Hoax climatique #3 : « Dans les années 1970, les scientifiques prévoyaient un refroidissement ! »
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D’ailleurs, dans la presse américaine des années 1970, la couverture de la question climatique ne se limite pas à la couverture de Time. En 1975, le New York Times titre aussi bien « Des scientifiques s’interrogent sur les raisons du changement climatique : un refroidissement majeur pourrait être en vue » que « Une tendance au réchauffement est observée : deux études contredisent l’idée d’une prochaine période froide ». Dès la fin de cette décennie, le quotidien américain tranche et prend position dans un éditorial, le 12 juillet 1979, relayant sans équivoques l’inquiétude des chercheurs devant l’imminence du réchauffement.
Pourquoi cette prise de position ? A la fin des années 1970, saisie par l’administration de Jimmy Carter, l’Académie des sciences américaine demande à un spécialiste de physique de l’atmosphère, Jules Charney (Massachussetts Institute of Technology), de réunir les meilleurs spécialistes du climat et de les faire plancher sur la réalité et la nature d’un possible changement climatique induit par les activités humaines. Les conclusions de leur rapport, fondé sur l’examen critique de la littérature scientifique alors disponible, étaient très claires : la Terre allait bel et bien se réchauffer. Mieux : la fourchette de réchauffement prévue par les auteurs en cas de doublement de la teneur de CO2 dans l’atmosphère (entre 1,5 °C et 4,5 °C) n’était guère différente de celle estimée aujourd’hui, grâce aux modèles climatiques dernier cri mis en œuvre par de gros supercalculateurs.
Ce n’est pas tout. A cette époque, l’imminence du réchauffement – qui n’était alors pas encore mesurable – n’était pas non plus mise en doute, en interne, dans le monde pétrolier. Obtenus par le site InsideClimateNews.org, des documents internes d’Exxon montrent que les dirigeants de la société américaine étaient déjà alertés par leurs propres chercheurs à la fin des années 1970. En témoigne un mémo interne de 1978, adressé à l’ensemble de la hiérarchie de l’entreprise, décrivant le mécanisme de l’effet de serre et ne faisant pas mystère d’une augmentation de la température moyenne terrestre de 2 °C à 3 °C si les émissions de CO2 se poursuivaient au rythme mesuré à l’époque. Dès 1981, des scientifiques d’Exxon écrivaient aux cadres de la firme qu’un réchauffement « catastrophique » n’était pas à exclure. Exxon n’en a pas moins été, dans les décennies qui ont suivi, le principal soutien financier du mouvement climatosceptique américain.