• Le site de Geoffroy #de_Lagasnerie | On trouvera sur ce site des informations sur mes publications, activités, etc., ainsi que certains textes (articles, communications, interventions…).
    https://geoffroydelagasnerie.com

    Dans le cadre du cycle de dialogue « Faire le présent » que j’organise au Carreau du Temple pour l’année 2017-2018, je dialoguerai avec Gaspard Glanz le 13 décembre à 19h.

    #Gaspard_Glanz est journaliste. Fondateur de #Taranis News, il invente un nouveau type de journalisme qui questionne le journalisme traditionnel. Il a produit certaines des images les plus marquantes et les plus fortes de ces dernières années sur Nuit debout, les mouvements sociaux et la police, les réfugiés à Calais, le « Black Block » et le cortège de tête, la ZAD de Sivens, etc.

    Son travail pose une question essentielle : que veut dire voir le présent et faire voir ce qui se passe ?

    Lors de cette séance, nous réfléchirons sur le journalisme, sur ce que veut dire produire de l’information et voir le présent, sur l’objectivité et la vérité, sur l’espace public et l’Etat, sur les limites du visible et du filmable. Nous montrerons aussi certains de ses reportages les plus forts, notamment sur ce qui se passe à Calais mais aussi dans les mouvement sociaux aujourd’hui.

  • Geoffroy de Lagasnerie : « Le tribunal apparaît comme un des lieux les plus violents de la vie sociale »
    http://www.liberation.fr/debats/2016/01/15/geoffroy-de-lagasnerie-le-tribunal-apparait-comme-un-des-lieux-les-plus-v
    Plein de choses intéressantes dans cet entretien

    Pour penser l’Etat, il faut rompre avec les justifications qu’il donne de ce qu’il fait pour regarder les choses telles qu’elles sont. Le tribunal apparaît, alors, comme l’un des lieux les plus violents de la vie sociale. Lorsqu’un juge parle, il ne faut pas y voir une décision rationnelle. C’est un acte qui fracture le monde, qui exerce une violence sur l’accusé, sur son corps ou ses biens. Je suis toujours frappé par la tendance que nous avons de sous-estimer la violence de l’Etat. Qu’est-ce qu’un tribunal si ce n’est un lieu où l’on voit à quel point nos vies sont aux mains de l’Etat ? L’Etat se donne le droit de disposer de nous. Il peut nous arrêter, nous emprisonner pour de longues années même dans un contexte d’incertitude sur ce que nous avons fait. D’ailleurs, chaque année, 300 personnes sont acquittées aux assises et 25 000 relaxées par les tribunaux correctionnels. Autant d’individus sur lesquels la machinerie judiciaire s’est abattue arbitrairement. La justice n’est pas une institution que nous pouvons regarder de loin. Elle peut nous tomber dessus à tout moment. Nous vivons dans une situation de précarité face à l’Etat. Ce n’est pas la question de la délinquance qui est en jeu sur la scène du tribunal : c’est notre condition de sujet politique.

    • 1/ Il existe aujourd’hui une fascination pour l’extrême droite : il suffit comme Houellebecq de publier un livre grossièrement islamophobe pour faire la une des journaux. Cette aimantation d’une grande partie de l’espace médiatico-intellectuel autour de problématiques nauséabondes conduit nombre d’entre nous à ne plus se reconnaitre dans les termes prescrits, et donc à fuir l’espace public. Le silence des intellectuels c’est aussi le désarroi devant cette situation.

      2/ La raréfaction de la parole critique s’explique aussi par les campagnes de diffamation dont les grandes figures intellectuelles ont été l’objet depuis les années 1980. Le monde littéraire et intellectuel tel qu’il est constitué aujourd’hui est un produit de l’injure : ce climat d’insulte a fini par décourager et museler les énergies dissidentes.

      3/ Enfin, il y a une responsabilité des logiques internes aux champs littéraires ou savants. Les écrivains, les sociologues, les philosophes, n’osent pas s’engager ; pour les uns, intervenir constituerait une atteinte à la pureté de la littérature ; pour les autres, ce serait rendre douteuse la validité du savoir qu’ils produisent. Une injonction de dépolitisation règne dans les champs littéraires et savants (l’amour-des-mots, la recherche pour elle même,etc ). La politique est constituée comme un risque, un stigmate – quand c’est le désengagement qui devrait plutôt être vu comme un problème .

      J’ai graissé les mots où se retrouvent la contradiction déjà soulignée là
      http://seenthis.net/messages/412501
      (à propos d’Onfray)