Sans mots, pas de concept. Sans mots, c’est le tabou : le tabou crée la barrière (boundary)
Déjà ça ne part pas très bien, personnellement je n’ai pas besoin qu’on m’explique que le mot barrière parfaitement en français se dit, dans ce contexte, boundary en anglais.
(encore qu’aujourd’hui on filme et on enregistre plus facilement qu’il y a un siècle voir dix ans)
Sur ce sujet il y aurait un peu plus à dire, ne serait-ce que l’énoncer un peu différémment, comme de dire que les images sont en train de devenir le langage, voire l’usage, et qu’en ce sens c’est un peu effrayant justement du fait de l’analphabétisme visuel de nos contemporains. Et il y aurait justement à dire sur le fait que c’est une porte ouverte à une toute autre forme de domination, plus puissante encore que celle du langage, parce que souterrain, et du coup à qui profite le crime ?
Ca ne serait pas un problème si on ne demandait pas à celles et ceux qui ne savent pas écrire « juste » de ne pas écrire du tout (un peu comme on demande aux obèses de ne pas se mettre en maillot de bain, voire de rester chez eux-elles).
Par exemple ça c’est un peu se tirer une balle dans le pied. En matière d’orthographe, de grammaire, les bons pédagogues encouragent la constance dans l’erreur, ce qui permet, quand on corrige l’erreur de la corriger uniformément sur la totalité du corpus. Une erreur de doublement de consonnes par exemple, c’est bien d’être constant dedans, pas écrire une fois courir, l’autre courrir, c’est courir avec un seul r, mais si on écrit courrir avec deux r, alors l’écrire constamment avec deux r et le jour où l’on découvre que c’est un seul r, on fait la correction de soi-même systématiquement et on ne l’écrit plus avec deux r. Dans la phrase que je cite, on ne peut pas faire cohabiter dans la même phrase « celles et ceux » et « eux-elles ». Personnellement c’est faire une faible confiance à la langue française de ne pas justement respecter le féminin, ce qu’elle fait infiniment plus que la langue anglaise incapable à deux ou trois exceptions près, comme ship, de ne pas abolir ce qui relève justement d’une structure respectueuse du genre féminin. Je renvoie ici à Par quel amour blessée d’Alain Borer qui est un texte magnifique et terriblement triste à la fois dans ce qu’il prédit d’une façon implacable la disparition d’une langue que jusqu’à présent nous partagions avec des auteurs aussi anciens que ceux du Moyen-Age. Se couper de cette langue par exemple ce serait se couper de ces auteurs, qui une fois la langue française ayant disparu ne pourront plus être traduits. Mais je m’égare. Ce que je voulais dire c’est qu’on ne peut pas faire coexister deux systèmes distcints dans la même phrase, sans y perdre du sens.
« Si tu veux écrire, il faut connaitre et respecter les règles », c’est un peu « bas d’bras, pas d’chocolat » surtout quand la langue est si finement règlementée et qu’elle exclue une partie des individu-e-s.
Alors ça c’est un argument très fréquent chez les adolescents, quand par exemple on leur oppose que l’on ne comprend pas ce qu’ils disent et qu’au contraire il est très important qu’on se comprenne bien et que pour cela on va devoir en passer par un tronc commun, une compréhension commune et que cette dernière, c’est terrible, mais son efficacité est prouvée, demande justement que l’on maîtrise plus qu’un seul niveau de langage. Ouis, mais tout le monde comprend ce que je veux dire ! ben non justement moi je ne comprends pas. Oui, mais toi tu es vieux. Certes, mais tu as besoin d’échanger avec moi et moi j’ai besoin d’échanger avec toi. D’ailleurs si tu veux, tu m’apprends à comprendre la façon dont tu parles et tu vas comprendre que ce sera plus facile d’apprendre à parler la même langue que la mienne que de m’apprendre ta langue qui justement n’en est pas une.
Le passage sur la correction est vide de sens et se fait une drôle d’idée de ce que peut être la relation avec un, ou, plus souvent, une correctrice, relation dans laquelle ces derniers parviennent précisément à rendre accessible une pensée qui n’est pas complète, la preuve, elle s’exprime mal. Elle s’exprime mal parce qu’on ne peut pas être son propre lecteur. Noli me legere (voir le livre à venir de Maurice Blanchot). Les quelques fois où mes textes ont été corrigés par des correctrices, j’en ai conçu une reconnaissance sans bornes, j’étais même envouté par elles.
Sinon c’est très courageux ce qui est exprimé dans les deux derniers paragraphes, mais justement ce n’est pas facile à comprendre et à lire, à cause de ce qui est structurellement fautif du point de vue de la grammaire. Mais cela vaut le coup, et très largement, de le lire. D’ailleurs je ne vois aps comment une personne, qui a un tel désir d’écrire, ne pas évoluer sur cette question, écrire davantage, lire, lire davantage jusqu’à ne plus avoir à espérer de tomber sur un esprit prisonier d’une bouteille et pouvoir justement faire d’autres voeux. Celui de l’orthgraphe parfaite étant exaucé depuis longtemps.
Pour mieux écrire, une seule chose à faire finalement, se relire. Jusqu’à ne plus pouvoir le faire soi-même et s’en remettre à une correctrice.
Donc ça finit mieux que cela n’avait commencé.