• Des centaines d’exilés de Calais placés en rétention
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/10/27/des-centaines-d-exiles-de-calais-places-en-retention_4797662_3224.html

    Pour désengorger le #bidonville, le ministère de l’intérieur disperse des #migrants pourtant inexpulsables

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    Le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile limite le placement en rétention d’une personne en situation irrégulière au " temps strictement nécessaire à son départ " et à condition qu’il existe une "perspective raisonnable d’exécution de la mesure d’éloignement ". Surtout, " un étranger ne peut être éloigné à destination d’un pays s’il établit que sa vie ou sa liberté y sont menacées ou qu’il y est exposé à des traitements contraires aux stipulations de l’article 3 " de la Convention européenne des droits de l’homme. Celui-ci stipule que " nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ". Voilà pourquoi la France ne procède pas à des renvois vers la Syrie, l’Irak, l’Erythrée, la Somalie et, sauf rare exception, l’Afghanistan et le Soudan.

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    C’est un chapitre peu avouable de la crise migratoire qui s’est ouvert la semaine dernière à Calais. Le 21 octobre, lors de son dernier déplacement dans le bidonville où survivent 6 000 migrants, le ministre de l’intérieur n’en a pas touché un mot. Mais, pendant qu’il annonçait des places en tentes chauffées pour l’hiver, 46 personnes étaient envoyées par avion mille kilomètres plus au sud, dans le centre de rétention administrative (#CRA) de Nîmes, inaugurant une vague de placements en rétention inédite par son ampleur et d’une légalité contestable.

    Le lendemain, 50 migrants supplémentaires ont été envoyés en bus au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), puis 50 encore le jour d’après, par avion, au CRA de Cornebarrieu, près de Toulouse. Et 50 autres, le jour suivant, à Rouen.

    " Cinquante personnes sont encore en train d’arriver par avion aujourd’hui à Marseille et on en attend autant à Metz. Et 50 de plus au Mesnil, dans la semaine ", égrainait, lundi 26 octobre, la Cimade, l’une des associations qui interviennent dans ces lieux de privation de liberté.

    " On fait notre travail habituel, relativise Marc Del Grande, secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais.Le rythme est proportionnel au flux d’arrivées sur la lande de Calais, qui a été plus important ces dernières semaines. "

    David Rohi, un des responsables de la Cimade, est, lui, stupéfié par ce qu’il considère être un " enfermement abusif et illégal ". Il n’est pas le seul à le penser. Le juge des libertés et de la détention de Nîmes, Jean-Louis Galland, a du mal à en revenir. Ce magistrat, qui a le pouvoir de prolonger ou pas la rétention d’un étranger, tandis que le placement décidé par le préfet n’est valable que cinq jours, a été averti la semaine dernière de l’arrivée d’une cinquantaine de migrants de Calais.

    Il a alors joint la préfecture du Pas-de-Calais : " Ils m’ont dit : “Ne vous inquiétez pas, c’est surtout pour désengorger Calais.” Sous-entendu, on les laisse partir au bout de cinq jours. " Or, rappelle le magistrat, la procédure est strictement encadrée : " On place en détention quand on projette d’organiser un départ. On ne peut pas priver quelqu’un de liberté pour le plaisir. " En l’espèce, les migrants étant originaires de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak, d’Erythrée ou encore du Soudan, nul projet de renvoi à l’horizon.

    Interpellé par ce qu’il a considéré être un " détournement de pouvoir " et une " privation de liberté illégale ", Jean-Louis Galland a, vendredi 23 octobre, ordonné la remise en liberté des étrangers, avant même l’expiration des cinq jours. Après un appel du parquet, son ordonnance a été retoquée pour vice de compétence. Mais, avant cela, le magistrat dit avoir subi des pressions de sa hiérarchie : " La présidente du tribunal de Nîmes ne voulait pas que je m’autosaisisse. Elle m’a menacé d’une procédure disciplinaire et a interdit à ma greffière de venir à l’audience. "

    Cet épisode en dit long sur le désarroi dans lequel sont laissés des professionnels face à une politique gouvernementale illisible. " Dans cette histoire, les juges sont pris pour des imbéciles ", fait remarquer David Rohi. L’avocate nîmoise Pascale Chabbert Massona défendu ces derniers jours douze Syriens devant le tribunal administratif. Pour chacun, elle a fait annuler l’obligation de quitter le territoire français (#OQTF) qui fixait la Syrie comme pays de destination. D’après la Cimade, 99,5 % de ces migrants sont libérés.

    " Contentieux "
    Un chiffre que refuse de confirmer ou d’infirmer le secrétaire général de la préfecture, Marc Del Grande : " Je ne vais pas me prononcer sur l’efficacité de la chaîne d’éloignement. " Lui défend un principe : " Il n’y a pas de détournement de procédure. Evidemment qu’on ne va pas reconduire des Erythréens et des Syriens. Mais ils peuvent être réadmissibles dans des pays de l’Union européenne " s’ils y ont le statut de réfugiés ou que leurs empreintes y ont été enregistrées. D’après les projections établies pour 2015, 1 850 mesures d’éloignement seront exécutées, sur un total de 3 900 OQTF décidées par la préfecture.

    Léo Claus, coordinateur de l’équipe de la Cimade au CRA de Cornebarrieu, voit surtout des migrants reprendre la route de Calais. Une cinquantaine sont arrivés à Cornebarrieu le 23 octobre. En guise de comité d’accueil, ce jour-là devant le CRA, des militants de Génération identitaire et une banderole sur laquelle était inscrit : " Rentrez chez vous, nous n’avons plus de sous. " A l’intérieur des bâtiments : " Dix-huit Syriens, huit Afghans, neuf Irakiens, six Erythréens, quatre Soudanais, quatre Iraniens, un Pakistanais ", énumère Léo Claus. D’ici au milieu de semaine, " ils seront remis en liberté et laissés devant la porte du centre. Ils vont remonter dans des trains pour regagner Calais ".

    " C’est absurde, ça fait vivre aux gens des situations traumatisantes, répète David Rohi. Ça ne constituera jamais une solution. " C’est pourtant celle pour laquelle a opté le gouvernement, espérant fatiguer jusqu’à la dissuasion ces exilés qui ne veulent pas demander l’asile en France. " Les migrants qui refusent cette main tendue, qui poursuivent leurs tentatives vaines et dangereuses pour rejoindre le Royaume-Uni s’exposent à une reconduite à la frontière ", a promis Bernard Cazeneuve, le 21 octobre, à Calais.

    Le ministre de l’intérieur parlait alors de " quelques dizaines de personnes (…) amenées vers des centres de rétention éloignés de Calais ".Les quelques dizaines sont déjà des centaines. " On pourrait imaginer qu’un contentieux prospère jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, imagine David Rohi. Mais c’est d’un règlement politique que l’on a besoin. Il faut trouver d’autres solutions, en particulier avec les Britanniques, pour que les gens puissent obtenir l’#asile en Angleterre. "

    Julia Pascual

  • Migrants dans les Balkans : un sommet « opérationnel » pour une situation exceptionnelle

    L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la #politique_d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’#enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la #politique_de_retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre.

    http://justpaste.it/ojoq
    #summit #Balkans #asile #migrations #réfugiés #politique_migratoire #Frontex #militarisation_des_frontières #renvoi #retour

    v. sur la page du Monde :
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/25/migrants-dans-les-balkans-un-sommet-operationnel-pour-une-situation-exceptio
    signalé par @fil

    • Pourparlers sur les flux migratoires à Sofia

      Serbie, Bulgarie, Roumanie ont examiné samedi à Sofia les possibilités d’améliorer la coordination des flux migratoires entre pays des Balkans. Ces pays en discuteront dimanche à Bruxelles lors d’un mini-sommet avec des représentants de l’UE.


      http://www.bluewin.ch/fr/infos/international/2015/10/24/trois-pays-des-balkans-veulent-mieux-organiser-les.html

    • Réfugiés : Berlin et les dirigeants des Balkans s’accordent à l’arraché sur un #plan_d’urgence

      Ce n’est pas ce nouveau rendez-vous bruxellois qui allait résoudre la crise des migrants qui menace de déstabiliser l’Europe. Mais le « mini-sommet » bruxellois de dimanche, consacré à la route des Balkans occidentaux qu’empruntent des milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans, a eu au moins le mérite de mettre tous les dirigeants concernés autour de la table.

      http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/26/refugies-berlin-et-les-dirigeants-des-balkans-s-accordent-a-l-arrache-sur-un

    • Meeting on the Western Balkans Migration Route: Leaders Agree on 17-point plan of action

      The past weeks have shown that the challenges currently faced along the Western Balkans migration route will not be solved through national actions. Only a collective, cross-border approach based on cooperation can succeed. This is why President Juncker convened the leaders of the countries concerned and most affected by the emergency situation along the Western Balkans route.

      Today, leaders representing Albania, Austria, Bulgaria, Croatia, the former Yugoslav Republic of Macedonia, Germany, Greece, Hungary, Romania, Serbia and Slovenia met in Brussels at the Commission’s Berlaymont Headquarters and agreed to improve cooperation and step up consultation between the countries along the route and decided on pragmatic operational measures that can be implemented as of tomorrow to tackle the refugee crisis in the region.

      European Commission President Jean-Claude Juncker said: “Countries affected should not only talk about and at each other but also with each other. Neighbours should work together not against each other. Refugees need to be treated in a humane manner along the length of the Western Balkans route to avoid a humanitarian tragedy in Europe. I am therefore pleased that today we were able to jointly agree on a 17-point plan of pragmatic and operational measures to ensure people are not left to fend for themselves in the rain and cold.”

      http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5904_en.htm

    • Résumé de Laurence Pillant (reçu via la mailing-list Migreurop) :

      Pour prendre le pouls grec dans la presse nationale après le "mini-sommet" européen, voici un extrait de la revue de presse de l’ambassade française (http://www.ambafrance-gr.org/Les-dernieres-revues-diffusees-en-ligne) en Grèce sur le contrôle migratoire :

      Sous le titre « Berlin a fait passer son programme sur la question des réfugiés » et affirmant « la satisfaction de Berlin à l’égard d’Athènes », le quotidien économique Imerissia fait état de dures négociations lors du mini-sommet sur la crise des réfugiés. Le PM grec, M. Tsipras se serait félicité du rejet de trois propositions qu’il a lui-même qualifié d’« absurdes », comme il les a qualifiées, avaient été rejetées. Il s’agit de : a) la création d’une ville de 50.000 personnes, qui s’ajouterait aux engagements déjà pris par Athènes sur la création de centres d’accueil pour 7.000 réfugiés dans les îles et pour 20.000 personnes en Attique et dans le Nord de la Grèce, d’ici la fin de l’année. La partie grecque a accepté finalement d’accueillir 20.000 réfugiés supplémentaires, pour lesquels une subvention de leurs loyers serait prévue sur financements européens pendant la durée de leur séjour en Grèce ; b) la possibilité pour un pays de ne pas autoriser le passage sur son territoire de réfugiés venant d’un autre pays. Cette éventualité risquait d’aggraver la situation de la Grèce. Il a donc été convenu d’informer le pays de passage en question au sujet du nombre des réfugiés qui le concernera ; c) une nouvelle opération de FRONTEX à la frontière Nord de la Grèce,
      destinée à empêcher les flux migratoires en direction de l’ARYM.

      Le PM grec a en outre souligné qu’il avait été constaté « à l’unanimité » que la Turquie jouait un rôle primordial en ce qui concerne les flux des migrants et reconnu la nécessité d’une coopération étroite entre les deux services des garde-côtes. Imerissia relève que les dirigeants des pays ayant participé à ce mini-sommet ont exprimé par une déclaration commune leur satisfaction au sujet de l’intention de la Grèce d’augmenter sa capacité d’accueil de réfugiés. Plusieurs journaux relèvent que ce développement a été salué par le porte-parole de la chancellerie allemande, M. Seibert, comme étant « particulièrement important ». Selon Kathimérini, l’ambiance au début du sommet était très lourde vis-à-vis de la Grèce et le Premier ministre grec aurait essuyé les tirs de ses
      homologues hongrois, M. Orban, et croate, M. Milanovic. M. Tsipras aurait toutefois reçu le soutien du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M.Antonio Guterres. Selon une source diplomatique, le PM grec a fait preuve de sang-froid, reconnu le retard de la partie grecque dans l’ouverture des « hotspots » et affirmé que ces centres seraient prêts dans un mois et demi. Kathimérini publie un article sur « la question des réfugiés (qui) menace l’Europe » soulignant que l’euroscepticisme et la xénophobie minent les valeurs de l’U.E. et renforcent les partis nationalistes et extrémistes. De son côté, Ta Néa, souligne que, si la Grèce a pris des engagements, ce n’est pas le cas pour les autres pays ayant participé au mini-sommet. L’article attire l’attention sur l’absence de cette réunion informelle tant de la France que de la Turquie. Ce reportage déplore l’incertitude du « plan en 17 points » adopté, qui ne fait allusion qu’à l’augmentation de la capacité d’accueil de 50.000 places le long du « couloir
      balkanique », sans que les pays de transit (l’Albanie, la Bulgarie, la Croatie, l’ARYM, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie et la Slovénie) se soient engagés sur un nombre précis de réfugiés à accueillir sur leur propre territoire. Selon le journal des rédacteurs, le ministre délégué à la politique migratoire, M. Mouzalas, a salué le programme de logement sur financement européen décidé dimanche dernier. Le quotidien rappelle que, selon un communiqué de la Commission européenne, la Grèce toucherait 5,9 millions d’euros du « Fonds asile, migration et intégration » pour la création des « hotspots » et des structures d’accueil. Ta Néa note que, selon le plan approuvé, 3.000 réfugiés seront logés dans des structures provisoires dans Athènes. Le ministre compétent, M. Mouzalas, a évoqué la création, avec l’ONU, de deux structures d’accueil en Attique et dans le Nord de la Grèce, susceptibles d’accueillir 10.000 réfugiés chacune, sans exclure la possibilité de subdiviser ces structures en unités plus petites. Le ministre a rappelé un accord récent avec le ministère de la défense, qui accepterait la création d’un centre d’accueil dans un camp militaire désaffecté, à Phyli en Attique. Le projet de mise en place d’un centre dans les installations de la PYRKAL à Lavrio en Attique s’est heurté à la forte réaction du conseil municipal local. Dans le Nord, le gouvernement examinerait la mise à profit d’un ancien bâtiment dans la zone industrielle de Sindos, près de Thessalonique. Les partis politiques ont critiqué les résultats du mini-sommet. Ainsi, la ND a parlé de la
      transformation de la Grèce en un « dépôt d’âmes » et reproché au Premier ministre d’avoir observé le silence sur deux questions cruciales, à savoir sur la mise en oeuvre immédiate des procédures de réadmission du côté de la Turquie et sur le refoulement des migrants qui pénètrent illégalement sur le territoire grec sans être des réfugiés. Dans un communiqué, le PASOK reproche au gouvernement son manque de préparation avant le sommet et son ambivalence entre la rhétorique des droits des réfugiés et sa réaction phobique face aux réfugiés eux-mêmes et à leurs problèmes. Réaffirmant sa volonté d’aider les efforts nationaux de gestion des flux migratoires, ce parti réclame une information complète et continue au sein de l’Assemblée nationale. Un communiqué du parti communiste KKE qualifie les dernières décisions de douloureuses et de dangereuses tant pour les réfugiés que pour le peuple grec et invite le peuple grec à réagir de manière massive et déterminée. Pour le dirigeant de l’Unité populaire (LAE), M. Lafazanis, le résultat du mini-sommet a été « un fiasco assourdissant ». « La Grèce doit devenir une force de renversement progressiste en Europe », a-t-il soutenu, reprochant « aux gouvernements grecs de céder
      continuellement devant les exigences inextricables de l’Europe allemande ».