• Argh, on vient de me mettre sur les bras, un dossier LGV (ligne à grande vitesse) dans une région où le service public TER pour le quotidien est extrêmement peu fiable et de mauvaise qualité (avec en plus un fort taux d’absentéisme, ce qui pousse à des retards considérables voire des suppressions de train).
    Je suis chargée d’évaluer les impacts économiques potentiels en termes de développement local pour les 3 villes concernées par la ligne, et je crois que mon a priori sur ce projet va me rendre un peu amère pendant les réunions avec les décideurs locaux.

    Ravie de pouvoir mettre la main à la pâte, mais seulement quand cette pâte va être goûteuse pour un maximum de contribuables. Sinon, j’aurais fait ma thèse chez Sanofi.

    • @rastapopoulos Il est extrêmement compliqué de faire adhérer les collectivités locales (notamment les élus) sur des questions de divergences contextuelles. La seule ligne rentable aujourd’hui pour la SNCF (infrastructure comprise) est la Paris-Lyon et on est à la limite de regretter qu’elle soit rentable tant elle a déclenché une vague d’envie d’une ligne similaire dans les régions. Une des perspectives qu’ouvraient le TGV @monolecte, sur l’infrastructure du moins, était de permettre la péréquation entre lignes commerciales (et rentables) et lignes dites de service public (mais la distinction n’est plus pertinente). En gros, les riches aller payer pour permettre aux pauvres de bénéficier des gains réalisés. Or, on s’est aperçu qu’effectivement, malgré de nombreux CSP+ dans les TGV, les volumes de trafic ne sont suffisants qu’entre Paris et Lyon (notamment parce qu’il n’y a que deux heures de trajet et qu’on arrive en plein centre-ville). Aujourd’hui, le système est complètement déficitaire, a fortiori en coût complet, parce que l’on a cherché à reproduire ce succès. Or, aucune agglomération en France n’est aujourd’hui capable de créer une Paris-Lyon en termes de revenus et de retour sur investissement.
      Faire comprendre ça à des élus (à deux mois des régionales) c’est mission impossible. Or, on est en train d’élaborer des modèles permettant de calculer le surplus de ces infrastructures pour la société (et non les seuls usagers) et on s’aperçoit que soit il faudrait faire des LGV très rapides, entre deux villes très importantes (et on n’en a pas beaucoup), avec des secteurs d’activités convergents permettant de réels gains d’agglomération ; soit une ligne TER améliorée qui permet plus d’accessibilité aux trajets du quotidien, qui transporterait plus de monde avec des gains individuels moins importants mais collectifs bien supérieur à une LGV qui ne rapporte rien.
      Or aujourd’hui, à la SNCF (Réseau), on fait toutes les études nécessaires et obligatoires préalables à tout projet d’infra, aucun ne dépasse les montants acceptables de revenus, et quand on communqiue ces résultats les élus nous mettent des DUP (Déclaration d’Utilité Publique) sur le nez, on se retrouve obligé de les construire (à savoir que d’ici 2020 on prévoit que notre dette, qui n’est pas souveraine et heureusement, atteindra les 50 milliards d’euros). Le système est bien trop politisé et trop peu rationnel (mais l’effort est là, on est 4 thésards peut-être à travailler sur ces questions de restridistribution, effets économiques élargis etc).