C’est long et chiant, le combat féministe et la prise de conscience du patriarcat au quotidien.
Hier soir, on regarde River of no return en famille. J’ai dû le voir étant gosse et bon, je m’en souvenais à peine comme d’un classique du western.
Donc re-vision du truc avec ma propre fille. Je me rends compte qu’il y a plein de clichtons sur les hommes forts et les femmes qui chantent dans les bars, mais bon… et puis arrrive la « scène de séduction » où Mitchum se jette comme un mort de faim sur Monroe qui se débat de toutes ses forces en gueulant. Il finit par l’écraser sous son poids alors qu’elle se débat toujours et quand enfin, il arrive à l’embrasser, le corps de Marilyn devient flasque, comme abandonné.
Je me rends compte qu’il s’agit de la « scène d’amour » du film, qu’elle illustre la passion amoureuse et qu’en fait, c’est un putain de viol. Et que ce genre de « scène de séduction » est assez courante dans les films de cette époque.
Le mec bafouille une sorte d’excuse de merde un peu plus tard et on en reste là jusqu’à la fin et son happy end bien typique aussi. La femme a repris sa vie d’avant, vu qu’elle n’a plus d’homme pour lui prendre tout son blé pour suivre ses objectifs à lui, autrement dit, elle gagne sa vie toute seule en chantant dans un saloon (bon, c’est western : ou bonne femme d’un mec ou pute). On va dire qu’elle a un beau succès.
Là, le gros séducteur arrive pendant qu’elle chante, la charge sur son épaule sans lui dire ni bonjour ni merde et l’embarque comme un sac de patates dans son charriot vers un avenir glorieux de boniche personnelle. Là aussi, on ne va pas s’encombrer à lui demander son avis, à la gonzesse !
Bref, je me suis dit qu’avec un imaginaire romantique de cet acabit, je commençais à mieux comprendre la nature des relations entre hommes et femmes dans la société. Parce que ce film est considéré comme un film d’amour et d’aventure et qu’il est très loin d’être le seul à mettre en scène ce genre de relations.
Il m’a fallu toute une éducation féministe pour voir ce qui, pourtant, saute aux yeux : ce film est caractéristique de la #culture_du_viol et je suis certaine que la plupart des gens ne voient pas le problème. Parce que c’est habituel.
Le seul truc qui me rassure, c’est que le soir, après le film, la gosse a fait remarquer à son père que la scène d’amour était une grosse scène de viol.
Comme je ne m’étais pas du tout exprimée sur ce sujet (soirée en famille étendue…), je suis assez contente de voir qu’elle a l’air de savoir faire la différence entre consentement ou pas dans les rapports amoureux.
C’est rassurant !