Rendre visible la révolution sociale

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  • Rendre visible la révolution sociale - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2015/10/22/rendre-visible-la-revolution-sociale_1408141

    la révolution sociale est le résultat d’un certain travail de la société sur elle-même, de ce que Cornelius Castoriadis appelle un mouvement d’auto-institution de la société. Ce mouvement n’est pas toujours visible, bien qu’il s’incarne dans l’action concrète de femmes et d’hommes. La révolution sociale peut même parfois ne pas passer par le renversement d’un gouvernement : on peut penser au féminisme, par exemple, qui a entièrement reconfiguré (et modifie encore) les rapports de genre, sans pourtant être passé par un épisode insurrectionnel - ce qui rend son caractère révolutionnaire d’autant plus facile à nier pour les défenseurs du patriarcat. Penser la révolution sociale contre les discours conservateurs, c’est donc avant tout donner à voir les mouvements, parfois considérés comme mineurs, qui tentent de mettre en échec les rapports de domination existants, en particulier (mais pas seulement) lorsque ces mouvements deviennent suffisamment intenses et convergents pour faire tomber des gouvernements - une étape dans le processus révolutionnaire et non son aboutissement. Cette mise en visibilité est une tâche majeure pour les sciences sociales, mais aussi pour les journalistes, pour les producteurs d’œuvres documentaires ou de fiction et bien sûr pour les acteurs mêmes de ces mouvements. C’est seulement ainsi que l’on pourra faire naître des solidarités et des espoirs, donner enfin à voir l’« aspiration à la liberté » qui, comme l’écrivait Hannah Arendt, est au cœur de toute expérience révolutionnaire.

    #sciences_sociales #révolution

  • Rendre visible la révolution sociale, Samuel Hayat
    http://www.liberation.fr/debats/2015/10/22/rendre-visible-la-revolution-sociale_1408141

    Pour faire pièce aux discours conservateurs, il ne suffit pas de faire valoir la possibilité d’une insurrection à venir : ce n’est plus le fait révolutionnaire en tant que tel qui est nié, mais son pouvoir émancipateur, sa capacité à modifier en profondeur la société. Cependant, tout le problème, pour qui veut retrouver le sens de la #révolution_sociale et la rendre à nouveau désirable, est que la révolution sociale n’a ni la même temporalité ni le même sujet que la révolution politique. Une révolution politique est réalisée par des acteurs bien définis et dans un temps donné, celui du renversement d’un gouvernement puis de la réorganisation de l’appareil d’Etat. Au contraire, la révolution sociale est le résultat d’un certain travail de la société sur elle-même, de ce que Cornelius Castoriadis appelle un mouvement d’auto-institution de la société. Ce mouvement n’est pas toujours visible, bien qu’il s’incarne dans l’action concrète de femmes et d’hommes. La révolution sociale peut même parfois ne pas passer par le renversement d’un gouvernement : on peut penser au féminisme, par exemple, qui a entièrement reconfiguré (et modifie encore) les rapports de genre, sans pourtant être passé par un épisode insurrectionnel - ce qui rend son caractère révolutionnaire d’autant plus facile à nier pour les défenseurs du patriarcat. Penser la révolution sociale contre les discours conservateurs, c’est donc avant tout donner à voir les mouvements, parfois considérés comme mineurs, qui tentent de mettre en échec les rapports de domination existants, en particulier (mais pas seulement) lorsque ces mouvements deviennent suffisamment intenses et convergents pour faire tomber des gouvernements - une étape dans le processus révolutionnaire et non son aboutissement.