septembre | 2008 | Le Monolecte

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  • #RSA et #bénévolat, la Drôme innove : Pour ou Contre ?
    http://www.actuchomage.org/2015092926992/Social-economie-et-politique/rsa-et-benevolat-la-drome-innove.html

    Fort de ces constats, l’objectif est clair : inciter les bénéficiaires à s’engager dans une association, les accompagner pour valoriser cette implication citoyenne, les aider à retrouver une insertion sociale, à construire un réseau, et dans le même temps soutenir l’activité des associations qui œuvrent pour la collectivité. La démarche reste, bien entendu, basée sur le volontariat.

    Mais voilà, comme je le soulignais il y a deux semaines ici http://seenthis.net/messages/406959, la mention du bénévolat semble carrément dissuasive pour un employeur potentiel, que ce soit sur le CV ou lors de l’entretien.

    Et de toute manière, j’en avais moi-même fait l’expérience au bled : le fait d’être engagée, présente, investie n’ouvre absolument aucune perspective d’emploi, car à quoi bon payer quelqu’un qui fait déjà tant pour que dalle ?
    http://blog.monolecte.fr/post/2008/09/03/benevole

    • Tiens, @aude_v, je viens de relire mon commentaire de l’époque : je pense que j’étais déjà prête pour le concept de revenu universel :

      L’État n’est pas tout : élus locaux, chefs d’entreprises petites et grandes, tous les acteurs économiques et politiques du coin ont forcément eu affaire à Michèle et ses talents à un moment ou un autre… et rien. Nada.

      Quand j’ai vu que je n’arrivais pas à me sortir du chômage, j’ai aussi tenté la voie de l’engagement dans les collectivités locales et les associations : j’ai montré ma tête partout, j’ai montré partout ce que je savais faire, j’ai demandé franchement du travail et j’ai beaucoup donné de moi et de mon temps. Se faire connaître, monter un réseau, être en amont des décisions pour pouvoir saisir les opportunités de travail : j’ai vraiment joué le jeu. Avant de comprendre que le bénévolat ça arrange un tas de personnes qui, de leur côté, ne ratent jamais une occasion d’ajouter une indemnité à leur mille-feuilles d’indemnités : « bénévole, bénévole, mon ami, du moment que tu me laisses recueillir le fruit des tes efforts ». Bénévole, comme le benêt que l’on vole.

      Des pans entiers de notre société tiennent grâce au travail gratuit de millions d’entre nous. Je ne pense pas que cela n’ait rien à voir avec notre fort chômage. Travail gratuit contre jobs de merde, les précaires au milieu, et au-dessus de la mêlée, ceux qui ne foutent pas grand chose d’autre que de féliciter les premiers tout en stigmatisant les seconds et en ramassant la part du lion au final.

      Il ne s’agit pas de condamner le bénévolat, mais de l’interroger sur le sens du travail, du revenu, de l’activité…

    • Contradictoirement, ce qu’ils appellent « bénévolat » est aussi l’un des seul moyen éventuel de ne pas être relégué dans l’isolement, coupé de tout moyen d’agir, hors relation (l’association, la #coopération nécessitent des #objets communs) c’est-à-dire pour le coup déshumanisé, voire convaincu de son « inutilité au monde ». Ce qui est en question, outre le #travail qui y est exploité et l’impasse que le bénévolat peut constituer, c’est d’en finir avec cette domination, cette hégémonie de « l’#emploi pour objectif » qui est la meilleure manière de subordonner et de contrôler, jusqu’aux affects.
      Dans leurs propagande active, ils se servent d’un constat qui fut vrai, il y a, ou plutôt, il y eut moyen de convertir une expérience hors emploi (militante, bénévole) en en louant ensuite une partie valorisable sur le marché du travail. Regardez même des exemples de dominants pur jus, à la Cambadélis, Cohn Bendit, Serge July, voire Rosanvallon, etc. mais c’est aussi le cas d’innombrables sans grades que d’avoir négocié sur le marché ce qui a pu se constituer sous la forme d’externalité positive, comme disent les économistes. Cette possibilité se réduit dans la raréfaction de « l’emploi digne », dans la #précarisation générale.

    • @aude_v le bénévolat c’est du travail qui est du non emploi. Et oui, le travail, c’est aussi désocialisant donc, si l’on veut déshumanisant (pas besoin de travailler à la chaine pour en faire l’expérience, une asso peut suffire comme tu le dis).
      Sinon, lorsque j’évoquais l’emploi dégradé, je causais de celui qui est éventuellement accessible au plus grand nombre avant pendant ou après le bénévolat. Bien avant l’instauration des VAE, J’ai vu pas mal de camarades arriver à faire valoir des savoirs inventés/acquis dans la militance dans le cadre de l’emploi (devenir maquettiste, libraire, profs, chercheurs, vendeurs). Il me semble que si c’est plus dur aujourd’hui c’est que la réalité de l’emploi est plus dure pour l’immense majorité. Suffit de se souvenir, par exemple, que la durée moyenne des CDD a chuté de plus de deux mois à 3 semaines, que c’est 85% des embauches ; que c’est le SMIC horaire a remplacé le SMIC mensuel comme norme minimale pas toujours appliquée, cf "stages, etc.) du salaire.

      On peut bien pester contre un « revenu garanti », c’est sur cette base (RMI, RSA ou autre, à moins d’être rentier) même misérable, même si loin du compte que l’on peut ou pas faire le « bénévole », sur cette même base que l’on peut chercher à employer ton temps selon une logique singulière, quitte à expérimenter, c’est à dire se planter (par ex se faire rouler par des carriéristes des Verts, mais il y en a bien d’autres).

      Il n’y a aucun endroit, avec cadre (l’emploi, l’asso Chiche ou une autre), ou sans (et ce sont là d’autres difficultés), où l’on puisse être assuré d’une vie non mutilée. Et oui, dans les collectifs, les « je n’ai pas le temps je travaille » sont régulièrement opposés aux chômeurs et autres assistés supposés disponibles à priori pour faire vivre et tenir les projets « communs ».

      Enfin, pour ce qui est de mettre la man à pâte, si le statut d’autoentrepreneur « fonctionne » c’est pas seulement à cause de la nécessité impérative de trouver du fric pour survivre, c’est aussi de reprendre/capter (et souvent renverser, cf sous traitance et subordination de fait au client, au donneur d’ordre) une aspiration à ce que les patrons nomment « liberté du travail » et qui relève d’une autre nécessité, celle de jouir d’une #capacité_à_agir. Cela nécessite des supports sociaux. Juste un souci, la manière dont ce qui en tient lieu actuellement est fabriqué, hiérarchisé, segmenté, arbitraire est martyrisante.