extreme_droite.txt

/index.htm

  • J – 117 : Je n’arrive pas entièrement à me couper de l’actualité, c’en est même étonnant. Il y a quelques bribes qui finissent par passer quand même, à mon insu. En soit les bribes en question ne seraient pas graves, en fait si c’est grave, tant elles ne me donnent pas d’indication directe à propos de ce que je veux ignorer de toutes mes forces, l’identité du prochain locataire-propriétaire de l’Elysée, oui, c’est cela la clef de lecture de Qui ça ? , je peux bien vous le dire maintenant, mais je remarque ces quelques bribes quand je les mets bout à bout finissent par me renseigner sur ce que j’étais parvenu à ignorer jusque-là.

    Donc, Marine Le Pen a pris le pouvoir et personne ne m’en a rien dit. Sans doute que tout un chacun a peur et plus personne n’ose parler, tout le monde fait mine de continuer à poursuivre son petit bonhomme de chemin, comme si de rien n’était, mais c’est surtout dans un souci de ne pas se faire remarquer. Parce qu’en fait, tout le monde a peur. Et cela je l’ai toujours soupçonné. J’ai toujours su que l’arrivée au pouvoir du Front National se passerait de cette façon, que cela passerait inaperçu, qu’en fait c’est déjà arrivé et que l’on ferait tous semblant de rien.

    Déjà en 2002, le 21 avril, c’était comme ça. Le Pen n’a pas été élu mais son programme si. Et cela a trompé tout le monde. On s’est réjoui trop vite et à mauvais escient. Ce qu’il faut retenir c’est qu’en 2002, 100% des Français ont voté pour l’extrême droite et que ce n’est pas une exagération de ma part, que j’ai l’air comme ça de confondre le R.P.R. et le Front National, non, je ne les confonds pas, ils sont strictement identiques. Relisez deux choses, le programme électoral du Front National pour les élections présidentielles de 2002, la section sur la sécurité intérieure, et les lois Sarkozy-Perben, vous verrez que 12 des 24 mesures préconisées par le Front National figurent en bonne place dans ces lois de sécurité, et maintenant imaginez qu’au lieu du candidat d’extrême droite Chirac (le bruit et les odeurs), c’eut été l’autre candidat d’extrême droite, Le Pen (la France aux Français et le steak au poivre) qui ait été choisi, franchement vous pensez qu’il aurait eu la moindre chance de réaliser la moitié de son programme. L’extrême droite de Le Pen en a rêvé, l’extrême droite de Chirac l’a fait.

    Ce n’est pas la tête du candidat qui est importante (et quel concours de beauté vraiment !), ce sont les programmes et les actes qu’il faut lire.

    En 2007, Le Pen a légué son héritage, non pas à sa fille, comme on le dit souvent, mais à son fils spirituel, Sarkozy.

    Pendant cinq ans, Sarkozy a été un président d’extrême droite, plus sans doute que n’aurait pû l’être Le Pen s’il avait été élu ce qu’il n’a pas été parce que justement son fils spirituel lui a volé ses voix. Pour ma part des signes de cet héritage, et de sa mise en action j’en ai relevé tellement, et cela dès le début, dès le printemps 2007 que j’avais entrepris, sans doute échauffé par certaines de mes lectures, notamment celle de Lingua Tertii Imperii (La langue du troisième Reich) de Viktor Klimperer et cette attention de linguiste au moindre glissement du discours, que j’avais entrepris donc d’en noter le moindre fait et geste, pour garder la trace de cette grande glissade : c’était le texte régulièrement mis à jour d’extreme_droite.txt. Mais je dois le reconnaître, j’ai été terrassé par le rythme de mon adversaire, comme on peut l’être par la vitesse d’exécution ou la puissance en mêlée d’un adversaire qui nous domine, contre lequel on ne peut rien, il faut dire, j’avais le sentiment, voilier, de partir à l’abordage d’un cuirassier, je me demande même si ce n’est pas à ce moment-là, qu’ivre de lectures (non pas de chevalerie mais de linguistique de combat), je n’ai pas commencé ma carrière de Don Quichotte du Val de Marne et ses assauts contre des moulins à vent, oui, qui, simple citoyen pouvait lutter contre ce rouleau compresseur, son rythme infernal et sa terrible masse ? C’est en lisant aujourd’hui le Journal de la crise, de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après de mon cher, tellement cher, ami Laurent Grisel que je me console, ma tentative n’était pas entièrement vaine et en deux petits endroits de son livre je lui suis venu en aide à ma tentative avortée, extreme_droite.txt.

    De 2007 à 2012, je n’en démords pas, la politique appliquée par les différents gouvernements Fillon a été une politique d’extrême droite, une guerre déclarée contre les faibles, les démunis au profit des nantis, et il m’est indifférent que les démunis aient pu provenir d’autres pays que le nôtre, surtout quand j’ai désormais acquis l’inébranlable conviction que les nantis n’avaient pas et n’ont toujours pas de frontière pour ce qui est de nous détrousser. De 2012 à 2017, c’est la même politique qui a été appliquée, en laissant croire dans un premier temps que non, pas du tout, on allait voir ce que l’on allait voir, mais en fait si, et même plus que si, il n’est pas exclu, par exemple, que Fillon Sarkozy seraient parvenus à imposer le contenu de la loi Travaille ! Encore une fois ce n’est pas la tête des hommes, et des rares femmes, politiques qui nous gouvernent qui me sert de boussole, mais bien leur programme, dans un premier temps, et leur politique, dans un second temps, et donc ne voyant pas la différence entre le Front National et le RPR et étant désormais convaincu que le PPS (Parti Pseudo Socialiste) avait dépassé les objectifs du RPR, je suis contraint de constater que l’extrême droite est au pouvoir, depuis en fait 15 ans. Que ce soit une photographie de l’oncle Raymond de la qualité française qui soit affichée dans toutes les mairies de France n’est pas un repère pour moi, que l’on plonge de tels portraits dans un bain d’acide et je sais très bien quel est le visage que l’on trouvera en dessous, celui de la présidente du front national un bandeau sur l’œil. Mais encore une fois, leur visage : quelle affaire ! On s’en moque éperdument.

    De même qu’entre 2007 et 2012, dans mon petit fichier extreme_droite.txt ( http://www.desordre.net/bloc/extreme_droite/index.htm ), j’avais relevé les faits suivants :

    20/07/2007 : Quatre syndicats de l’inspection du travail ont annoncé, vendredi 20 juillet, qu’ils déposaient un recours devant le Conseil d’Etat contre les attributions du ministre de l’Immigration Brice Hortefeux, qui permettent à ce dernier d’utiliser les inspecteurs du travail dans la recherche des travailleurs étrangers illégaux.

    5/09/2007 : La Ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, proteste contre cette citation dans une définition du Petit Robert : " Rebeu ou Reubeu, n. et adj. -1988 verlan de beur. FAM. péj. Arabe, beur. « T’es un pauvre petit rebeu qu’un connard de flic fait chier. C’est ça ? » Izzo. Des rebeux." et apporte son soutien à l’Unsa-police, premier syndicat de police dans sa volonté de faire pression pour censurer cette citation.

    13/09/2007 : Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse a proposé un amendement à l’assemblée visant à recourir à des test d’ADN à la charge des personnes déposant un dossier de regroupement familial.

    20/09/2007 : Le délai de recours contre les décisions de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), qui accorde ou refuse l’asile politique en France, a été réduit d’un mois à quinze jours.

    10/10/2007 : Des policiers en civil se font passer pour des conseillers d’éducation d’un collège pour arrêter des parents d’élèves sans papier dans le XVIIIème arrondissement de Paris.

    17/10/2007 : Les syndicats de l’ANPE et de l’Assedic dénoncent une « nouvelle mission d’auxiliaire de police », une « chasse à l’étranger », de « la délation »... En cause, un décret publié le 11 mai 2007, pris en application de la loi Sarkozy sur l’immigration et l’intégration du 24 juillet 2006, qui oblige, depuis le premier octobre, les agents de l’ANPE et des Assedic à transmettre « systématiquement » aux préfectures copie des titres de séjour et de travail des demandeurs d’emploi étrangers pour vérification.

    4/12/2007 : la police nationale propose des récompenses de plusieurs milliers d’euros pour encourager les habitants de Villiers le Bel à la délation, après les émeutes de fin novembre, dans le but de traquer les émeutiers les plus violents.

    Avez-vous le sentiment que ce soit là de petits faits, des faits anodins, comme l’étymologie du mot le signifie, a nodos, hors douleur en grec, des faits qui soient tellement différents de ceux d’aujourd’hui finalement ?

    Doutez-vous encore de la vraie couleur de ce régime politique ? Et du coup, vous m’expliquerez comment il est possible sinon, que nous ne soyons pas encore sous le régime politique du Front National et qu’un enseignant et un agriculteur soient poursuivis en justice pour avoir apporté secours à des personnes entièrement égarées à la frontière entre la France et l’Italie, frontière dont j’entends qu’elle a été rétablie, alors que ces deux pays font partie du même espace européen, on ne me dit pas tout mais je comprends certaines choses tout de même, qu’un automobiliste a sciemment écrasé trois femmes voilées dans les rues d’Armentières, Nord, qu’il a été relâché peu de temps après les faits et que le commissariat de police d’Armentières, Nord a d’abord refusé de recevoir la plainte contre X d’une de ces femmes, la première qui soit parvenue à se relever de son lit d’hôpital, et qu’un maire a envoyé la police municipale dans une école au motif qu’un professeur entendait y faire étudier à ses élèves la langue arabe, je rappelle qu’en république, l’école est un sanctuaire que la police n’a rien à y faire, donc toutes ces petites choses que j’apprends malgré tout, en faisant tant d’efforts pour les ignorer, pour n’en rien savoir, surtout ne rien savoir des grandes agitations, de ceux qui se disputent aujourd’hui le déshonneur d’être dictateur à la place du dictateur, vous voudriez me faire croire que le Front National n’est pas au pouvoir.

    Encore une fois j’en ai rien à foutre de la tête du ou de la locataire-propriétaire de l’Elysée, je ne vote pas pour des personnes, je vote pour un programme, enfin cela c’était du temps où je votais, il m’en aura fallu du temps pour comprendre que le vote, son droit et son exercice, étaient des leurres.

    Il vous faut encore quelques preuves supplémentaires pour comprendre que la peste brune est déjà au pouvoir ? Ou est-ce que vous voulez attendre qu’on n’ait vraiment même plus le droit de le dire pour être sûr qu’effectivement, l’extrême droite, le front national, le fascisme, le racisme sont au pouvoir ? Soyez alors tranquille, je crois qu’il n’y a désormais plus très longtemps à attendre.

    #qui_ca

    • C’est pas nouveau :

      Le monopole de la violence (en allemand : Gewaltmonopol), plus précisément le monopole de la violence physique légitime (Monopol legitimer physischer Gewaltsamkeit), est une définition sociologique de l’État développée par Max Weber dans Le Savant et le politique qui a été important en sociologie mais aussi dans la philosophie du droit et la philosophie politique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Monopole_de_la_violence

    • L’État et la Révolution, Lénine, 1917
      https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm

      Nous nous assignons comme but final la suppression de l’#État, c’est-à-dire de toute violence organisée et systématique , de toute violence exercée sur les hommes, en général. Nous n’attendons pas l’avènement d’un ordre social où le principe de la soumission de la minorité à la majorité ne serait pas observé. Mais, aspirant au socialisme, nous sommes convaincus que dans son évolution il aboutira au communisme et que, par suite, disparaîtra toute nécessité de recourir en général à la violence contre les hommes, toute nécessité de la soumission d’un homme à un autre, d’une partie de la population à une autre ; car les hommes s’habitueront à observer les conditions élémentaires de la vie en société, sans violence et sans soumission.

    • +1 @notabene
      Cette phrase à vomir postée sur twitter est de #chantal_jouanno, sénatrice de paris.

      On sait que tout exercice de la force s’accompagne d’un discours visant à légitimer la force de celui qui l’exerce ; on peut même dire que le propre de tout rapport de force, c’est de n’avoir toute sa force que dans la mesure où il se dissimule comme tel. Bref, pour parler simplement, l’homme politique est celui qui dit : « Dieu est avec nous ». L’équivalent de « Dieu est avec nous », c’est aujourd’hui « l’opinion publique est avec nous ». Tel est l’effet fondamental de l’enquête d’opinion : constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible.

      Pierre Bourdieu : L’opinion publique n’existe pas, 1972.
      http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html

      @moderne @obs_sondages

    • Le « dépérissement » de l’état, c’est plutôt la formule (promesse) socialiste, celui-ci étant conçu comme phase de transition vers le #communisme (on a vu ce qu’il en a résulté). La destruction de l’état en revanche n’est pas un objectif dont les anarchistes auraient l’exclusivité (voir L’état et la révolution de Lénine, cité plus haut, mais aussi les courants conseillistes et bien d’autres moments et pratiques #communistes).

      Pour revenir à la formule de cette UMP, c’est très souvent les patrons et la droite qui disent le vrai en ne s’embarrassant pas d’emballage cosmétique (humanitaire,compassionnel) et on a intérêt à prendre au mot ce que fréquement la gauche à bons sentiments ne sait pas formuler, occupée à préserver ses illusions et à les répandre. Avec l’émergence de la deuxième droite à la Hollande, Blair, Schroder, aura donc de plus en plus d’énoncés réalistes (descriptifs) à prendre au sérieux. Je me souviens par exemple que Sellières patron du Medef accusait les intermittents de faire la grève en s’appuyant sur les allocations chômage et qu’il avait raison, qu’il formulait publiquement le ressort d’une pratique qui le pus souvent ne s’énonçait comme telle que dans la proximité et l’interconnaissance. Quand W. Buffet dit, « il y a une lutte de classes et c’est la notre qui est en train de la gagner », il pipote pas sur le gagnant-gagnant.

    • @colporteur la formule communiste ce n’est pas le dépérissement de l’État, c’est un État + fort dans un premier temps, qui permet la dictature du prolétariat, et ce n’est qu’ensuite que serait observer la question de son abolition.

      Mais perso en tant qu’anarchiste, si l’on peu observer de manière sociologique que l’État se réclame de la seule violence légitime, ça ne signifie pas qu’il n’y a que ce type de violence. Non seulement il y a le patriarcat, mais surtout dans le cas ou nous parlons, il y a en même temps celle du patronat. Le chômage tue.

    • @bug_in Non, sauf à considérer que le socialisme dont c’est la seule justification politique « consistante »(une nécessaire période de transition vers le communisme) n’a jamais existé. C’est un peu dommage que les clichés sur le communisme (mouvement réel qui abolit l’état de choses présent, dont... l’État) comme totalitarisme ne soient pas confrontés à la lecture des textes. Dont L’état et la révolution de Lénine. Spécialement à un moment ou l’étatisme semble le dernier refuge, la dernière protection « possible ».

      "Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d’une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de #dictature_du_prolétariat. Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l’air ? Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat." (F. Engels).

      "L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune". « La Commune fut la forme positive » "d’une république qui ne devait pas seulement abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-même." La guerre civile en France, Karl Marx
      https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm

      Sur la division anarchie/communisme, je crois très utile de lire, outre L’état et la révolution, L’émancipation des travailleurs, Une histoire de la Première Internationale, de Mathieu Léonard
      http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=619&idMot=8
      qui montre entre autre chose que les lignes de fracture ne sont pas si nettes qu’on l’admet le plus souvent.

      Par ailleurs, le #travail, ses accidents, ses conditions, ses productions tue bien davantage que le chômage, quelque soit le degré de misère matérielle et morale auquel celui est destiné à conduire. Il serait quand même temps de mettre en cause non seulement le monopole de la violence légitime mais aussi celui de l’activité « légitime », le travail, et l’#idéologie qui la structure. Le chômage ce n’est seulement pas « le patronat » mais une construction sociale dans laquelle le patron des patrons, étatique et interétatique à toute sa part, une forme de #contrôle qui prend le relais du travail comme forme de contrôle, en alternance et simultanément.

      Arracher la chemise d’un DRH est un acte dictatorial (et c’est précisaient cette possibilité même qui aurait du rester discrète à Air France, que cela fasse irruption dans l’espace public par le bais de l’image voilà qui fait scandale et met « La France en état de choc »), séquestrer un patron c’est mettre en cause le monopole de la « privation de liberté » dont l’état se prévaut.

      Quant au patriarcat, je crois pas trop à une vision transhistorique de la notion. Il est devenu une fonction contradictoire du #capitalisme (celui des sociétés par actions et des états comme celui des mollahs et d’autres monothéismes, des monstres froids comme des monstres chauds), il structure des relations sociales qui sont elles mêmes prises dans des rapports sociaux dominants. Il est chaque jour recommancé (avec des manières spécifiques d’hériter de son passé) dans un contexte qui le qualifie. Et aussi chaque jour contredit, heureusement.

      La légitimité de la violence d’état n’est pas du même ordre et ne se situe pas au même niveau (macrosocial et macropolitique) que de trouver légitime telle ou telle violence (un chien qui mort qui le maltraite), ou illégitime telle ou telle autre (je bats ma femme), dans la vie quotidienne, les relations interpersonnelles.

      Je sais bien que je ne réponds pas à tes objections, voulais juste y revenir avec d’autres éléments, sans prétendre boucler quoi que ce soit.

      #abolition

    • @aude_v il faut être vil serviteur et écervelé pour affirmer la violence légitime de l’Etat, notamment pour une chemise déchirée, c’est surtout la preuve qui nous fait percevoir son inanité et la nécessité totalitaire de ceux qui se retranchent derrière pour exercer leurs abus. Inutile d’être anarchiste pour trouver cela pitoyable et à gerber. Ceux qui proposent autre chose que son combat frontal s’opposent plus intelligemment à la soumission et au discours de domination.

    • @touti de ce que je comprends de l’intervention d’@aude_v (sinon je le prends à mon compte), c’est que depuis l’origine, l’État c’est le monopole de la violence. Dès le départ il y a eu des milices pour protéger les stocks de grains ou les grandes infrastructures agricoles, monopoles des puissants.
      Et si je me souviens bien du dernier Jared Diamond, la légitimité de la violence d’état n’est pas saugrenue, c’est un contrat tacite qui permet de se balader au milieu d’inconnus.

    • @nicolasm je ne discute pas si cette affirmation (sur tweeter) est correcte, je ne donne pas non plus ma position politique, je dis qu’elle confirme la bêtise de celle qui l’émet.
      Ce serait comme d’affirmer que l’Etat est Dieu alors que l’on participe de ce pouvoir …

    • Derrière la bêtise de cette UMP il y a une réelle intelligence de classe, ce qui en face fait le plus souvent défaut dans les énoncés produits sur la question de « la violence », le plus souvent moraux, sauf lorsque les circonstances et le contexte s’y prêtent et que la classe parvient à renouer avec sa propre puissance, avec un savoir situé qui corresponde à cette puissance (et qui donc ne soit pas victimaire), parvient à parler vrai et à agir pour son compte, égoïstement (tiens ! bisounours n’est plus qu’un souvenir, comique).

    • @colporteur oui, tu m’indiques des choses que je ne connais pas (un texte d’Engels par ex.).
      Après je n’ai jamais dit que le travail était un truc gentil et mignon, mais vu qu’on parlais du chômage, j’ai répondu sur le chômage.

      Après perso, je jugerai pas l’action de ces militants en terme de « dictatorial »... je suis pas sur d’avoir compris ta remarque d’ailleurs. Mais pour moi, ils ont fait ce qu’ils pouvaient, qq.part cela montre aussi la faiblesse de nos moyens.

      Sur le patriarcat je vois pas en quoi il est contradictoire au capitalisme (ou je ne comprends pas), mais je crois que tout ceci nous amènerai sur d’autres discussions que nous pourrions avoir a l’occasion d’un autre sujet, histoire de conserver le fil de sens de ce sujet.

    • @aude_v

      ce tweet maladroit est une aubaine qui clarifie les choses !

      Oui c’est cela qui est surprenant, cet instant de clarté. Comme le discours racial (et raciste) de Morano. Qui n’est pas une bourde, qui n’est pas insincère.

      On peut cependant se demander si d’aventure ces (fausses ?) maladresses ne seraient pas volontaires. Pour en préparer d’autres plus grandes encore.

      Mais dans le cas présent on a vraiment le sentiment d’un impensé, Jouanno dit et écrit quelque chose dont elle ne mesure pas la portée. Je pense qu’il est raisonnable de penser par exemple qu’elle ne peut pas comprendre le concept de violence sociale ou que cette oppression sociale est déconnectée de la violence. Donc elle écrit de bonne foi, elle s’estime tout à fait dans son droit de penser cette énormité.

      Sans compter qu’il y a évidemment retournement du sens, cela c’est plus fréquent et sans doute très impensé aussi. Là tout de suite en emmenant Madeleine au basket, je lis, d’abord sans le comprendre le slogan de Pécresse pour les prochaines élections du conseil régionnal : le slogan est admirable, c’est : « nous vous devons beaucoup plus ». On pourrait le prendre une pour une promesse, même une promesse qui ne sera pas tenue, elle sous-entend, le service que vous rend le conseil en place est médiocre, vous allez voir ce que vous allez voir nous allons vous gérer cela aux petits oignons et le service public a reprendre de la valeur, mais en fait c’est juste un mensonge non déguisé : on ne peut pas être partisan de l’austérité budgétaire et promettre davantage. Donc promettons davantage.

      Donc la question revient, sont-ce des maladresses ou au contraire des sondes dans l’espoir de faire passer de plus grosses couleuvres encore ? Sachant naturellement que tout est mensonge et qu’on ne peut s’orienter dans le discours politique qu’au travers de ce que l’on estime être la part (de pourcentage de sel) de vraisemblable dans une mer de mensonges.

    • Je ne comprends pas pourquoi dire vrai (comme Morano dans ce cas, qui ne fait strictement rien d’autre que répéter la théorie et surenchérir sur la pratique effective du gvt, histoire d’essayer de garder un peu de place à la droite dans sa concurrence avec la deuxième droite) serait nécessairement une maladresse ou un ballon d’essai...
      À croire qu’on doive être surpris ou horrifié dès que les mots décrivent un tant soit peu les choses... Mais alors de quel élevage cette déréalisation de la langue serait-elle le nom ?
      En revanche, des ballons d’essai (et plus, La LR est passée, etc.), pour ce qui est de la manière dont l’État met en pratique ce monopole de la violence légitime, il y en a sans cesse. Le dernier en date :

      Bertrand (LR) pour « un ministère de l’Autorité de l’Etat » regroupant Intérieur et Justice
      http://www.lejdc.fr/page-10/france-monde/actualites/economie-politique/politique/2015/10/14/bertrand-lr-pour-un-ministere-de-l-autorite-de-l-etat-regroupant-interieur-et-

      Xavier Bertrand (Les Républicains) a prôné mercredi, alors que les syndicats de #policiers manifestent à Paris, la création d’"un ministère de l’Autorité de l’Etat" qui regrouperait les ministères de l’Intérieur et de la Justice.

      le 27/1/16, voyant que la ref presse citée ci-dessus n’existe plus je la remplace par une autre
      Bertrand a imaginé le ministère de l’Autorité
      http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2015/09/14/25006-20150914ARTFIG00044-comment-xavier-bertrand-a-imagine-le-ministere-de

    • @bug_in Je te rejoins sur un point, derrière cette violence (bousculer, déchirer), car c’en est une, il n’y a pas de #force. Cet acte « dictatorial » (une prise de pouvoir, ou l’émergence d’un double pouvoir, momentané) est à la mesure de la faiblesse du rapport, d’une classe décomposée par la restructuration, non celle pas de telle ou telle usine ou entreprise, mais de l’ensemble de la société.
      Ce qui a fait la force de ces actes violents, ce sont des images, c’est elles qui ont arraché les pauvre masque de la paix et du dialogue social. En face, (Valls, Morano, Air France, ...) essaient maintenant de tirer parti de ce manque de force pour aller plus loin. De notre côté, la question de la force reste entière, et ce qui a lieu la repose avec insistance. Et la déplace, par exemple, pour s’en tenir à la petite écume de l’actualité, on voit le très corpo et aristocratique SNPL signer avec les autres syndicats un communiqué réclamant l’abandon des poursuites ; on voit des militants CGT et d’autres accueillir dans leurs régions (Saint Nazaire et Lyon hier) les ministres quasiment comme il l’auraient fait hier de leurs patrons ou de membres d’un gouvernement de droite de droite.
      Je ne parierais pas sur la tranquillité du gouvernement jusqu’au procès du 2 décembre. Ce qui est bel et bon.

      (sur le patriarcat je voulais pas du tout dire qu’il est contradictoire avec le capitalisme ! mais que sa fonctionnalité pour le capitalisme comporte des contradictions).

    • @aude_v Oui, la mémoire en plein dedans. Tu as entièrement raison, mais je préfère te dire que c’est une force qui finit par décliner. Moi aussi j’avais à un moment le sentiment d’être capable de me rappeler la concomittance dans le temps de deux faits ou de deux discours, bref de deux événements et de savoir en tirer les enseignements, voire de faire des démonstrations. Aujourd’hui je peine parfois à me souvenir de ce que j’ai vu au cinéma la semaine dernière et chaque livre que je tirer au hasard dans ma bibliothèque, le prenant à n’importe quelle page, la lecture d’un paragraphe ne me rappelle rien de très précis, quand ça me rappelle quelque chose.

      Prendre des notes c’est ce qu’il faudrait faire, j’avais tenté de le faire, assez vainement il faut bien le dire, en 2007, j’ai tenu un an et encoreje faiblissais à la fin de cette année, entièrement dépassé par le rythme hallucinant de l’avalanche. Lorsque je relis ces lignes ( http://www.desordre.net/bloc/extreme_droite/index.htm ), j’ai le sentiment de tout redécouvrir. Et pourtant c’est important, oui, tu as raison, la mémoire.