Devient-on plus catholique que le pape en Région wallonne ? C’est ce que pensent ceux qui dénoncent la situation actuelle dans les plannings familiaux. En Wallonie, il leur est interdit de distribuer les pilules contraceptives et pilules du lendemain, alors qu’à Bruxelles, c’est toléré.
Dans ce centre familial à Liège, le Centre Louise Michel, la distribution de la pilule du lendemain est courante. En vente libre chez les pharmaciens, de nombreuses femmes préfèrent se la procurer ici. Une aide nécessaire, pour elles. Une mission fondamentale, pour les centres. C’est ce qu’explique Claudine Mouvet, directrice du Centre Louise Michel : « Pour nous, ce qui est important par rapport à une pilule du lendemain, c’est discuter avec la personne qui vient la prendre, qu’elle soit jeune ou moins jeune, de discuter pourquoi elle a besoin de la pilule du lendemain, qu’est-ce qu’elle a comme contraception, qu’est-ce qu’elle envisage de prendre comme contraception. Donc pour nous, une distribution de la pilule du lendemain, c’est quelque chose qui prend du temps parce que ça doit être encadré et on essaye d’en profiter pour mettre en place une contraception plus générale. Ce qui n’est pas faisable dans une pharmacie ».
Retour en arrière ?
Pourtant, depuis l’année passée, les centres de plannings familiaux wallons ne sont plus autorisés à distribuer ni la pilule du lendemain, ni la pilule contraceptive. Pour ainsi, ne plus se substituer aux pharmacies. En cause : une loi fédérale de 1967 jamais appliquée jusqu’il y a peu par la Région wallonne. Un véritable retour en arrière pour la Fédération laïque de centres de planning familial, Gaëtan De Laever, président : « La Région wallonne est un peu plus catholique que le pape sur ce coup-ci puisqu’elle demande à tous les travailleurs des centres de planning de respecter une loi qu’elle-même n’a pas respecté pendant des années puisque cette loi existe depuis très longtemps et bien avant même la création de certains plannings familiaux. »
Une loi mieux adaptée à la réalité de terrain. Une loi plus cohérente, tout simplement.
Si certains centres préfèrent s’en tenir à cette mesure légale, ils sont nombreux à continuer la distribution, fidèles à leur engagement depuis 30 ans. Et espèrent ainsi obtenir la révision de cette loi. Car s’opposer à cette loi, pour ces centres, c’est avant tout préserver leur mission première : la prévention.