/journal

  • Pollution : #Total représente la France à l’#ONU | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/200815/pollution-total-represente-la-france-l-onu

    Dans une agence des Nations unies chargée d’étudier la mise en place de carburants maritimes moins polluants, la France a choisi de se faire représenter par un employé de Total, qui produit ces mêmes carburants... La découverte de ce mélange des genres met Paris dans l’embarras.

    Très peu contraint par les politiques climatiques alors qu’il est un émetteur massif de CO2 dans le monde, le #transport_maritime fait l’objet de discussions difficiles pour en réduire la #pollution. Elles se déroulent dans le cadre opaque de l’Organisation maritime internationale (#OMI), une agence spécialisée des Nations unies basée à Londres. Les États y siègent, mais les industries y trouvent les portes grandes ouvertes à leurs jeux d’influence.

    #paywall #grr

  • Comment les viols de guerre sont devenus des armes de terreur | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/200815/comment-les-viols-de-guerre-sont-devenus-des-armes-de-terreur

    Parmi d’autres crimes, les viols commis par les combattants de l’État islamique (Daech) frappent l’esprit public. Retour sur ces violences sexuelles devenues stratégies d’épouvante à l’encontre de populations ennemies, qu’étudient les historiens depuis un quart de siècle. Entretien vidéo avec Julie Le Gac et Fabrice Virgili : de la guerre de Troie à la Syrie, en passant par les campagnes napoléoniennes et la Bosnie.

    #paywall bouhou, je référence quand même #viols #viols_de_guerre

    • Suffit de demander gentiment et ça vient :

      http://www.dailymotion.com/video/x2yrhxq_la-femme-comme-champ-de-bataille_news

      https://www.youtube.com/watch?v=kUks-m9ody4

      Comment les viols de guerre sont devenus des armes de terreur

      20 août 2015 | Par Antoine Perraud

      Parmi d’autres crimes, les viols commis par les combattants de l’État islamique (Daech) frappent l’esprit public. Retour sur ces violences sexuelles devenues stratégies d’épouvante à l’encontre de populations ennemies, qu’étudient les historiens depuis un quart de siècle. Entretien vidéo avec Julie Le Gac et Fabrice Virgili : de la guerre de Troie à la Syrie, en passant par les campagnes napoléoniennes et la Bosnie.

      Le 13 août 2015, un reportage du New York Times a montré à la face du monde qu’en Irak et en Syrie, les combattants de l’État islamique (Daech) violent des femmes, parfois pré-pubères, dont la religion n’est pas l’islam : « Une théologie du viol », titrait le quotidien nord-américain, mâtinant d’élans doctrinaires une monstruosité dont l’Histoire n’est pas avare. Et qui revient aujourd’hui tel un serpent de mer, vingt ans après un précédent qui avait secoué les consciences.

      On se souvient de la tuerie de Srebrenica perpétrée du 11 au 13 juillet 1995 et présentée comme le « pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » : plus de 8 000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie assassinés par des milices nationalistes serbes. Mais il ne faut pas perdre de vue un phénomène lancinant quoique massif : les quelque 20 000 femmes et adolescentes violées durant la guerre en ex-Yougoslavie.

      Une anthropologue française, Véronique Nahoum-Grappe, avait étudié ce fait contre lequel elle s’était insurgée ; alertant l’opinion publique, écrivant des articles, participant à des rencontres et débats. L’évocation de Véronique Nahoum-Grappe sert d’amorce dans la vidéo ci-dessous, réalisée avec notre partenaire depuis cinq ans : le CHS (Centre d’histoire sociale du XXe siècle : Paris I-CNRS). Nous avons tenté de cerner, de contextualiser, de problématiser la question des viols de guerre, avec l’historienne Julie Le Gac et l’historien Fabrice Virgili.
      Lire aussi

      Matéi Visniec : le dramaturge, le journaliste et la mémoire

      Par Antoine Perraud

      À partir de la pièce de Matéi Visniec, La Femme comme champ de bataille (Ed. Actes Sud-Papiers), l’échange commence par examiner le conflit bosniaque. Celui-ci, entre 1992 et 1995, fit en effet redécouvrir non pas un phénomène marginal ou collatéral, mais bien une arme de guerre : les viols et la terreur qu’ils inspirent – aujourd’hui en Syrie et en Irak, hier au Rwanda (4’30). Il existe une organisation à grande échelle de la violence sexuelle (6’30), qui n’est pas sans suites – enfants nés des viols.

      Peut-on expliquer comment, au cours de l’Histoire, le viol, de débordement des soldats ou d’économie du butin, se transforme en arme de guerre (à 8’00) ? Le viol n’est ni marginal ni invariant a-historique, comme on peut le constater en étudiant la question : de la période mésopotamienne aux guerres napoléoniennes, en passant par les guerres de religion en France (11’30).

      Le passage à l’acte – effet d’aubaine furtif de la troupe ou punition de l’ennemi conçue par le commandement – ne permet pas toujours de bénéficier de sources croisées (victimes, bourreaux, encadrement – même si les codes militaires donnent de précieuses indications : à 14’00). Différences entre le passage de l’armée napoléonienne en Pologne (alors rayée de la carte) et l’expérience menée en Espagne (qui voit naître les techniques de guérilla). Cas de la Première Guerre mondiale (16’30), où il s’agit de faire de l’autre le barbare. Puis de la Seconde Guerre mondiale, où des violences sexuelles sont commises sur tous les théâtres d’opération, de bout en bout du conflit : du viol de Nankin à l’entrée des troupes soviétiques en Allemagne (les exactions y furent commises à très grande échelle), voire aux quelques dérapages des troupes américaines en France – rappel du clivage entre Noirs et Blancs au sein de l’armée US (à partir de 18’15). Arrêt sur image à propos d’une « violence intermédiaire » lors des tontes épuratrices de femmes dans la France libérée (20’30).

      Comment l’historiographie s’est-elle saisie du cas des martyriseurs et autres perpétuateurs (à partir de 22’00) ? Qu’est-ce qui permet et rend possibles de tels gestes de violence, marqués par l’effet de groupe ? Obligé de forer dans l’intime, l’historien se voit de temps en temps reprocher de franchir les limites du voyeurisme…

      Les victimes, qui portent parfois l’enfant du viol, subissent l’opprobre (à partir de 26’30) : situations en Italie ou en Allemagne à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Ou en Algérie lors du conflit colonial : évocation de Mohamed Garne (à 28’45) – dont l’expérience a fait l’objet d’une émission de télévision, Secret de famille (France 2). La réponse juridique a connu de multiples recours, partant d’abord du principe que quiconque ne saurait porter plainte pour être né…

      Le sperme de l’ennemi prend des proportions politiques et fantasmagoriques considérables dans les sociétés construites sur le modèle biologique (30’00), alors que l’absorption des enfants du viol s’avérait moins problématique dans la France marquée par le messianisme républicain au XXe siècle… La question des réparations (32’00) est examinée à la lumière du cas italien et des conventions juridiques au sortir de 1945. Existe également une question d’ordre mémoriel, avec excuses à la clef.

      L’émission se termine (à partir de 34’30) sur quelques précisions concernant les réticences de la France, ou en tout cas du site du Quai d’Orsay, à rendre publique la résolution des ministres des affaires étrangères du G8, en 2013 à Londres, sur la « prévention des violences sexuelles dans les conflits » (déclaration à lire ici).

      Le film d’Angelina Joly, Au pays du sang et du miel (2011) est cité. Aurait pu être cité un autre film, consacré au gynécologue congolais Denis Mukwege : L’Homme qui répare les femmes (2015) de Thierry Michel et Colette Braeckman

  • Les dames pipi de la Ville de #Paris à la rue

    En confiant le marché des toilettes publiques des sites touristiques de la capitale à la société néerlandaise #2theloo, qui se moque bien du droit du #travail français, la mairie de Paris sacrifie le destin des onze « dames pipi » salariées du précédent prestataire. Elles font #grève depuis le 22 juillet du soir au matin et ont rendez-vous devant le tribunal des prud’hommes le 26 août. Reportage au pied de la basilique du Sacré-Cœur.

    http://www.mediapart.fr/journal/france/170815/les-dames-pipi-de-la-ville-de-paris-la-rue
    #toilettes_publiques #licenciements #privatisation

  • http://www.mediapart.fr/journal/international/150815/pour-sauver-son-poste-la-tete-du-bresil-dilma-rousseff-saborde-l-heritage-
    Sauf que c’est ça justement l’héritage Lula ! Lula c’est le mec qui a abandonné ses habits de gauchiste et qui s’est allié avec la bourgeoisie brésilienne pour se faire élire. Une collaboration de classe qui avait étonnamment bien marché, la dynamique des BRICS ayant permis de la jouer « Trente Glorieuses » et de propager l’illusion d’un partage des fruits de la croissance. Mais ça ne peut pas marcher éternellement. Le boom économique du #Brésil s’essouffle et les contradictions de #Lula vont se refermer sur #Dilma.

  • Tel-Aviv sur Seine : « Je suis venu pour soutenir mon pays » - Libération -
    Willy LE DEVIN et Jérémie LAMOTHE 13 août 2015 à 16:09 (Mis à jour : 13 août 2015 à 17:54)
    http://www.liberation.fr/societe/2015/08/13/tel-aviv-sur-seine-je-suis-venu-pour-soutenir-mon-pays_1362933

    (...) Tout au long de la matinée, les forces de l’ordre, à pied ou à vélo, scrutent tout débordement. Plus surprenant, des membres de la Ligue de Défense Juive (LDJ), équipés d’oreillettes et talkies-walkies, surveillent l’événement de l’intérieur, allant même jusqu’à suivre des journalistes et écouter leurs conversations. Leur leader, Jean-Claude Nataf, se trouvait même à l’entrée du quai, échangeant régulièrement avec les forces de l’ordre. Pour la mairie de Paris, interrogée par Libération, sa présence ne pose pas de problème : « C’est ouvert à tous, tant que ça ne prend pas la forme d’une manifestation ou qu’ils ne distribuent pas de tracts, ils ont le droit d’être là. » (...)

    “““““““““““““““““““““““““““““““““
    Marie Turcan (vers 12h00)
    https://twitter.com/TurcanMarie/status/631776839774662656
    Jean-Claude Nataf de la LDJ est bien présent au point d’entrée principal et surveille la foule depuis environ 1h

  • A la frontière entre la #Bulgarie et la #Serbie, la rumeur accompagne les réfugiés

    Depuis que la #Hongrie a annoncé son projet de clôture à la frontière avec la Serbie, les tabloïds belgradois et des élus locaux jouent sur la #peur. Il y aurait parmi les migrants des « terroristes » de l’État islamique, ou des porteurs du virus de la fièvre Ebola… Reportage en Serbie orientale, non loin de la Bulgarie, dans une ancienne ville industrielle où « 40 000 migrants » étaient attendus. Dans le cadre du projet Ouvrez l’Europe #OpenEurope, Mediapart poursuit sa tournée des frontières des Balkans.

    http://www.mediapart.fr/journal/international/110815/la-frontiere-entre-la-bulgarie-et-la-serbie-la-rumeur-accompagne-les-refug
    #mur #barrières_frontalières #asile #migrations #Balkans #réfugiés

  • #Réfugiés, #intrusion, #hotspots : le nouveau #lexique des migrations

    Les mots caractérisant les phénomènes migratoires apparaissent ces derniers mois investis de nouvelles significations. Relayés dans l’espace public, ils alimentent les #peurs, fabriquent de l’#exclusion et confortent l’approche sécuritaire privilégiée par les autorités européennes.

    http://www.mediapart.fr/journal/international/100815/refugies-intrusion-hotspots-le-nouveau-lexique-des-migrations?onglet=full

    #migrations #asile #vocabulaire #terminologie #mots #préjugés #stéréotypes

  • Au #Danemark, la #solidarité avec les #réfugiés rassemble des milliers de personnes

    Au Danemark, les demandeurs d’asile sont immédiatement nourris et logés par les pouvoirs publics. Néanmoins, isolés, beaucoup n’ont pas de contact avec la société qui les accueille. Créé via Facebook il y a quelques mois, #Venligboerne, pour « Habitants amicaux », rassemble 22 000 membres dans tout le pays. Ce mouvement de citoyens solidaires s’est fixé une mission : faire en sorte que les réfugiés et les Danois se rencontrent et partagent des expériences communes.

    http://www.mediapart.fr/journal/international/070815/au-danemark-la-solidarite-avec-les-refugies-rassemble-des-milliers-de-pers
    #asile #migrations

    • « Chers réfugiés » : des Danois répliquent à la campagne anti-migrants du gouvernement

      Le nouveau gouvernement de droite danois ne veut plus accueillir de migrants et l’a fait entendre très clairement en juillet à travers son projet de loi destiné à rendre le Danemark « moins attractif financièrement » pour les demandeurs d’asile. La ministre de l’Immigration, de l’Intégration et du Logement Inger Støjberg a annoncé, de surcroît, la diffusion d’une campagne de publicité anti-immigration dans la presse étrangère. L’idée de la ministre : détailler toutes les mesures envisagées par le gouvernement danois pour durcir la politique migratoire, et faire comprendre aux migrants qu’ils seront mal reçus.

      http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/13/chers-refugies-danois-repliquent-a-campagne-anti-migrants-gouvernem

    • (extrait)

      Une somme fixe d’argent, versée à chaque citoyen, salarié ou pas, de manière automatique, pour mieux accompagner les mutations du monde du travail ? Des expérimentations – encore floues – sont annoncées en Finlande ou aux Pays-Bas. L’Aquitaine veut y réfléchir. Le vieux débat sur le revenu de base reprend de plus belle.

      Si les élections législatives d’avril, en Finlande, ont attiré l’attention des médias étrangers, c’est d’abord en raison de leur dénouement : le parti centriste, vainqueur du scrutin, a choisi de s’allier avec l’extrême droite des Vrais Finlandais pour former un exécutif inédit dans l’histoire du pays. Mais ce n’est pas le seul fait à retenir. Lors des semaines précédant la consultation, le parti centriste de Juha Sipilä (devenu, entretemps, premier ministre) s’était aussi prononcé pour une mesure originale : l’expérimentation d’un revenu de base.

      À Helsinki, une majorité de députés semble aujourd’hui prête à défendre cette promesse. Rien ne dit pour autant que le chef du gouvernement la mettra en œuvre, en particulier parce que ses partenaires de coalition n’y paraissent pas tous très favorables. Mais le débat sur les vertus d’un revenu de base, et ses modalités très controversées, a été relancé.

      En Suisse, un référendum est censé avoir lieu sur le sujet, sans doute en 2016, après le dépôt à Berne de 126 000 signatures exigeant la tenue de cette consultation. En Espagne, la promesse figure, parfois, parmi les revendications du mouvement anti-austérité Podemos. Aux Pays-Bas, la ville d’Utrecht va lancer une expérimentation à partir de janvier 2016, sur un groupe d’environ 300 personnes (on parle d’un forfait de 900 euros par mois pour un adulte, 1 300 pour un couple).

      En France, une association, lancée en 2013, le Mouvement français pour le revenu de base (MFRB), qui revendique 600 adhérents, organise ses journées d’été du 21 au 23 août près d’Annecy. Avec d’autres, elle a lancé fin 2014 un journal gratuit, L’Inconditionnel, qui propose de répondre à cette question aguicheuse : « Et vous, que feriez-vous si vous n’aviez plus à gagner votre vie ? » Dans Liber, un revenu de liberté pour tous (L’Onde, 2014), l’ingénieur Marc de Basquiat (membre du MFRB) et l’essayiste étiqueté libéral Gaspard Koenig militent pour un revenu minimum baptisé Liber (450 euros pour un adulte), financé par un impôt sur les revenus et censé se substituer « au maquis des allocations spécifiques » (en l’occurrence, avant tout, le RSA et la prime pour l’emploi).

      Les défenseurs du revenu de base avaient déjà fait parler d’eux en janvier 2014. Ils avaient alors récolté, à travers toute l’Europe, 285 000 signatures de citoyens qui s’étaient déclarés favorables à un « revenu de base inconditionnel ». L’opération n’avait pas suffi à enclencher une dynamique au sein de l’Union. Il aurait fallu beaucoup plus – rassembler un million de noms en l’espace d’un an – pour contraindre la commission de Bruxelles à s’emparer de ce dossier, souvent qualifié de totalement utopique par ses adversaires.

      Ces initiatives désordonnées prouvent que le débat sur le revenu de base (« RDB »), vieille idée surgie à la fin du XVIIIe siècle (avec les travaux du Britannique Thomas Paine), s’intensifie. « Pourquoi cette idée retrouve-t-elle de l’audience aujourd’hui ? Sans doute parce qu’elle répond à une double préoccupation de notre époque, marquée par la persistance du chômage de masse et du sous-emploi et la montée des inégalités », écrit la journaliste Sandra Moatti dans l’éditorial du dernier numéro de L’Économie politique, qui y consacre un dossier très stimulant (juillet 2015, éditions Alternatives Économiques).

      Suite : http://www.mediapart.fr/journal/economie/300715/de-la-finlande-laquitaine-le-revenu-de-base-en-debat

      http://www.anti-k.org/2015/07/30/de-la-finlande-a-laquitaine-le-revenu-de-base-en-debat

    • (extrait - suite et fin)

      De quoi parle-t-on ? Voilà l’idée générale, qui a rarement dépassé le stade de la micro-expérimentation à travers le monde (sauf quelques exceptions comme l’Alaska) : un revenu fixe, versé à n’importe quel citoyen jusqu’à sa mort, sans aucune condition ou contrepartie (« inconditionnel, universel et forfaitaire », disent les économistes). Qu’on soit riche ou pauvre, avec ou sans emploi, seul ou en ménage, tout le monde touche la même somme. Dans la pratique, il existe des dizaines de manières d’imaginer et de financer cette garantie, théorisée par des économistes de droite (Milton Friedman et son « impôt négatif ») comme des penseurs de gauche (André Gorz et son « revenu d’existence »), des néolibéraux comme des anticapitalistes, et défendue, chez les politiques français, tout à la fois par José Bové et Christine Boutin.

      Pour des esprits façonnés par des décennies d’un État redistributif à la française, l’initiative peut troubler. Tout simplement parce qu’elle revient à découpler la question du travail de celle du versement de prestations sociales. C’est ce qu’explique très bien Julien Dourgnon, ancien conseiller de l’ex-ministre Arnaud Montebourg dans L’Économie politique : « Le RDB, par ses caractéristiques (universalité, inconditionnalité, égalité) entend défaire le monopole et l’emprise de l’emploi sur la construction de la protection sociale. Il se fonde sur une logique où le sous-emploi permanent devient une norme acceptable et acceptée au nom d’un principe de réalité et d’un principe de justice. […] C’est pourquoi le RDB n’est pas un revenu d’exception mais un revenu permanent. »

      Une « étude de faisabilité » lancée en Aquitaine

      L’horizon du plein emploi s’est éloigné. Le travail « en miettes » et les emplois de mauvaise qualité se sont généralisés. Il faudrait donc adapter la protection sociale aux mutations de l’emploi à l’âge du capitalisme financier. Certains se risquent même à imaginer le remplacement à grande échelle des travailleurs par des robots. Dans cette optique, le revenu de base permettrait « le passage d’un modèle de précarité subie à un modèle de mobilité choisie », prédit Carlo Vercellone, maître de conférences à Paris-1 et théoricien, avec d’autres, du « capitalisme cognitif ».

      L’avènement du revenu de base permettrait de mieux prendre en compte ce travail non marchand, difficile à quantifier exactement, mais de plus en plus décisif, sur fond d’essor du numérique et de culture des « communs » (lire, en écho, l’entretien avec Michel Bauwens sur Mediapart). Ce revenu aurait aussi l’avantage de régler les problèmes d’« incitation » redoutés par certains économistes (lorsqu’un chômeur, dit-on, rechigne à prendre un emploi mal payé, pour conserver ses indemnités chômage) : le « revenu plancher » resterait fixe, même si les revenus complémentaires, tirés de l’activité, eux, progressent.

      Au fond, les ambitions des uns et des autres, autour d’un même projet, sont très variables. Pour les libéraux, un revenu de base fixé à des niveaux plutôt faibles, permettrait surtout de simplifier les rouages de l’État social, pour le rendre plus efficace – quitte à rendre plus acceptables les inégalités de la société, sans s’y attaquer pour de bon. Pour les défenseurs d’un modèle alternatif à l’hégémonie néolibérale, le RDB doit être une option plus ample, dans le sillage des travaux, par exemple, d’André Gorz (dès Adieux au prolétariat, 1980) : ce serait « l’un des instruments d’une transformation sociale radicale et émancipatrice », à condition de le combiner avec la réduction du temps de travail et l’essor d’« activités autonomes », explique la sociologue Françoise Gollain, toujours dans L’Économie politique.

      L’extrême variété des approches saute aux yeux dès lors que l’on entre dans la pratique. Les pistes de financement de ce revenu de base sont pléthoriques. Ses avocats en répertorient une petite dizaine (lire ici), de la fiscalité (impôt sur le revenu, taxe sur le capital ou les transactions financières, etc.) à la création monétaire (via des monnaies locales ou une réforme des mandats des banques centrales, par exemple, une piste préférée par de nombreux écologistes). La question du montant exact de ce revenu donne lieu à des réflexions très complexes. Et tout le monde n’est pas d’accord, non plus, sur un autre point décisif : ce RDB vient-il compléter l’existant ou remplace-t-il la plupart des prestations sociales ?

      Dans son éditorial, Sandra Moatti cite les mises en garde du sociologue Robert Castel, qui voit dans ce revenu de base l’exemple même de la « mauvaise utopie » : « D’un montant trop faible pour se passer de travailler, il offrirait au capitalisme une “armée de réserve” où puiser à moindre coût des travailleurs déjà partiellement rémunérés par un médiocre revenu de subsistance. » Le RDB comme un outil d’exploitation d’un nouveau genre ?

      « C’est une crainte exagérée, réagit Jean-Éric Hyafil, un économiste membre du MFRB joint par Mediapart. Dans les années 80 et 90, c’était une idée qui était très associée à l’impôt négatif théorisé par l’économiste américain Milton Friedman. Dans cette configuration, il est prévu de supprimer le SMIC. Mais ce n’est pas du tout ce que l’on défend au sein du Mouvement : il n’est pas question de toucher au SMIC, pour mettre en place ce revenu de base. Puisque le SMIC ne disparaîtrait pas, la crainte exprimée par Robert Castel n’est pas fondée. »

      À l’initiative du groupe EELV, le conseil régional d’Aquitaine a donné son feu vert, début juillet (grâce à une très forte abstention), à la réalisation d’une étude de faisabilité d’un « RSA inconditionnel ». Il s’agirait d’une « première étape vers un revenu de base universel ». Le projet, encore vague, reste modeste : les règles de calcul du RSA ne seraient pas modifiées, mais les ayants droit n’auraient plus aucune démarche à effectuer, en particulier pour prouver qu’ils recherchent « activement » un emploi, pour toucher cette aide.

      « La plupart des travailleurs pauvres qui ont droit au RSA ne le demandent pas, notamment parce que c’est stigmatisant de le demander. De ce point de vue, cette mesure aurait un impact important, assure Jean-Éric Hyafil. Mais il y aurait bien sûr, ensuite, un autre chemin à parcourir pour passer d’un RSA inconditionnel à un RSA inconditionnel, universel et individuel. » En clair, un RSA forfaitaire, versé à tous les citoyens.

      C’est, semble-t-il, la stratégie du Mouvement français pour le revenu de base : ne pas plaider pour un big-bang fiscal du jour au lendemain, mais bien plutôt réformer les prestations sociales existantes et les tirer, au terme d’expérimentations locales, vers un revenu de base plus ambitieux. Pour y parvenir, il faudra encore faire taire les très nombreux sceptiques.

      Lire aussi

      « Faut-il défendre le revenu de base ? - dossier » L’Économie politique, numéro 67, juillet 2015, éditions Alternatives Économiques.
      Michel Bauwens : « L’hégémonie du libéralisme a été cassée par le numérique » - Par Jade Lindgaard
      Michel Bauwens : « Vers une économie post-capitaliste » - Par Joseph Confavreux et Jade Lindgaard
      Fusionner le RSA et la prime pour l’emploi, explications - Par Michaël Hajdenberg
      Le RSA jeunes, total non-évènement - Par Mathieu Magnaudeix

      http://democratie-reelle-nimes.over-blog.com/2015/07/de-la-finlande-a-l-aquitaine-le-revenu-de-base-en

    • Présentation du revenu de base dans La Tribune

      « Un revenu de base pour tous et sans condition ? Une idée au service de l’esprit d’entreprise », entretien avec Jean-Marc Ferry
      http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130618trib000771011/-un-revenu-de-base-pour-tous-et-sans-condition-une-idee-au-service-de-l-es

      Le revenu de base (1/3) : les fondements
      http://www.latribune.fr/economie/international/le-revenu-de-base-1-3-les-fondements-497079.html

      Le revenu de base (2/3) : comment l’appliquer ?
      http://www.latribune.fr/economie/france/le-revenu-de-base-2-3-comment-l-appliquer-497078.html

    • J’ai pas pris le temps de tout lire, ni du premier article, ni de la série du second. Mais je pense que pour comprendre les enjeux du revenu de base, notamment du point de vue des idées de gauche, le point crucial est que les milliards de pauvres ne sont pas le fond du problème. Partant de là, il sera plus facile de se focaliser vers une direction.

    • @02myseenthis01 vu comme tu écris, je pense que tu as suffisamment de style (ça doit être pareil à l’oral je suis sûr), pour rendre attrayant à un auditoire fermé, obtus, ou récalcitrant le sujet du RdB.

      Un de mes amis en avait parlé à une jeune ingénieure débutant sa carrière et passant des journées parfois interminables à travailler dans le bureau d’études qui l’employait, finissant régulièrement par des réunions tardives. Parfois elle se pleignait de finir tard son boulot, mais elle semblait avoir pris les traits d’une #workaholic (une #travailholic) ; bref une addicte au labeur.

      Du coup, cet ami avait fini par lui refiler sur une clé usb le documentaire Le revenu de base, une impulsion culturelle , en pensant que ce film serait un intermédiaire et une manière d’aborder le sujet avec elle, de manière plutôt délicate. Et c’est à partir de ce moment précis qu’elle n’a plus désiré le revoir.

      Donc je me dis que pour aborder certains sujets il doit y avoir des stratégies ou des techniques, comme l’humour par exemple. Même un documentaire bien expliqué peut être trop frontal, et repousser, comme le documentaire que j’ai cité ci-dessus.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Bourreau_de_travail
      https://www.youtube.com/watch?v=-cwdVDcm-Z0

      #addictions

    • @la_taupe , comment dirais-je ?

      C’est à mon avis une des rares expériences dans notre vie humaine, qui permet une généralisation sans des si et des mais : malgré tous les efforts, sans l’avoir appris dès son enfance on se découvre limité dans un idiome étrangé.

      Ainsi s’explique certainement une tendence à la simplification de la grammaire et du vocabulaire, par laquelle j’arrive néanmoins cahin-caha à manoeuvrer mon navire notoirement trop chargé sur des eaux vastes et périlleux du français, menacé par des brisants grammaticaux et des monstres se levant des abîmes d’orthographe - du même coup et pire encore je me pilote exposé aux sirènes obsédées et vangeresses de la propre langue, qui trompent incessamment le marin errant avec des expressions idéomatiques et d’une syntax intièrement inutilisable.

      Vu ma situation désillusionnante, mais vu aussi, que #Seenthis est une des rares îles bien entretenue et encombrée d’un esprit journalistique expérimenté et généreux, j’éspère que des chastes circonstances d’un naufragé dépourvu se font entendre : tant de fois déjà gîté, qui pourrait s’étonner qu’on préfère de se contenter avec la même brièveté dans le billet introductoire qui m’a leurré irrésistiblement de m’essayer à son ambiguité contextuelle.

      [ #exercice en français écrit]
      (La_taupe, je reviendrai à ton sujet posé si bien caractérisé et circonscrit.)

    • @02myseenthis01 je vais relire ton dernier commetaire à tête reposé, car te lire est pour moi une gymnastique :)

      Par exemple parce que je voudrais être sur de te comprendre sur ce paragraphe :

      C’est à mon avis une des rares expériences dans notre vie humaine, qui permet une généralisation sans des si et des mais : malgré tous les efforts, sans l’avoir appris dès son enfance on se découvre limité dans un idiome étrangé.

      C’est avec plaisir que je te lis (et relis).

    • Surtout avec le paragraphe introductoire, @la_taupe ,je ne suis pas tellement content non plus.

      Est-ce qu’il s’y agit des problèmes avec le pronom du complément direct et avec l’expression « des rares expériences dans notre vie humaine » ?

      a) Le pronom en cause dans « sans l’avoir appris dès son enfance » se réfère à « un idiome étrangé » ; cet emploi pourrait causer quelques irritations, parce que normalement on attendrait d’un antécédant qu’il soit déjà mentionné avant le pronom. En allemand (pour moi : « propre langue » cf. le paragraphe suivant) cette construction serait malgré tout possible, mais demanderait un changement dans la prosodie (l’accentuation dans une phrase ou différent phrases suivantes... cf. les « sirènes » dans le paragraphe suivant).

      b) « des rares expériences dans notre vie humaine » - je voulait éviter « des rares expériences dans notres relations sociales », pour y suivre dès le commencement un style exagérant d’une manière pseudo archaique.

      c) « sans des si et des mais » - je l’ai utilisé pour ironiser et contrecarrer un peu le style choisi.

      Le 1ier paragraphe pourrait alors avoir une solution suivante :

      C’est à mon avis une des rares expériences dans notres relations humaines, qui permettrait une généralisation sans des si et des mais : on se découvre limité dans un idiome qu’on n’a pas appris dès son enfance.

      [ #exercice en français écrit]

  • les propos d’un diplomate français qui reflète les positions américaines alors qu’il a négocié l’accord sur le nucléaire iranien

    La France rentre dans la course au pactole iranien - Page 3 | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/economie/060815/la-france-rentre-dans-la-course-au-pactole-iranien?page_article=3

    Quarante-huit heures après la visite à Téhéran de Laurent Fabius, les propos d’un de ses anciens collaborateurs, aujourd’hui conseiller diplomatique du président de la République, Jacques Audibert, sont venus troubler le nouveau climat de « respect » et de « relance » qui doit, officiellement, caractériser désormais les relations entre les deux pays. Selon l’agence d’informations économique américaine Bloomberg citant deux parlementaires américains, Loretta Sanchez et Mike Turner, qui venaient de rencontrer le diplomate français, Jacques Audibert aurait estimé, tout en exprimant son soutien à l’accord de Vienne, que si le Congrès américain votait contre l’accord, « il y aurait un peu d’intimidation et de chaos pendant un an ou deux, mais à la fin, rien ne changerait et l’Iran reviendrait à la table des négociations et cela serait à notre avantage ».

    Selon Loretta Sanchez, Jacques Audibert aurait même précisé que dans cette hypothèse, « nous pourrions obtenir un meilleur accord ». En Israël, où Netanyahou tient l’accord de Vienne pour « une grave erreur aux conséquences d’ampleur historique », et parmi les conservateurs iraniens qui accusent Zarif de laxisme, voire de trahison, comme au sein du Congrès américain, radicalement hostile à l’accord, cette déclaration d’un conseiller du président français a été accueillie comme une preuve supplémentaire de l’imprudence de Barack Obama. D’autant que Jacques Audibert, avant de rejoindre l’Élysée, avait dirigé la délégation française aux négociations des « 5 + 1 » avec l’Iran.

    Jacques Audibert lors de négociations sur le nucléaire iranien en octobre 2013 à Genève. © Reuters
    Dès la publication de ces propos explosifs par Bloomberg, l’ambassade de France à Washington a « démenti formellement le contenu de l’article ». Jacques Audibert a affirmé dans un tweet qu’il « n’avait jamais dit ou suggéré qu’un vote non du Congrès pourrait être utile et conduire à un meilleur accord ». « Évidemment, je n’ai jamais dit une chose pareille », confirme-t-il à L’Obs. Mais deux autres parlementaires américains, les républicains Paul Cook et Tom Marino, qui participaient à la rencontre avec Jacques Audibert, affirment dans un communiqué que le compte-rendu livré par leur collègue est exact. Le doute subsiste, donc, fondé sur les positions assumées jusque-là par le conseiller du président.

    Comme d’autres diplomates français, souvent impliqués dans les négociations sur le nucléaire iranien, Jacques Audibert est proche des néoconservateurs américains qui jugent, comme Israël, que l’Iran n’est pas un partenaire fiable et qui considèrent comme prioritaire au Proche-Orient le renforcement des alliances avec l’État hébreu et les monarchies du Golfe. En 2013, à Genève où il dirigeait la délégation française, il avait bloqué le texte d’un accord intérimaire qui avait l’agrément des autres négociateurs mais que Paris jugeait trop imprécis. Une nouvelle rédaction avait été adoptée, deux semaines plus tard.

  • Cédric Porte : « Nous sommes tombés dans un trou plus profond que le chômage »

    Faut-il travailler à tout prix ? Non, répondent Cédric Porte et Nicolas Chaboteaux dans un livre coécrit après leur expérience d’un management par la terreur dans une PME francilienne. Entretien avec le premier, toujours chômeur et SDF.
    http://www.mediapart.fr/journal/france/040815/cedric-porte-nous-sommes-tombes-dans-un-trou-plus-profond-que-le-chomage
    #travail #violence #livre

    Travailler à tout prix !, Nicolas Chaboteaux et Cédric Porte,
    Éditions du moment, 264 pages, 17,95 euros.

  • À LIRE : Comment la France bat en retraite sur la traite d’êtres humains en plein Paris - Mediapart

    http://www.mediapart.fr/journal/france/050815/sur-la-traite-la-france-bat-en-retraite?onglet=full

    Dans les salons de coiffure et de manucure du Xe arrondissement de Paris, des salariés, souvent sans papiers, sont exploités et humiliés. Mediapart a eu accès à un procès-verbal de l’inspection du travail édifiant, signalant une « traite des êtres humains » par un réseau constitué. La justice n’a pourtant pas retenu cette qualification, de peur de créer un précédent .

    Où s’arrête le droit et où commence la politique ? C’est la question que se posent les défenseurs de 18 salariés du salon de coiffure New York Fashion, du Xe arrondissement de Paris. Ces sans-papiers, généralement des femmes, ont été exploités, maltraités, sous-payés pendant six mois. Soutenus par la CGT, ils ont eu le courage de faire grève puis de porter plainte (...). Mais selon nos informations, le parquet de Paris a décidé de ne pas renvoyer les gérants des salons devant le tribunal correctionnel pour la qualification la plus lourde, celle de « traite d’êtres humains ». Selon l’inspection du travail, dont Mediapart a pu consulter le procès-verbal en intégralité les éléments étaient pourtant réunis pour un renvoi de ce type, qui aurait constitué une première judiciaire. Mais des considérations d’ordre politique ont visiblement primé. Le système mafieux, à l’œuvre depuis tant d’années dans le quartier, a donc toutes les chances de perdurer.

    Le rapport de l’inspection du travail, rendu à l’automne 2014, est pourtant très définitif dans sa formulation : « En conclusion, il nous apparaît que le délit de traite des êtres humains est constitué. » (...)

    Même si l’on peut subodorer un système qui touche l’ensemble du quartier, l’enquête se concentre sur le 57, boulevard de Strasbourg. (...) L’inspection du travail s’est rendue sur place et observe : dans le salon, elle découvre « plusieurs enfants en bas âge et des nourrissons », « les salaires particulièrement bas ne permettant pas de les faire garder ».

    Au rez-de chaussée, une pièce d’environ 15 m2 pour 8 postes de travail. Au 1er étage, une salle réservée à la manucure, avec des travailleurs d’origine chinoise. Au sous-sol, la coiffure pour hommes. Partout, les « salariés » sont présents de 9 heures à 21 heures, parfois jusqu’à minuit. Ils sont payés à la tâche : sans clients, pas de rémunération. L’inspection du travail a calculé un taux horaire variant de 1,30 à 4,70 euros (contre 9,53 euros brut pour le SMIC), et des émoluments versés sporadiquement.

    Pour le reste ? Pas de congés. Pas de pause déjeuner. Pas de ventilation. Partout, une atmosphère humide, « irrespirable », une odeur désagréable et l’utilisation, toute la journée, de produits chimiques dont certains potentiellement dangereux. Les patrons ? Agressifs, insultants, menaçants. Si les salariés se plaignent, il leur est rétorqué qu’ils peuvent à tout moment être livrés à la police.

    (...) leur grève leur a permis d’obtenir un titre de travail et des autorisations temporaires. Sans garantie définitive ni protection assurée.

    Très vite le salon a été liquidé, sans que le système soit ébranlé. Partout, les gérants de paille continuent de se succéder. (...)

    L’idée (...) était d’attaquer le système dans sa structure, de mettre à mal la bande organisée. Au moins 80 salons de coiffure et d’esthétique sont en effet répertoriés dans le quartier (....)

    Des politiques ont pris le relais, jusqu’à la mairie de Paris, via un vœu. Avec un angle d’attaque bien ciblé : « la traite », définie par l’article 225-4-1 du code pénal
    (...)

    Marilyne Poulain estime que « dès le début, on a senti qu’il n’y avait pas de volonté d’enquêter sur les personnes qui tiennent le réseau. *Les sans-papiers sont vus comme des délinquants, pas comme des victimes.

    (...)

    Au sein des associations mais aussi de l’institution policière, des personnes interrogées ayant suivi le dossier au plus près évoquent une « volonté politique ». Car la circulaire Valls du 28 novembre 2012 invite à la régularisation des sans-papiers victimes de traite qui coopèrent avec les autorités administratives et judiciaires. Du coup, ce serait pour ne pas avoir à régulariser que la traite ne serait pas reconnue. (...)
    L’avocat de la CGT, Maxime Cessieux, développe : « Le parquet a une vision extrêmement restrictive de la traite des êtres humains. Ce serait forcément un réseau de prostitution (...) Mais si le parquet s’autocensure déjà, c’est un message de tranquillité envoyé aux organisations criminelles. (...)

    Le Parquet ne cache pas que la question se pose. Mais il en fait une lecture diamétralement opposée : les sans-papiers se serviraient de la qualification de « traite » pour obtenir des papiers. (...)
    Pour Sylvie O’Dy, l’ancienne présidente du comité contre contre l’esclavage moderne, « la lecture française est extrêmement restrictive sur la traite à des fins économiques ». (...)

    Une évolution qui va à rebours de ce qui se passe à l’étranger. (...)

  • Racisme, chants néo-nazis « pour se détendre », homophobie, violences : la SNCF coupable - Mediapart

    http://www.mediapart.fr/journal/france/170715/la-police-de-la-sncf-reconnue-doublement-coupable

    La Cour européenne des droits de l’homme a condamné cette semaine la France pour une arrestation violente de la Suge, la police de la SNCF. Cette décision survient après qu’une enquête du Défenseur des droits a confirmé les informations de Mediapart sur le comportement raciste d’agents de cette même Suge à Montpellier : diffusion de chant néo-nazi, actes racistes et homophobes. La SNCF ne fait pourtant toujours pas le ménage.

  • Viols en temps de guerre, le silence et l’impunité - par Agnès Stienne
    http://visionscarto.net/viols-en-temps-de-guerre

    Fin juillet 2015, Zainab Bangura, représentante spéciale des Nations unies dans la lutte contre la #violence_sexuelle en période de conflit s’indignait, lors d’une rencontre internationale à Québec, de la persécution systématique des femmes par le groupe armé État islamique (EI) sur tous les territoires que celui-ci assiège. Les conflits ont pour causes les ressources naturelles, le pouvoir, politique ou religieux, mais c’est sur les femmes et les filles, utilisées comme armes de guerre, que les combats se déchaînent. Cette synthèse historique et géographique dresse un état des lieux des #crimes_de_guerre contre les #femmes et l’efficacité des instruments juridiques censés les protéger.
    par @odilon

    #cartographie #viols #culture_du_viol #droit_des_femmes #guerre #conventions_internationales #conflits_armés

  • De #Vintimille à #Calais, #Cazeneuve en #garde-frontière zélé de l’Europe

    En échange de la « sécurisation » du port de Calais et du tunnel sous la Manche, la France accepte de surveiller les frontières de la Grande-Bretagne à sa place. Entre Vintimille et Menton, les policiers multiplient les contrôles au faciès pour décourager les passages de réfugiés débarqués en Europe via la Méditerranée. Des Alpes-Maritimes au Calaisis, Bernard Cazeneuve assume ce nouveau rôle de garde-barrière, quitte à enfreindre quelques principes juridiques européens.

    http://www.mediapart.fr/journal/international/040815/de-vintimille-calais-cazeneuve-en-garde-frontiere-zele-de-leurope?onglet=f
    #France #frontières #migrations #asile #réfugiés #frontière_sud-alpine

  • À bord du « Phoenix » pour une expédition de sauvetage réussie en Méditerranée

    Alors que plus de 150 000 migrants sont arrivés en Europe via la Méditerranée depuis le début de l’année, le journaliste italien Stefano Liberti a pu participer début juillet à une opération de secours privée au large de la Libye, au cours de laquelle 217 personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont été sauvées. Il a navigué à bord du #Phoenix, affrété par une ONG – #MOAS – financée par deux riches courtiers en assurances.


    http://www.mediapart.fr/journal/international/010815/bord-du-phoenix-pour-une-expedition-de-sauvetage-reussie-en-mediterranee
    #secours #sauvetage #Méditerranée #privatisation #asile #migration #réfugiés #mourir_en_mer

  • Les réfugiés de #Pajol « évacués » sans violence mais toujours sans préavis

    Après avoir été réveillés par surprise ce mercredi, 250 exilés ayant trouvé refuge devant la Halle Pajol à Paris ont été relogés dans des centres d’hébergement. Mounir vient du Mali. Il raconte ses trois premières semaines passées en France dans ce #campement sans point d’eau ni toilettes.

    http://www.mediapart.fr/journal/france/290715/les-refugies-de-pajol-evacues-sans-violence-mais-toujours-sans-preavis?ong
    #France #Paris #migration #asile #réfugiés

    • #Now #Occupation du local de Ni Putes Ni Soumises au 70 rue des Rigoles par les #migrants de la Chapelle.

      Besoin de soutien, risque de flics.

      Leur revendication : disposer d’un #lieu_collectif à Paris même pour l’accueil, l’hébergement et l’information des migrants. #occupation

      Le mouvement a été rejoint par des Afghans qui campaient porte de la Chapelle sur le bord du périph’.

      Parmi eux, des migrants de Pajol laissés sur le carreau par les évacuateurs hier matin ou qui ont refusé leur évacuation.

      https://twitter.com/OlivierCyran

      –--------------------------------------

      Les réfugiés de Pajol « évacués » sans violence mais toujours sans préavis, Carine Fouteau
      http://www.mediapart.fr/journal/france/290715/les-refugies-de-pajol-evacues-sans-violence-mais-toujours-sans-preavis?ong

      Après avoir été réveillés par surprise ce mercredi, 250 exilés ayant trouvé refuge devant la Halle Pajol à Paris ont été relogés dans des centres d’hébergement. Mounir vient du Mali. Il raconte ses trois premières semaines passées en France dans ce campement sans point d’eau ni toilettes.

      Les Parisiens sont endormis. Les réfugiés installés sur des matelas devant la Halle Pajol aussi. Une petite centaine d’hommes et de femmes, fonctionnaires pour la plupart, se sont donné rendez-vous à l’aube dans un bistrot, à quelques centaines de mètres de là, plus au nord, place Hébert, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Ils échangent les dernières instructions, qui va faire quoi, à quel moment. Ils sont prêts. Groupés, costumes et chaussures de ville, ils descendent la rue Pajol jusqu’à la Halle.

      Dans un silence plombant, ils prennent possession des lieux. Il est 7h30, l’opération d’« évacuation » a commencé, la septième au moins à Paris depuis le 2 juin, quand les tentes de La Chapelle ont été détruites. Celle-ci s’accompagne de propositions de relogement, comme d’autres précédemment. La présence de ces agents – de la ville de Paris, de la région, de la préfecture de police, de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (#Ofpra) et des deux associations partenaires, #Emmaüs Solidarité et #France_terre_d’asile – sort brutalement les migrants de leur sommeil.

      Les couvertures se soulèvent, des visages stupéfaits apparaissent. Sans cri, sans bruit, les migrants se redressent, s’assoient sur les matelas, se vêtent, avec lenteur, sous les yeux de ces gens qui les réveillent par surprise. Un photographe de la préfecture s’approche. Sans en demander l’autorisation, il déclenche son appareil. Un réfugié, en train de lacer ses chaussures, réagit, indigné. Quelques journalistes ont été prévenus la veille au soir que « quelque chose se préparait le lendemain matin très tôt », avec interdiction d’ébruiter l’information. Aucune indication sur le lieu. Dans la nuit, un SMS tombe : rendez-vous est donné à 7 heures, dans le XVIIIe, mais le secret est gardé jusqu’à la dernière minute. Austerlitz, porte de Saint-Ouen, Pajol ? Ce matin, ce sera Pajol : la mairie de Paris prend prétexte d’un courrier adressé par « des commerçants et des riverains » – et de la dégradation des conditions de vie sur le campement – pour intervenir.

      Pourquoi cette absence de préavis ? Pourquoi réveiller les personnes en plein sommeil ? « Notre présence matinale s’explique par le fait que nous souhaitons toucher le maximum d’occupants. Si nous étions venus plus tard, certains auraient raté les bus et seraient revenus le jour même ou les jours qui suivent, indique un responsable du cabinet d’Anne Hidalgo présent dans le cortège. Quant à l’effet de surprise, nous l’assumons : si on prévenait à l’avance, des groupuscules radicaux viendraient perturber l’opération. » Dans les discours de la maire socialiste de la capitale, les Parisiens venus apporter leur aide aux réfugiés sont félicités parce qu’ils font preuve de « solidarité ». Mais, sur place, ils sont considérés par les représentants de la ville et de l’État comme des gêneurs. La faute aux activistes, donc, « qui instrumentalisent les migrants ».

      La suite se déroule dans le calme. Le directeur général de l’Ofpra, Pascal Brice, prend l’initiative. Les 250 exilés, des Soudanais pour la plupart, sont invités « amicalement » à se placer en cercle autour de lui. Tout le monde est là. Il se lève, théâtral, salue ses interlocuteurs et les remercie d’être présents. Son discours est rodé. Il répète à peu de choses près ce qu’il a eu l’occasion de dire lors des deux évacuations précédentes : « Nous croyons que votre dignité est telle que vous ne pouvez pas vivre dans ces conditions. Nous savons tous que vous avez vécu des moments très difficiles avant d’arriver en France. […]. Nous sommes là pour vous faire une proposition, ici, aujourd’hui, maintenant. » Cette proposition, à prendre ou à laisser, consiste en une place dans l’un des centres d’hébergement d’urgence de Paris ou de la région parisienne, avec la promesse d’un accompagnement individualisé.

      Les demandeurs d’asile pourront rester jusqu’au terme de leurs démarches, affirme-t-il. Pour les autres, c’est moins clair. À quelques-uns, il parle d’« un mois minimum ». Nouveauté par rapport aux opérations passées, un document d’information (en français, anglais ou arabe) est distribué en guise de garantie. Les réfugiés apprécient le geste. La température a baissé ces derniers jours : beaucoup grelottent. À 9 heures, la plupart d’entre eux montent dans la dizaine de bus mis à disposition. Les quelques mineurs isolés et les familles sont envoyés dans des structures adaptées, certaines femmes devant faire l’objet d’un suivi particulier en raison des violences dont elles auraient été victimes depuis leur arrivée en France, selon les travailleurs sociaux venus les rencontrer.

      « C’était trop sale, il y avait des moustiques, ou alors c’était la gale »

      Mounir n’est pas Soudanais, mais Malien. Il ne sait ni lire ni écrire, mais il a pris le papier distribué par l’Ofpra « au cas où ». Né il y a quarante-trois ans dans une zone désertique, au nord de Kidal, il parle bien le français. Touareg, sans religion, il a fui son pays. Tout à la fin de l’entretien, ses yeux se ferment : il a laissé derrière lui sa famille. Sa femme et l’un de ses fils ont été tués « par une tribu rivale ». « Chez nous, tu es mort ou tu cherches une solution. Le danger est partout », lance-t-il.

      Il confirme que personne n’avait été prévenu de la visite de « tous ces officiels ». Il ne s’en offusque pas, rien ne l’étonne plus. Il ne se plaint même pas des fortes pluies qui ont lessivé Paris ces derniers jours. Il montre juste la bâche qui lui a fait office d’abri. « Je n’ai pas été trop mouillé, ça va, merci », dit-il. Prêt à s’en aller, il a enfilé un maigre sac à dos sur ses épaules et cherche un sac plastique pour y glisser un drap. Il a quitté son village natal, où il possédait des vaches et des chameaux, il y a plus d’un an. Après avoir travaillé en Libye, il en est parti parce qu’il s’y sentait menacé. « Nous, les Touareg, ils nous pourchassent pour nous obliger à faire la guerre », affirme-t-il. La Méditerranée, il la traverse avec 300 personnes sur un bateau prévu pour en transporter 80.

      À Paris, Mounir a d’abord trouvé refuge dans un parc à proximité de la station de métro La Chapelle. Il en est vite parti. « C’était trop sale, il y avait des moustiques, ou alors c’était la gale. Les gens se grattaient tout le temps », raconte-t-il. À Pajol, il y a passé trois semaines. Sans toilettes ni point d’eau. La mairie de Paris a attendu la veille de l’évacuation pour faire installer des sanitaires. Elle a aussi fermé à plusieurs reprises le jardin proche de la Halle, seul endroit équipé d’un point d’eau, de peur que le campement ne s’y étende. Ce matin, les réfugiés se brossaient encore les dents, accroupis, avec l’eau du caniveau, sans qu’aucun tuyau ou système de dérivation n’ait été prévu, alors même que les collectivités territoriales sont tenues par le code qui les régente de mettre en place les équipements sanitaires de base, y compris lors d’occupations sans autorisation.

      « Notre priorité a été de trouver des places dans des centres d’hébergement, avec des lits et des douches, plutôt que d’ajouter du confort, si on peut dire, dans ce type de campement. Nous devons trouver l’équilibre entre un minimum de salubrité et ne pas encourager une installation durable », indique-t-on dans l’entourage de la maire. L’un des membres du comité de soutien des migrants de La Chapelle, Nicolas Jaoul, regrette ce type de raisonnement. « Laisser les réfugiés uriner dans des bouteilles d’eau constitue une violation de la dignité humaine, dit-il. Les responsables de cette situation ont peur de l’appel d’air. Ils pensent qu’en mettant le campement aux normes, ils créent les conditions de nouvelles arrivées. Mais les nouvelles arrivées n’ont rien à voir avec un lavabo ou des toilettes sèches. Les gens partent de chez eux parce qu’ils fuient la guerre ou la misère. »

      Au fur et à mesure des expulsions-évacuations, l’administration a changé sa gestion. Finis les cars de CRS pour emmener les migrants. Seuls quelques motards ont patienté à l’écart, debout à côté de leurs véhicules. La rue n’a été bloquée que brièvement. Aucune violence n’a été constatée, à la différence de ce qui s’était passé le 8 juin, lorsque des élus avaient été malmenés et des réfugiés interpellés. En s’adressant aux exilés, Pascal Brice s’est engagé à ce qu’ils ne soient pas éparpillés dans des hôtels à l’autre bout de la région pour quelques nuits sans repas, contrairement à ce qui s’était produit lors des premières évacuations. Du côté des autorités, les uns et les autres sont prêts à admettre des « erreurs », tout du moins des « incompréhensions ». La prochaine étape pourrait être de prévenir à l’avance les personnes qu’elles vont recevoir de la visite, suggère une habitante du quartier.

      Sur 1 000 personnes arrivées à Paris ces dernières semaines, 800 sont hébergées, les autres étant sorties du dispositif. En fin de matinée, le service propreté de la ville déblayait les lieux vidés. Quelques réfugiés, partis tôt pour apporter à l’Ofpra leur dossier de demandeurs d’asile, revenaient, dépités de voir que leurs compagnons d’infortune avaient disparu. Une poignée d’autres, plus jeunes, erraient dans les rues. Quelques heures plus tôt, ils avaient refusé de monter dans les bus avec une explication, limpide : « We’re going to Calais. »