http://trufont.github.io

    • @touti Salut, j’ai co-designé l’icône de Trufont et me considère comme féministe ou sympathisant féministe selon le point de vue. Je veux donc entendre ce que tu as à dire pour comprendre et corriger le tir si nécessaire. Nous avons réalisé cette icône dans des délais très serrés, il n’est donc pas étonnant s’il y a des choses que l’on n’a pas vues. S’agit-il que ça ressemblerait à un geste masturbatoire ?

    • Hi ! merci jjllnn, je te remercie de prêter attention à ma remarque. J’y suis sensible.

      Le souci est politique, il n’y a que 2% de femmes dans le logiciel libre. On a donc 98% d’hommes, et souvent, par manque d’éducation, et totale inconscience, sont peu enclin à l’inclusivité, cette idée de faciliter l’implication des femmes. Dernièrement je me suis heurtée très violemment pour un simple changement de nom de plugin. C’est très éprouvant mais j’espère que mes remarques serviront à la communauté.

      Bref, dans ce logo, on a un bras au biceps bandé.
      Franchement, sans méchanceté, tu ne vois pas, peux-tu me dire quel est le rapport avec l’informatique ?

      Alors, le grand classique de la frime masculine c’est de faire bander ses muscles pour prouver sa supériorité par la force physique. Un peu comme nos amis les gorilles quand ils se tapent la poitrine et sont alors très contents d’eux.

      C’est tellement un basic de vendre « le plus fort » que c’est récurrent, Mr Propre, Malabar etc …
      Tiens, voici des images à mettre en parallèle

      Voila brièvement ce que je vois dans cette image et que je ne trouve pas du tout inclusif. J’ai le sentiment que si je viens contribuer il faudra moi aussi que je fasse pareil. Et si on pense aux femmes qui subissent la violence masculine, avec une femme qui meurt sous les coups d’un homme tous les 2 jours en france, le logo d’un bras musclé ne va pas vraiment les attirer.

      Donc parce qu’effectivement vous êtes allé un peu trop vite pour dessiner le logo vous êtes ’tombé’ dans le piège.
      Il faut être aux aguets et conscient des symboles qu’on emploie, images/titres etc sinon on peut par facilité user de nos schèmas éducatifs de glorification de l’homme et de l’effacement de la femme, et même tout à fait inconsciemment et sans penser « à mâles ».

      Merci de m’avoir lu

    • @touti Il ne faut pas me remercier, toute critique est bonne à entendre, surtout quand elle est argumentée.

      Pour redonner un contexte à la création de cette icône, ce qui a conduit à dessiné un bras d’haltérophile est la blague qui consiste à dire que les dessinateurs et dessinatrices de caractères « soulèvent de la fonte » quand il dessinent des typos. Une blague qui met en avant l’aspect totalement mental qu’est la typo, bien loin de l’exercice physique.

      Je vois bien qu’un bras musclé est un attribut plutôt masculin, comme les notions de force et de domination. Néanmoins, dans mon combat féministe quotidien, je tends plus au croisement des attributs, signes et figures traditionnellement attribués à tel ou tel genre pour les réinventer de manière croisée plutôt qu’à la suppression de ces signes. Aussi, parmi les femmes qui m’entourent, un certain nombre peut être qualifié de power girls, c’est à dire des femmes figures de pouvoir, qui, dans leur vie, portent des signes traditionnellement liés au genre masculin. Dans le monde du roller derby, que j’ai pratiqué pendant un moment, une majorité des filles avec qui je jouais était plus musclée que moi qui suis un petit gabarit. De mon côté je suis très à l’aise dans le fait de porter des attributs traditionnellement féminins (leggings, tuniques, amour de la danse, fesses rebondies…).

      Dans ma pratique du graphisme je fais donc attention à dégenrer les signes que j’utilise : une personne musclée n’est pas forcément un homme, quelqu’un qui danse et fait la cuisine n’est pas forcément une femme. Mais supprimer tous les signes genrés de mon vocabulaire ne me semble pas être une solution.

      Je ne vais pas mettre de phallus ni de moustache dans une de mes icônes, de même que je ne vais pas mettre de rose quand ma cible est féminine. La force ne devrait-elle pas être un attribut mixte ?

    • Merci pour l’explication de la fonte, je ne la connaissais pas.

      Qu’une femme puisse être musclée est exact, qu’une femme puisse être plus forte qu’un homme est exact, qu’une femme puisse porter la moustache est exact.
      Mais ce n’est pas le commun des femmes. Non plus qu’une caractéristique féminine telles que ces caractéristiques sont édictées par la culture dans laquelle nous baignons depuis des siècles (je suis d’accord ça commence à sentir mauvais), bref, ce n’est pas une norme.
      Et que je fasse 1.90m et sois haltérophile ne change rien à la donne.

      Par contre, que les hommes utilise la force physique pour violer et tuer des femmes est aussi devenu une norme. Et sans aller jusqu’à user de violence, le pouvoir politique (comme d’autres pouvoirs comme celui de représentation) est donné aux hommes parce qu’ils sont les plus forts physiquement. Et que tu pèses 45 kilos et mesure 1,50m, si tu es un homme, tu restes toutefois du côté des dominants, cela ne change rien.

      Concernant la morale, tu peux parfaitement mettre un phallus une vulve ou une rose dans ton logo, mais leur représentation devra être pensé en dehors de tes schémas personnels. Quoi et qui cela affecte-t-il (affect=ressenti) et comment veiller en jouant de ses signes à ce que cela ne dénigre personne, et ne renforce pas les normes.

      J’évite donc de parler de moi ou de morale, ce n’est pas du tout mon propos, je tente d’élargir au politique.
      Si je te dis mon ressenti, l’analyse et te l’explique c’est parce que mon point de vue est celui d’une femme et que toi, en tant qu’homme, tu ne vois pas la même chose que moi. Je suis éduquée à décrypter les signes, notamment ceux de la phallocratie (sors dans la rue et regarde) et parce que j’en ai assez de voir que l’ensemble des signes est utilisé en méconnaissance de ce qu’ils engendrent au détriment des femmes. Et je peux m’énerver, parce que mêmes les mots que j’écris maintenant sont ceux du pouvoir des hommes sur les femmes.

      Si tu veux jouer avec les normes, il faut que tu saches au moins les re·connaitre. Parce qu’elles sont nettement plus fortes que nous. C’est pourtant ce mur normé bien établi qu’il faut démolir pour avancer et je m’y emploi et je te jure que ça demande énormément de force.

    • Néanmoins, dans mon combat féministe quotidien, je tends plus au croisement des attributs, signes et figures traditionnellement attribués à tel ou tel genre pour les réinventer de manière croisée plutôt qu’à la suppression de ces signes.

      Spécifiquement sur cette icône, je ne vois pas de croisement, seulement un attribut masculin.

      Merci d’avoir engagé le dialogue en tout cas, j’espère qu’il sera bénéfique à toutes et tous :)