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  • Puisque l’Inde n’est pas la Chine, par Renaud Lambert (Le Monde diplomatique, avril 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/04/LAMBERT/66752

    Imagine-t-on Washington découvrant que Pékin projette d’assassiner des opposants sur son territoire sans que l’affaire produise davantage que quelques vaguelettes diplomatiques ? C’est ce qui vient de se produire avec New Delhi. En novembre dernier, le ministère de la justice américain met au jour une opération des services secrets indiens visant à éliminer des opposants sikhs aux États-Unis et au Canada. Réaction du président Joseph Biden à la découverte ? Il se contente de décliner l’invitation de M. Narendra Modi à célébrer le jour de la République avec lui, le 26 janvier, en se gardant de détailler publiquement ses motivations. La proposition indienne dégringole dans la hiérarchie des capitales du « monde libre » pour atterrir sur le bureau du président français Emmanuel Macron. Lequel s’empresse d’accepter, et d’apporter l’assurance que la contrariété occidentale sera de courte durée.

    L’« ordre international fondé sur des règles », celui dont se prévaut le Nord pour imposer ses préférences, se montre ainsi d’une singulière souplesse. Certains pays jouissent d’une forme de blanc-seing dont on peine à imaginer l’élargissement au reste du monde. Géant asiatique, l’Inde dispose en effet d’un atout géopolitique considérable : elle n’est pas la Chine. Or, dans le bras de fer qui l’oppose à Pékin, Washington compte sur New Delhi pour jouer le rôle de contrepoids économique et diplomatique à l’essor de l’empire du Milieu. Ce qui rend l’Occident très compréhensif.

  • Un silence arabe,
    par Akram Belkaïd (Le Monde diplomatique, mars 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/03/BELKAID/66684

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    Collectif Hawaf. – « Sahab, le musée des nuages », de l’exposition « Ce que la Palestine apporte au monde », Institut du monde arabe, Paris, 2023 © Collectif Hawaf - Institut du monde arabe

    « Les Arabes se sont entendus pour ne jamais s’entendre. » De Rabat à Mascate en passant par Le Caire, Amman ou Doha, tous connaissent le célèbre adage attribué au penseur Ibn Khaldoun (1332-1406) et souvent cité pour déplorer les rivalités, divisions ou conflits qui ont émaillé l’histoire du Maghreb et du Proche-Orient depuis le milieu du XXe siècle. Mais l’intervention militaire israélienne à Gaza invalide la maxime, tant cette fois les vingt-deux pays de la Ligue arabe s’accordent pour ne surtout rien faire. Chaque réunion « urgente » de l’instance entérine son inaction, malgré quelques tirades grandiloquentes, en dépit d’un communiqué final pontifiant. On les imagine trop bien : autour d’une grande table ronde, excellences et ventripotences, maréchaux-présidents, anciens factieux devenus honorables, mâles trop bien ou très mal élus qui devisent d’un air grave avant de rejeter l’argument israélien de « légitime défense » tout en exigeant, cela va de soi, « l’arrêt immédiat » des combats (11 novembre 2023).

    Et quoi d’autre ? La perspective d’une riposte militaire ? Un appel à des sanctions internationales contre Israël comparables à celles infligées à la Russie après son invasion de l’Ukraine ? Une remise en cause radicale du processus de normalisation avec, pourquoi pas, une rupture des relations diplomatiques ? Une réduction des investissements des fonds souverains du Golfe aux États-Unis afin que cessent les livraisons de bombes et de munitions aux Israéliens ? Un embargo pétrolier comme en 1973 après la guerre du Kippour ? Lâ chay, rien de tout cela ! Si ce n’est un vague appui à la saisine sud-africaine de la Cour internationale de justice pour empêcher l’armée israélienne de commettre un génocide à Gaza.

    La tendance à la dérobade n’est pas une franche nouveauté. En 2018, la Ligue arabe avait convenu d’élaborer, toujours dans l’urgence et après moult brassages d’air, un « plan stratégique » pour contrer la décision de l’administration du président Donald Trump de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Wallah, par Dieu, on allait voir ce que l’on allait voir ! Six ans plus tard, on reste sans nouvelle de ce plan… (...)

  • Punitions collectives, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, mars 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/03/BREVILLE/66629

    Jadis apanage de l’extrême droite, l’idée a récemment conquis le camp du président Emmanuel Macron. « Il faudrait qu’à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles, une sorte de tarif minimum dès la première connerie », préconisait le chef de l’État au lendemain des émeutes de l’été 2023, dans une logique digne de la mafia : un individu se montrerait d’autant plus obéissant qu’il sait ses proches menacés. Chargée d’affiner ce projet, la ministre des solidarités a promis la mise en place de travaux d’intérêt général pour les « parents défaillants », une sanction pénale assortie d’une menace d’emprisonnement en cas de non-exécution.

    Les amateurs de kataskaphê inventent un nouveau contrat social : en haut de l’échelle, tout succès mérite récompense individuelle ; en bas, tout échec appelle une punition collective.

  • L’UNRWA, un témoin indésirable ? (Le Monde diplomatique, février 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/telex/2024-02-UNRWA

    Office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’United Nations Relief and Work Agency est créé le 8 décembre 1949 par l’Assemblée générale des Nations unies. Cette création intervient près d’un an après le vote de la résolution 194, qui stipule le droit au retour des Palestiniens réfugiés. La reconnaissance de cette résolution (jamais entrée en vigueur) a permis à Israël d’intégrer les Nations unies. Prévu pour être un organisme temporaire, l’Unrwa, qui a commencé à fonctionner en mai 1950, existe toujours, puisque le dossier des #réfugiés_palestiniens reste ouvert. Conformément au mandat initial, l’éducation, la santé et les services sociaux sont ses principales missions.

    Avec la guerre de 1967 et les nouveaux transferts de population, son mandat s’est étendu à ces nouveaux « déplacés ». Après la signature des accords d’Oslo*, un Peace Implementation Program a été élaboré, censé aider au développement des territoires palestiniens. Les conditions économiques liées en particulier à la non-application des accords et aux bouclages multiples hypothèquent l’essentiel des objectifs de ce programme. L’Unrwa recense un peu plus de trois millions quatre cent mille réfugiés inscrits, dont près de un million trois cent mille en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

    #UNRWA

  • Le journalisme français, un danger public,
    par Serge Halimi & Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, février 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/02/HALIMI/66560


    Isidro Ferrer. — « De bois et de broc », 2011
    www.isidroferrer.com

    Depuis le 7 octobre dernier, les grands médias veillent à l’alignement des planètes autoritaires en France. Leur soutien inconditionnel à Israël s’accompagne de leur diffamation des opinions dissidentes, de leur mise en cause des libertés publiques et de leur chasse aux immigrés. Jusqu’où ira cette guerre idéologique ? Au service de qui ? (...)

  • Une #Amérique_latine aux côtés de Gaza, par Meriem Laribi (Le Monde diplomatique, décembre 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/12/LARIBI/66355

    Quand le ministre de la défense israélien Yoav Galant annonce le siège de Gaza en expliquant, le 9 octobre, lutter « contre des animaux humains et [agir] en conséquence », M. Petro rétorque : « C’est ce que disaient les nazis à propos des Juifs. Les peuples démocratiques ne peuvent permettre au nazisme de se rétablir sur la scène politique internationale. Les Israéliens et les Palestiniens sont des êtres humains soumis au droit international. Ce discours de haine, s’il continue, ne fera qu’entraîner un holocauste. » L’ambassadeur israélien à Bogotá, M. Gali Dagan, propose alors à M. Petro d’aller visiter le camp de concentration d’Auschwitz avec lui. « J’y suis déjà allé (…) et maintenant j’en observe le calque à Gaza », répond le président latino-américain, toujours sur Twitter. « S’il faut suspendre nos relations avec Israël, alors nous les suspendons. Le président colombien ne se fait pas insulter », prévient-il en réponse à une convocation comminatoire de l’ambassadrice de Colombie par la chancellerie israélienne qui qualifie le chef d’État colombien d’« hostile » et d’« antisémite » (X, 15 octobre). Le 10 novembre, devant l’intensité et l’ampleur du massacre, et après le bombardement de plusieurs hôpitaux gazaouis, M. Petro annonce que les équipes juridiques de son gouvernement préparent des poursuites contre Israël devant tous les tribunaux internationaux. Le 13, il annonce sur X que la Colombie présentera des propositions aux Nations unies pour que la Palestine, qui ne jouit que d’un statut d’observateur non-membre dans cette enceine, « soit acceptée comme État de plein droit ».

  • Palestine, le spectre de l’expulsion ,
    par Gilbert Achcar (Le Monde diplomatique, décembre 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/12/ACHCAR/66374

    C’est un lieu commun d’affirmer qu’il est plus facile de commencer une guerre que de la terminer. Celle menée par Israël dans la bande de Gaza s’annonce d’ores et déjà comme une illustration particulièrement probante de cet adage. Pour l’extrême droite israélienne, dominante dans le gouvernement formé par M. Benyamin Netanyahou fin 2022, l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », lancée par le Hamas le 7 octobre dernier, a fourni l’occasion idéale de mettre à exécution le projet d’un Grand Israël incluant la Cisjordanie et Gaza, soit l’intégralité de la Palestine du mandat britannique (1920-1948).

    La souche politico-idéologique dont est issu le Likoud, que dirige M. Netanyahou sans interruption depuis 2005 (il l’avait présidé auparavant une première fois entre 1996 et 1999), est constituée par une branche d’inspiration fasciste connue sous le nom de « sionisme révisionniste », née dans l’entre-deux-guerres.

    Avant la fondation de l’État d’Israël, ce courant militait pour englober dans le projet étatique sioniste la totalité des territoires sous mandat britannique de part et d’autre du Jourdain, y compris la Transjordanie attribuée par Londres à la dynastie hachémite. Par la suite, son ambition s’étant focalisée sur la Palestine mandataire, il reprocha au sionisme travailliste dirigé par David Ben Gourion d’avoir cessé le combat en 1949 sans s’emparer de la Cisjordanie et de Gaza.

    Pour Ben Gourion et ses camarades, ce n’était que partie remise : les deux territoires furent occupés en 1967. Depuis lors, le Likoud a constamment surenchéri sur le sionisme travailliste et ses alliés au sujet de leur sort. Au lieu de fuir les combats comme en 1948, les populations de la Cisjordanie et de Gaza, dans leur grande majorité, se sont accrochées à leurs terres et à leurs demeures en 1967. Elles avaient retenu la leçon : 80 % des habitants palestiniens du territoire sur lequel l’État d’Israël s’était finalement établi en 1949, soit 78 % de la Palestine mandataire, avaient fui à la recherche d’un refuge temporaire, qui s’avéra définitif puisque le nouvel État leur interdit le retour. Cette dépossession est au cœur de ce que les Arabes appellent la Nakba (« catastrophe ») (1).

    L’exode palestinien ne s’étant pas reproduit à l’identique en 1967 (245 000 Palestiniens, des réfugiés de 1948 pour la plupart, fuirent néanmoins vers l’autre rive du Jourdain), le gouvernement israélien se trouva confronté au dilemme d’une volonté d’annexion contrariée par un facteur démographique : accaparer les deux territoires en octroyant la citoyenneté israélienne à leurs habitants mettrait en péril le caractère juif de l’État d’Israël ; les annexer sans naturalisation compromettrait son caractère démocratique (une « démocratie ethnique », selon le sociologue israélien Sammy Smooha) en créant un apartheid officiel. La solution trouvée à ce dilemme — connue sous le nom de « plan Allon », du nom du vice-premier ministre Yigal Allon, qui l’élabora en 1967-1968 — consista à s’emparer à long terme de la vallée du Jourdain et des zones à faible densité de peuplement palestinien en Cisjordanie, et à envisager de restituer le contrôle des zones peuplées à la monarchie hachémite.

    (...)

    La même plainte concerne les « transferts de population », motivée par le déplacement massif en cours de la population gazaouie au sein de l’enclave. L’intentionnalité est plus manifeste à cet égard. Dans la foulée du 7 octobre, le ministère du renseignement israélien — que dirige une autre membre du Likoud, Mme Gila Gamliel, et qui assure la coordination entre le service extérieur, le Mossad, et le service intérieur, le Shabak, sous l’égide du premier ministre — s’est attelé à l’élaboration d’un plan pour Gaza. Finalisé le 13 octobre, ce projet, dont on doit la divulgation quinze jours plus tard au site israélien contestataire Mekomit, est intitulé « Options pour une politique à l’égard de la population civile de Gaza » (8). Il envisage trois scénarios : a) les habitants de Gaza restent dans la bande et sont gouvernés par l’Autorité palestinienne ; b) ils y restent, mais sont gouvernés par une autorité locale ad hoc, mise en place par Israël ; c) ils sont évacués de Gaza vers le désert égyptien du Sinaï.
    Le Caire s’est catégoriquement opposé au transfert des Gazaouis sur son territoire

    Le document considère que les options a et b souffrent d’importantes lacunes, aucune d’elles ne pouvant produire un « effet dissuasif » suffisant à long terme. Quant à l’option c, elle « produira des résultats stratégiques positifs à long terme pour Israël » et est jugée « réalisable » à condition que l’« échelon politique » fasse preuve de détermination face à la pression internationale et parvienne à s’assurer du soutien des États-Unis et d’autres gouvernements pro-israéliens. Chacune des trois options est ensuite détaillée.

    Le scénario envisagé pour la troisième, que privilégie le ministère, commence par le déplacement de la population civile de Gaza hors de la zone des combats, suivi de son transfert vers le Sinaï égyptien. Dans un premier temps, les réfugiés y seront abrités sous des tentes. « L’étape suivante comprendra la création d’une zone humanitaire pour aider la population civile de Gaza et la construction de villes dans une zone dédiée à leur relocalisation, dans le nord du Sinaï », tout en maintenant un périmètre de sécurité de part et d’autre de la frontière.

    Le document décrit ensuite la façon de parvenir au transfert de la population gazaouie. Il préconise d’appeler à l’évacuation des non-combattants de la zone des affrontements armés tout en concentrant les bombardements aériens sur le nord de Gaza pour ouvrir la voie à une offensive terrestre, jusqu’à l’occupation de toute l’enclave. Ce faisant, « il est important de laisser ouvertes les routes vers le sud pour permettre l’évacuation de la population civile vers Rafah », où se trouve l’unique poste-frontière égyptien. Le document note que cette option s’inscrit dans un contexte mondial où les déplacements de populations à grande échelle se sont banalisés, notamment avec les guerres d’Afghanistan, de Syrie et d’Ukraine. (...)

    • Expel all Palestinians from Gaza, recommends Israeli gov’t ministry

      https://www.972mag.com/intelligence-ministry-gaza-population-transfer

      An Intelligence Ministry document revealed by Local Call and +972 shows how the idea of population transfer to the Sinai is reaching official discussions.

      Yuval Abraham | October 30, 2023

      The Israeli Ministry of Intelligence is recommending the forcible and permanent transfer of the Gaza Strip’s 2.2 million Palestinian residents to Egypt’s Sinai Peninsula, according to an official document revealed in full for the first time by +972’s partner site Local Call yesterday.

      The 10-page document, dated Oct. 13, 2023, bears the logo of the Intelligence Ministry — a small governmental body that produces policy research and shares its proposals with intelligence agencies, the army, and other ministries. It assesses three options regarding the future of the Palestinians in the Gaza Strip in the framework of the current war, and recommends a full population transfer as its preferred course of action. It also calls on Israel to enlist the international community in support of this endeavor. The document, whose authenticity was confirmed by the ministry, has been translated into English in full here on +972.

      The existence of the document does not necessarily indicate that its recommendations are being considered by Israel’s defense establishment. Despite its name, the Intelligence Ministry is not directly responsible for any intelligence body, but rather independently prepares studies and policy papers that are distributed to the Israeli government and security agencies for review, but are not binding. The ministry’s annual budget is NIS 25 million and its influence is considered relatively small. It is currently headed by Gila Gamliel, a member of Prime Minister Benjamin Netanyahu’s Likud Party. (...)

  • Antisémitisme : diffamation médiatique, recomposition politique (Le Monde diplomatique, novembre 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/telex/2023-11-Disqualifier-l-extreme-gauche

    Est-ce dû à la domination d’un journalisme politique médiocre qui ne vit qu’en pensant aux derniers tweets et aux prochaines élections ? Les crimes de guerre du Hamas en Israël aussitôt suivis de massacres israéliens à Gaza ont permis à la classe politique et aux journalistes français de favoriser deux objectifs jumeaux : disqualifier l’« extrême gauche », blanchir l’extrême droite. L’arme utilisée dans les deux cas ? L’accusation d’antisémitisme, dirigée contre ceux qui en sont innocents alors que certains coupables en sont innocentés. (...)

  • Barbares et civilisés, par Alain Gresh (Le Monde diplomatique, novembre 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/11/GRESH/66250

    (...) Et pourtant… Nous sommes le 4 septembre 1997, rue Ben-Yéhouda, en plein centre de Jérusalem. Trois kamikazes du Hamas se font exploser, tuant cinq personnes, dont une jeune fille de 14 ans prénommée Smadar, sortie de chez elle pour acheter un livre. Elle porte un nom prestigieux en Israël. Son grand-père, le général Mattityahou Peler, a été l’un des artisans de la victoire de juin 1967, avant de devenir une « colombe » et l’un des protagonistes de ce que l’on a appelé les « conversations de Paris », premières rencontres secrètes entre des responsables de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des Israéliens « sionistes ». En cette année 1997, M. Benyamin Netanyahou était déjà premier ministre et avait promis de détruire l’accord d’Oslo signé en 1993, ce qu’il réussira à faire. Il connaît aussi la mère de Smadar, Nourit, une camarade d’école et une amie de jeunesse. Quand il l’appelle pour lui présenter ses condoléances, elle lui rétorque : « Bibi qu’as-tu fait ? », le tenant pour responsable de la mort de sa fille (1). (...)

  • L’émeute, entre jacquerie et carnaval, par Loïc Wacquant
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/09/WACQUANT/66069


    Jérôme Lagarrigue. – « Besieged » (Assiégés), 2017
    © Jérôme Lagarrigue - Courtesy Galerie Olivier Waltman

    Une étincelle peut mettre le feu à la plaine. Sans leader ni revendications précises, les #émeutes de juin dernier en France rappellent d’autres protestations d’en bas, dont les révoltes paysannes de l’Ancien Régime. L’arrogance d’un président-monarque encourage les analogies : une rage mêlée de jubilation, des incendies et des saccages — et pour finir la répression.

    Il est instructif, pour comprendre la vague d’émeutes qui a secoué la France pendant six nuits à la suite du meurtre du jeune Nahel Merzouk par un policier à Nanterre, de faire un détour historique par l’Ancien Régime et par deux phénomènes populaires qui l’ont marqué, la #jacquerie et le #carnaval. Ces derniers donnent des clés de lecture qui suggèrent que ces émeutes sont bien françaises : au-delà du vandalisme, elles s’inscrivent dans une longue lignée de protestations des populations subalternes contre les exactions des autorités.

    La jacquerie est une révolte paysanne comme en a connu périodiquement l’Occident du XVIe au XVIIe siècle. Elle prend la forme de violences collectives déclenchées par la disette mais aussi et surtout par l’incurie et les abus des tutelles, seigneur, Église, pouvoir royal, qui se manifestent alors par la cherté du blé, la pression fiscale et l’enrôlement de force dans les armées. La jacquerie se compose ainsi d’attaques contre les représentants des institutions féodales mais aussi d’incendies, de pillages et de meurtres. On a en tête celle conduite par Jacquou le Croquant, la figure éponyme du roman de 1899 adapté à la télévision, mais la plupart des jacqueries du Grand Siècle étaient spontanées, sans leader et sans cahier de revendications clair. Elles étaient l’expression du refus explosif d’un malheur collectif et d’un pouvoir injuste, provoqué par un événement soudain qui les rendait plus intolérables encore qu’à l’accoutumée.

    #paywall..

  • En touriste à Auschwitz , par Arnaud de Montjoye (Le Monde diplomatique, août 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/08/DE_MONTJOYE/65987

    « Les petits soucis de Blanc (d’ordre financier, nuptial, psycho-émotionnel et physique) ternissant ma vie de pacha. » Pour Jerry, le narrateur, c’est le constat d’une vie, bien proche de celle de Jerry, l’auteur : bientôt septuagénaire, très déprimé, trois mariages ratés et les enfants qui vont avec, une consommation excessive de denrées et substances à fort potentiel pathogène et les maladies qui vont avec. Vaguement scénariste à vague succès. Et Juif. Affligé d’un post-traumatisme indirect, relié à l’Histoire avec une grande hache. Alors, quand il repère, sur le Web, une scène croustillante montrant un groupe en train de se livrer à « une partie de chat, à poil, dans un camp de la mort », c’est comme un déclic. Il éprouve le désir irrésistible d’accomplir un « pèlerinage ».

  • Traversée d’un désert médical, par Pierre Souchon (Le Monde diplomatique, août 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/08/SOUCHON/66009

    Ma santé ? » Croisée à l’ombre d’un platane de Privas, préfecture de l’Ardèche, Émilie fond en larmes.

    « C’est simple. Ça fait longtemps que les rares dentistes qui restent dans la ville ne prennent plus de nouveaux patients. Je les ai suppliés… Rien à faire. Ils ont fini par m’envoyer aux urgences, qui ont refusé de me prendre en charge, et m’ont conseillé d’appeler le 15. Au 15, ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas dentistes… »

    Toujours émue, elle poursuit : « Alors depuis des années, matin, midi et soir, je remets moi-même mon bridge après chaque repas avec de la colle. Parce qu’il tombe dès que je mange. J’ai la bouche qui pourrit. »

    Les médecins généralistes de la ville, dont au moins trois viennent de partir récemment à la retraite, l’ont eux aussi refusée à cause d’une surcharge de clientèle : « Heureusement, un ami m’a pistonnée, et il m’a trouvé une place dans la vallée du Rhône, à vingt kilomètres. C’est lui qui m’emmène en voiture. Le médecin est sympa : il fait passer la consultation sur la carte de mon ami, sinon je devrais payer, et je ne peux pas… »

    Émilie est femme de ménage. Elle a 36 ans. Récemment licenciée, au chômage, elle élève seule trois jeunes enfants et n’a pas le permis de conduire. Elle ne vote plus depuis très longtemps et ne se souvient pas pour quelle formation elle votait jadis : « De toute façon, qui que ce soit là-haut, on trinque à tous les coups. »

  • « Sans les images ? », par Ulrike Lune Riboni (Le Monde diplomatique, août 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/08/LUNE_RIBONI/65982

    Un mur de Nanterre, le 29 juin dernier. Des lettres violettes inscrites à la bombe. « Sans vidéo Nahel serait une statistique pour la Place Beauvau. Fuck le 17 ». Deux jours auparavant, Nahel Merzouk, 17 ans, avait trouvé la mort au volant d’une voiture, après qu’un agent lui eut tiré en pleine poitrine, à bout portant. Des images tournées par une passante et diffusées sur les réseaux sociaux le jour même ont remis en cause la version policière reprise dans les premiers articles sur le drame. Le 27 juin à 8 h 22, le compte rendu du centre de commandement consignait : « Individu blessé par balle à la poitrine gauche. Le fonctionnaire de police s’est mis à l’avant pour le stopper. Le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire. » Or la séquence filmée montre le motard ouvrant le feu depuis le côté d’un véhicule qui redémarre lentement.

    Sans image, que se serait-il passé ? « S’il n’y avait pas eu la vidéo, s’est interrogée la jeune femme qui l’a postée, une collègue de son auteure, quelle aurait été la suite ? » Plusieurs médias ont comparé l’émotion suscitée par la mort de Nahel Merzouk à la relative indifférence dans laquelle, deux semaines plus tôt, Alhoussein Camara était décédé d’une balle dans le thorax à Saint-Yrieix-sur-Charente, dans la banlieue d’Angoulême. Lors d’un contrôle de police sur la route de son travail, ce jeune homme de 19 ans aurait refusé d’obtempérer et heurté les jambes d’un agent avec sa voiture. Un ami d’enfance témoignait, interdit : « Je sais tellement qu’il n’a pas pu blesser ce policier, mais comment le prouver sans vidéo… »

  • Mort d’un mineur à Nanterre : pas une bavure, une exécution
    https://www.politis.fr/articles/2023/06/mort-dun-mineur-a-nanterre-pas-une-bavure-une-execution

    Un jeune homme de 17 ans a été abattu à bout portant par un policier ce mardi matin, à la suite d’un refus d’obtempérer. Une vidéo insoutenable montre ce qui ressemble plus à une exécution qu’à de la légitime défense.

    Passage François Arago, Nanterre, Hauts-de-Seine, ce mardi 27 juin au matin. Une Mercedes jaune est à l’arrêt. Sur sa gauche, côté conducteur, deux policiers motards. On assiste, visiblement, à un contrôle routier. Les deux policiers ont leur pistolet dégainé. On a l’impression qu’ils intiment au conducteur de couper le moteur. Celui-ci démarre. Un des deux policiers tire. Une seule balle, à bout portant, en plein cœur. Il se situait alors sur la gauche du véhicule. Le jeune conducteur, un mineur de 17 ans, meurt sur le coup, sa voiture allant s’empaler dans un poteau quelques mètres plus loin.

    Tout de suite, la machine préfectorale se met en marche. Suivie, immédiatement, par le « journalisme de préfecture ». Le Parisien, France Bleu n’hésitent pas à citer allègrement des « sources policières » décrivant une toute autre scène où le conducteur aurait « foncé » sur les forces de l’ordre. Sur BFM TV, même méthode à laquelle on se permet d’en rajouter une couche. « L’individu serait très connu des services de police », affirme la journaliste en plateau, à peine deux heures après les faits. Le tour est rodé, bien huilé. Le corps de ce jeune garçon n’est même pas encore refroidi que le message est clairement envoyé, et largement relayé. Il est coupable. Et surtout, il l’a bien mérité.

    Sauf que cette fois, un petit grain de sable vient gripper cette indécente machine. Une femme a filmé la scène et la diffuse presque immédiatement sur les réseaux sociaux. On y voit une toute autre version. Non, le policier n’était pas face à la voiture, mais à sa gauche. Non, la voiture n’a pas foncé sur les forces de l’ordre. Sur cette vidéo de quelques secondes, on ne voit pas une tentative d’homicide d’un fonctionnaire de police, on assiste à l’exécution d’un adolescent. Insoutenable, insupportable. L’article L233-1-1 du Code de la route punit un refus d’obtempérer avec mise en danger de la vie d’autrui de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende. Sous nos yeux, ce délit est puni de la peine de mort.

    Histoire terrible… et banale

    Cette histoire est encore plus terrible qu’elle en devient banale. En 2022, 13 personnes sont mortes, tuées par la police, à la suite d’un refus d’obtempérer. Un bien triste record. Comme nos confrères de Basta ! le montrait de manière infaillible, en six ans, c’est plus du double de personnes qui ont été abattues dans ces circonstances que lors des quinze années précédentes. Pourtant, à chaque fois, le récit policier s’impose, à grand renfort de soutiens médiatiques. À chaque fois, la personne tuée est coupable avant d’être froide. Rarement – voire jamais –, une vidéo des faits n’est diffusée. Souvent, il faut attendre plusieurs mois pour obtenir des éléments de l’enquête grâce au travail de confrères et consœurs journalistes. Souvent, aussi, ce travail d’investigation met à mal les versions policières. Les exemples sont légions comme ici, ici ou ici.

    Cette loi est venue mettre de la confusion dans des textes très clairs.

    Il serait pourtant intéressant de s’écarter des versions préfectorales pour interroger les raisons de cette très forte augmentation de ce type de drame. Loin des cris de l’extrême droite sur une hausse de la délinquance et du nombre de refus d’obtempérer, de nombreux spécialistes pointent du doigt une toute autre explication : la dernière loi sécuritaire du quinquennat Hollande élargissant les droits des policiers à faire feu. « Cette loi est venue mettre de la confusion dans des textes très clairs » sur la légitime défense, expliquait, en avril 2022, à la suite d’un drame de ce type, à France Info le sociologue de la police Fabien Jobard. « Elle est venue introduire une notion un peu compliquée. Désormais, le policier peut faire usage de son arme lorsqu’il y a refus d’obtempérer et qu’il peut imaginer raisonnablement que la personne est susceptible de porter atteinte à la vie des policiers ou à celle d’autrui. »

    Une loi qui crée de l’impunité. Sur les 38 personnes tuées dans ce schéma recensées par Basta !, seules trois affaires ont finalement abouti à une condamnation. Des chiffres qui résonnent avec ceux, plus globaux, dévoilés dans nos colonnes en début d’année. Seules 8% des personnes dépositaires de l’autorité publique mises en causes pour violences volontaires ont été condamnées en 2020 et 2021. Pourtant, malgré ces chiffres accompagnés d’analyses de chercheurs spécialistes, jamais cette loi n’a été remise en cause par le pouvoir. Aujourd’hui, un jeune garçon se fait abattre froidement à bout portant. Une vidéo nous permet de nous en rendre compte. Plutôt que d’utiliser les vieilles méthodes mensongères et indécentes, ne serait-il pas temps de s’interroger sur la pertinence de notre législation ?

    • Contrairement à la version média Naël n’a jamais été condamné (prudents, les articles disaient « connu par la justice » pour délit de fuite et stup, ils sont modifiés en courts de journée cf. https://seenthis.net/messages/1007809)

      les policiers parlent trop sur la vidéo
      "je vais te tirer une balle dans la tête" dit le tireur
      "shoote-le" dit le collègue

      à Nanterre, un flic répond à une femme qui proteste « retrouve en Afrique » (formule prononcée à l’A.N. et reprise comme slogan par les identitaires et alii), et ce soir, Bac et CRS sont au travail (pyrotechnie et barricades), la CRS8 va débouler.

      sinon, le papier de Politesse est typique de cette gauche mollasse qui préfère les actes symboliques (casserolades) à la dureté du conflit réel et arrive, sauf pour le titre qui les sauve, à ne rien dire du relief des faits (resservez moi un mojito)

      #blame_the_victim #criminalisation (en français) #media #police #armes_de_la_police #refus_d’obtempérer #délit_de_fuite #légitime_défense_a_priori #homicide_volontaire #gauche_de_bourges_dans_leur_tête #pacifiés_de_la_démocratie

    • Face aux chtars meurtriers : "explosion de colère d’un des ambulanciers qui a conduit le corps de Nael"
      https://twitter.com/CerveauxNon/status/1673726127305551873

      tu vois qu’il a une gueule d’enfant ! pour un défaut de permis !! je le connais le petit, je l’ai vu grandir, sa mère elle l’élevé toute seule, son père il l’a quitté, elle va enterrer son fils, elle est toute seule !

      (vidéo, que je sais tj pas importer)

      edit Cet ambulancier qui a témoigné sa colère aurait été placé en GAV pour "menaces" et "incitation à la haine". L’État autoritaire se croit suffisamment fort pour jouer aux pyromanes. (cerveaux non)

      more

      la nouvelle version presse (Apathie) "le conducteur était connu des services de police"

      un seul des policiers en GàV (le tireur, et pas celui qui l’a encouragé), aucun suspendu (comme les innombrables ministres et secrétaire d’état mis en examen toujours en poste), ne serait-ce qu’à titre conservatoire, l’appareil judiciaire et le gvt ont choisi de réprimer une solidarité en acte plutôt que d’essayer de la prévenir. un pari : le spectre de 2005 restera ce qu’il est faute de cadavre assez jeune (innocent) pour enflammer d’autres quartiers que ceux de Nanterre.

      « Aucun policier ne tue de gaïté de cœur », Mathieu Valet, porte parole CICP, FNews

      #Nanterre #Cité_Pablo_Picasso

    • Mineur tué par un policier à Nanterre : sept personnes interpellées
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/27/mineur-tue-a-nanterre-sept-personnes-interpellees_6179490_3224.html

      Sept personnes ont été interpellées mardi 27 juin en début de soirée à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors de tensions avec les forces de l’ordre déployées dans la ville quelques heures après qu’un jeune homme de 17 ans a été tué par un policier, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de la préfecture de police.
      Deux unités de forces mobiles, dont des membres de la #CRS_8 – spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines –, sont présentes dans la commune pour la nuit, a rapporté le ministère de l’intérieur.

      edit

      "Je préfère une racaille morte qu’un policier mort. Chacun son électorat !" , Bruno Attal en réponse à un tweet de Sandrine Rousseau

      Ruffin, sur oiseau...

      Ce matin, un jeune de 17 ans a été tué par un policier, après un contrôle routier à Nanterre. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches.
      Porter l’uniforme de la République implique des devoirs. Pour les policiers, comme pour les citoyens : enquête et justice.

      le passager de la voiture, arrêté mains en l’air à sa sortie du véhicule, non sans avoir subi une balayette, doit être en butte à une pression maximale de condés qui vont tout faire pour relativiser ce que les images (et le son) indiquent

      Naël

      @vivelefeu

      Rappel : ce sont ces gens qui ont modifié les conditions d’« ouverture du feu » des policiers.

      0h17 affrontations en cours à
      Nanterre préfecture attaquée et policiers en déroute à la Cité Picasso sous le feu d’engins pyrotechnique
      Suresnes
      Colombes
      Asnières-sur-Seine
      Colmar [edit ce serait fake]
      Gennevilliers

      0h32
      Saint-Denis
      Bordeaux
      Villeneuve la Garenne
      Nantes

      0h54
      Clichy-sous-Bois
      Vitry sur Seine
      Mantes la Jolie, mairie du Val-Fourré incendiée

    • Jules Kounde, @jkeey4 (602,9 k abonnés)
      https://twitter.com/jkeey4/status/1673805432878673920

      Un jeune homme de 17 ans abattu à bout portant par un policier pour un refus d’obtempérer lors d’un contrôle. Telle est la réalité de la situation et elle est dramatique.

      Comme si cette nouvelle bavure policière ne suffisait pas les chaînes d’information en continu en font leurs choux gras.

      Des plateaux déconnectés de la réalité, des « journalistes » qui posent des « questions » dans le seul but de déformer la vérité, de criminaliser la victime et de trouver des circonstances atténuantes là où il n’y en a aucune.

      Une méthode vieille comme le monde pour masquer le vrai problème.
      Et si on éteignait un peu la tv pour s’informer ?

    • « Je suis sa maman. Rendez-vous jeudi à la préfecture à 14 heures, marche blanche. Je dis : venez tous, on fait une révolte, s’il vous plaît, pour mon fils », déclare (avec Assa Traoré) la mère de Naël dans une vidéo relayée sur TikTok.
      https://www.tiktok.com/@valeriepetit/video/7249627480288464155

      edit
      Darmanin annonce la mobilisation de 2000 FDO pour la seule région parisienne cette nuit. Les pouvoirs publics redoutent un « effet Zyed et Bouna », du nom de ces deux jeunes adolescents morts électrocutés dans un transformateur en octobre 2005 après une course-poursuite avec la police. Ce drame avait déclenché des émeutes sans précédents depuis plusieurs années à travers le pays. (Le Monde)

      Les sanctions pour #faux_en_écriture_publique, relevant pourtant de la matière criminelle, sont surtout assez faibles au regard de la gravité des faits et de l’abus de pouvoir qu’ils matérialisent souvent. Ce n’est pas un hasard si la qualité de « PDAP » (personne dépositaire de l’autorité publique) aggrave la peine pour celui qui s’en rend coupable (quinze ans de réclusion et 225 000 euros d’amende au lieu de dix ans et 150 000 euros).

      Or, de manière générale, les peines prononcées, y compris pour réprimer des faits assez graves commis par des policiers ou des gendarmes, s’échelonnent généralement entre six mois ferme et dix-huit mois avec sursis, hors cas exceptionnels. Rien de très dissuasif. (Le Monde)

      #Naël #révolte

    • Une balle dans la tête...C’est toujours pour les mêmes qu’être en tort conduit à la mort. « Magic Mike Maignan », @mmseize, gardien de l’équipe de France de football, punchliner à ses heures

      edit
      Macron RS : « Nous partageons l’émotion et la peine de la famille et des proches du jeune Naël. Je veux leur dire notre solidarité et l’affection de la Nation.
      La Justice a été immédiatement saisie »
      Bouzrou RS : « Non Monsieur le Président, aucune justice indépendante et impartiale n’a été saisie.
      A ce jour, seul le procureur de la République de Nanterre (qui n’est pas un magistrat indépendant) dirige l’enquête sur des policiers de son propre département. »

      #instruction #dépaysement

    • « On a gagné la première bataille hier soir [les flics mis en déroute à plusieurs reprises et l’extension des manifestations de révoltes au-delà de la ville]. Vous pouvez écrire dans votre article que ce soir aussi, la nuit va être longue. »
      in A Nanterre, l’émotion et la colère au lendemain de la mort de Nahel M. : « On nous a pris notre petit frère »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/28/on-nous-a-pris-notre-petit-frere-a-nanterre-l-emotion-et-la-colere-au-lendem
      https://justpaste.it/2ldm8

    • le Monde faux derche au boute

      Les tout premiers éléments de langage employés par des sources policières, repris par certains médias, évoquaient un véhicule fonçant vers deux agents dans l’intention de les percuter.

      https://www.lemonde.fr/societe/live/2023/06/28/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre-rassemblements-a-lille-et-nantes-t

      certains médias dont le Monde https://seenthis.net/messages/1007809

      la police et la presse des milliardaires fracassées par 3 vidéos amateurs

      #Rodney_King

      edit Nantes ce soir, pendant que dans de nombreuses villes...

    • Des dizaines de scooters tournent en permanence dans le quartier pour alerter les jeunes violents des éventuels mouvements des forces de police (Le Monde)

      #estafettes (pendant que la pref a autorisé des drones dans plusieurs villes d’idf)

      il y a de ces scènes ! on dirait que les flics sont sur Mars tant ils reçoivent de feux d’artifice. ce soir encore, ils ont du sortir de Pablo Picasso pendant que dans diverses villes (grosse extension dans el 93, mais aussi en région, à suivre...) comicos, mairies et FDO sont attaquées.

      il y a (il y aurait ? n’ai vu ces images que sur peu de comptes) des véhicules militaires à Nanterre depuis 1h du mat ce soir. à l’actualisation en cours du spectre de 2005 répond déjà un état d’urgence non proclamé.

      edit depuis les dernières déclarations de Macron (inacceptable) et Borne, les ornas de flics montent au créneau (sur le motif du bafouillant Darmanin, rappellant, ému et attristé en tant que père de famille, la « présomption d’innocence »). Sud radio puis d’autres diffusent un pedigree de Nahel en jeune multi récidiviste en butte à la justice des mineurs.

      détails
      le bolide Merco (AMR) était une automatique (tu lâche le frein, si tu es pas sur parking ou neutre, ça part) probablement pas facile à conduire (beaucoup de chevaux), possiblement prêtée pour un essai à ce lycéen en Lep de mécanique
      le gars a pris 4 coups de crosses dans la tête, en plus des menaces de mort, avant de lâcher le frein

      selon le passager (?) de la voiture, encore libre

    • l’entrée du domaine de la prison de Fresnes attaquée
      https://www.lemonde.fr/societe/live/2023/06/28/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre-rassemblements-a-lille-et-nantes-t

      Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) a été attaqué dans la nuit au mortier d’artifice par des émeutiers, a appris l’AFP de source policière. Des vidéos consultées par l’AFP montrent une vingtaine de jeunes cagoulés attaquer avec des mortiers d’artifice et divers projectiles le poste de garde à l’entrée du domaine. Le domaine donne accès aux résidences des surveillants, à la maison d’arrêt, à la maison d’arrêt des femmes ou encore à l’hôpital pénitentiaire. Une alarme a retenti lors de l’attaque, comme le montrent plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. « Ils n’ont pas pénétré dans l’enceinte de la prison. Les forces de l’ordre ont vite été appelées », a indiqué la source policière. Les vidéos consultées par l’AFP montrent également des incendies dans la rue menant à la prison.

    • à Vigneux (91), des émeutiers utilisent des armes à feux pour détruire des caméras de surveillance.

      Asnières (92). Un distributeur de billets est découpé à la disqueuse.

      Argenteuil, pillage de mags (avec images sympas sur tir tok) c’est presque vide, contrairement à d’autres scènes où on voit pas mal de monde. deux jeunes femmes : « il reste de la laitue, ou pas ? », "ouais, il reste tout""

      (je précise que les post plus haut résultent aussi de diverses vues)

      Mons-en-Baroeul (59), mairie prise d’assaut et saccagée. Les casques de police ont été volés.

      Dammarie-les-Lys (77), commissariat pris d’assaut, véhicules de police incendiés

      Neuilly-sur-Marne (93) nombreuses voitures de la police municipale incendiées

      Aulnay Aldi pillé

      Genevillers là des gars se font filmer armant des pouchkas dans la rue

      Garges incendies des deux accès de la mairie

      Clichy images d’une explosion qui dépasse des immeubles de 3 ou 4 étages

      Wattrelos (59) LIDL incendié

      #pouchka #caillasse #manger #autoréductions (à la fortune du pot)

    • « Refus d’obtempérer » : l’alarmante augmentation des tirs policiers mortels | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/refus-d-obtemperer-l-alarmante-augmentation-des-tirs-policiers-mortels

      La mort de Nahel s’inscrit dans une longue série de décès depuis l’entrée en vigueur en 2017 d’un article de loi permettant un usage facilité des armes à feu pour les forces de l’ordre. Rien qu’en 2022, 13 personnes ont été tuées par des tirs de la police française sur leurs véhicules.

      Camille Polloni

      28 juin 2023 à 13h36

      https://jpst.it/3hg_C

      Depuis la loi de février 2017 relative à la sécurité publique, les policiers ont davantage fait usage de leurs armes contre des véhicules en mouvement
      Nombre annuel de déclarations de l’emploi de l’arme en direction de véhicules en mouvement (graphique) :
      https://flo.uri.sh/visualisation/10328112/embed

      À l’air libre (260) Pont-Neuf, Sevran : la légitime défense des policiers en question :
      https://youtu.be/0STcz0G2WwQ

    • Mort de Nahel : « La marche blanche, c’est pour les darons. Nous, notre hommage, c’est contre la police » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/mort-de-nahel-la-marche-blanche-c-est-pour-les-darons-nous-notre-hommage-c

      Dans le quartier du Vieux-Pont, à Nanterre, d’où était originaire Nahel, 17 ans, tué par un policier le 27 juin, les habitants, endeuillés, partagent la colère d’une jeunesse abandonnée et dénoncent le racisme, le harcèlement des forces de l’ordre, et l’abandon général dont ils s’estiment victimes.

      Pascale Pascariello et Bérénice Gabriel

      28 juin 2023 à 21h1

      https://jpst.it/3hh0b

    • Le nombre de morts liées à une intervention policière a atteint un pic en 202 1 - Basta !
      https://basta.media/le-nombre-de-morts-liees-a-une-intervention-policiere-a-atteint-un-pic-en-2

      28 juin 2023 par Ivan du Roy

      N’en déplaise au ministre de l’Intérieur et à certains syndicats de police, le recensement des personnes tuées par les forces de l’ordre que basta ! effectue depuis plusieurs années démontre une réelle et inquiétante augmentation.

      « Depuis la loi de 2017, j’ai eu l’occasion de dire dans de très nombreux échanges ici qu’il y a eu moins de tirs et (...) moins de cas mortels qu’avant 2017 », lance ce 27 juin le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, devant l’Assemblée nationale, à la suite de la mort d’un adolescent à Nanterre, tué à bout portant par un policier lors d’un contrôle routier au prétexte d’un « refus d’obtempérer ». Dans le meilleur des cas, le ministre de l’Intérieur se trompe ; au pire, il ment.
      Basta actualise chaque année [sa base de données et sa visualisation des interventions policières létales https://basta.media/webdocs/police , pour contribuer à mettre en lumière les circonstances de ces interventions, surtout quand elles interrogent. Les années 2021 et 2022 seront réactualisées ce 29 juin.
      Interventions policières létales
      Basta actualise sa base de données et sa visualisation des interventions policières létales, pour mettre en lumière les circonstances de ces interventions, surtout quand elles interrogent. Les années 2021 et 2022 seront réactualisées ce 29 juin.

      Au contraire de ce qu’il affirme, nous observons un essor sans précédent du nombre d’interventions létales des forces de l’ordre depuis 2020, en particulier du fait de la police nationale. Cette année-là, temps de Covid et de confinement, 40 personnes sont mortes dans le cadre d’une mission de police ou de gendarmerie, 52 en 2021, 39 en 2022. Des chiffres bien supérieurs aux 27 décès que nous recensions en 2017, ou à la vingtaine par an avant 2015. Notre enquête éclaire également les circonstances dans lesquelles ces personnes ont perdu la vie. Elle recouvre l’intégralité des situations ayant entraîné la mort (par balles, d’un malaise, d’une arme censée être non létale...), sans préjuger de la légitimité ou non de l’action des forces de l’ordre.

      Le nombre de personnes tuées par un tir des forces de l’ordre a ainsi considérablement augmenté, avec respectivement 18 et 26 personnes abattues en 2021 et 2022, soit plus du double que lors de la décennie précédente. La lutte contre le risque terroriste et les interventions face à des « forcenés » armés ou face à des personnes en décompression psychique devenues dangereuses pour autrui ou pour elles-mêmes n’expliquent pas cette augmentation. En 2022, la moitié des personnes tuées par balles n’étaient elles-mêmes pas armées, comme nous l’expliquons dans cet article détaillé sur le sujet. Parmi ces personnes non armées figurent les refus d’obtempérer .
      Les effets mortifères de la loi de 2017

      La loi évoquée par Gérald Darmanin est celle relative à la sécurité publique votée en février 2017 sous le gouvernement socialiste de Bernard Cazeneuve. Elle assouplit les règles d’emploi des armes à feu de la police, notamment la possibilité de tirer sur les occupants de véhicules en fuite. La loi laisse les policiers ou les gendarmes réalisant le contrôle routier apprécier s’il y a, ou non, un risque d’atteinte future à la vie d’autrui, et faire feu le cas échéant. La gendarmerie s’interroge désormais sur la réponse à y apporter pour éviter de « briser une vie ». « Il importe à chacun de nous de se préparer intellectuellement en amont à une tactique et à des actions alternatives face aux refus dangereux d’obtempérer », expliquait la commandante Céline Morin. En clair : éviter d’ouvrir le feu s’il n’y a plus de danger immédiat et privilégier le fait de retrouver et d’interpeller ultérieurement la personne responsable du refus d’obtempérer. La police nationale ne semble pas encore avoir mené cette réflexion, encore moins les syndicats de policier, toujours dans la surenchère.

    • Les violences policières vues par les politiques : des années d’illégitime défense | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/les-violences-policieres-vues-par-les-politiques-des-annees-d-illegitime-d

      La mort de Nahel, tué à bout portant par un policier, a fait l’objet de commentaires ignobles. Relativisme, contre-vérités, justifications... Depuis vingt ans, tout est utilisé par les pouvoirs successifs et une extrême droite galopante pour nier la réalité : celle d’une société qui tombe, en oubliant ses principes fondamentaux et les valeurs qui en découlent.

      Ellen Salvi

      28 juin 2023 à 19h08

      La même rage et la même indignité. La mort de Nahel, 17 ans, tué à bout portant par un policier, mardi 27 juin, à Nanterre (Hauts-de-Seine), aurait dû mettre tout le monde d’accord. Pas de « oui mais », aucune justification, encore moins de relativisme. Dans un monde politique et médiatique un tant soit peu cortiqué, ce genre d’expressions publiques devraient être considérées pour ce qu’elles sont : des déchets de la pensée humaine.

      Pourtant, près de vingt ans après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, rien n’a changé. La situation a même empiré, sous l’effet d’une extrême droite toujours plus puissante, régurgitant ses idées et ses mensonges sur tous les plateaux de télévision où elle a table ouverte. Dans son sillage apparaissent aujourd’hui les visages impassibles de responsables politiques qui n’en portent que le nom. Des élu·es sans autre boussole que le déni. Et qui ont perdu l’essentiel en chemin.

      Les fois précédentes, ils s’appelaient Jean-Michel Fauvergue, Laurent Saint-Martin ou encore Gilles Le Gendre. Ils auraient très bien pu s’appeler Pierre Dupont, Jacques Boudou ou Nicolas Martin, le résultat aurait été le même : depuis plus de cinq ans, les micros se tendent vers des personnalités promises à l’oubli, qui contestent jusqu’à l’absurde l’existence des violences policières et trahissent des concepts – en l’occurrence ceux de Max Weber – qui leur échappent.

      https://jpst.it/3hh1z

    • Les forces de l’ordre social, par Laurent Bonelli (Le Monde diplomatique, juillet 2020 )
      https://www.monde-diplomatique.fr/2020/07/BONELLI/61976

      Violences policières, les racines d’une défiance
      Les forces de l’ordre social

      « Tout le monde déteste la police. » Courant dans les manifestations françaises, ce slogan exprime une exaspération qui n’est plus cantonnée aux groupes les plus militants. Trop souvent requises pour réprimer des mouvements sociaux, avec une brutalité remarquée, les forces de l’ordre ont vu leur mission se confondre avec celle d’une garde prétorienne du pouvoir. Leur popularité n’y a pas résisté. [...]

      Cette cause [la jeunesse des quartiers contre les violences policières] demeure impopulaire parce qu’elle concerne le plus souvent des « mauvaises » victimes, « défavorablement connues des services de police ». Leur disqualification par les autorités sous cette appellation comme l’exhibition complaisante par la presse de leurs antécédents pénaux éventuels créent un doute quant au déroulement des faits et renforcent le récit policier. Elles rendent également plus délicat le soutien de forces politiques ou syndicales de gauche, historiquement sensibles à la répression ouvrière, mais mal à l’aise vis-à-vis des plus rétifs à l’ordre salarial, qu’elles nommaient en d’autres temps le lumpenprolétariat. Ce malaise est aggravé par la distance qui s’est progressivement creusée entre ces organisations et les jeunes des cités, qu’elles ne sont plus capables d’intégrer dans leurs rangs et dont elles peinent à prendre en compte les conditions concrètes d’existence (3). De leur côté, les tentatives pour construire une autonomie politique des quartiers populaires, c’est-à-dire des structures capables de porter un autre discours sur ces derniers, n’ont pas connu de réussites autres que ponctuelles (4).[...]

      L’action musclée des forces de l’ordre est également plus perceptible, car elle s’est déplacée des quartiers périphériques vers les centres-villes et touche désormais des populations qui n’étaient pas accoutumées à cette expérience. La crise des « gilets jaunes », les défilés contre la loi travail ou la réforme des retraites, comme les contrôles opérés durant le confinement consécutif à la pandémie de Covid-19, se sont traduits par une augmentation considérable des victimes et des témoins des interventions policières, bien au-delà de ce que les sociologues appellent les « gibiers de police » traditionnels (6). Et c’est sans doute cette extension de l’emprise policière sur nos sociétés qui permet de comprendre les résistances collectives qui se manifestent aujourd’hui. [...]

      Or, à partir des années 1980, la police est progressivement apparue pour nombre de gouvernants comme une solution magique pour affronter les conséquences du creusement des inégalités sociales et économiques, observable au sein des sociétés occidentales comme entre pays du Nord et du Sud. Avec des variations de chronologie et de ton, les thèmes de l’insécurité et des migrations (irrégulières notamment) se politisent, des partis politiques d’inspirations et de tendances différentes en faisant des chevaux de bataille électoraux. Les politiques sociales, de prévention et de développement, sans jamais être complètement abandonnées, cèdent progressivement la place à des approches plus sécuritaires, passant par le contrôle et la coercition. Dès lors, il s’agit moins de lutter contre les causes structurelles des inégalités (perçues comme désirables par certains, hors de portée par d’autres) que de discipliner les fractions de la population les plus indociles au nouvel ordre social néolibéral, interne et international.[...]

      l’institution a réagi en dotant ses personnels de matériel défensif (gilets pare-balles, grenades de désencerclement) et offensif (lanceurs de balles de défense [LBD], pistolets à impulsion électrique). Cet équipement a nourri les critiques d’une militarisation de la police, particulièrement manifeste dans les unités spécialisées comme les brigades anticriminalité (BAC) françaises. Leurs écussons, floqués d’images de prédateurs (tigres, loups, lions, crocodiles, cobras, etc.) veillant sur la ville endormie, éclairent le type de rapports à l’espace et aux populations qu’elles veulent incarner. La Street Crimes Unit new-yorkaise, dissoute en 2002 après avoir criblé de balles un jeune Afro-Américain désarmé, Amadou Diallo, avait même pour devise « La nuit nous appartient » (« We own the night »). Développant des pratiques d’intervention agressive, ces unités sont responsables d’une large part des violences, parfois mortelles, reprochées à l’institution. On les accuse également de contribuer à un durcissement des tensions partout où elles sont déployées. [...]

      Le choix politique de faire des forces de l’ordre le fer de lance de la défense de l’ordre urbain a en effet réévalué leur position dans le champ bureaucratique et placé les gouvernements dans une relation d’interdépendance défavorable. Ce phénomène est particulièrement accentué en France ou aux États-Unis (lire « Un pays miné par les homicides policiers ») par l’existence de puissants syndicats corporatistes. Avec un taux de syndicalisation de près de 70 % (contre 19 % pour la fonction publique et 8 % pour les salariés du privé), la police française est, de loin, la profession la plus organisée. Structurés par corps (gardiens, officiers et commissaires), ces syndicats jouent un rôle important dans l’évolution des carrières. [...]

      depuis une trentaine d’années, l’élargissement du spectre de l’action policière étend mécaniquement celui des groupes qui font l’objet de suspicion. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le fichier TAJ (pour « traitement d’antécédents judiciaires »), dans lequel policiers et gendarmes enregistrent les personnes pour lesquelles il existe « des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elles aient pu participer, comme auteurs ou complices, à la commission d’un crime, d’un délit ou de contraventions de cinquième classe » — un fichier qui ne laisse en rien présager des suites judiciaires qui seront apportées (de suspects, donc, et non de coupables). Au 15 novembre 2018, 18,9 millions de personnes faisaient l’objet d’une fiche, c’est-à-dire près de 30 % de la population française… Sans grande surprise, les policiers français apparaissent comme les plus défiants d’Europe envers le reste des citoyens.

      Encouragés par les élites gouvernantes et par leur propre hiérarchie à se percevoir comme l’un des derniers remparts entre l’ordre et le chaos, ils n’hésitent plus à utiliser régulièrement des techniques qu’ils réservaient jusque-là à des délinquants plus endurcis. Le décès de Cédric Chouviat, un chauffeur-livreur, après qu’il a subi un étranglement, celui de Steve Maia Caniço poussé dans la Loire par une charge policière, l’usage massif des LBD contre des « gilets jaunes » ou des manifestants contre la réforme des retraites, de même que les humiliations infligées à des lycéens (comme ceux de Mantes-la-Jolie agenouillés, les mains sur la nuque, en décembre 2018), à des féministes ou à d’autres contrôlés durant l’état d’urgence sanitaire, relèvent certainement de cette dynamique. [...]

    • L’assassin de Nahel est un ancien matraqueur de Gilets Jaunes décoré trois fois par Lallement !
      https://www.revolutionpermanente.fr/Le-policier-qui-a-tue-Nahel-avait-ete-decore-par-Lallement-pour

      Le policier ayant exécuté Nahel à bout portant à Nanterre mardi n’a rien d’une brebis galeuse au sein de la police. C’est ce que souligne un article du Figaro, publié ce mercredi, qui dresse le portrait d’un policier « modèle », maintes fois décoré par l’institution au cours de ses dix années de carrière.

      Selon le journal, « cet ancien militaire a reçu huit lettres de félicitations et une médaille de la sécurité intérieure », ainsi que deux décorations de la part de l’ancien préfet de Paris Didier Lallement. « Son action au moment des manifestations des gilets jaunes en 2020, ainsi que son rôle dans l’interpellation d’un auteur de séquestrations et de vol dans le Val-d’Oise en mai 2021, lui ont également valu d’être décoré par le préfet de police de l’époque, Didier Lallement, de deux médailles de bronze pour actes de courage et de dévouement. » note le journal.

      Une formule honorifique pour récompenser sa participation à la répression sanglante des manifestations, qui ont fait de très nombreux blessés et mutilés. Outre les récompenses, le journal de droite souligne les éloges tressés par ses collègues, qui jugent le meurtrier « irréprochable ». Interrogés par Le Figaro, des policiers soulignent : « c’est quelqu’un de très professionnel », « il a des valeurs et a toujours respecté les règles ».

      Alors que Macron qualifiait le meurte de Nahel « d’acte inexcusable » et que le policier a été mis en examen pour homicide volontaire, ce portrait du Figaro, pensé pour défendre le policier, met à mal le récit d’un acte isolé de la part d’un agent mal formé et peu expérimenté. Au contraire, il illustre le caractère systémique des violences policières meurtrières, qui, loin d’être des actes isolés, font partie intégrante du rôle de cette institution.

      Tout comme la répression violente des Gilets jaunes, auxquelles a visiblement participé le meurtrier de Nahel, l’exécution d’un jeune de Nanterre à bout portant est le produit d’une institution, profondément raciste, dont une des missions centrales est la répression et le harcèlement systématique dans les quartiers populaires. Une politique que le gouvernement n’a fait que renforcer, lâchant toujours plus la bride aux policiers et garantissant leur impunité.

      Une réalité dont la vidéo du meurtre de Nahel témoigne brutalement, et qui a suscité un choc qui doit être le point de départ d’une riposte plus large. Alors que des révoltes ont éclaté dans de nombreux quartiers depuis deux nuits, une marche blanche aura lieu cette après-midi à 14h à Nanterre à laquelle il faudra être massifs.

      Ariane Anemoyannis

  • Le Caire, ville entravée, par Sophie Pommier (Le Monde diplomatique, juin 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/06/POMMIER/65843

    Le Caire, ville entravée

    Depuis l’arrivée au pouvoir du général Abdel Fattah Al-Sissi en 2013, l’Égypte connaît un net recul en matière de libertés et de respect des droits humains. Cette résurgence autoritariste s’accompagne d’une obsession du contrôle de l’espace public qui aggrave la ségrégation entre classes populaires et couches aisées de la population.

    La suite de ce très bon article, sur version papier ou abonné...

    @égypte

  • Coup de poker, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, mars 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/03/BREVILLE/65567

    Les #États-Unis ont démontré, en Irak et en Afghanistan, leur incapacité à retenir les leçons de leur engagement au Vietnam. C’est donc vers Kiev que l’ancien vice-ministre de la défense Nguyen Chi Vinh tend le miroir de l’histoire : « Nous devrions dire à nos amis ukrainiens qu’il n’est pas judicieux de laisser leur pays devenir une arène des politiques de puissance, de s’appuyer sur la force militaire pour affronter leur immense voisin et de prendre parti dans une rivalité entre grandes puissances (3).

    (Peut-être que la seule leçon qui vaille est que les guerres sont rentables pour l’ « #élite »)

  • Une mine d’art dans une mine d’uranium, par Jens Malling (Le Monde diplomatique, février 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/02/MALLING/65538


    Werner Petzold. – « Schachtprofil » (Profil de la gaine), 1980
    © ADAGP, Paris, 2023 - Photo : Andreas Kämper/Wismut GmbH/DIK

    Aux yeux des Occidentaux, l’art peut servir l’argent mais pas la politique : toute création issue d’une république socialiste est nécessairement suspecte. Suivant ce principe, des trésors artistiques destinés aux ouvriers ont été abandonnés aux souris dans les friches industrielles d’Allemagne de l’Est après la chute du Mur. Comme cette collection de toiles découverte à Chemnitz, ancienne Karl-Marx-Stadt…

    article du numéro en kiosque, donc à péage…


    • Fritz Eisel. – « Stiefelwäsche » (Lavage des bottes), 1982
      Photo : Andreas Kämper/Wismut GmbH/DIK

      (l’autre reproduction accessible)

      Un grand meuble en verre rempli de médailles du Mérite, puis une armoire à drapeaux rouges lourds comme des tentures et utilisés pour les parades du 1er-Mai. Plus loin, des classeurs d’archives bourrés de cartes et de dessins techniques, où un œil attentif décèle de petits mots en russe griffonnés dans les marges. Comme dans un musée d’antiquités, M. Nico Loße s’engouffre dans les entrailles du dépôt de l’ancienne compagnie minière SDAG Wismut, un conglomérat qui, en son âge d’or, et dans un secret absolu, employait jusqu’à cent mille personnes pour extraire de l’uranium destiné aux bombes nucléaires soviétiques. Arrivé dans la dernière salle tout au bout de cette exploration, il abaisse une dernière poignée. Lentement, la porte s’ouvre sur le saint des saints. Ici, loin des yeux du public, derrière les colonnes qui forment l’imposante façade du siège du défunt conglomérat dans la banlieue de Chemnitz, se cache ce qui constitue sans doute la plus grande collection d’art de l’ex-République démocratique allemande (RDA).

      « Environ 4 300 œuvres ont été rassemblées par Wismut entre 1946, date des premières excavations, et la fin de la RDA en 1990 », explique M. Loße, 45 ans, directeur adjoint de la fondation chargée de réparer les considérables dégâts environnementaux dont s’est rendue coupable la compagnie.

    • Ça, c’est un morceau de chance, n’est-il pas ?

      Très chouette, à tous égards.


      Lutz R. Ketscher. – « Schichtbus » (Bus de relève), 1983
      Photo : Andreas Kämper/Wismut GmbH/DIK

      Lorsqu’on lui demande pourquoi la fondation n’organise pas une exposition permanente ou un musée, M. Loße soupire : « Le gouvernement allemand ne nous verse de l’argent que pour nettoyer les sols pollués et restaurer un environnement naturel. Nous ne recevons pas de crédits pour faire découvrir des œuvres d’art. »
      […]
      Déplorant l’indifférence qui pèse comme un couvercle sur cette étonnante collection, il évoque ses propres souvenirs. « Après la réunification de 1990, personne ne voulait accorder le moindre intérêt à ce qui était considéré comme l’art officiel d’une dictature. Sous cet angle, rien ne pouvait paraître plus suspect que les biens entassés dans le dépôt de Wismut. »


    • sérigraphie (12/40) passée en vente aux enchères en juin 2014 à 120 €

      Wolfgang Petrovsky/ Jürgen Schieferdecker, Eine gute deutsche Schokolade / Sixtina verläßt ihren Standort. 1984/ 1983. - Auktionen & Preisarchiv
      https://www.lotsearch.de/lot/wolfgang-petrovsky-juergen-schieferdecker-eine-gute-deutsche-schokolade-11

      BESCHREIBUNG:
      Farbserigraphien auf leichtem Karton. Beide Arbeiten in Blei signiert „Petrovsky“ bzw. „Schieferdecker“ u.re. bzw. u.li. sowie datiert. Die Arbeit von Petrovsky nummeriert „12/40“, die Arbeit von Schieferdecker mit undeutlichem Editionsstempel, wohl ehemals Teil eines Grafikkalenders.
      Das Blatt von Petrovsky mit ganz unscheinbarer Knickspur an der Ecke u.li., die Arbeit von Schieferdecker mit perforiertem oberen Blattrand.
      Bl. 73 x 51 cm / Bl. 36 x 35 cm.

      en lithographie (XIII/XXV) en octobre 2008 à Pankow, mise à prix à 70 €
      http://kunstarchiv-pohl.de/Archiv/2008/Auktion/Auktionskatalog.pdf

      365. Schieferdecker, Jürgen, geb. 1937, lebt in Dresden
      Sixtina verläßt ihren Standort, 1983, mehrfarbige Lithographie Offset-Kollege auf Karton, num XIII/XXV, sign., dat. Edition des SKH, DDR

      Sixtina verläßt ihren Standort berauscht von ??? der Schönheit der Perspektive
      Engel sieht schwarz

      ping @klaus, @nepthys

  • Sécessions américaines, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, octobre 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/10/HALIMI/65166

    Reste toutefois un domaine où cette opposition pétrie de haine ne s’observe guère : la défense de l’empire. Affronter la Russie, armer l’Ukraine, contenir la Chine, soutenir Israël, assujettir l’Union européenne fait consensus au sein de la classe politique américaine. La preuve, on n’en parle pas…

    #états-unis

  • Rêves sionistes au pays du Cèdre, par Olivier Pironet (Le Monde diplomatique, décembre 2020)
    https://www.monde-diplomatique.fr/mav/174/PIRONET/62476

    Entre 1982 et 2000, cette politique de « normalisation frontalière » mise en œuvre dans la zone méridionale occupée permet notamment aux Israéliens d’exploiter massivement les ressources agricoles et hydrauliques du pays du Cèdre, en particulier les eaux du Hasbani, avant qu’ils soient contraints de se retirer sous les coups de boutoir du Hezbollah. Le retrait est pourtant loin d’être totalement achevé. En 2020 [et jusqu’à present], Israël occupe toujours illégalement deux localités stratégiques au Liban sud : une zone agricole de trente kilomètres carrés, dite des « fermes de Chebaa », riche en eau et revendiquée par Beyrouth ; et le versant libanais de Ghajar, un village à cheval sur le Liban et le Golan syrien, saisi par l’armée israélienne lors de la guerre de 2006. Elles sont toutes deux situées au pied du mont Hermon, cet imposant château d’eau brigué par les sionistes depuis cent ans.

    #sionisme #vitrine_de_la_jungle #Liban #eau

  • Le football, c’est la guerre, par Ignacio Ramonet (Le Monde diplomatique, juillet 1990)

    https://www.monde-diplomatique.fr/1990/07/RAMONET/42700

    On ne joue pas pour jouer, on joue pour gagner. Le football de masse satisfait ainsi le désir pervers d’affronter un ennemi pour mieux définir l’identité nationale. La haine pour la haine s’ajoute à la détestation gratuite, sans raison, sans cause. Pour l’exaltation, souvent, d’une idée nécrosée de la nation.

    • Ce sont tous les sports. Chaque fois que tu dis que tu viens pour participer, les vrais sportifs te regardent avec le plus profond mépris.

      J’aimais bien l’escalade, parce qu’il y avait un rapport au temps et à la performance très apaisé. Certes, on classait déjà les voies par difficulté, mais le fait d’enchainer un passage difficile était plus vécu comme une satisfaction personnelle qu’un défit jeté à la face du monde.

      Depuis, les mêmes Rank Xerox ont déboulé et se sont mis à chronométrer les voies.

      Dans ma ville vient d’être inaugurée la plus grande SAE (Structure artificielle d’Escalade) intérieure d’Europe et avant même l’ouverture, on annonçait déjà fièrement que le gros des créneaux était déjà occupé pour l’entrainement des équipes et les compétitions, restent les voies Mickey pour le menu fretin, un peu comme dans les piscines où on n’a plus le droit de barboter…

      La compétition, ça pourrit tout.

    • @monolecte et j’ajouterais aux plaisirs de l’escalade celui d’avoir un point de vue unique arrivé en haut des voies (pas en salle évidemment :o) ), que les randonneurs n’ont pas. Que de souvenirs dans les calanques de Cassis et dans le massif de la Sainte Victoire...

      Pour le reste je suis entièrement d’accord avec toi, c’est un sport qui est devenu complètement axé sur la performance et la compet.

      N’empêche que régulièrement j’hésite à rempiler, juste pour le plaisir des grandes voies, pas forcément dures (on s’en fout) mais qui emmènent dans des endroits tellement magiques !