Après le scandale Volkswagen, les actionnaires s’alarment pour tout le secteur automobile

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  • Après le scandale Volkswagen, les actionnaires s’alarment pour tout le secteur automobile
    http://www.lemonde.fr/automobile/article/2015/10/13/apres-le-scandale-volkswagen-les-actionnaires-s-alarment-pour-tout-le-secteu

    Quand le scandale Volkswagen a éclaté, l’action du constructeur allemand s’est immédiatement effondrée en Bourse. Trois semaines plus tard, elle demeure en recul de 20 %, soit 15 milliards d’euros partis en fumée. Très inquiet que le même phénomène puisse se répéter chez la concurrence, un groupe de grands investisseurs institutionnels vient d’envoyer une série de lettres aux principaux constructeurs automobiles mondiaux, pour leur demander des explications. « En tant qu’investisseurs, nous voulons comprendre l’attitude et les agissements de l’industrie automobile sur les questions réglementaires et environnementales », écrivent-ils, dans une initiative dévoilée mardi 13 octobre. Leur objectif : détecter le plus tôt possible les risques d’un nouveau scandale, et éventuellement retirer leurs investissements à temps.

    L’initiative, coordonnée par Share Action, une association britannique qui promeut l’actionnariat responsable, rassemble dix-neuf grands investisseurs, qui gèrent au total un portefeuille de 850 milliards d’euros. Parmi elles se trouvent le géant AXA Investment Managers, quatre fonds de retraite suédois et une série de petits fonds connus pour leur activisme dans les affaires sociales et environnementales. Leur lettre a été envoyée à Volkswagen, BMW, Honda, Daimler, General Motors, Ford, Fiat, Peugeot et Toyota.
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    La lettre s’inquiète particulièrement du lobbying anti-climat très actif mené par les constructeurs automobiles. Les investisseurs constatent que ceux-ci mènent un travail de sape auprès des régulateurs européens et américains, qui semble aller à l’opposé de leurs discours publics en faveur de l’environnement.

    Ils s’appuient pour cela sur le travail mené par Influence Map, une association britannique à but non lucratif qui documente le travail de lobbying des grandes entreprises. Selon elle, Volkswagen, BMW et Daimler – les trois constructeurs allemands – sont parmi ceux qui cherchent le plus à mettre des bâtons dans les roues des autorités. Ford et Hyundai sont également identifiés comme les mauvais élèves de ce classement. Renault-Nissan est le mieux noté.

    « On ne peut évidemment pas demander aux entreprises si elles utilisent des logiciels illégaux pour frauder les contrôles, explique Dylan Tanner, d’Influence Map. En revanche, connaître le travail de lobbying est une bonne façon de comprendre l’attitude réelle des entreprises, et cela peut servir de signal d’alarme. » En d’autres termes, plus le lobbying est développé, plus l’entreprise a des choses à cacher…
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    La lettre envoyée par les investisseurs s’inquiète aussi du travail des organisations qui représentent les constructeurs automobiles. L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) en particulier, basée à Bruxelles, « s’est opposée systématiquement aux régulations sur le climat », dénonce Influence Map. Dans une lettre ouverte en 2014, elle demandait à ce que les « objectifs d’émission de gaz à effet de serre et d’énergie renouvelable ne soient pas fixés aux dépens de la compétitivité et de la croissance de l’industrie ».

    Dans ce contexte, Influence Map s’étonne du rôle joué par Renault-Nissan. D’un côté, les deux marques sont parmi celles qui mènent le lobbying anti-climat le moins actif à Bruxelles. De l’autre, Carlos Ghosn, leur patron, est actuellement le président de l’ACEA. « Il semble y avoir un “mauvais alignement” [entre les deux] », s’inquiète l’association. Les dix-neuf investisseurs lui ont donc envoyé une lettre séparée, pour lui demander des explications.