• #Azyle vs. #RATP #graff : le juste prix
    http://blogs.mediapart.fr/blog/hugo-vitrani/061015/azyle-vs-ratp-le-juste-prix

    Hugo Vitrani

    06 octobre 2015 | Par Hugo Vitrani

    Azyle est une légende vivante du graffiti français. La RATP évalue le préjudice de ses peintures à 190.000 euros. Un chiffre qui sera contesté, preuves et procès-verbal d’huissier à l’appui, mercredi 7 octobre 2015 à 13h30 devant la Cour d’Appel de Paris, date d’un procès historique du graffiti qui cible l’opacité des devis constamment produits par la RATP.
    M. 02, 2007M. 02, 2007 © azyle

    Si les arts urbains ont désormais pignon sur rue au musée, dans le marché de l’art et même à l’Assemblée nationale, la première institution qui s’est intéressée à ce mouvement est judiciaire. Article 322-1 du Code Pénal oblige : est puni le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins sans autorisation préalable sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain. Dans sa version pure et dure, le graffiti sur métro n’est pas à vendre et les cotes des artistes frappées par les juges sont négatives… et souvent spéculatives.

    Héritage du graffiti new yorkais, le métro est la cible la plus prestigieuse aux yeux des graffeurs dits « hardcores », ce qui a contraint la RATP a revoir totalement sa sécurité (maîtres-chiens, caméras, détecteurs de mouvement, collaboration avec la brigade anti tag) et son matériel (plastification des rames du métro pour protéger la carrosserie contre la peinture). Selon la RATP, le coût des dégradations atteindrait des dizaines de millions d’euros par an… Il est pourtant impossible d’obtenir des chiffres exacts qui isolent les graffitis du vandalisme quotidien (lacération de fauteuils, impacts de projectiles, traitement des déchets et des chewing gums, etc.). Impossible également d’obtenir des chiffres qui n’intègrent pas les moyens mis en oeuvre pour lutter contre le graffiti de manière préventive et qui relèvent pourtant simplement du bon fonctionnement d’un service public.
    M. 11, 2007M. 11, 2007 © azyle

    Conclusion d’une longue enquête digne d’un mauvais polar, Azyle a été arrêté en 2007 après 17 ans de peinture illégale dans le métro parisien (mais aussi sur quelques chars d’assaut de l’armée ou sur le Concorde). Légende vivante du milieu, Azyle s’est imposé dans l’histoire de l’art en affirmant ne pas être un artiste et en restant dans l’ombre de son anonymat et de ses peintures systématiquement détruites. Sa spécialité ? Le style « punition » : il répétait à l’infini son tag jusqu’à en rendre les lettre abstraites et illisibles grâces à des jeux de recouvrements, de superpositions, de projections, de mélanges des matières, des peintures, des solvants et des encres. Estimation du préjudice : 190.000 euros pour les peintures exécutées entre 2004 et 2007 (les autres plus anciennes sont prescrites).

    Azyle a avoué les faits - ce qui est rare dans le milieu - mais il conteste les méthodes de calcul de la RATP connues pour être opaques. Payer, oui, mais le juste prix (autour de 40.000 euros selon son avocat). Un jeu d’enfant pour cet ingénieur automobile d’une grande entreprise française et très réputé dans sa discipline (la soudure des tôles). Il décide alors de reproduire devant un huissier (et les journalistes de Clique.tv et de Mediapart) le processus de nettoyage de la RATP et obtient une moyenne qui contredit complètement les estimations de la partie civile. Là où la RATP revendique une heure de nettoyage pour un mètre carré de peinture, Azyle obtient une moyenne entre 2 et 10 minutes en fonction du temps de séchage de la peinture (48h, 24h, 2h) et le temps d’action des solvants anti graffiti sur la peinture à effacer. Il s’explique dans cette vidéo pour Mediapart, court extrait d’un long entretien inédit qui sera intégralement publié à la suite de son audience du 7 octobre en Cour d’Appel :

    Le procès d’Azyle est emblématique des lacunes flagrantes de la lutte anti-graffiti. Mediapart avait rendu compte en juin 2011 du très symbolique procès de Versailles (lire ici) où la Justice s’était montrée clémente envers les 56 prévenus. Depuis, les peines isolées se durcissent, allant parfois même jusqu’à de la prison ferme (lire ici notre portrait de Boris, passé par la prison de Fleury-Mérogis pendant 4 mois l’été dernier). Son complice présumé, Cokney, également mis en examen, avait déjà été condamné lors d’un autre procès en 2014 à 228.000 euros d’amende. Son dossier judiciaire révélait lui aussi de très nombreuses incohérences dans les devis fournis par la RATP et la SNCF. Autant de documents que nous avions publiés dans un ouvrage « Chiaroscuro » (ed. Classic Paris, 2015) et qui faisait de sa procédure judiciaire une oeuvre d’art.
    Nettoyage d'une peinture de azyleNettoyage d’une peinture de azyle © azyle

    Débat sur la gravité du dommage - lourd ou léger - provoqué par la peinture. Devis en double ou en triple. Facturations multiples pour des mêmes dégradations, mais avec des devis différents (dates de plaintes différentes, estimations de la surface dégradée différentes, estimation du préjudice différent). Devis pour des peintures qui n’ont pas été nettoyées et qui sont sur des rames réformées. Estimation litigieuse du temps de nettoyage des rames et du coût en fonction du jour ou de la nuit. Evaluation du préjudice moral… Demain Azyle soulèvera de nouveau devant un juge toutes ces zones d’ombres presque toujours écartées par les juges qui ne rentrent pas assez dans le détail des dossiers liés au graffiti.

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    Nouveau 06/10/2015, 23:04 | Par Lucidity

    Qu’il paye...

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    Nouveau 07/10/2015, 00:02 | Par Ouilya en réponse au commentaire de Lucidity le 06/10/2015 à 23:04

    Payer, mais combien ? C’est là que le bât blesse !

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    Nouveau 07/10/2015, 01:16 | Par alexandre senequier en réponse au commentaire de Ouilya le 07/10/2015 à 00:02

    Une condamnation pour dégradation doit-elle être égale à la somme des réparations ? Vous pensez vraiment ça ?

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    Nouveau 07/10/2015, 13:09 | Par t.cousin en réponse au commentaire de alexandre senequier le 07/10/2015 à 01:16

    C’est une question de juridiction. Au pénal, il n’y a pas de proportionnalité requises, c’est le fait d’enfreindre ou d’essayer enfreindre la loi qui est puni. Mais visiblement ici on débat sur un jugment au civil, non au pénal. Il s’agit donc d’estimer le préjudice subi et la réparation à payer qui en découle. Les deux jugements, en civil et en pénal, ne s’opposent pas l’un à l’autre. Mais il convient de ne pas faire de confusion entre les deux. Ce graffeur conteste ici l’estimation du préjudice subi, c’est tout.

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    Nouveau 07/10/2015, 13:27 | Par Charles-Hubert de Girondiac en réponse au commentaire de alexandre senequier le 07/10/2015 à 01:16

    Deux choses : le dédommagement du préjudice, l’amende au pénal. L’enjeu est très fort : protéger le bien commun contre tous ses prédateurs, à savoir Areva, bouygues, Peugeot, Monsanto, bolloré, vw, leclerc qui vont bientôt, eux aussi, se revendiquer « artistes »...

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    Nouveau 07/10/2015, 00:01 | Par victorutopie@yahoo.fr

    la ratp-sncefe ferait mieux de s’occuper des lignes qui ferment,des retards de plus en plus fréquent et de la crise de marketing-qui-pue,nous faire des rames de plus en plus tartignoles.

    Lucidity en veilleuse,je vous rappelle que tout le monde paiera à la fin.

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    Nouveau 07/10/2015, 01:31 | Par ww en réponse au commentaire de victorutopie@yahoo.fr le 07/10/2015 à 00:01

    En quoi le fait de recouvrir les vitres, de lacérer et de saloper les sièges, de jeter ses détritus n ’importe où et d’IMPOSER aux autres ses gribouillages et son égo pathologique améliore-t-il les choses ? En quoi les retards de la SNCF et le reste justifient-ils ces comportements débiles de prédation ? Cet ingénieur automobile d’une grande industrie française prend-il souvent les transports en commun ?

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    Nouveau 07/10/2015, 14:14 | Par kahwajia en réponse au commentaire de ww le 07/10/2015 à 01:31

    graffiti = gribouillage = chewing-gum = détritus n’importe où = égo pathologique = prédation

    quand c’est pas des hiérarchie vertigineusement impiffrables, c’est des lignes d’égalités horizontales à perte de vue et de logique. consolider la base de l’échelle koa, l’archibase paquerettes de tout ce qui peut pas grimper l’échaffaud-age, ce qui monte pas sauf en impingle pour faire mousser le légitime sommet. attention prédation.

    ah la géométrie v.

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    Nouveau 07/10/2015, 00:22 | Par JayRay

    Ha le mec qui ne pense qu´à sa gueule ! S´il avait épargné les fenêtres de wagons, ca aurait pu avoir un intérêt, mais là c´est de la dégradation pure et simple. Asyle tu coutes cher à l´usager, juste pour ton ego-trip.

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    Nouveau 07/10/2015, 00:28 | Par wtf

    bakazyle !

     ;)

    Te souhaite d’arriver à faire la nique à la RATP en justice, ce serait beau.

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    Nouveau 07/10/2015, 01:12 | Par alexandre senequier

    Le mec pourrit des wagons entiers, pourrit la vie des usagers (c’est sympa de rien voir dehors quand les vitres sont complètement repeintes ?), coûte du pognon à la collectivité, et EN PLUS, il mégote sur l’étendue des dégâts ??

    Mais en taule, mon pote !

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    Nouveau 07/10/2015, 10:44 | Par habitus en réponse au commentaire de alexandre senequier le 07/10/2015 à 01:12

    En taule... Vous voulez faire d’un graf’eur un vrai bandit ?

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    Nouveau 07/10/2015, 02:07 | Par InternetDev

    La RTAP devrait lui faire néttoyer les Wagons puisqu’ils sait aller plus vite qu’eux.

    Et même le payer pour son éfficacité....

    Celà dit, ces tags dont vraiment pourris, mais ça ne vaut pas une peine aussi géante.

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    Nouveau 07/10/2015, 02:16 | Par Gaspard Patoureau

    Franchement, la teneur des commentaires que j’ai pu observer me désolent ...

    Comme si le graf n’était qu’un « ego-trip » ou le fait de saloper des wagons ... et oh, c’est avant tout un moyen d’expression, non ? Et les « en taule mon pote » j’en parle même pas tellement c’est accablant.

    Au moins quand l’on voit un graf sur le métro ben ça nous fait un tant soit peu réfléchir, ça nous fait mijoter, plutôt que de se zombifier et de voir ces rames identiques dépourvues d’identités alors que chacune est essentiellement différentes.

    Et pour finir c’est quoi cette logique punitive de merde ? Si on vous écoute la marginalité n’a pas sa place dans notre société alors que c’est bien elle qui fait avancez les choses ...

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    Nouveau 07/10/2015, 02:34 | Par Georges Râleur en réponse au commentaire de Gaspard Patoureau le 07/10/2015 à 02:16

    la marginalité a sa place dans la société, mais celle ci serait donc = dégradations de biens publics ?

    J’aime l’art et j’admire les artistes, mais pas quand celui ci est imposé de cette manière. Il n’y a aucune raison que ce soit la collectivité qui paie les oeuvres d’un artiste, que celui ci a imposées

    Faire des grafittis non autorisés, pour moi, est une sorte de vente forcée. Mais ici, les payeurs sont forcément les usagers, in fine

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    Nouveau 07/10/2015, 12:04 | Par jean-philippe vaz en réponse au commentaire de Georges Râleur le 07/10/2015 à 02:34

    Que dire des monceaux de publicités qui nous sont imposées et qui n’apportent rien à l’usager (si ce n’est nous enfoncer encore plus dans une société uniquement de consommation) ?

    Le terme « vente forcée » est beaucoup plus adapté à la pub qu’au cas de cet artiste, qui lui ne tire aucun profit de son acte...C’est un acte artistique engagé dans le sens où il nous fait débattre sur la notion d’espace public et de liberté des uns et des autres. Qui plus est, Azyle ne cherche pas à se dégager de ses responsabilités, mais ne souhaite visiblement pas être le dindon de la farce...Donc le « payeur » ne sera pas l’usager (si c’est cela qui vous « inquiète »)...