assistance aux personnes en danger.

      Tous vous avez trainé vos guêtres sur les bancs de l’école. Je pense qu’un certain gouvernement de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie pour exterminer les juifs vous dit quelque chose. Rappelez vous, pendant cette période des solidaires et des fonctionnaires ont pris des risques pour les protéger et ont été traqués eux aussi.

      J’espère que vous faîtes le lien avec ce qui se passe aujourd’hui et que vous voyez de quelle machine vous êtes les serviteurs.
      La France en vous demandant d’agir ainsi ne respecte ni ses engagements internationaux ni les droits fondamentaux des êtres humains.

      Nous avons tous honte de cette situation et de ce qui se passe ici, certains d’entre vous aussi. Nous le savons parce qu’ils nous l’ont confié.

      Serons nous, un jour, comme ces femmes tunisiennes qui refusent désormais d’aller à la pêche parce les poissons qu’elles ramènent dans leurs filets se sont nourris de la chair de leur enfants ? N’oserons nous plus boire l’eau de nos sources ni mettre un pied sereinement en montagne parce que nous savons que des amis exilés y ont laissé leur vie, traqués comme du gibier.

      Mesdames, messieurs les policiers et gendarmes, posez vous simplement cette question car ce n’est pas un scénario improbable : que voudriez vous que l’on fasse pour vous si vous étiez un jour dans la situation de ces gens qui fuient leur pays ? Si un jour, vous deviez tout abandonner, si un jour vous deviez marcher pour échapper à la mort.
      Osez, vous poser cette question et allez jusqu’au bout du raisonnement. Que souhaiteriez-vous tous que l’on vous fasse, hormis du bien.
      Si vous n’êtes pas responsable du bien que vous ne faites pas, vous êtes par contre entièrement responsable du mal que vous faîtes.

      Les vrais femmes et hommes libres sont celles et ceux qui osent aller chercher leur rêve au bout du chemin, celles et ceux qui veillent contre les injustices.
      En acceptant d’obéir à des directives et des injonctions inhumaines vous trahissez chaque jour les valeurs que vous êtes sensés servir et qui sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles font pourtant la fierté de vos drapeaux sur lesquels sont inscrits ’République Française’. Chaque jour bafouées, elles font de vous les véritables personnes en situation irrégulière.
      Posez vos képis et cessez cette mascarade car vous n’êtes que les serviteurs de lois injustes et nombre d’entre vous le savent déjà.
      Si vous vous demandez encore << mais pourquoi le ferais-je >>, dites vous que parfois désobéir c’est se couvrir d’honneur.
      Pour Blessing, pour tous ceux qui souffrent au passage de cette frontière, pour tous ceux qui arrivent pour demander de l’aide et un peu de paix, pour nous tous, pour que nous n’ayons plus honte de notre pays, Mesdames, Messieurs les Policiers et Gendarmes, ayez le courage de le faire."

      Montgenèvre le 16 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152643054967262

    • La frontière tue

      elle s’appelait
      elle s’appelle elle s’appellera

      silence

      parfois il vaut mieux le silence
      que de parler à travers ou au travers
      d’appeler au calme
      de parler au nom

      la frontière
      les papiers
      ses agents armés
      la traque
      la peur
      la rivière
      la mort

      fascistes État le travail est le même
      l’histoire sait

      administration
      uniforme
      banal

      expulsions
      déportations
      colonisation

      la terreur c’est l’État
      la Justice son sacre

      balland bigot macron collomb
      ce sont eux que la rivière devrait emporter
      ça ne suffira pas

      soyons la crue et non la berge
      soyons les sources qui percent la roche
      que nos larmes forment un torrent de rage

      elle est morte en passant par la montagne
      tuée par la frontière
      et ceux qui la défende

      ne confondons pas le torrent
      et ceux qui nous poussent
      à l’eau

      https://valleesenlutte.noblogs.org/post/2018/05/14/la-frontiere-tue

    • SO SORRY
      Que la terre lui soit légère

      Ce soir à la Vachette, au bord de la Durance ces quelques mots adressés à la famille de Blessing.

      Comment vous dire ? / So Sorry

      A vous les sœurs de Blessing, à vous tous les membres de sa famille et tous ses amis, qui avez perdu le sourire de Blessing, comment vous dire notre tristesse, notre désarroi, notre colère de savoir que c’est dans notre pays, dans nos montagnes que Blessing s’est perdue à jamais ?
      Comment vous dire combien chacun d’entre nous voudrait s’associer profondément à votre chagrin de l’avoir perdue si jeune, en plein espoir d’une vie meilleure ?

      Mais nous avons si honte des sombres événements qui se produisent dans nos montagnes depuis de nombreux mois, que nous osons à peine vous adresser ces quelques mots de compassion.
      Certains d’entre nous sillonnent les montagnes pour tenter de vous protéger contre ces drames nocturnes, d’autres vous accueillent dans les refuges solidaires ou dans leurs maisons, et vous accompagnent dans vos longs et douloureux périples, parfois à leurs risques et périls.
      Mais comment vous dire notre impuissance à permettre que vous soyez toujours accueillis dans le respect et la dignité, malgré toute notre bonne volonté ?

      Nous ne connaissions pas Blessing mais chacun de nous peut se reconnaître en elle, qui aspirait simplement à construire sa vie.
      Comment vous dire que nous saluons le courage qu’il lui a fallu, ainsi qu’à vous tous, pour tout quitter et arriver jusqu’à nous, dans l’espoir d’un possible que vous ne trouvez plus chez vous ?

      La mort de Blessing, nous la portons tous en nous, non seulement comme un drame personnel, mais aussi comme un échec de notre France soit-disant des droits de l’homme, de notre Europe qui ne sait pas ouvrir ses portes.
      Comment vous dire que nous ne voulons pas que sa mort soit vaine, que nous nous battrons pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli, et pour que les lois changent ou soient appliquées ?

      Comment vous dire que chacune des fleurs, chacune des bougies que nous allumons ce soir pour Blessing, est un désir de s’associer à votre peine, un chuchotement de réconfort à votre oreille.

      Comment vous dire que jamais plus nous ne pourrons regarder les belles rivières de nos vallées : La Clarée, la Durance, sans penser à Blessing, à vous tous, au combat de solidarité qui est le nôtre ?

      Puisse Blessing nous donner la force de ne jamais baisser les bras.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152699918294909

    • La noyée de la Durance serait bien la migrante Nigériane de 21 ans

      Le procureur de la République de Gap a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.
      Dans un communiqué cette après-midi, le procureur de la République de Gap Raphaël Balland a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles (Saint-Martin-de-Queyrières) serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.

      « En l’absence d’élément formel d’identification de la jeune femme décédée par noyade et retrouvée dans la Durance le 9 mai 2018, une expertise génétique a été effectuée par l’IRCGN [Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, NDLR] par comparaison du profil génétique de cette jeune femme avec celui d’une femme de nationalité nigériane, vivant en Italie, et qui s’était présentée auprès des enquêteurs le 15 mai 2018 comme étant possiblement sa sœur qu’elle n’avait plus revue depuis environ 10 ans », précise le magistrat.

      Il poursuit : « Ce jour, cette expertise a conclu à une très forte probabilité qu’il s’agissait effectivement de sa sœur (2000 fois plus probable que par rapport à une personne qui ne serait pas sa sœur). Il s’agirait donc de Blessing Matthew, autrement appelée Blessing Obie. »

      Cette comparaison de profil génétique s’ajoute à d’autres éléments recueillis par les gendarmes ces derniers jours, selon Raphaël Balland, dont des témoignages et « la découverte le 7 mai 2018 par les gendarmes d’un sac contenant un certificat médical au nom de Blessing Matthew à proximité de la Durance sur la commune de Val-des-Prés ».

      « Les investigations [...] se poursuivent pour compléter les éléments d’identité de cette jeune femme et tenter de connaître les circonstances précises de ce décès », conclu le magistrat gapençais.


      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2018/05/18/la-noyee-de-la-durance-serait-bien-la-migrante-nigeriane-de-21-ans

    • COMMUNIQUE DE PRESSE de Tous Migrants du 22.05.2019

      MAMADOU, BLESSING
      Deux morts à en dix jours à la frontière franco-italienne
      Protégeons les humains, pas les frontières

      Ce vendredi 18 mai en fin d’après-midi, des randonneurs ont découvert le corps de Mamamdou, un migrant mort d’épuisement en tentant de passer la frontière franco-italienne. Son compagnon d’infortune a lui aussi frôlé le drame.

      Il y a 10 jours, une jeune femme Nigériane, Blessing Matthew avait été retrouvée noyée dans la Durance. Elle avait été effrayée en amont par un contrôle de police.

      Depuis des mois des habitants du Briançonnais sont mobilisés pour accueillir les personnes exilées dignement et pour tenter d’éviter les drames. Chaque nuit, des solidaires, traqués eux aussi par la Police, ont veillé et porté secours aux exilés en grande difficulté dans la neige et le froid… pour que les Alpes ne soient pas une autre Méditerranée, un cimetière à ciel ouvert.
      Déjà deux drames de trop depuis la fonte des neiges… deux drames qui ne sont pas des accidents, mais bien la conséquence d’une politique mortifère.

      Aujourd’hui, c’est la politique toujours plus répressive du gouvernement, l’envoi de renforts de gendarmerie, le non-respect de la loi et le bafouement des droits humains qui obligent ces hommes et ces femmes à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles de police et qui conduit à ces drames.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que nos montagnes constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, la traversée de la Méditerranée, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le respect des droits des personnes étrangères qui frappent à notre porte.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Que les morts reposent en paix. Que les vivants soient protégés. Sans relâche.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2155513458013555:0

    • Deux migrants morts mais pas de coupable pour le parquet

      Le procureur de la République de Gap vient de classer “sans suite” les enquêtes judiciaires relatives aux décès de Blessing Matthew et Mamadi Conde survenus en 2018 dans le Briançonnais. Pour le parquet, aucune infraction n’a été commise par les forces de l’ordre pourtant pointées du doigt par les associations de défense des migrants.

      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2019/05/08/deux-migrants-morts-mais-pas-de-coupable-pour-le-parquet

    • Blessing, migrante noyée dans la Durance : des mois de silence et un dossier en souffrance

      Il y a un an, le corps de Blessing Matthew était retrouvé contre un barrage des Hautes-Alpes. La Nigériane, qui venait de franchir la frontière, fuyait une patrouille de gendarmes. Le parquet a écarté lundi leur responsabilité, ce que contestent sa sœur et l’association Tous migrants.

      C’était il y a un an. Le 7 mai 2018, Blessing Matthew s’est noyée dans la Durance à La Vachette (Hautes-Alpes), un lieu-dit de Val-des-Prés situé sur la route de Briançon. Cette Nigériane de 20 ans venait juste de passer la frontière franco-italienne, de nuit, en groupe et par les sentiers, dans le secteur du col de Montgenèvre. Selon ses compagnons de traversée, la dernière fois qu’elle a été vue, peu avant l’aube, elle était poursuivie par les forces de l’ordre, boitillante, épuisée et terrifiée, sur les berges du torrent en crue printanière. Le 9 mai, son corps est retrouvé à dix kilomètres en aval, flottant contre un barrage EDF du village de Prelles. La jeune femme ne porte plus que sa culotte, un anneau d’argent et un collier avec une pierre bleue. C’est le premier cadavre retrouvé depuis le début de l’afflux de migrants à la frontière des Hautes-Alpes, en 2016. Depuis, les corps de trois autres Africains ont été découverts dans la montagne. L’histoire de Blessing est pourtant une tragédie à part. Parce que c’était une femme, alors qu’elles sont ultra-minoritaires sur la frontière, parce que c’était la première victime, et parce que les conditions de sa mort restent troubles.

      Le 25 septembre 2018, sa sœur aînée, Christina, qui vit en Italie, pays dont elle a la nationalité, porte plainte « contre X, pouvant être les représentants de l’autorité publique » pour « homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger ». Depuis, le parquet de Gap, à l’exception d’une demande d’identité de témoins cités dans la plainte, ne s’était plus manifesté. Sept longs mois de silence donc. Jusqu’au classement sans suite, lundi soir, par le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, de l’enquête « pour recherche des causes de la mort » ouverte à la découverte du corps.

      Confiée aux gendarmes de Briançon et à ceux de Marseille pour la partie « tentative d’interpellation » de Blessing, l’enquête a conclu « à l’absence d’infraction » de la part des gendarmes mobiles. La plainte de Christina, reçue « en phase de clôture de l’enquête » n’a pas changé sa nature, ni donné lieu à la saisine de l’Inspection générale de la gendarmerie, détaille le procureur : « Les gendarmes n’ont distingué que trois silhouettes dans la nuit, sans déceler qu’il y avait une femme » et « n’ont pas entamé de course-poursuite mais ont mis en œuvre un dispositif de recherche des trois migrants dans la zone de fuite. »

      Trop tard et trop peu pour Christina et l’association briançonnaise Tous migrants : elles se sont constituées partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, comme le permet la loi lorsque le parquet ne donne pas suite à une plainte dans un délai de trois mois. Maeva Binimelis, du barreau de Nice, signe la nouvelle plainte au nom des trois avocats de Christina et de Tous migrants.

      L’ouverture d’une instruction, désormais incontournable, permettra aux parties civiles d’avoir accès à l’enquête : « J’ai des doutes sur sa qualité. Le parquet a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir ? » interroge l’avocate. Christina, « terriblement choquée », veut « éclaircir les zones d’ombre. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce un accident ? Quel rôle ont joué les forces de l’ordre ? »
      Lampes torches

      La nouvelle plainte s’appuie sur une version différente de celle des enquêteurs, établie par le travail des militants de Tous migrants, mobilisés dès la découverte du corps. Ils retrouvent Roland, l’un des compagnons de Blessing, Nigérian lui aussi, au principal lieu d’accueil de Briançon, celui de l’association Refuges solidaires qui a accueilli 8 550 migrants depuis juillet 2017. Roland leur raconte que Blessing, épuisée, Hervé (un troisième Nigérian) et lui-même ont été surpris par cinq « policiers » vers 5 heures du matin après avoir marché toute la nuit. Lampes torches allumées près d’eux, ils crient « police ! » Les trois Nigérians détalent vers La Vachette, en contrebas. Roland se cache à l’entrée du hameau, voit les autres s’enfuir et les forces de l’ordre patrouiller longuement avant de partir. Si Roland n’a pas été arrêté, Hervé a été interpellé ce matin-là puis reconduit à la frontière, selon le monde opératoire classique dans les Hautes-Alpes : 1 899 « non-admissions » en 2017, 3 409 en 2018, et 736 déjà en 2019 selon la préfecture, en application de la règle européenne prévoyant que les demandes d’asile doivent être faites dans le premier pays d’arrivée.

      Gisèle Peyronel est une des trois personnes qui viennent entretenir sa tombe. Photo Eric Franceschi

      Tous migrants localise Hervé dans un camp de Turin et son témoignage, recueilli par l’avocat italien de Christina, confirme et précise celui de Roland. Les « policiers » qui « leur courent après » ont leurs armes à la main et menacent de tirer, assure-t-il. Caché en contrebas de l’église, au-dessus de la Durance, il aperçoit Blessing sur l’autre rive, accroupie dans un pré, des lampes torches allumées non loin d’elle. Repéré, il s’enfonce dans des taillis et ne la voit plus, mais il l’entend crier et appeler à l’aide pendant plusieurs minutes. Puis plus rien. Les « policiers » continuent à chercher sur la rive.

      Un troisième témoin rencontré par Tous migrants, J., séjournant dans un gîte à proximité, a été réveillé au petit matin par un « déploiement impressionnant » : des ordres sont criés, trois utilitaires de la gendarmerie sont stationnés dans la rue, une dizaine de gendarmes fouillent les jardins, les abords de la rivière. Michel Rousseau, pilier de Tous migrants, détaille ce recueil de témoignages, mission habituelle de l’association : « Ces témoins, choqués mais clairs dans leurs propos, nous ont parlé en toute connaissance de cause. Nous avons vérifié leurs récits sur les lieux. Tout se tient. » Dès le 14 mai 2018, l’association alerte le procureur, par signalement. Ses militants, puis Roland, sont ensuite entendus par les gendarmes. L’association, en parallèle, dénonce publiquement « les pratiques policières révoltantes reposant sur des guets-apens et des courses poursuites ». Ce signalement auprès du procureur avait été le premier. Depuis, Tous migrants, sous l’égide de Me Binimelis, en a déposé huit autres, reprochant aux forces de l’ordre violences, délaissements de personnes vulnérables, faux en écriture publique, destructions de documents, vols, injures à caractère racial… Deux victimes ont même porté plainte pour « violences aggravées » et « vol aggravé ».

      L’avocate explique que le parquet ne lui a fait part d’aucune prise en compte de ces signalements et plaintes. « Il y a pour moi deux poids et deux mesures : pour les militants solidaires, la machine pénale va jusqu’au bout, mais lorsqu’on suspecte des représentants de la force publique, aucune suite ne semble être donnée. » Depuis un an, 10 militants solidaires ou maraudeurs ont été condamnés à Gap pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire », dont deux, à de la prison ferme.
      « Mise en danger »

      Contacté par Libé , le procureur de Gap assure que « la totalité des signalements et plaintes a été traitée », donnant lieu soit « à des vérifications auprès des services potentiellement concernés », soit « à l’ouverture d’enquêtes préliminaires », dont il ne précise pas la nature, soit à leur ajout« à d’autres procédures en cours ». Il déplore la « posture » de Tous migrants qui consiste à lui fournir des « éléments quasi inexploitables : des témoignages anonymes, ne permettant pas d’identifier les forces de l’ordre visées ».

      Hervé, le témoin clé concernant Blessing, n’a ainsi pas été entendu, explique le procureur qui regrette que Tous migrants ne lui ait pas communiqué « les éléments du témoignage » de cet homme et son identité complète. Les enquêteurs l’avaient joint par téléphone au début de l’enquête mais il avait « refusé de revenir en France pour témoigner », dit le procureur…

      Sur la même période, les témoignages d’infractions commises par les forces de l’ordre, en particulier de par la police aux frontières, se sont multipliés. Les chasses à l’homme - ou « chasses au Noir », comme le lâche Maeva Binimelis - n’ont par ailleurs jamais cessé. « C’est tous les jours, à pied, en quad ou à motoneige, avec des jumelles infrarouges et même des chiens parfois », détaille un maraudeur briançonnais. La Commission nationale consultative des droits de l’homme, institution officielle venue en inspection à Briançon, a invité l’Etat, en juillet, à « prendre immédiatement les mesures qui s’imposent à la frontière franco-italienne pour mettre fin aux violations des droits fondamentaux et aux pratiques inhumaines », à « sortir du déni » et à « modifier radicalement sa politique responsable de la mise en danger d’êtres humains ». La préfecture des Hautes-Alpes indique que « ce rapport à portée nationale n’appelait pas de réponse locale, même si certains faits, appréciations et interprétations pourraient être discutés ».

      Treize ONG, menées par Amnesty et l’Anafé, ont lors d’une mission en octobre récolté « de nombreux témoignages de violation des droits […] et de menaces proférées par les policiers » et déposé 11 référés-liberté, dont 8 pour des mineurs isolés refoulés. La préfecture fustige ce rapport « outrancier et erroné », assurant que les forces de l’ordre « exercent leurs missions dans le strict respect de la loi » et ont « pour consigne constante de considérer en toutes circonstances l’état de vulnérabilité des personnes ». Elle ajoute que signalements et plaintes sont du ressort de la justice et qu’elle n’en a « pas été destinataire ». Michel Rousseau gronde : « Ce qui se passe ici révèle la violence directe, brutale et barbare de notre système. »

      Dans un recoin du cimetière de Prelles, à l’écart, Blessing repose sous un tumulus de terre. Il y a toujours des fleurs fraîches sur sa tombe.

      https://www.liberation.fr/france/2019/05/07/blessing-migrante-noyee-dans-la-durance-des-mois-de-silence-et-un-dossier-en-souffrance_1725550/?redirected=1&redirected=1

    • 12.01.2021

      Hautes-Alpes : Un avocat tente de relancer l’affaire de la migrante retrouvée morte

      Classée sans suite, l’affaire de la migrante retrouvée morte noyée dans les Hautes-Alpes est en passe d’être relancée

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap, l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.​

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me Vincent Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier.

      Pourchassée dans la forêt

      L’association avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête. « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth.

      L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits. « Un témoin confirmant qu(e la migrante) a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également. Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie.

      https://www.20minutes.fr/justice/2951195-20210112-hautes-alpes-avocat-tente-relancer-affaire-migrante-retro

    • Hautes-Alpes : le délibéré de l’appel pour relancer l’affaire Blessing Matthew fixé au 9 février

      Chaque hiver, des migrants tentent de franchir la frontière à pied dans le froid glacial des nuits montagnardes. Depuis une semaine, presque chaque nuit, des interventions de secours ont lieu à la frontière franco-italienne du Briançonnais. Samedi soir, sept personnes « en transit » étaient activement recherchées vers Cervières. Plus tôt, quatre autres migrants étaient secourus à Montgenèvre. Lundi dernier, une dizaine d’entre eux étaient retrouvés en situation de péril au col de Montgenèvre.

      Si la problématique migratoire est bien moins importante aujourd’hui, elle ne cesse d’être présente au quotidien dans les Hautes-Alpes à travers les secours à personne, l’accueil solidaire ou les dossiers en justice.

      A ce titre, l’affaire Blessing Matthew pourrait bien être relancée par l’avocat de l’association Tous migrants. Le dossier, classé sans suite par le parquet de Gap en 2019, a été examiné mardi dernier par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Maître Vincent Brengarth avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020. L’association Tous migrants avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite. Selon l’avocat, la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap qui n’est pas indépendant ». De même, un témoin a affirmé que « la migrante a été pourchassée dans la forêt » et n’a pas été entendu.
      Pour mémoire, Blessing Matthew était une jeune Nigériane de 21 ans qui avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières le 7 mai 2018 après avoir traversé la frontière. Elle a été inhumée dans le cimetière du village de Prelles.

      Maître Vincent Brengarth attend maintenant le 9 février prochain, date à laquelle sera rendu le délibéré qui pourrait ou non relancer l’affaire :

      https://www.dici.fr/actu/2021/01/18/hautes-alpes-delibere-de-l-appel-relancer-l-affaire-blessing-matthew-fixe-9-fev

    • Mort d’une jeune Nigériane en 2018 : l’avocat de Tous migrants veut relancer l’affaire

      #Blessing_Matthew avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018, au barrage de Saint-Martin-de-Queyrières, dans les Hautes-Alpes. Le parquet de Gap avait, un an plus tard, classé l’affaire de la mort de la jeune femme sans suite. Au grand dam de l’association #Tous_migrants qui n’a, depuis, de cesse de la relancer.

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap , l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.

      L’affaire devant la cour d’appel de Grenoble

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me #Vincent_Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier. L’association avait déposé une #plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le #classement_sans_suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête.

      « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth. L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits.

      « Un témoin confirmant [que la migrante] a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également.

      Elle venait de franchir la frontière

      Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à #Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie. Sa sœur avait alors porté plainte en accusant les gendarmes d’avoir tendu un « véritable #guet-apens » au groupe dans lequel Blessing Matthew figurait.

      Décision le 9 février

      L’enquête avait déterminé que les gendarmes mobiles « s’étaient identifiés à haute voix » avant un contrôle, provoquant la fuite de la jeune femme et de ses deux compagnons.

      Selon le parquet de Gap, « les circonstances précises dans lesquelles [elle] aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ». La section de recherches de Marseille avait finalement « conclu à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles », avait relevé le parquet. La décision a été mise en délibéré au 9 février.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2021/01/13/mort-d-une-jeune-nigeriane-en-2018-l-avocat-de-tous-migrants-veut-relanc

  • Rojhelat • L’eau se fait rare, la colère monte à Sanandaj | KEDISTAN
    http://www.kedistan.net/2020/11/11/sanandaj-rojhelat-eau-rare-colere-monte

    “Quand le régime a pris le pouvoir en Iran, il a mis en place une division agricole pour les différentes régions. Par exemple, les agrumes pour le nord de l’Iran, du blé et du grain pour le centre et le #Kurdistan. […] Le gouvernement accorde certaines aides à ceux qui cultivent ce qu’il leur demande pour les encourager. Mais ces aides ne sont pas basées sur des recherches agricoles et elles ne sont pas écologiques, elles sont basées seulement sur la demande. Par exemple, Khamenei dit qu’on veut être autosuffisant pour le blé. Donc une grande quantité des eaux souterraines sont extraites dans ce but, seulement pour dire que l’Iran est autosuffisant dans la production de blé. Ce n’est pas écologique. En Iran, il y a 600 plaines, dont 270 sont complètement sèches et incultivables. C’est le résultat de l’utilisation abusive des eaux souterraines. […] Les réserves aquifères doivent être utilisées à 20 % au maximum, c’est-à-dire dans les situations les plus tendues. […] L’Iran qui a déjà utilisé près de 80 % de ses réserves d’eaux. L’agriculture en Iran est en crise et les plaines vont devenir des déserts. La question de l’eau sera un problème crucial pour l’avenir de l’Iran.”

    #kedistan #kurdistan_iranien #pollution #arsenic

  • Erdoğan, Frérot 1er, contre les mécréants | KEDISTAN
    http://www.kedistan.net/2020/11/05/erdogan-frerot-1er


    petit florilège d’un “partenariat stratégique“…

    • Les élections présidentielles en Turquie, qui permettront à Erdoğan de revêtir le nouvel habit constitutionnel faisant de lui un super président ont lieu en juillet 2018.

    • La France reçoit Erdoğan à deux reprises cette même année, en janvier, puis en novembre.

    En janvier, le ministre des affaires étrangères Le Drian commente ainsi : “… La Turquie reste un partenaire stratégique à bien des égards, en matière de migrations, de lutte contre le terrorisme, de résolutions de crises régionales, même si le dialogue doit être exigeant sur les engagements que la Turquie a pris elle-même sur les Droits de l’Homme…” Le même, en mars 2018, alors qu’Erdoğan fait donner la troupe pour envahir Afrin, territoire kurde de Syrie, recommandera “la modération” à celui qui sans doute résout là “une crise régionale” et “lutte contre le terrorisme“.

    Le 11 novembre 2018, le Président invite des “chefs d’Etat” pour les cérémonies du 11 novembre. Erdoğan en est. Il fait une promenade dans Paris et salue “quatre doigts et pouce replié” (signe “rabia”) une petite foule à drapeaux turcs venue l’accueillir. Un peu d’émotion dans le Figaro. Erdoğan accompagne avec une déclaration en disant qu’il salue “les frères” et dénonce “l’influence corruptrice de l’Occident“.

    • En décembre 2018, Erdoğan passe trois journées en Allemagne, inaugure une mosquée et passe à la caisse. Rappelons que la diaspora turque en Europe lui a apporté un million de voix, 6 mois auparavant.

    • Enfin, en mars 2018, Erdoğan exige 3 milliards supplémentaires à l’UE dans le cadre du deal sur les migrants du 18 mars 2016, après de multiples chantages déjà exercés en 2016 et 2017.

    https://www.youtube.com/watch?v=_74nVpLVn9Q&feature=emb_logo


    System Of A Down - Genocidal Humanoidz

    #kedistan #erdogan #anathème

    • face à l’islamisme, l’antifascisme internationaliste.
      https://www.revue-ballast.fr/face-a-lislamisme-lantifascisme-internationaliste

      Dans les Yvelines, un professeur est décapité par un partisan du djihadisme international ; ici et là, des sympathisants des Loups gris turcs se lancent dans des chasses aux citoyens français d’origine arménienne ; en Autriche, un homme ouvre le feu sur des civils décrits comme autant de « croisés » par le communiqué de revendication de Daech ; en Syrie, l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) — née dans le prolongement de la révolution menée au #Rojava —, redoute une quatrième invasion de la part des troupes turques et rebelles. Pour réfléchir aux tenants et aux aboutissants de ces différentes offensives fascistes, nous nous entretenons avec Azad Baharavi, conseiller de la Représentation du Rojava en France et partisan d’une politique d’émancipation internationaliste.

      #ballast

  • 6 ans pour Kedistan, ça mériterait un Bella Ciao | KEDISTAN
    http://www.kedistan.net/2020/10/01/6-ans-kedistan-bella-ciao
    https://www.youtube.com/watch?v=Qwbh6ZHEiUc&feature=emb_logo


    Grup Yorum - Bella Ciao (Live in Istanbul)

    Le site venait de voir le jour quelques jours plus tôt. Daesh se retournait contre Kobanê, après avoir commis son génocide contre les populations yézidies, et la Turquie fermait ses frontières aux réfugiés de Nord Syrie, kurdes en majorité. “Bella Ciao” prenait alors tout son sens. Et si la liberté de ton s’imposait pour ne pas sombrer dans le catastrophisme, choisir le fond et l’analyse nous paraissait plus utile que diffuser du sensationnel.

    #kedistan #anniversaire

  • Le Covid 19, une zone de guerre ? | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/carol-mann/blog/130420/le-covid-19-une-zone-de-guerre

    Contrairement aux conflits armés, les soldats se retrouvent ici dans une situation pire que celle des soldats mal équipés, l’équivalent de fantassins miséreux du Moyen-Âge confrontant une Panzer Division, les arbalètes en moins. Ceux qui travaillent « sur le front » dans les secteurs de la santé, la distribution, la livraison travaillent 60 heures par semaine ou plus dans des conditions dangereuses sans aucune autre option. Oui, le monde applaudit et chante à leur fenêtre tous les soirs pour saluer les médecins et les infirmières, mais ces héros œuvrent sans masques ni blouses et leur nombre de morts est élevé.

    https://womeninwar.org/wordpress
    source : http://www.kedistan.net/2020/04/14/covid-zone-de-guerre

    • Refoulés, détenus, tués…. Quand la Turquie a annoncé l’ouverture de ses frontières, la réponse de la Grèce a été sanglante. Retour sur des violences terribles aux frontières de l’Union européenne.

      Depuis le 27 février, des milliers de personnes se sont dirigées vers la frontière gréco-turque sur l’incitation des autorités turques qui ont même facilité leurs déplacements. Certains demandeurs d’asile et leurs familles vivant en Turquie ont même abandonné leur logement et dépensé tout leur argent pour entreprendre ce périple.

      Cependant, les autorités grecques ont entravé les personnes tentant de franchir la frontière en renforçant les contrôles et en faisant intervenir la police et l’armée qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau, des balles en caoutchouc et des balles réelles.
      Deux morts, une disparue

      Dans le cadre de ces violences, au moins deux hommes ont été tués et une femme est portée disparue.

      Muhammad Gulzari, un Pakistanais de 43 ans, a été touché à la poitrine alors qu’il tentait de passer en Grèce au point de passage de la frontière de Pazarkule/Kastanies, et a été déclaré mort dans un hôpital turc le 4 mars. Au cours de ce même événement, cinq autres personnes ont été blessées par balles. Un Syrien de 22 ans, Muhammad al Arab, est également mort dans le secteur.

      Une troisième personne, Fatma [N.D.L.R : nom modifié] originaire de Syrie, est portée disparue et présumée morte. Fatma et son époux ont été séparés de leurs six enfants alors qu’ils tentaient de traverser le fleuve Evros/Meriç, pour entrer en Grèce. Ahmed [N.D.L.R : nom modifié] témoigne que son épouse a disparu et est présumée morte : des soldats grecs ont tiré dans sa direction alors qu’elle tentait de rejoindre leurs enfants, sur la rive grecque du fleuve.

      Selon le témoignage d’Ahmed, il a ensuite été détenu par les autorités grecques, tout comme leurs enfants, pendant quatre ou cinq heures. Pendant leur détention, ils ont été déshabillés et dépouillés de leurs affaires. Ils ont ensuite été ramenés au fleuve et placés dans une embarcation en bois qui les a reconduits, avec d’autres, sur la rive turque. Bien qu’il ait engagé des avocats dans les deux pays pour découvrir ce qui était arrivé à sa femme, Ahmed ne sait toujours pas ce qui s’est passé.

      Coups de matraques, détentions, vols

      Des réfugiés et migrants ont témoigné que les gardes-frontières les ont frappés à coups de matraques, détenus sur des sites dans la zone frontalière pendant des périodes allant de quelques heures à plusieurs jours et renvoyés en Turquie à bord d’embarcations, sur le fleuve Evros/Meriç, par groupes. Ils ont aussi pris leur argent – dans certains cas des milliers de dollars, soit toutes leurs économies – et leur seul espoir de démarrer une nouvelle vie en Europe.

      J’ai traversé le fleuve et ai marché sur le territoire grec pendant quatre jours et quatre nuits, avant de me faire attraper. Ils m’ont conduit dans un endroit où ils m’ont frappé et ont pris mon téléphone et mon argent, 2 000 Lires [environ 275 euros], c’est tout ce que j’avais. Ils m’ont ramené en Turquie en me faisant traverser le fleuve et m’ont laissé là, sans manteau ni chaussures.

      Toujours aucune possibilité de demander l’asile

      En réaction aux actions de la Turquie, la Grèce a renforcé ses capacités de patrouille en mer, avec 52 vaisseaux supplémentaires chargés d’empêcher les arrivées sur les îles et des ressources supplémentaires de Frontex (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes).

      En parallèle, la Grèce a suspendu la possibilité de demander l’asile pendant un mois, en violation flagrante du droit international et européen. Si cette mesure a cessé d’être en vigueur le 2 avril, les personnes en quête de sécurité ne peuvent toujours pas solliciter l’asile. En effet, les activités du Service d’asile grec sont suspendues jusqu’au 13 mars en raison du COVID-19.

      Dans les îles de la mer Égée, toutes les personnes arrivées après le 1er mars 2020 étaient détenues de manière arbitraire dans des installations portuaires et d’autres zones, sans pouvoir demander l’asile et risquant d’être renvoyées en Turquie ou vers des pays « d’origine ou de transit ».

      Sur la seule île de Lesbos, environ 500 personnes arrivées par la mer, dont plus de 200 mineurs, ont été retenues pendant plus de 10 jours sur un navire de la marine grecque, habituellement utilisé pour transporter des tanks et autres véhicules militaires.

      Toutes les personnes détenues sur les îles ont finalement été transférées vers des centres de rétention plus grands, en Grèce continentale, le 20 mars, où elles sont détenues dans l’attente des décisions de renvoi et sans pouvoir demander l’asile.

      La Grèce doit changer rapidement de cap et autoriser tous les nouveaux arrivants à bénéficier de procédures d’asile et de services élémentaires. Elle doit transférer les personnes qui se trouvent dans les centres de rétention et les camps insalubres vers des structures sûres et adaptées. La propagation rapide du COVID-19 ne fait qu’en souligner l’urgence.

      #frontex #europe #assassin

      Il y a deux actions faciles de proposées par AI https://www.amnesty.fr/actions-mobilisation/grece-protegeons-les-refugies-du-covid-19-
      un mail et pour celleux qui ont touiter un message sur le réseau

    • La frontière gréco-turque a vu affluer un nombre considérable de migrantEs, du fait d’un chantage du régime turc en direction de l’Union Européenne. Le “coronavirus”, là aussi agit comme un révélateur, en même temps qu’il menace.
      http://www.kedistan.net/2020/03/19/frontiere-europeenne-rester-retourner
      http://www.kedistan.net/2020/03/28/evacuation-migrants-frontiere-grece-turquie
      https://www.amnesty.org/en/get-involved/take-action/greece-refugees-coronavirus-covid-19
      #kedistan

  • « En ce dimanche », en France, le croyant va aller partager ses miasmes dans la joie (plus près de toi Seigneur). Les Italiens, eux, ont tout fermé (mêmes les obsèques).

    Suspension de toutes les messes publiques en Italie jusqu’au 3 avril
    https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-03/suspension-des-messes-publiques-en-italie.html

    Cette décision inédite implique l’annulation des messes en semaine comme le dimanche, mais aussi le report des mariages et l’interdiction des cérémonies d’obsèques, une décision particulièrement douloureuse dans cette période de surmortalité induite par le coronavirus.

    L’Église italienne assume cette décision en s’appuyant sur le décret gouvernemental qui est entré en vigueur ce dimanche 8 mars, et qui suspend explicitement au moins jusqu’au vendredi 3 avril « les cérémonies civiles et religieuses, y compris les funérailles » dans la totalité du territoire italien.

    […]

    Les messes publiques étaient déjà suspendues depuis la fin du mois de février dans certains diocèses du nord de l’Italie, et notamment à Milan, le plus grand diocèse du monde en nombre de prêtres incardinés.

    Montpellier : en ce dimanche, les cultes sont maintenus https://www.midilibre.fr/2020/03/14/montpellier-en-ce-dimanche-les-cultes-sont-maintenus,8798896.php

    Messes et célébrations lithurgiques auront lieu. Mais des précautions sont prises.

    Pour ce dimanche, jour de culte chrétien, les messes et célébrations liturgiques sont maintenus. Avec, néanmoins, des mesures de précautions, notamment celle de s’abstenir du traditionnel geste de paix via un serrement de mains ou une embrassade.

    […]

    Du côté de l’Église réformée pas de changements notables mis à part l’annulation de la célébration mensuelle de la cène (partage du pain et du vin).

  • Syrie • Nouveau chantage d’Erdoğan autour des réfugiéEs #Kedistan
    http://www.kedistan.net/2020/02/28/syrie-chantage-erdogan-refugiees


    http://www.susam-sokak.fr/2020/02/idlib.html

    http://www.zones-subversives.com/2020/01/la-revolution-en-syrie.html

    La situation actuelle en Syrie fait l’objet de complexes analyses géopolitique. Pourtant, c’est simplement une révolution sociale qui a été écrasée par tous les moyens. Il semble indispensable de revenir sur les causes sociales de la révolte pour comprendre la situation syrienne.

    #Idlib #Syrie #Turquie

  • Le projet CARTE est la deuxième production propre à l’archive de la Mémoire Créative de la #révolution_syrienne. La #géographie ici n’est pas le but mais c’est le voyage proposé pour traverser vers “la mémoire de l’évènement et de l’homme”

    C’est un outil puissant et complexe lié à notre moteur de recherche substantiel et performant. le projet #CARTE relie notre #archive constitué de milliers de documents avec leurs emplacements géographiques dans toute la Syrie – environ 200 points entre les provinces, les villes, les banlieues, les quartiers, les rues, etc. et aussi avec les dates, les catégories, les mots-clés ou les auteurs. Il permet au lecteur de tracer les zones dans lesquelles les mouvements révolutionnaires pacifiques ont commencé, en plus de leurs expansions, leurs formes et leurs transformations dans chaque région, sur la base des initiatives et des activités de chaque région.

    C’est un voyage virtuel en #Syrie, au cours duquel les lecteurs peuvent facilement voyager et découvrir les syriens, leurs paroles, leurs rêves et leurs espoirs mais aussi leurs souffrances et leurs tragédies, et surtout la réalité à travers leurs écrits et productions.

    Ce projet a été lancé en Juin 2018
    https://creativememory.org/fr/map


    source : https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/chroniques-de-la-revolte-syrienne,3081

  • #Havrin_Khalaf, un #crime_de_guerre doublé d’un #féminicide
    http://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2019/10/Havrin-Khalaf-Rojava.jpg

    Havrin Khalaf (#Xelef) avait 35 ans. Elle était kurde. Son engagement auprès des femmes dans le nord de la Syrie, au #Rojava était constant.

    Des mercenaires islamistes ont profité de l’invasion turque pour l’assassiner dans des conditions particulièrement atroces et dégradantes. Il s’agit d’un des nombreux crimes de guerre qui accompagnent l’attaque des forces turques et ses supplétifs djihadistes, doublé d’un féminicide avéré.

    Hommage soit rendu à cette femme, qui, avec beaucoup d’autres, oeuvrait dans cette partie du Moyen-Orient pour la cause des femmes, de la démocratie et de la paix.

    Havrin Khalaf luttait auprès des femmes musulmanes au Rojava. Elle y défendait un modèle d’égalité hommes-femmes. Dans cette région où les tribus restent un modèle d’organisation sociale respecté par les peuples arabes présents, elle avait fait avancer auprès des femmes une résistance au patriarcat, que beaucoup avait éprouvée davantage encore, alors que Daech ces dernières années développait son idéologie meurtrière.

    C’était aussi une militante politique, co-présidente avec un homme arabe, du parti “Avenir de la Syrie” et membre de la direction du Conseil démocratique syrien, formé en 2014, après la reconquête de Kobanê où les combattantes s’illustrèrent de façon éclatante pour repousser les djihadistes. Elle fut donc de celles qui oeuvrèrent, après la proclamation d’une direction fédérale kurde, arabe et assyrienne au Rojava, en 2016, au Nord de la Syrie, pour que les femmes occupent à part entière, de façon paritaire, toutes les responsabilités dans la construction du processus démocratique ouvert.

    Elle luttait pour le pluralisme, l’alliance entre Kurdes, Arabes,,Turkmènes, qu’ils soient musulmans, chrétiens et yézidis. Pour elle, le combat, était le même contre le régime de Bachar El-Assad et contre l’Etat Islamique. Celui contre le patriarcat en constituait aussi le ciment.

    En assassinant de façon ignoble Havrin Khalaf, en s’acharnant sur son corps, c’est à la fois la femme et les idées qui l’animaient que les djhiadistes ont voulu tuer. Personne ne croira au hasard dans ce crime de guerre, perpétré dès l’annonce de l’invasion turque et du retrait américain.

    Les assassins ont pensé que ce crime passerait inaperçu, dans le chaos créé par l’offensive turque, les dizaines de milliers de déplacés (160 000 aujourd’hui selon l’ONU), les bombardements. Et, en effet, c’est seulement après l’hommage qui lui a été rendu, pour l’accompagner en terre, que les informations sont devenues plus précises et que certains médias internationaux s’y sont intéressés. A notre grand étonnement, et nous nous en sommes interrogés, même les réseaux kurdes à l’international, bien sûr submergés par la gravité des attaques, n’avaient pas donné à ce meurtre sa véritable importance, et la force symbolique qu’il recèle.

    Dans la même journée en effet, d’autres crimes de guerre étaient commis, sur les mêmes axes, et souvent filmés par leurs auteurs, supplétifs syriens de l’armée turque, (“Ahrar al-Sharqieah”), en avant poste de l’attaque. Ces vidéos circulent et sont autant de preuves des atrocités commises et de celles à venir, tant elles se confondent depuis cinq ans sur ce terrain de guerre. D’ailleurs, un des auteurs présents sur ces vidéos a été identifié comme étant un islamiste recyclé par les forces turques, dans la soit disant armée nationale syrienne… Et c’est d’ailleurs pour cela que le torchon turc islamo-nationaliste Yeni Safak écrivait dimanche 13 : “À la suite d’une opération réussie, la secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie, liée au parti politique terroriste PYD, a été mise hors d’état de nuire”.

    Nous tenions à rendre hommage à une combattante civile de la paix, une inlassable activiste de la cause des femmes, et une diplomate connue de beaucoup de dirigeants européens.

    http://www.kedistan.net/2019/10/15/havrin-khalaf-un-crime-de-guerre-double-dun-feminicide
    #assassinat #meurtre

  • « C’est fou à quel point ces #murs et ces #grilles sont hautes. On côtoie ces murs en permanence.
    Ils limitent notre quotidien. Ils sont l’affirmation de la négation de l’autre.
    Mais on les a intégrés, leur #violence a été assimilée. On accepte sans le percevoir le #pouvoir de contrainte, la #dépossession de l’#espace qu’ils représentent »

    #géographie_urbaine #villes #urban_matter #barrières

    Source : une #BD de #Margot_Gustaedt dont le titre est "Les renards sans pelage" , qui n’a pas été publiée. C’est son travail de diplôme.

    La BD porte sur les #violences_policières et sur l’affaire du #lycée_Arago

    D’autres travaux de Margot, que j’ai rencontrée en Grèce lors d’une summer school à Athènes sur les villes-refuge, car elle travaillait à une nouvelle BD avec une étudiante qui suivait la summer school :
    https://margotgustaedt.tumblr.com

    ping @reka @davduf @isskein

    • Ne pas mourir comme des chiens

      Les luttes se croisent et se ressemblent, comme celles des Kurdes et des gilets jaunes. Le même combat pour la liberté et l’égalité sociale rencontre la même répression. La dessinatrice Mamoste Dîn nous fait découvrir le camp autogéré d’exilé·es kurdes de Lavrio en Grèce. Dans un subtil va-et-vient entre la Grèce et la France, entre les histoires personnelles et les combats politiques des activistes kurdes et de la jeune Judith, venue documenter leur quotidien, nous partageons un moment de la vie du camp et apprenons à connaître et à aimer ses habitant·es.


      https://seenthis.net/messages/845470

      #BD #bande_dessinée

    • GRECIA : IN CORSO LO SGOMBERO DEL CAMPO PROFUGHI DI LAVRIO, AUTORGANIZZATO SECONDO I PRINCIPI DEL CONFEDERALISMO DEMOCRATICO

      Raid della polizia greca al campo profughi autogestito di Lavrio, vicino Atene, abitato da rifugiati curdi, siriani e turchi che dal 2017 controllano e organizzano la struttura – sorta negli anni ’80 – secondo i princìpi del confederalismo democratico e senza la presenza, all’interno, di autorità e istituzioni dello stato greco.

      La polizia ellenica ha fatto irruzione nel campo di Lavrio intorno alle 03:00 di oggi, mercoledì 5 luglio, iniziando a deportare gli abitanti in altre strutture, chiuse e controllate dalle autorità, a 200 km di distanza.

      Il ministero greco per la migrazione e l’asilo ha comunicato “la chiusura graduale del campo profughi, perchè non adatto ad ospitare rifugiati”. In realtà l’attacco al campo di Lavrio è politico, e risponde alle pressioni del governo turco. Ankara, e in particolare il regime di Erdogan, Akp e Mhp, preme su Atene per lo smantellamento. Per lo stato turco Lavrio “ospita membri del Partito dei Lavoratori del Kurdistan (Pkk) e di altri gruppi fuorilegge della sinistra turca”, con Erdogan che ha definito Lavrio un “campo di addestramento per terroristi”.

      https://www.radiondadurto.org/2023/07/05/grecia-in-corso-lo-sgombero-del-campo-profughi-di-lavrio-autorganizza

    • In Lavrio, a self-governed camp of Kurdish exiles

      A reportage from Lavrio, approximately 60 km to the southeast of Athens, done in December 2017, during a long halt in a self-governed camp of Kurdish exiles.

      High on the mast, a flag of the PKK1floats above a group of two-storey buildings reminiscent of a disaffected high school. Built some sixty years ago one hour south of Athens in the harbor town of Lavrio in order to shelter refugees fleeing the Soviet Union, and located in the heart of the town a few steps away from the harbour, for the past 35 years the camp has mostly sheltered Kurdish and Turkish political exiles, mainly members or sympathizers of the PKK but also of the MLKP and of the MKP2. For the past 3 years they have been joined by Kurdish families fleeing the war in Syria. The first camp was insufficient to greet them all, a second camp was opened on a vacant lot on the outskirts of town, at the foot of hills covered in Mediterranean vegetation; this second camp is made up of refurbished containers better suited to sheltering families than the shared rooms in the main camp.
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      Up until July 31 2017, the Greek government provided daily aid to the exiles through the Greek Red Cross. But under pressure from Turkey, it abruptly ceased all contacts with the camp and its occupants, and has left the premises and completely withdrawn from all aid. A vague justification for closing down the camp was provided for “non-compliance with Greek and European laws”, notably as pertains to “entrances and exits”. If this kind of pressure exerted by Turkey is nothing new since regime opponents are in the camp, the inhabitants can now only rely on the solidarity of the locals and of organizations such as the Greek church which brings food parcels to the occupants every week. This, despite the fact the influx of exiles has not dwindled.

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      A self-governed camp

      The camp occupants’ refusal to abandon their self-governance served as an excuse for the Greek State’s withdrawal.

      “There’s an organization in the camp. A committee is elected by the occupants, of which I’m the spokesperson,” Sedat, a man in his forties, explains. “We organize daily life within the camp, we manage communications with the associations who come in, with the Greek government. We must also manage hygiene and life in general. Within this committe, there is also a youth committee subdivided into several sub-committees: culture, art…We must manage the circulation of people, the budget, it’s difficult but with so many refugees, it’s important work. The occupants choose their representatives and we manage as best we can until we leave. Then, they hold new elections.”

      “350 people live here. Women, men, in all kinds of situations. They can stay between a year to two and a half years. Most stay between 5 to 6 months. There is no governmental aid nor aid from international organizations. We must organize and cover all our expenses. We hope the Greek government won’t use any kind of force against us, but we think the Greek people will be on our side, the camp has existed for over 35 years. The PKK is well known locally, and so are the Kurds. The Turkish government has exerted pressure on the Greek government in an attempt to destroy this camp. We make a local contribution to the Greek economy by buying from the local bakery, and from the local shops. The Greeks are also suffering from a financial crisis, but we try to link up with the local people. We try not to be too much of a bother. We know we are in their country, that we are guests here.”

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      “We’re not here for the fun of it.”

      He continues: “We’re not here for the fun of it. If there is war in our country, it is because of international powers, but we don’t judge the peoples of Europe. We would also love to be living in our country. The biggest need is for an official recognition of this camp, there are people from all four parts of Kurdistan here. We would wish to obtain the status of a refugee camp despite the attacks from the Turkish State. We do not wish to live in camps with people who joined ISIS. Three of our activists were murdered by the Turkish State in the heart of Paris, we don’t want to see that happening here. They still have a list of people they want killed, our occupants are afraid. And we want to protect them. This is why we want this official status. Refugees have rights, we ask international organizations to recognize us. The people here are not children of wealthy ones but we try to live in dignity. If they imagine they will make us back down by starving us to death, they are mistaken I don’t want to go into the details of our insufficiency of funds. As is the case for every woman, man, child, baby and young person, the people here have the same needs. Food, hygiene, everything you need to live with dignity, do we have all that? Of course not, but we try to live with minimal conditions. I have been here for 5 months. In Kurdistan, I was responsible for the BDP in Bitlis3. They wanted to jail me, I had to flee. Perhaps we were not brave enough to fight,” he concludes with a bitter smile.

      We find many elected members of the HDP or of the BDP like Sedat in the camp. The story of each of the occupants in the camp in worthy of a novel. We meet several young people who had to leave Kurdistan because they were threatened with several years in jail for having upheld the use of the Kurdish language, for having participated in demonstrations, others for their political, cultural and social involvement.

      As a whole, the families from Rojava are less politically aware. They have fled from war, and have often lost members of their family. The camp is also a refuge for several women who had to flee alone with their children. For all of them the road was hazardous.

      Mohammed relates : “We fled from Damascus. We arrived in Cizire,4then in Qamislo5for work. Then we passed over into South Kurdistan in Duhok, then into Turkey. We walked for over 9 hours. Once in Turkey, they asked us for 900 Turkey lira to take us to Istanbul? We stayed over 15 days over there. We went to Edirne,6my children had nothing left to eat. The police saw us and told us to to away, to go away from there. All they wanted was to get rid of us. We stayed with someone for two nights, and crossed the river to the other side around 7PM. We went through the forest. You have to be quick or else you never get through. We walked for a for long time. We have been here for 3 months. I don’t know when we will leave. When we will get out of here. The Assad government sentenced me to 6 years in jail, if only they told me I wouldn’t be sentenced, I would go straight back to Qamislo.”
      Self-governance and daily management

      Even more than the precarious living conditions, the hardest for the refugees is dealing with the waiting and the boredom that settles over them along with the feeling of no longer having any grip over the course of events. Despite the days that stretch out, all of them hang on to the hope of rapidly finding a way to reach the country of their destination.

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      For them, Greece is nothing but a transit station. Uncertainty about the future keeps them from investing fully in the present moment. Starting an activity in the camp, learning Greek, launching a project with an objective in the middle term, would be acknowledging that the wait may be long, thus pushing further into the future the goal they gave themselves when they took the hard decision to leave – a choice that was no such thing when the alternative was either prison or death; an expensive choice also, smugglers demanding several thousand euros at each stage of the journey, eliminating by the same token the ones who can’t afford to leave. Far from family and friends, the exiles’ morale gets eroded as the months go by, even if friendships are born in the camp between people sharing common histories and cultures. Reunions also, on occasion, with old companions from the struggle or from university.

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      Every week, the occupants of each room meet to criticize and self-criticize, and to discuss ways to improve the organization. This is also the time for resolving any tensions that may have cropped up: so-and-so did not wash the dishes when it was his turn to do so, another stayed in bed past noon… Or to express one’s unhappiness, as did G. who talks about the depressing time at New Year’s, far from his family, after spending six months waiting, and seeing no end to it. Each room then designates a representative to the camp’s general assembly which chooses the elected committee for the overall organization. This system is based on that of democratic confederalism, the PKK’s political paradigm since 2005, which aims at organizing society in assemblies, from the lowest rung, known as the commune, to the largest. Within the camp, each room thus corresponds to a commune.

      The youth committee also attempts to organize activities. Discussion sessions and debates are held four days a week. The passing months see different celebrations or commemorations. In December, for instance, a ceremony was organized to honor the martyrs of Roboski and, a few days later, a large section of the camp got involved in organizing the New Year celebration, a rare moment of collective relaxation.

      The rest of the time, the exiles relieve the boredom from morning till night by walking around the camp or by seaside and by drinking tea or coffee in the vicinity. Some go fishing early in the morning, others go to Athens for a few days to settle administrative formalities, to walk around or to visit acquaintances who have chosen to live there in one of the many self-administered squats in town. The Kurdish movement participated in the opening of City Plaza, notably, one of the most developed reception centers for exiles.

      A lot of discussions occur in the camp, around everything and nothing, over news from Kurdistan, but mostly about ways to leave. Upon arriving in Greece, the exiles spend a few days in custody, after which they are given a paper informing them they must make an appointment to file a request for asylum. This official request often takes over a year to be processed, and the ones making the request are mostly political cadres to whom the Party forbids clandestine passages. The others seek clandestine means for leaving Greece and filing their request in another country. The Dublin III Rule stipulates that the asylum request must be processed in the country where it is first registered, a way for France and Germany to avoid dealing with exiles who arrived through other countries. However, none of the exiles wish to stay in Greece.

      Since smugglers are forbidden access to the camp, the exiles contact them by phone. The smugglers send them photos of dozens of IDs from all European countries. Everyone then tries to find one with a face resembling his own. These are sold several thousand euros, with uncertain outcomes; several have tried to get through the controls with them, only to get caught. Others think to leave on foot, with or without smugglers, but failures are even greater that way. End of 2017, the situation became even harder with reinforced border controls. Siyar, who has been in the camp for 3 months, puts at only fifteen people or so the number of those who have managed to get through.

      The exiles head where their family ties are or, failing those, where they have friends. Germany, Switzerland and Sweden are the destinations of choice. For many, France has maintained an image of sympathy towards the Kurds, but it has been largely tarnished by the conditions it has reserved to migrants these last years. Moreover, learning the language is complicated. For the younger ones hope to master the language of their host country as soon as possible in order to pick up their studies or their professional activity.

      If the search for better living conditions spurs on most of the exiles, many also see it as a way to continue their political struggle sheltered from repression.

      As is the case in the cultural sector, for Hassan, a young literature professor who had to run out of his classroom to avoid arrest for upholding the use of the Kurdish tongue. The young man hopes to go on working for the recognition and development of the zaza dialect. In pedagogy, as for Dilek* who was destined for teaching until the police tried to force her into becoming an informer, threatening her with heavy jail sentences when she refused. Or to make known the PKK’s struggle, as for Fırat* : “I’ve been here for 3 months. I want to continue my activities in Europe. After living the Kurdish reality, it is essential to talk about it, to share our project. This is a moral duty for every Kurd. We must tell our story to the world. We must explain what is going on, we must tell of the sufferings, widen the struggle. (…) Democratic confederalism must not only take root only in Rojava, it must spread to the whole world. It may evolve in Rojava, but it must go on improving. It must not be limited to that area, but must spread to the four corners of Kurdistan. It is thus my duty to explain why I am here, it is my responsibility as a Kurd. We must fight for our people, for democratic confederalism.”

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      https://www.kedistan.net/2018/03/07/lavrio-self-governed-camp-kurdish-exiles

  • A #Lavrio, un camp d’exilé.e.s kurdes auto-géré

    Un reportage effectué à Lavrio, à 60 km environ au sud-est d’Athènes, en décembre 2017, lors d’une longue halte dans un camp d’exilé.e.s kurdes auto-géré.

    Planté haut sur un mât, le drapeau du PKK1flotte au vent au dessus d’un corps de bâtiments hauts de deux étages évoquant un vieux lycée désaffecté. Bâti il y a une soixantaine d’années à 1h au sud d’Athènes dans la ville portuaire de Lavrio pour accueillir les réfugié.e.s fuyant l’Union Soviétique et implanté en pleine ville, à deux pas du port, le camp accueille depuis 35 ans principalement des exilé.e.s politiques Kurdes et Turcs, membres ou sympathisants du PKK principalement, mais aussi du MLKP, du MKP.2Depuis 3 ans, des familles kurdes fuyant la guerre en Syrie les ont rejoints. Le premier camp ne suffisant plus pour les accueillir, un deuxième camp a été ouvert en lisière de la ville sur un terrain vague au pied de collines à la végétation méditerranéenne avec des containers aménagés permettent d’abriter plus facilement des familles que les dortoirs du camp principal.


    Jusqu’au 31 juillet 2017, à travers la présence dans le camp de la croix rouge hellène, le gouvernement grec apportait une aide quotidienne aux exilé.e.s. Mais sous la pression de la Turquie, celui-ci a décidé de couper tous ses liens avec le camp et ses habitants et s’est complètement désengagé du jour au lendemain, stoppant toute aide et abandonnant ses locaux. La fermeture du camp a été justifiée de manière floue par un “non respect des lois grecques et européennes”, notamment en ce qui concerne “les entrées et sorties”. Si ce genre de pression de la Turquie n’est pas chose nouvelle depuis que des opposants au régime turc occupent le camp, celui-ci ne peut désormais plus compter que sur la solidarité des habitants et des organisations solidaires, notamment de l’église grecque qui amène chaque semaine des colis alimentaires aux occupants. Ceci, alors que l’afflux d’exilé.e.s ne tarit pas.

    Un camp auto-géré

    Le refus des habitants du camp d’abandonner leur auto-gestion a servi de prétexte au désengagement de l’état grec.

    “Il y a une organisation dans le camp. Un comité est élu par les habitants du camp dont je suis le porte parole.” explique Sedat, la quarantaine. “Nous organisons l’ensemble de la vie du camp, nous gérons la communication avec les associations qui viennent, le gouvernement grec. Nous devons également gérer l’hygiène et la vie en générale. Dans ce comité, il y a également le comité de la jeunesse divisé en plusieurs commissions : culture, art… Il faut gérer la circulation des humains, le budget, c’est difficile mais en tant que réfugié c’est un travail important. Les habitants d’ici choisissent leurs représentants et nous gérons comme nous pouvons jusqu’à notre départ. Ensuite, ils font les élections à nouveau.”

    Il y a 350 personnes qui vivent ici. Des femmes, des hommes, et tout type de situation. Ils peuvent rester entre 1 an et 2 ans et demi. La majorité reste entre 5 et 6 mois. Il n y a aucune aide de la part du gouvernement, ni des organisations internationales. C’est nous qui nous organisons, qui payons l’ensemble de nos charges. Nous espérons que le gouvernement grec n’usera pas d’une quelconque force à notre égard, mais nous pensons que le peuple grec nous soutiendra car cela fait plus de 35 ans que ce camp existe. Le PKK est donc bien connu localement, les Kurdes aussi. La pression de l’Etat turc sur le gouvernement grec a tenté de détruire ce camp. Nous contribuons localement à l’économie grec en faisant nos achats à la boulangerie, dans les magasins. Les Grecs aussi sont dans une crise économique, mais nous tentons de nouer des liens avec les habitants. Nous essayons de ne pas trop les déranger. Nous savons que nous sommes dans leur pays, et que nous sommes invités ici.“

    “Nous ne sommes pas ici par plaisir.”

    “Nous ne sommes pas ici par plaisir.” reprend-il. “Si dans notre pays il y a la guerre c’est à cause des forces internationales, mais nous ne jugeons pas les peuples d’Europe. Nous aussi nous aimerions vivre dans notre pays. Le besoin majeur est une reconnaissance officielle de ce camp, il y a des personnes des quatre parties du Kurdistan ici. Nous souhaiterions avoir le statut de camp de réfugié malgré les attaques de l’Etat turc. Nous ne voulons pas vivre dans des camps avec des gens qui ont rejoint Daesh. L’état turc a tué en plein cœur de Paris nos trois militantes, nous ne voulons pas que ça se répète ici. Ils ont encore une liste de gens à tuer, nos habitants ont encore peur. Et nous voulons les protéger. C’est pourquoi nous voulons ce statut. Le réfugié a un droit, nous demandons aux organisations internationales de nous reconnaitre. Les gens qui sont ici ne sont pas des enfants de riche, mais nous tentons tout de même de vivre avec dignité. S’ils pensent que c’est en nous laissant mourir de faim que nous ferons marche arrière, ils se trompent. Je ne veux pas rentrer dans les détails du manque de moyen. Comme toute femme, homme, enfant, bébé, jeune, ceux d’ici ont les mêmes besoins. La nourriture, l’hygiène, et tout ce qu’il faut vivre dignement, est-ce que nous avons tout le nécessaire ? Bien sûr que non, mais nous ne voulons pas dramatiser alors qu’il y a la guerre chez nous, que le peuple kurde vit une tragédie. Mettez-vous à notre place, comme chaque citoyen, nous avons le besoin de manger de la viande, de boire du lait. Mais nous essayons de vivre dans des conditions minimales. Je suis ici depuis 5 mois. Au Kurdistan, j’étais responsable du BDP3à Bitlis. Ils ont voulu m’emprisonner, et j’ai dû m’enfuir. Peut-être nous ne sommes pas assez courageux pour combattre.” conclut-il avec un sourire amer.

    A l’instar de Sedat, on trouve de nombreux élus du HDP ou du BDP dans le camp. L’histoire de chaque habitant.e est digne d’un roman. On croise nombre de jeunes ayant du quitter le Kurdistan, menacé.e.s de plusieurs années d’emprisonnement qui pour avoir défendu la langue kurde, qui pour avoir participé à une manifestation, d’autres pour leur engagement politique, culturel, social.

    Les familles du Rojava sont dans l’ensemble moins politisées. Elles ont fui la guerre, souvent après avoir perdu des proches. Le camp est un également un refuge pour plusieurs femmes ayant du fuir seules avec leurs enfants. Pour tou.te.s, la route est périlleuse.

    Mohammed raconte : “Nous avons fui Damas. On est arrivé à Cizire4, ensuite à Qamislo pour le travail. Par la suite on est passé au Kurdistan Sud5à Duhok et ensuite en Turquie. On a marché plus de 9 heures. Arrivé en Turquie, ils nous ont demandé 900 TL pour nous déposer à Istanbul. On est restés plus de 15 jours là-bas. On est allé à Edirne,6mes enfants n’avaient plus rien à manger. La police nous a vu, ils nous ont dit partez, partez d’ici. Ils voulaient juste se débarrasser de nous. Pendant deux nuits, nous sommes restés chez quelqu’un, vers 19h on a passé un fleuve pour traverser de l’autre côté. On est passé ensuite par la forêt. Il faut que tu sois vif, si tu ne l’es pas tu ne pourras jamais passer. On a beaucoup marché. On est arrivés ici depuis 3 mois. Je ne sais pas où nous allons partir. Tant que nous sortons d’ici. Le gouvernement d’Assad m’a condamné à 6 ans d’emprisonnement, si seulement ils me disaient qu’ils ne me condamnaient pas, je retournerai tout de suite à Qamislo.”
    S’auto-gérer et s’occuper au quotidien

    Plus que les conditions de vie précaire, le plus dur pour les réfugié.e.s est de subir l’attente et lutter contre l’ennui qui s’installe et le sentiment de ne pas maîtriser le cours des événements. Malgré les jours qui s’étirent, tous s’accrochent à l’espoir de trouver rapidement un moyen de rejoindre leur pays de destination.

    La Grèce n’est pour eux qu’un point de passage, un pays de transit. L’incertitude du lendemain les empêche de s’investir pleinement dans le moment présent. Mettre en place une activité dans le camp, apprendre le grec, se lancer dans un projet de moyen terme, ce serait reconnaître que l’attente risque d’être longue, éloigner l’accomplissement du but qu’ils se sont fixés en prenant la décision difficile de partir – un choix qui souvent n’en était pas un quand l’autre alternative était la prison ou la mort ; un choix coûteux aussi, les passeurs demandant à chaque étape plusieurs milliers d’euros, excluant de fait les plus précaires qui eux n’ont pas les moyens de partir. Loin de leur famille et de leurs amis, le moral des exilé.e.s s’érode peu à peu au fil des mois qui passent, même si des amitiés se nouent dans le camp entre personnes partageant des histoires et une culture commune. Des retrouvailles aussi parfois, avec d’anciens camarades de lutte ou d’université.

    Pour combattre l’ennui, une discipline quotidienne est nécessaire. Le camp principal compte une trentaine de pièces à vivre. Quelques unes sont occupées par des familles entières, les autres le sont par des personnes individuelles, certaines étant réservées aux femmes. Chaque chambrée s’auto-organise. L’argent nécessaire à l’alimentation est mis en commun au bon soin du « commis » désigné, et toutes les semaines, le groupe va faire des courses collectives au marché, qui permet de s’approvisionner à pas cher. Le ménage quotidien, la cuisine se font à tour de rôle.

    Toutes les semaines, les occupants de chaque chambre tiennent une réunion au cours de laquelle ils peuvent faire une critique / auto-critique, et discuter des moyens d’améliorer leur organisation. C’est le moment où régler les tensions qui peuvent apparaître : un tel ne fait pas son tour de vaisselle, un autre reste au lit jusqu’à midi passé… Ou d’exprimer son mal-être, comme G. qui raconte le passage déprimant du jour de l’an, loin de sa famille, après six mois d’attente dont il ne voit pas le bout. Chaque chambrée désigne ensuite un représentant qui participe à l’Assemblée générale du camp qui décide avec le comité élu de l’organisation générale. Ce système est inspiré du confédéralisme démocratique, paradigme politique du PKK depuis 2005, qui vise à organiser la société sous forme d’assemblées, de la plus petite échelle, appelée la commune, à la plus grande. Dans le camp, les chambrées correspondent donc aux communes.

    Le comité jeunesse tente également d’organiser des activités. Des sessions de discussions/débats autour de textes politiques sont organisées quatre jours par semaine. Les mois qui passent sont rythmés par les différentes célébrations ou commémorations. En décembre par exemple, une cérémonie est organisée en hommage aux martyrs de Roboski, et quelques jours plus tard, une bonne partie du camp met la main à la pâte pour organiser une fête du nouvel an, rare moment de détente collective.

    Le reste du temps, les exilé.e.s trompent l’ennui du matin au soir en se promenant autour du camp, en bord de mer et en allant boire thés ou cafés aux alentours. Certain.e.s vont pêcher tôt le matin, d’autres partent quelques jours pour Athènes régler des formalités administratives, se promener, visiter des connaissances qui ont choisi d’habiter là-bas, par exemple dans un des nombreux squat autogérés ouverts dans la ville. Le mouvement kurde a notamment participé à l’ouverture du City Plaza, l’un des lieux d’accueil les plus développés pour les exilé.e.s.

    Dans le camp, on discute beaucoup, de tout et de rien, des nouvelles du Kurdistan, mais surtout des moyens de partir. A l’arrivée en Grèce, les exilé.e.s passent quelques jours en garde à vue, à la suite de quoi on leur remet un papier disant qu’ils doivent prendre rendez-vous pour déposer leur demande d’asile. Le dépôt d’une demande officielle d’asile prend souvent plus d’un an à être traitée, et ce sont principalement les cadres politiques à qui le parti interdit les routes clandestines qui font la déposent. Les autres cherchent un moyen de quitter clandestinement la Grèce pour déposer leur demande dans un autre pays. Le règlement Dublin III7stipule en effet quand c’est le pays dans lequel a été fait la demande d’asile qui doit la traiter, manière pour la France, l’Allemagne, de se défausser de leurs responsabilités sur les Etats où rentrent les exilé.e.s. Or, aucun des exilé.e.s ne souhaite rester en Grèce.

    Les passeurs sont interdits dans le camp, les exilé.e.s sont en contact avec eux par téléphone. Ils leur envoient les photos de dizaines de cartes d’identité de tous les pays européens. Ce sera alors à qui trouvera une carte dont la photo lui ressemble. Celle-ci sera vendue plusieurs milliers d’euros, pour un résultat incertain : nombreux sont ceux qui ont essayé de franchir ainsi les contrôles et se sont faits pincés. D’autres songent à partir à pieds, guidés ou pas par un passeur, mais là aussi les échecs sont nombreux. Fin 2017, la situation s’était encore durcie davantage avec des contrôles aux frontières renforcés. Siyar, dans le camp depuis 3 mois, évalue à une quinzaine de personnes seulement ceux qui ont pu partir.

    Les exilé.e.s se dirigent là où ils ont des attaches, familiales ou à défaut amicales. Allemagne, Suisse et Suède sont les destinations de prédilection. La France a gardé pour beaucoup l’image d’une sympathie envers les Kurdes, mais celle-ci a été largement ternie par les conditions d’accueil réservées aux migrant.e.s ces dernières années. De plus, l’apprentissage de la langue est compliquée. En effet, les jeunes espèrent pouvoir rapidement maîtriser la langue de leur futur pays d’accueil afin de reprendre des études et une activité professionnelle.

    Si la quête de meilleures conditions de vie anime la plupart des exilé.e.s, nombreux sont ceux qui y voient aussi un moyen de continuer leur combat politique à l’abri de la répression.

    Que ce soit dans le domaine culturel, comme Hassan, jeune professeur de littérature qui à du quitter sa classe en courant pour échapper à une arrestation parce qu’il défendait l’usage de la langue kurde. Le jeune homme souhaite continuer à travailler sur la reconnaissance et le développement du dialecte zaza. Dans la pédagogie, comme Dilek* qui se destinait à l’enseignement avant que la police ne cherche à la forcer à devenir informatrice, la menaçant de lourdes peines de prison devant son refus. Ou pour faire connaître le combat du PKK, comme Fırat* : “Cela fait 3 mois que je suis là. Je veux continuer mes activités en Europe. Après avoir vécu la réalité kurde, il est primordial d’en parler, et d’exposer notre projet. C’est le devoir moral de chaque Kurde. Il faut le raconter à tout le monde. Nous avons besoin d’expliquer ce qu’il se passe, il faut raconter les souffrances, agrandir la lutte. (…) Le confédéralisme démocratique ne doit pas prendre âme uniquement au Rojava, mais dans le monde entier. Il évolue peut-être au Rojava, mais il doit encore s’améliorer. Il ne doit pas se limiter à là-bas, mais doit se répandre aux quatre parties du Kurdistan. C’est donc mon devoir de l’expliquer là où je suis, c’est ma responsabilité en tant que Kurde. Il faut lutter pour son peuple, pour le confédéralisme démocratique.”

    http://www.kedistan.net/2018/03/02/lavrio-camp-exile-e-s-kurdes-auto-gere
    #camp #asile #migrations #réfugiés #camps_de_réfugiés #PKK #Kurdes #auto-gestion #autogestion #confédéralisme_démocratique #Grèce

    • oh, désolé @biggrizzly si j’ai ralenti le serveur à cause de cela. Quoi faire donc ? Pas mettre de lien j’imagine. Et peut-être sauvegardé sur imgur ou autres les images et copier depuis imgur les URL. Mais c’est un peu laborieux et ça prend pas mal de temps...

    • Et en effet, maintenant je ne vois plus sur le post des petits carrés noirs et gris qui clignotent au lieu des images, mais un lien URL... mais pas encore l’image, du coup.
      Est-ce que l’astuce d’ajouter #.jpg à la fin marche (j’ose pas essayer pour ne pas causer de nouveaux problèmes) ?

    • Les camps de réfugiés kurdes de Lavrio à l’heure du #coronavirus

      Le militant français, Jacques Leleu est actuellement auprès des réfugiés kurdes de Lavrio, en Grèce. Il dresse un tableau sombre des camps des misères menacés par l’épidémie du coronavirus et les mesures que les militants ont prises pour protéger les réfugiés…

      « Préambule : nous ne pouvons pas nous rendre compte de ce qu’est la vie dans des camps surpeuplés. Les restrictions imposées à ces camps rendent la vie encore plus difficile (invivable). Le danger que représente l’entrée du virus dans les deux camps de Lavrio est un enjeu de vie et de mort, encore plus angoissant que dans les quartiers Lavrio.

      350 enfants et adultes vivent (dans le camp principal) dans un espace restreint ou chacun croise à chaque seconde un colocataire. La distance de prévention d’un mètre est impossible à respecter. La prévention et la protection des habitants des camps est irréaliste malgré les mesures que je vais exposer ci-dessous.

      C’est pourquoi je vais essayer de tenir (ponctuellement) une chronique sur le vécu des camps.

      _______________________________________________

      Athènes est une ville morte. Tous les camps de réfugiés sont fermés. Interdiction d’entrer et de sortir. La question du #ravitaillement n’est pas résolue.

      Les deux camps de Lavrio sont pour le moment une exception. La police demande aux kurdes de ne pas sortir des camps. Pour autant ils ne sont pas fermés. Nous pouvons craindre que la mesure de fermeture totale soit aussi appliquée à Lavrio

      C’est pourquoi nous avons décidé d’agir rapidement pour fournir 45 jours de nourriture de base aux 500 réfugiés des deux camps.

      Comment faire pour que le « convoi solidaire » achète de la nourriture et du matériel ? Les 39 précédents achats et livraisons étaient faits par les militants du « convoi ».

      La solution, donner rendez vous à nos amis kurdes sur un parking en respectant les bonnes distances de contact.

      C’est pourquoi , pour la première fois en 4 ans, vous ne pourrez pas voir des photos d’illustration des achats et de la livraison.

      Nos amis kurdes nous ont communiqué la liste des achats effectués :

      – 300 kg de riz, 200 kg lentilles, 150 kg haricots ….
      – 30 kg de thé, 40 kg de sucre,
      – 80 litres de savon liquide
      – 160 litres d’eau de javel,
      – 60 litres de liquide vaisselle,
      – 60 kg de lessive en poudre
      – 600 gants en latex
      – 240 litres d’huile

      Il reste 1 tonne de pâtes de notre dernière livraison de décembre

      Pour assurer la prévention fasse au virus nous devons renouveler les achats de produits d’hygiène : eau de javel, savon liquide, gants ….. Il nous faut trouver rapidement 1000 euros pour ces achats de base.

      Des amis pneumologues ont établi un plan de prévention en 7 points pour « tenter » d’éviter l’entrée du virus dans les deux camps :

      1 – laver les mains avec du savon à minima 10 fois par jour
      2 – désinfecter , plusieurs fois par jour, à l’eau de javel les poignées de portes, les sanitaires, les douches, les chambres, les rambardes d’escalier, la cafétéria, les réfrigérateurs, les cuisinières ….
      3 – installer à l’entrée du camp une table avec du savon liquide. Tout entrant doit obligatoirement se laver les mains,
      4 – aérer toutes les chambres
      5 – ne pas rester confiné dans les chambres sans toutefois faire sortir en même temps l’ensemble des résidents. Il a été décidé que les occupants des chambres sortiront à tour de rôle
      6 – Prévoir une chambre d’isolement pour les malades
      7 – dans la cuisine collective il a été décidé que des groupes seront spécialisés : cuisiniers, serveurs ….. afin que les contacts soient limités . ils porteront des gants . Il n’y a pas de masques
      8 – aucun visiteur étranger aux camps ne peut entrer dans les bâtiments et dans la cour.

      Il est clair que ces mesures ne pourront pas être appliquées avec toute la rigueur indispensable pour faire barrage. Il y a dans le camp principal 80 enfants qui ont besoin de bouger. Comment les « obliger » à se laver les mains 10 fois par jour.

      Merci à tous les bénévoles du collectif le « convoi solidaire » pour leur soutien actif( Entraide Internationale, SECOL, les amis de Bretagne, les comités d’entreprise d’ EDF GDF de Loire Atlantique, du 93, 94 ,91 , du val d’ Oise, la fédération du secours populaire du val d’ Oise, la CGT EDF GDF du Val d’ oise, (désolé pour ceux que j’oublie)

      Plus que jamais la solidarité est l’arme des peuples

      La suite dans les jours à venir … »

      https://kurdistan-au-feminin.fr/2020/03/17/grece-les-camps-de-refugies-kurdes-de-lavrio-a-lheure-du-corona