• Yvette Assilaméhou-Kunz, Franck Rebillard (dir.), La Machine Youtube. Contradictions d’une plateforme d’expression
    https://journals.openedition.org/lectures/62229

    Lecture critique de l’ouvrage
    « La machine YouTube »

    Le mot « contradiction » qui figure dans le sous-titre de l’ouvrage collectif coordonné par Yvette Assilaméhou-Kunz et Franck Rebillard nous renvoie à la réflexion développée par les sciences sociales autour du recul progressif de la promesse démocratique d’Internet1 face au mouvement de la « plateformisation »2. En effet, les enquêtes rassemblées dans ce volume investissent la problématique de l’expression en ligne en prenant pour objet la plateforme de partage de vidéo YouTube avec pour objectif d’« explorer dans quelle mesure YouTube, tout en procurant des possibilités d’expression […], s’avère également encadrer les actions des différents utilisateurs et “partenaires” de la plateforme » (p. 77). Les contributeurs retiennent comme entrée principale les domaines de « l’actualité et du politique au sens large » (p. 9) en faisant délibérément l’économie d’autres formes d’expression présentes sur la plateforme3.

    2L’organisation de l’ouvrage soutient l’ambition de vulgarisation assumée par les auteurs. La première partie (chapitres 1, 2, 3) aborde d’une manière très pédagogique les différentes « facettes » de YouTube qu’il convient d’étudier pour rendre compte de l’« encadrement » de l’expression sur la plateforme. Cette partie de l’ouvrage est aussi parsemée d’encadrés présentant des notions et des concepts utiles à l’analyse (intermédialité, mèmes, etc.). La deuxième partie (chapitres 4 à 10) regroupe les chapitres qui apportent des éclaircissements concernant une ou plusieurs de ces « facettes » à partir d’une enquête concrète. La manière peu habituelle dont ces enquêtes sont présentées (les analyses précèdent la description de la méthodologie) vise aussi à rendre la lecture plus accessible pour les non-spécialistes du sujet.

    3Les trois premiers chapitres sont rédigés par les coordinateurs de l’ouvrage, Franck Rebillard (chapitre 1 et 2) et Yvette Assilaméhou-Kunz (chapitre 3). La facette techno-sémiotique de YouTube est présentée dans un premier temps, à travers la revue des formats et des codes propres à la plateforme (l’analyse sémiotique du système de signes), ainsi que des éléments plus techniques de leur « mise en écran ». C’est ensuite la facette socio-économique qui est abordée, à partir de la description des stratégies économiques de la plateforme vis-à-vis des différents acteurs qu’elle relie. La partie se termine par l’introduction de la facette psycho-sociologique qui correspond à l’investissement émotionnel des consommateurs des contenus sur YouTube et à ses dynamiques communautaires.

    4Les chapitres 4 et 5 ont en commun de s’intéresser à la question des formats des vidéos traitant de l’actualité et du politique. Dans le chapitre 4, co-écrit par Lorenza Pensa et Jérémie Nicey, l’analyse sémiotique d’un corpus de vidéos produites lors de la campagne présidentielle de 2017, couplée à des entretiens avec leurs créateurs, permet de catégoriser les approches de présentation de l’information mises en œuvre sur leurs chaînes (« vulgarisateur » ou « éditorialiste »). Ces catégories mettent en lumière des formes d’articulation entre les codes propres à la plateforme et les codes issus des médias traditionnels : même si les youtubeurs adoptent en partie une démarche journalistique, il s’agit d’un bricolage qui mène à des formats hybridés. Le chapitre 5, rédigé par Guillaume Heuguet et Franck Rebillard, propose une étude plus détaillée de la trajectoire d’un des vidéastes politiques, Usul, en opérant une comparaison assez inattendue avec la dynamique de la présence sur YouTube d’une chanteuse américaine, Ariana Grande. Les deux ont commencé par des vidéos « face caméra », autoproduites en « épousant de façon plus ou moins volontaire leur esthétique amateur » (p. 111). Cependant, avec le développement de leurs carrières, ils ont dû chercher « l’alliage adéquat entre des modèles socio-économiques et des formats techno-éditoriaux » (p. 127) en travaillant avec des professionnels de l’audiovisuel. L’étude conjointe des vidéos et de leurs conditions de production met ainsi en évidence le caractère non linéaire du processus de ré-intermédiation professionnelle et commerciale, au sein duquel les acteurs ont su négocier une place pour s’exprimer.

    4 Les stratégies de gouvernance mises en place par YouTube en matière de monétisation des vidéos sont (...)
    5 Ce modèle consiste en « un enchainement de séquences éditoriales guidé par les dispositifs d’orient (...)

    5Le chapitre 6, d’Alan Ouakrat, représente un bref historique de l’évolution des politiques de YouTube. À travers une étude de quelques controverses ayant provoqué l’évolution des règles de la plateforme en matière de modération des contenus, il s’agit de comparer le traitement des scandales autour des vidéos mises en ligne par la presse et dans la communication publique de la plateforme. Nous apprenons notamment que YouTube met en place une politique différenciée de traitement de vidéastes en vue de préserver la réputation des annonceurs4. Écrit par Christian Pradié, le chapitre 7 propose un éclaircissement très bienvenu sur le processus de ré-intermédiation évoqué plus haut, en présentant au lecteur des acteurs peu connus de la chaîne de production des vidéos, qui proposent aux vidéastes l’assistance à l’édition tant sur le plan de la gestion que sur le plan juridique : les MCN (Multi-Channel Network). D’un grand intérêt, le chapitre donne une image dynamique des relations dans le triangle vidéaste-MCN-plateforme. Après avoir été fortement encouragés par la plateforme au début des années 2010, dans une logique de professionnalisation des productions, les MCN ont su instaurer le modèle de « semi-flot »5 dans l’encadrement apporté aux vidéastes. Or, dans le contexte de complexification du marché de vidéo en ligne, les MCN peinent à maintenir leur activité et se transforment pour certains en MPN (Multi-Platform Network), ce qui pousse YouTube à changer de stratégie et à reprendre progressivement la fonction d’accompagnement des vidéastes.

    6Les trois derniers chapitres choisissent pour optique la réception des productions politisées sur YouTube, tout en proposant une diversité méthodologique remarquable. Dans le chapitre 8, signé Raphaël Lupovici, la réception des vidéos de médiacritique produits par Usul (encore lui) est étudiée à partir des entretiens avec les « citoyens engagés à gauche ». La question à éclaircir est la suivante : comment la médiacritque influence-t-elle la participation politique ? D’après l’auteur, la médiacritique sert aux citoyens de « refuge » leur permettant de se rassurer « sur la validité de leur expérience, mais aussi comme la possibilité pour eux de comprendre les causes de leur malaise face à l’information distillée par les médias traditionnels » (p. 179). Un terrain radicalement opposé est investi dans le chapitre 9 par Nelly Quemener, qui traite des « communautés réactives » en prenant comme exemple les commentaires sous les vidéos de Dieudonné, un humoriste controversé. Cette étude contraste avec l’approche sémiotique privilégiée dans les autres chapitres et s’intéresse à la nature performative du commentaire. En effet, elle met en évidence les dynamiques d’intensification propres à cet espace numérique, ce qui permet de penser la « communauté antisémite » observable dans les commentaires à travers le prisme relationnel, c’est-à-dire comme un résultat et non comme le déclencheur de ces chaînes de réaction. Enfin, le chapitre 10, co-écrit par Yvette Assilaméhou-Kunz, Julien Mésangeau et Sophie Balcon-Fourmaux, combine la quantification des réactions et l’analyse des procédés langagiers. Il s’agit d’expliquer le fonctionnement d’une « chambre d’écho » dans le cas des commentaires figurant sous la vidéo polémique d’une youtubeuse traitant de politique, Tatiana Ventôse. Cette approche originale permet notamment de montrer que, pour la formation d’un consensus entre les commentateurs autour d’une vidéo, la forme des commentaires est aussi importante que leur contenu, mais aussi que « les interactions entre les commentateurs peuvent générer un système de contraintes fortes sur les idées exprimées ainsi que sur la façon dont cette expression peut se faire » (p. 227).

    6 Plantin Jean-Christophe, Lagoze Carl, Edwards Paul N., Sandvig Christian, « Infrastructure studies (...)
    7 Pour des éléments d’analyse des intermédiations plus horizontales : Levoin Xavier, Louessard Bastie (...)

    7L’ouvrage propose une image riche et complexe de la plateforme en traitant des opportunités d’expression qu’elle offre, de l’encadrement de cette expression par différents acteurs, mais aussi de la formation des communautés, quelles que soient leur échelle et leur orientation politique. Les contributeurs donnent judicieusement à voir comment les productions sur YouTube s’articulent avec des codes issus d’espaces d’expression plus traditionnels, sans perdre de vue la dynamique d’évolution de la plateforme. Quelques bémols sont toutefois à souligner : le traitement léger du caractère infrastructurel de la plateforme6, ainsi que l’absence d’analyse de la circulation horizontale des savoir-faire entre les vidéastes7, analyse qui pourrait améliorer notre compréhension de la construction des fameux codes de la plateforme. En outre, il est possible de constater le manque de mise en dialogue des résultats des différents chapitres : par exemple, les chapitres 8 et 9 traitent tous les deux de formes d’opposition aux médias traditionnels et leur comparaison ne serait pas superflue compte tenu du clivage entre les publics étudiés. Il n’en reste pas moins que les textes produits par les membres du laboratoire IRMÉCCEN constituent un ensemble cohérent et bien équilibré, qui servira à toute personne s’intéressant à la « Machine YouTube ».

    #YouTube #Machine_YouTube #Franck_Rebillard #Yvette_Assilaméhou-Kunz

  • Mônica Macedo-Rouet, Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information
    https://journals.openedition.org/lectures/60124

    Mônica Macedo-Rouet part d’un constat : « il n’y a pas de consensus parmi les acteurs de l’éducation sur “ce” qu’il faut enseigner en matière de littératie informationnelle1 et “comment” l’enseigner, même s’il existe aujourd’hui une reconnaissance quasi universelle de la nécessité d’éduquer à l’information (UNESCO, 2018) » (p. 104). En effet, à l’ère de la prolifération des contenus en ligne, il est communément admis que l’éducation à l’évaluation de l’information (EEI) constitue un enjeu démocratique majeur pour nos sociétés et qu’une éducation populaire sur le sujet doit s’ériger sur des fondations scientifiques solides. L’auteure se propose de dresser un état de la recherche internationale qui émerge dans ce domaine depuis une vingtaine d’années. Par ce travail, elle entend aussi toucher un large public et « donner des idées concrètes aux éducateurs sur les activités pédagogiques qui peuvent conduire à une meilleure attention et évaluation des sources d’information de la part des élèves » (p. 35).

    #Mônica_Macedo_Rouet #Savoir_chercher

  • Collectif, L’École sans école. Ce que le confinement nous dit de l’éducation
    https://journals.openedition.org/lectures/54369#ftn1

    L’École avec une majuscule représente l’institution. L’école avec une minuscule désigne le lieu où se déploient les activités scolaires. « L’expérience Covid » a conduit les élèves et les enseignants à vivre l’École sans école dans le contexte du confinement décrété par les autorités françaises au printemps 2020. Les outils numériques sont alors mobilisés afin d’assurer la continuité pédagogique. Le livre est un recueil de 16 témoignages et analyses d’élèves, de praticiens et de chercheurs regroupés en trois parties : participer, accompagner et connecter. Cet ouvrage inaugure la collection Éducations de C&F Éditions consacrée aux aspects pédagogiques et institutionnels du numérique en éducation.

    2En introduction, l’éditeur campe la problématique et pose la question qui oriente les 16 contributions : que se passe-t-il quand on se retrouve avec une École sans école ? « L’expérience Covid » met d’abord en lumière la transposition sur les réseaux numériques des dispositifs d’apprentissage. Pour que la technique puisse soutenir efficacement les activités scolaires, il faut souvent s’incliner devant les géants du Web, seuls en mesure de répondre efficacement à la demande accrue de bande passante attribuable à la généralisation du télétravail et du téléenseignement. Cela soulève plusieurs enjeux, mais l’expérience Covid à l’école met surtout en évidence le besoin d’humanité et de relation. « Éduquer, c’est aussi porter la jeunesse vers l’autonomie, les compétences relationnelles, l’inventivité, le plaisir, le bien-être, la capacité de jugement et in fine la citoyenneté » (p. 11).

    L’auteur de la recension présente ici chacun des 16 articles qui composent le livre.

    L’ouvrage L’École sans école propose une contribution originale et intéressante à la compréhension des effets du confinement de 2020 sur l’École et l’école françaises. Les points de vue sont pluriels et les perspectives, contrastées, selon que le site d’observation soit celui d’élèves, de praticiens ou de chercheurs. Cependant, une même politique éditoriale oriente l’ensemble des contributions, fidèle aux principes de C&F Éditions. « Les publications de C&F Éditions mêlent […] culture numérique et citoyenneté, gouvernance, information ou encore la démocratie, pour des livres-sommes, la plupart du temps »5. Une soixantaine de titres sont déjà disponibles6.

    #Ecole_sans_école

  • Réconcilier, réprimer : les « années de plomb » en Italie et les transitions démocratiques dans le cône sud latino-américain
    http://journals.openedition.org/conflits/479

    Le cas italien donne aussi à voir une considérable amplification de la violence politique, à partir du milieu des années 1970. C’est en effet dans le seconde moitié de cette décennie que l’activité des groupes armés d’extrême gauche (Brigades Rouges [BR], Prima Linea) se développe, les années 1978-1980 représentant le pic de cette violence, dont l’événement symbolique est l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro, retrouvé mort le 9 mai 1978. Mais la pénétration de la violence politique dans la société italienne ne se limite pas à l’activité des groupes militarisés : 1977 voit l’éclosion du mouvement des emarginati (exclus), où certains groupes d’extrême gauche (notamment Autonomie ouvrière, qui prend la relève des groupes en activité au début des années 1970, comme Potere operaio et Lotta continua) jouent un rôle important : cette extension de la contestation se caractérise par le développement de pratiques de violence « diffuse » (manifestations parfois armées, affrontements avec la police, « expropriations prolétaires »…), toutefois différente dans son intensité et sa nature de la violence exercée par les BR ou Prima Linea7. Face à ces différents types de violence politique, l’Etat italien répond par une répression unitaire, qui touche tous les groupes : le 7 avril 1979, de nombreux militants de l’Autonomie ouvrière (environ 70, dont les leaders Antonio Negri et Oreste Scalzone) sont arrêtés et inculpés pour faits de terrorisme, cette inculpation se fondant sur une identification entre Autonomie et BR. Les arrestations du 7 avril sont symboliques d’une phase de répression intense. A partir de 1978, différents dispositifs juridiques d’exception sont mis en place, qui se caractérisent essentiellement par une extension des pouvoirs de la police (interpellation, perquisition, garde à vue), et de la justice, ainsi qu’une réduction des droits des inculpés, observable notamment dans l’allongement considérable des durées de détention préventive8. Ainsi, les procès du « 7 avril 1979 » ne seront conclus qu’en 1984. L’effet de la répression sera à la mesure des dispositifs : durant la période de répression, 4 087 militants seront condamnés et incarcérés. En 1997, on estime que 224 personnes sont encore incarcérées (dont 130 en régime de semi-liberté) et 190 en exil (la majeure partie en France). Il faut tout d’abord préciser le statut du rapprochement opéré entre le cas d’un régime démocratique (cas italien) et d’autoritarisme militaire (Amérique latine). Il ne s’agit pas, bien entendu, d’affirmer une équivalence qui écarterait le caractère discriminant du régime politique, mais de se concentrer sur un point commun bien délimité, et, peut-être, tirer sur ce point précis des enseignements d’ordre plus général et théorique. On ne parlera donc pas de comparaison mais de mise en parallèle, ou de mise en regard.

  • Lecture critique : Hervé Le Crosnier, Valérie Schafer (dir.), La Neutralité d’internet. Un enjeu de communication
    https://journals.openedition.org/lectures/6929

    Publié dans la collection des Essentiels d’Hermès (CNRS éditions), La neutralité de l’Internet est un ouvrage qui répond à une question simple : quelles sont les bases du débat sur la neutralité d’Internet ? Valérie Schafer et Hervé Le Crosnier répondent à cette question en moins de 200 pages tout en établissant un panorama exhaustif des différentes réalités concernées par ce débat. À l’instar des collections 128 ou Que sais-je ?,l’esprit des Essentiels d’Hermès est de fournir des dossiers récapitulatifs sur des questions de sciences de l’information et de la communication en compilant extraits de texte et synthèses.

    2Le débat sur "la neutralité d’Internet" est un objet sociologique à la rencontre entre un principe défendu par les concepteurs du réseau informatique et les intérêts des fournisseurs d’accès pour assurer un service aux usagers et une conformité aux exigences politiques nationales. La neutralité d’Internet peut être définie comme le principe selon lequel toutes les communications doivent être traitées de façon égale quelque que soit l’information, le destinataire ou la source. L’idée maîtresse est qu’Internet ne devrait avoir ni contrainte politique, ni technique. À partir de cela, en fonction des raisons pratiques, économiques et politiques mais aussi selon les conceptions variables de la liberté individuelle, des débats émergent en conséquence des mesures prises par certains acteurs pour défendre leurs intérêts. Le principal problème abordé par l’ouvrage est de présenter comment Internet se retrouve au cœur de débats selon des logiques technique et sociale.

    3Le débat sur la neutralité d’internet émerge surtout à partir de son architecture technique. L’histoire d’Internet est matériellement une histoire de tuyaux entre des usagers et des contenus. Une des origines du débat est la volonté des acteurs techniques de vouloir optimiser la répartition des coûts dans l’acheminement de l’information. Le débat sur le “peering” est de cet ordre. Il s’agit de savoir qui du fournisseur d’accès ou du fournisseur de contenu doit payer pour assurer les exigences d’une qualité de service. Par exemple, en 2009, un tel conflit a eu lieu Orange et YouTube. Par un truchement d’intermédiaires et d’échanges commerciaux, les contenus vidéos de YouTube ne pouvaient plus profiter d’un traitement privilégié et se sont vus victimes de leur propre demande. De tels arrangements pratiques soulignent les intérêts économiques et l’infrastructure commerciale permettant l’accès à Internet mais sont conflictuels avec le principe de neutralité.

    4A cela se greffent des intentions politiques. L’exemple français le plus célèbre reste HADOPI et la protection du système de droit d’auteur français. L’Etat français intervient directement en instituant la possibilité de définir des règles conduisant à la limitation en plusieurs étapes de l’accès à Internet à certaines personnes. Si les discours reposent sur un raisonnement économique de protection des industries culturelles, le fond du débat reste la territorialisation de l’accès à certains contenus ainsi que la possibilité d’un acteur politique d’en définir les règles. L’interférence entre les politiques locales et les accès techniques montre que le principe de neutralité est surtout inscrit dans l’esprit des créateurs et promoteurs du réseau alors que les autres acteurs n’hésitent pas à le négliger. Ces derniers n’hésitent donc pas à proposer des solutions ayant un impact technique important et suscitent donc des débats indépendants de la faisabilité des mesures préconisés. Cela n’empêche pas les lois d’être votées et de susciter des controverses.

    5Comme le soulignent les auteurs, Internet en lui-même est complexe et véhicule un imaginaire composite. Dans les sociétés occidentales contemporaines, Internet est devenu plus qu’omniprésent. Il est à la fois potentiellement le lieu d’une nouvelle forme de démocratie et le lieu d’un nouveau marché. À force de volontarisme et de "démocratisation", Internet subit un discours vulgarisateur qui peut parfois nuire à sa compréhension scientifique. Cependant cet ouvrage se permet justement d’échapper aux simplifications. Les auteurs présentent avec patience et précision les différentes couches techniques, juridiques, commerciales et sociales au coeur des considérations pratiques et idéologiques.

    6A cause de sa nature mondiale et technique, parler d’Internet est également problématique du point de vue langagier. Les choix de traduction et l’introduction d’un vocabulaire précis sont invisibles, importants et souvent négligés. L’atout de cet ouvrage est de présenter à la fois le cadre juridique et le cadre technique sans donner l’impression de jargonner. Sans ressembler à de la vulgarisation, les auteurs prennent peu de liberté sur la sémantique et se permettent de ne pas rendre simpliste la présentation d’un espace de communication qui rendrait obscure la compréhension du débat sur sa régulation.

    7Il est également à souligner l’important effort d’introduction de sources bibliographiques hétérogènes dans la présentation du débat. La présence de voix provenant d’acteurs économico-politiques divers permet de mesurer la globalité sociale en jeux. L’ouvrage est donc à la fois synthétique mais laisse de nombreux pointeurs pour prolonger l’investigation. Les lecteurs pourront facilement naviguer et se faire leur propre bibliographie sans négliger certains aspects ou parti-pris. Sur ce point, l’ouvrage fait lui-même preuve d’une neutralité remarquable, ne s’avançant que discrètement et permettant ainsi aux lecteurs d’être amenés aux conclusions propres à leurs inclinations.

    8La neutralité de l’internet est un débat complexe qui demande une compréhension à la fois sociologique, économique et technique de cet espace de communication. L’ouvrage au contraire pose les bases d’une présentation simple et structurée des problèmes posés par la volonté de régulation d’un réseau de communication devenu incontournable. La lecture de l’ouvrage ne serait donc pas négligeable pour toute personne voulant se faire une image précise de l’articulation entre une infrastructure technique de communication, ses imaginaires et ses tentatives de contrôle. Sans rentrer dans un discours simpliste, La neutralité de l’internet permet de comprendre les débats politiques à propos d’Internet à travers une contribution modeste mais solide. La mise en place d’un cadre de discussion n’est pas aisée et manquait sérieusement dans la bibliographie des sciences sociales.
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    Pour citer cet article
    Référence électronique

    Tam-Kien Duong, « Hervé Le Crosnier, Valérie Schafer (dir.), La Neutralité d’internet. Un enjeu de communication », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 05 décembre 2011, consulté le 13 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/lectures/6929 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.6929

    #Valérie_Schafer #Hervé_Le_Crosnier #Neutralité_internet

  • Lecture critique : Mélanie Dulong de Rosnay, Hervé Le Crosnier (dir.), Propriété intellectuelle : géopolitique et mondialisation
    https://journals.openedition.org/lectures/11700

    Souvent conçue comme un problème des plus obscurs mais qui ne relèverait des compétences que des historiens du livre et de la technique, d’un côté, et des juristes spécialisés, de l’autre, la question de la propriété intellectuelle, dont le droit d’auteur n’est que l’un des avatars, est pourtant au centre des préoccupations actuelles, dans les cercles de la recherche, certes, dans les bureaux des industries, indubitablement, mais dans la société surtout, au cœur de l’espace public : c’est ce que démontrent les deux auteurs de ce livre salutaire qui mériterait d’être placé entre toutes les mains. Or, si la propriété intellectuelle est une préoccupation politique majeure, il importe d’en assurer à tous les citoyens une compréhension aussi complète que possible : c’est le projet du livre, qui entend allier, et allie en effet, précision et clarté.

    2L’ouvrage est divisé en sept parties. La première (« Une géopolitique de la propriété intellectuelle ») détaille le cadre du propos et les deux dernières (« L’accès aux savoirs » et « Construire un droit équilibré qui favorise l’expansion et le partage des cultures et des connaissances ») précisent le projet. Le cadre est celui d’une course à la propriété intellectuelle largement dominée par les pays développés, qui imposent leur propre mode de gestion aux pays émergents et se constituent de facto en seuls détenteurs d’une connaissance protégée par des ressources juridiques inextricables. Le projet est celui d’une pratique alternative du droit d’auteur, qui ne soit pas nécessairement indexée sur la propriété, qui favorise le partage, la circulation et la réutilisation des idées et des données, pratique loin d’être utopique, puisqu’elle se fonde sur des expériences déjà anciennes et toujours effectives. Les quatre parties centrales de l’ouvrage proposent une exploration systématique de la question, à l’intérieur de ce cadre (la propriété intellectuelle comme enjeu géopolitique) et avec le souci de ce projet (le partage des connaissances).

    3La place de la partie « Domaine public », en tête de l’ouvrage après la présentation générale, est programmatique. Les auteurs font un constat inquiétant : au regard de la course à la propriété intellectuelle, le domaine public n’est plus juridiquement défini qu’en creux, comme l’ensemble des productions de l’esprit qui échappent à l’administration juridique. De fait, c’est la propriété qui se trouve naturalisée. Il existe pourtant des définitions positives du domaine public, sur des critères de durée de la propriété, de nature de la production protégée et du public qui en a l’usage : ces critères positifs attestent bien qu’en principe, c’est la propriété qui est une exception à la communauté des connaissances.

    4Au regard de ce domaine public, le cas étudié dans la troisième partie, celui du régime de « La propriété littéraire et artistique », est une première sous-catégorie de la propriété intellectuelle. Après en avoir proposé un bref historique à partir de l’expansion de l’imprimerie à caractères mobiles, les auteurs reviennent sur la distinction entre droits moraux incessibles, témoignages du rapport privilégié entre l’auteur et son œuvre, et droits patrimoniaux, relatifs à l’exploitation de la production. Ce premier dispositif juridique, qui règle la propriété artistique dans certains pays européens et en Amérique latine, par exemple en France, doit être distingué du système du copyright, qui permet une cession bien plus importante des droits de l’auteur à un tiers, l’exploitant. Ces deux dispositifs, stabilisés vers la fin du dix-neuvième siècle, subissent à l’heure actuelle des renégociations, du côté des auteurs aussi bien que des intermédiaires.

    5Le second sous-ensemble de la propriété intellectuelle, c’est bien entendu « la propriété industrielle » et son outil privilégié : le brevet. Les deux auteurs commencent par définir le brevet d’invention et la conception de l’innovation techno-scientifique dans laquelle il s’insère, avant de mettre en évidence le mouvement d’extension des brevets depuis quelques décennies, dans deux directions principales : le brevetage de méthodes commerciales et relationnelles (le one-click d’Amazon) et le brevetage du vivant (les semences). Or, ce mouvement, dans les pays en développement, constitue également une offensive à l’endroit des systèmes économiques et culturels de partage des connaissances, par exemple dans le monde agricole, et l’offensive prend les apparences d’un cadeau empoisonné, par les propositions de formation de juristes spécialisés en brevets, qui répandent le modèle.

    6C’est qu’il faut se garder, comme le précise l’antépénultième chapitre, « Les institutions et négociations internationales », de concevoir les droits d’auteur, les brevets et toute la technologie administrative et juridique de la propriété intellectuelle, comme un ensemble de dispositions objectives. Pour les pays dominants, l’imposition du système est la garantie de la protection d’une économie déjà fonctionnelle tandis que pour des pays émergeants comme l’Inde, qui a développé la production de médicaments génériques, ce système est dangereux et contraignant. Plus encore, les organismes de gestion des brevets sont privés et tirent leurs bénéfices de la multiplication des brevets : ils ont donc intérêt à ce que la pratique se diffuse, dans de nouveaux domaines de la connaissance et de nouveaux territoires géographiques.

    7Loin du pur catastrophisme, l’ouvrage s’attache cependant à souligner les pratiques existantes susceptibles d’enrayer la machine de l’appropriation intellectuelle. Ainsi les ONG tendent à devenir des partenaires indispensables dans les négociations internationales, même si le fonctionnement interne de ces ONG ne doit pas être dépeint, les auteurs le soulignent, sous les couleurs idylliques de la démocratie participative : il repose au contraire sur l’activité représentative d’individualités remarquables. D’autres initiatives de groupes, constitués ou en réseaux, comme la pratique de l’open access, celle de l’open data ou celle des archives ouvertes, participent également d’un mouvement de contestation efficace.

    8En somme, cet ouvrage offre un tableau général extrêmement pédagogique des problèmes qui, sans dissimuler l’opinion des auteurs sur les questions abordées, présente le débat dans sa complexité. Contrairement à certains ouvrages de la même collection, « Les Essentiels d’Hermès », dont il faut rappeler qu’ils sont constitués à partir d’articles publiés dans la revue Hermès, celui-ci se distingue par l’extrême actualité tant de ses exemples et cas d’études que des références qui composent la bibliographie de chaque section et la bibliographie générale. Un glossaire en facilite encore la consultation. Ses qualités de présentation, la richesse de son contenu, la diversité de ses exemples et l’urgence de ses problèmes, devraient donc faire de cet ouvrage une lecture en effet fort essentielle.
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    Référence électronique

    François-Ronan Dubois, « Mélanie Dulong de Rosnay, Hervé Le Crosnier (dir.), Propriété intellectuelle : géopolitique et mondialisation », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 09 juin 2013, consulté le 13 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/lectures/11700 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.11700

    #Hervé_Le_Crosnier #Mélanie_Dulong #Propriété_intellectuelle

  • Elinor Ostrom, Discours de Stockholm. En réception du prix Nobel d’économie 2009
    https://journals.openedition.org/lectures/41778

    Le discours d’Elinor Ostrom lors de la réception du Prix Nobel s’intitule « Au-delà des marchés et des États : la gouvernance polycentrique des systèmes économiques complexes ». Les systèmes polycentriques de gouvernance peuvent avoir plusieurs centres de prise de décision, qui peuvent être formellement soit indépendants les uns des autres soit interdépendants. Ces centres peuvent entrer dans des relations contractuelles ou de coopération et ont recours à des mécanismes centralisés pour la résolution des conflits. Le nœud des décisions prises dépend de la position et des caractéristiques des acteurs, de l’information disponible et des actions possibles en connaissance des coûts et bénéfices ainsi que des résultats potentiels. Elinor Ostrom défend la thèse selon laquelle ce type de système polycentrique peut gérer les réservoirs communs de ressources. À partir de la grande diversité de cas enregistrés par l’équipe de recherche, elle a en effet analysé les caractéristiques des institutions présentes dans les systèmes pérennes et étudié les régularités institutionnelles, qu’elle a appelé « principes de conception » (design principles) (p. 63). Il s’agit là d’un de ses apports majeurs. Ces principes, qui s’appliquent aux biens communs, peuvent se résumer dans une liste qui comprend (p. 63-64) : les limites concernant les usagers et les ressources ; l’accord avec les circonstances locales ; l’appropriation des bénéfices et l’apport proportionnel dans les coûts ; les arrangements collectifs pour l’usage ; le contrôle des utilisateurs et de la ressource ; les sanctions graduées selon le degré de violation des règles ; l’existence d’un mécanisme de résolution de conflits ; la reconnaissance minimale des droits et la gouvernance imbriquée qui implique différents niveaux d’intervention.

    7Ostrom met non seulement l’accent sur l’aspect technique de sa théorie de la gouvernance polycentrique et des modèles économiques qui en découlent dans la gestion des réservoirs communs de ressources mais aussi sur le développement de la structure de l’Institutional Analysis & Development Framework (IAD). Ce cadre d’analyse des institutions vise à contribuer à la dynamique du développement. Ainsi que l’explique Benjamin Coriat dans la préface (p. 23), la polycentricité revendiquée dans le titre du discours implique et nécessite la prise en compte des individus et des « méga » acteurs publics (États, entreprises, organisations non gouvernementales, etc.) puisqu’il s’agit de systèmes complexes.

    Si certains reprochent aux travaux d’Ostrom de s’inscrire dans une approche institutionnaliste historique, d’autres, comme Benjamin Coriat, y trouvent plutôt de la proximité avec la tradition libérale américaine. En situation de dilemme social, Elinor Ostrom considérait que la concertation des acteurs entre eux donnerait des résultats plus pérennes et mieux acceptés que ceux obtenus par une intervention externe. Car pour elle, les acteurs sociaux sont des agents mus par une pluralité de raisons, qui trouvent des solutions à leurs problèmes plutôt par les habitudes et les règles empiriques issues de l’usage (habits and rules of thumb) que par des « choix rationnels » tels que postulés par la théorie économique standard.

    Cet ouvrage stimulant fourni d’une riche bibliographie sur les communs et rend hommage à la réflexion visionnaire d’Elinor Ostrom. Il donne aux lecteurs un aperçu sur sa vie, de son œuvre et de sa joie dans la collaboration scientifique et dans la transmission. Avec la préface de Benjamin Coriat, spécialiste des communs, le lecteur pourra mieux comprendre les nuances dans l’élaboration du cadre d’analyse des communs et les enjeux contemporains lorsqu’il s’agit de la gouvernance des systèmes complexes, questions auxquelles s’est consacrée cette intellectuelle.

    9Les travaux d’Ostrom vont au-delà du domaine purement économique : la décroissance, l’écologie, le changement climatique, la propriété intellectuelle, la gestion des ressources libres d’accès sont parmi quelques domaines de recherche qui viennent à l’esprit lorsqu’on pense aux communs, et ses dernières publications sur la « connaissance comme commun » en témoignent.❞

    #Elinor_Ostrom #Discours_Stockholm #C&F_éditions

  • César Rendueles, Joan Subirats, La cité en communs
    https://journals.openedition.org/lectures/41324

    L’ouvrage restitue une conversation entre deux chercheurs, César Rendueles et Joan Subirats, qui vise à questionner les perspectives politiques qu’ouvre l’engouement récent autour des communs. Dans la société civile, on ne compte plus les initiatives qui y font référence. Il en va de même dans la sphère académique, où de nombreuses disciplines s’en saisissent. Ainsi le concept de communs est-il mobilisé comme un «  outil à penser », selon Hervé Le Crosnier1, pour répondre aux enjeux sociaux et politiques contemporains comme la crise écologique ou l’évolution des régimes de production.

    La première partie de l’ouvrage s’ouvre par une discussion sur la définition du concept de communs et ses limites. César Rendueles parle d’un « impressionnisme conceptuel » (p. 12) qui permet au concept d’être assimilé par des projets autant néolibéraux, lorsqu’ils reconduisent une critique de l’État interventionniste, que conservateurs et xénophobes, lorsque promesse est faite d’une amélioration de la vie uniquement pour les membres d’une communauté nationale. La critique anti-institutionnelle, qui accompagne fréquemment la promotion des communs, s’inscrit également pour lui dans la longue lignée des tensions qui parcourent les mouvements politiques de gauche entre libertés individuelles et organisation collective. Or, pour César Rendueles, cette organisation collective, centrale dans la gestion des communs, semble effacée par la promesse de nouveaux droits sans que les devoirs et contraintes liés à cette participation ne soient clairement explicités.

    4Joan Subirats, quant à lui, propose d’appréhender les communs comme un «  concept parapluie » qui rend possible une logique d’action collective. Dans la lignée de mouvements plus anciens, comme l’anarcho-syndicalisme, le mutualisme ou le coopérativisme, la dynamique pro-communs4 permet de remettre en cause le fonctionnement par délégation («  faire au nom des autres ») pour suggérer une mobilisation et un engagement collectif. L’imprécision du concept permet justement une certaine souplesse dans ses applications.

    5La deuxième partie de l’ouvrage se concentre sur les controverses contemporaines autour des communs. Elle s’ouvre sur un échange autour de l’échelle d’action du mouvement et du périmètre des communautés concernées. Ici, les deux chercheurs remettent en question le périmètre micro et local de la communauté telle que la conçoit Östrom. Joan Subirats indique qu’il limite la portée de l’action collective. Le périmètre est pour lui l’un des enjeux majeurs auxquels se confrontent les mouvements pro-communs. César Rendueles pointe quant à lui un problème intrinsèque à la communauté : le périmètre de la communauté ne fait pas l’objet d’une délibération publique, puisqu’elle est ce qui précède la possibilité de délibération publique. Le risque, ici, est donc de passer d’un projet politique d’envergure à un simple projet de gestion collective dans lequel la gouvernance démocratique n’est plus interrogée. À Subirats qui mobilise Wikipédia comme un cas exemplaire de communs numériques, Rendueles oppose une critique de fond sur les formes de coopération qui s’opèrent entre les contributeurs. La coopération dans Wikipédia est rendue possible par des formes d’accord minimales, qui tendent à reproduire l’ordre établi sans l’interroger : « C’est pourquoi le libre savoir conserve les préjugés de genre ou d’ethnicité qui existent dans nos sociétés : la spontanéité collaborative du numérique est issue et s’adresse à la classe moyenne, masculine et occidentale » (p. 89)5.

    Retenons que César Rendueles soutient une perspective critique des communs, en soulevant les ambivalences du discours pro-communs et en mettant en garde contre les risques d’«  affinités monstrueuses » (p. 12) avec les dynamiques marchandes, prenant pour exemple le récent slogan de la banque d’épargne espagnole Abanca : «  se sentir communs ». Joan Subirats, quant à lui, voit dans l’intérêt pour les communs une possibilité pour repenser l’action collective à un moment de crise économique et politique. Les communs sont un moyen, pour lui, de développer le « nouveau municipalisme6 ». Son rôle d’élu7 explique partiellement ce positionnement tourné vers la production de savoirs destinés à nourrir l’action collective. Il propose en postface de l’ouvrage un bilan de mi-mandat, dans lequel il présente les expérimentations institutionnelles en cours comme la cession de terrains publics à destination de projets d’habitat coopératif ainsi que les réflexions pour réguler les plateformes de l’économie collaborative (Uber, AirBnB, Deliveroo).

    #Cité_communs #Joan_Subirats #César_Rendueles #C&F_éditions

  • We Destroyed the Oceans. Now Scientists Are Growing Seafood in Labs. – Mother Jones
    https://www.motherjones.com/food/2019/12/we-destroyed-the-oceans-now-scientists-are-growing-seafood-in-labs

    Do you love burgers—but not the animal cruelty and environmental degradation that go into making them? I come bearing good news: Someday, you might be able to get your meat fix, without all that bad stuff. Scientists can now grow animal flesh, without raising—or in most cases killing—an animal. This food, called “lab-grown meat,” “cell-based meat,” “cultured meat,” “cultivated meat,” “clean meat,” or as comedian Stephen Colbert jokingly called it in 2009, “shmeat,” has set off a flurry of media attention in recent years. Dozens of lab-grown meat companies have materialized, most aiming to solve the problems associated with large-scale beef, pork, poultry, and seafood production.

    Finless Foods, a 12-person food-tech startup founded in 2017 and based in Emeryville, California, claims to be the first company to focus on lab-grown fish, although a handful of other startups have since joined them. In October, 28-year-old Finless Foods co-founder Mike Selden gave me a tour of their facility, and I dished about it on the latest episode of the Mother Jones food politics podcast Bite:

    Selden and his co-founder Brian Wyrwas, both products of an agricultural biochemistry program at UMass Amherst, started the company, he says, to “make something good.”

    “We started off with zebrafish and goldfish,” which already had a lot of cell biology research behind them, Selden explains. “From there, we did our first prototypes, which were carp.” The company grew tilapia, bass, rainbow trout, salmon, Mahi Mahi, lobster, and Fugu (poisonous pufferfish) meat before settling on Bluefin tuna, whose stocks have dropped sharply in the last few decades.

    The idea behind lab-grown fish, Selden says, is multi-pronged. The technology, they hope, will prevent the killing of animals for food, cut down on overfishing, and eliminate mercury and microplastic contamination in seafood. “We see this as creating a clean food supply on land: no mercury, no plastic, no animals involved, and it can still meet people’s needs.”

    Do you love burgers—but not the animal cruelty and environmental degradation that go into making them? I come bearing good news: Someday, you might be able to get your meat fix, without all that bad stuff. Scientists can now grow animal flesh, without raising—or in most cases killing—an animal. This food, called “lab-grown meat,” “cell-based meat,” “cultured meat,” “cultivated meat,” “clean meat,” or as comedian Stephen Colbert jokingly called it in 2009, “shmeat,” has set off a flurry of media attention in recent years. Dozens of lab-grown meat companies have materialized, most aiming to solve the problems associated with large-scale beef, pork, poultry, and seafood production.

    Finless Foods, a 12-person food-tech startup founded in 2017 and based in Emeryville, California, claims to be the first company to focus on lab-grown fish, although a handful of other startups have since joined them. In October, 28-year-old Finless Foods co-founder Mike Selden gave me a tour of their facility, and I dished about it on the latest episode of the Mother Jones food politics podcast Bite:

    Selden and his co-founder Brian Wyrwas, both products of an agricultural biochemistry program at UMass Amherst, started the company, he says, to “make something good.”

    “We started off with zebrafish and goldfish,” which already had a lot of cell biology research behind them, Selden explains. “From there, we did our first prototypes, which were carp.” The company grew tilapia, bass, rainbow trout, salmon, Mahi Mahi, lobster, and Fugu (poisonous pufferfish) meat before settling on Bluefin tuna, whose stocks have dropped sharply in the last few decades.

    The idea behind lab-grown fish, Selden says, is multi-pronged. The technology, they hope, will prevent the killing of animals for food, cut down on overfishing, and eliminate mercury and microplastic contamination in seafood. “We see this as creating a clean food supply on land: no mercury, no plastic, no animals involved, and it can still meet people’s needs.”

    Selden doesn’t like the term “lab-grown.” Industry insiders argue it makes their products sound artificial and unappetizing. He instead prefers to call it “cell-based.” He argues that the process of growing fish in a lab is actually very similar to how fish grow and develop in the wild.

    It begins with a sample—about the size of a grain of rice—of real meat from a real fish. (The tuna doesn’t have to die during this process, but often does. In the company’s two-and-a-half-year history, they’ve killed fewer than 20 tuna.) Those cells are put in a liquid “feed,” like a nutritious soup, which gives them the energy to grow and divide, just like they would in a real, growing fish.

    When I ask Selden why people would choose his product over other alternatives, like sustainably caught or farm-raised fish, he says, “They won’t.” He elaborated: “We’re specifically shooting for people who really don’t care about sustainability.” To appeal to seafood connoisseurs, he says, his company plans to first sell to upscale restaurants rather than grocery stores. Fine dining, he believes, is an “easier way to get public perception on your side—especially when we’re specifically searching for foodies rather than for a sustainably-minded consumer.”

    Funders seem to agree—they have already invested millions of dollars into Finless Foods. Early supporters include an aquaculture investment firm based out of Norway called Hatch, an Italian food science company, Hi-Food, a Japanese tuna company, Dainichi Corporation, and Draper Associates, a venture capital firm founded by Silicon Valley investor Tim Draper. Animal welfare organizations including PETA and Mercy for Animals have voiced support for lab-grown meat as a whole. And according to a 2018 survey conducted by Faunalytics, a non-profit animal advocacy research organization, 66 percent of consumers were willing to try clean meat.

    It is yet to be seen whether Finless Foods’ sashimi will win over die-hard seafood fanatics. Then again, they might not have a choice: As climate change worsens, and the ocean becomes too hot, too acidic, too polluted, and over-fished, it’s possible that one day some types of seafood may come only in a lab-grown variety. As Specht told me, “I think cultivated meat may truly be our only option for preserving the diversity of aquatic species we eat.”

    #pêche #poisson #viande_de_culture_cellulaire #viande_in_vitro #in_vitro #végan #start-up #soutenabilité #poubelle_industrielle #soleil_vert #make_the_world_a_better_place #animal

    Lien avec
    Jocelyne Porcher, Cause animale, cause du capital
    https://journals.openedition.org/lectures/39443

    Aux yeux de l’auteure, le déploiement de l’agriculture cellulaire, qui crée des produits similaires à ceux issus de l’agriculture traditionnelle mais à partir de la culture de cellules, pourrait susciter la « disparition » de ces animaux. Ce marché encore embryonnaire serait propulsé par les acteurs de la cause animale, qui défendent précisément la libération des animaux de toute activité de travail, dans un souci de garantir leur bien-être. Cependant, pour la sociologue, ladite libération pourrait susciter l’effet inverse : « les chiens, les chevaux et d’autres animaux engagés dans le travail peuvent souffrir d’en être écartés » (p. 40) car une part importante de leurs comportements a été acquise dans le travail. Ainsi, elle propose comme alternative de « refaire de l’élevage », c’est-à-dire de redéfinir ses bases, en le rapprochant de l’élevage traditionnel ou paysan, en évitant son assujettissement au système industriel et en permettant aux éleveurs et à leurs bêtes de vivre dignement.

  • Zeynep Tufekci, Twitter et les gaz lacrymogènes. Forces et fragilités de la contestation connectée
    https://journals.openedition.org/lectures/38417

    La revue Lectures/Liens Socio" est un outil collectif pour les sociologues, recensant la majeure partie des ouvrages de sociologie.

    Lecture par Matthieu Demory

    Depuis près d’une décennie, avec le déploiement massif des outils numériques, les mouvements sociaux contestataires prennent des formes diverses et inédites. Toutefois, les usages de Facebook, Twitter et bien d’autres réseaux sociaux n’en constituent pas uniquement des facilitateurs et ne résolvent pas tous les problèmes que les dissidents politiques rencontrent pendant leurs mobilisations. Une problématique sociale complexe que Zeynep Tufekci, activiste et professeure à l’Université de Caroline du Nord, met en lumière dans son ouvrage1. Cette ancienne programmeuse informatique qui se revendique comme techno-sociologue examine avec finesse les mutations que subissent les revendications collectives à l’ère des technologies numériques sans pour autant leur accorder un statut exclusivement bénéfique.

    Pour ce faire Zeynep Tufecki mobilise un spectre très large des sciences sociales. De la sociologie aux considérations historiques et politiques, en passant par une anthropologie fine des mobilisations contestataires, cet ouvrage présente une richesse de réflexions scientifiques, et ce, toujours à l’appui d’un fort empirisme. Le travail proposé repose sur de multiples méthodes : des expériences personnelles, des observations participantes, des entretiens avec des activistes, des analyses quantitatives de bases de données ainsi que des observations ethnographiques de comportements en ligne. Les enquêtes empiriques ont été menées en Égypte, aux États-Unis, au Liban, au Qatar, en Tunisie et en Turquie. A cela s’ajoutent des éléments de connaissance sur le mouvement des droits civiques aux États-Unis, le mouvement des parapluies à Hong Kong, les mouvements Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Et même si les réflexions reposent essentiellement sur des revendications antiautoritaires de gauche, Zeynep Tufekci s’attache à les comparer à d’autres formes de contestations, conservatrices notamment, tel que le mouvement du « Tea Party » aux États-Unis. Quand bien même, à la lecture, le parti pris de l’auteure semble évident, celui-ci n’entache à aucun moment l’objectivité des propos. L’enquête empirique est systématiquement mise en relation avec des théories et des données secondaires, assurant alors la justesse des analyses. En somme, cette production scientifique apporte des éléments de connaissance très riches. Il s’agit là d’un travail de qualité, original, qui plus est accessible aux candides des mouvements sociaux.

    La première partie de l’ouvrage intitulée « L’émergence d’un mouvement » se divise en quatre chapitres mettant en exergue les caractéristiques saillantes de la reconfiguration des contestations collectives au regard des réseaux sociaux et de leurs usages.

    L’auteure consacre la deuxième partie de son ouvrage, titrée « Les outils de l’activiste », à un examen des réseaux sociaux et de leurs fonctionnements.

    La troisième et dernière partie de cet ouvrage ; « Par-delà les manifestations », examine les rapports entre dissidents et gouvernements autoritaires, à l’aune des signaux mutuels que se transmettent les uns et les autres.

    « La technologie n’est ni bonne ni mauvaise ; et n’est pas neutre non plus »3 nous rappelle l’auteure dans l’épilogue. Il s’agit là d’une réflexion valable pour l’ensemble de l’ouvrage qui, en dialoguant systématiquement entre théorie et empirie, insiste sur la complexité des relations entre mouvements collectifs et réseaux sociaux. Ces contestations connectées profitent de nouvelles forces autant qu’elles souffrent de fragilités inédites. La diffusion d’information, le gain d’attention et la fédération d’individus éloignés géographiquement, culturellement ou même socialement, sont des éléments bénéfiques pour les mobilisations collectives. En revanche, parallèlement à une organisation fragile des mouvements, les médias sociaux, appropriés ou délégitimés par les gouvernements autoritaires, entrainent des formes nouvelles de censure et de contrôle des populations.

    #Zeynep_Tufekci #Liens_socio #Médias_sociaux #Mouvements_sociaux

  • #DOAJ (#Directory_of_Open_Access_Journals)

    DOAJ is a community-curated online directory that indexes and provides access to high quality, open access, peer-reviewed journals. DOAJ is independent. All funding is via donations, 40% of which comes from sponsors and 60% from members and publisher members. All DOAJ services are free of charge including being indexed in DOAJ. All data is freely available.

    https://doaj.org
    #liste #OA #open_access #édition_scientifique #université #revues #revues_scientifiques

    • List of OA journals in geography, political ecology, anthropology, planning, area studies, and various social sciences

      “…….So things might have happily continued, had not the corporate interests within this limited, subsidised economy pushed journal subscription prices to the point where access to the knowledge went into a state of decline, at a time when new publishing technologies enabled researchers to take publishing back into their own hands. These new technologies have been used to demonstrate how access can be greatly increased, improving the circulation of knowledge, restoring the researcher’s control of knowledge, and extending its value as a public good by making it far more widely available.” Willinsky J. 2003. The Nine Flavours of Open Access Scholarly Publishing . J Postgrad Med 49:263-7.

      Academics write most of their work in journals. Journals should publish and curate good quality work, but unfortunately the majority are also used to make money for commercial publishers. This is not a win-win situation. Corporate profits are frequently high because companies retain author copyrights, and sell the material to (mainly) scholarly and university libraries, that frequently struggle to stock key journals because of the cost. Five companies are now dominating the field, and buying out smaller ones. Financing of this form of scholarly publishing is opaque. Academics do not rock the boat on this very often, because their prestige and careers are linked too much to the journals they publish in, and most of the prestigious ones are commercial and expensive. Our systems of merit and performance measures are not yet geared to rewarding publishing that is ethical, or based on social justice criteria (Cahill and Irving 2015). This is especially bad at research universities. (good ref. here, a depressing study here that shows social scientists in particular don’t care as much about OA as they about the rank of outlets).

      To make some contribution to the debate about whether social scientists can avoid the big commercial, firewalled journals, I list below decent academic journals that are free or cheap to publish in, have proper refereeing, and are Open Access – free for readers. Copyright is retained by the author in most but not quite all of them. Open access journals can also impose substantial fees on authors instead of readers. Those with high fees above cUS$500 for authors are excluded- like most social scientists I don’t have more than this to contribute to a publication and I don’t think more is justified. There is a long debate about whether in our internet world, we should be paying at all, which I won’t get into here.

      The list began with fields my students and I publish in, hence the small number of themes [environment & development, human geography, anthropology, urban studies and planning, area studies, general social science, and the university research/teaching/publication process], but it should be useful as a starting point. Further discussion on journals and open access here. Journals are the main systems of prestige, ranking and hierarchy that we have, much as it would be fairer to ignore them and just publish in the most appropriate venue for the readership. I have included Scopus and its useful impact factor derivative Citescore (released Dec 2016, now called Scopus Sources), Web of Science (formerly ISI) and their newish Emerging Sources Citation Index listings.

      For the majority of my colleagues reading this who have not thought much about OA and publishing ethics (and are manically trying to publish in the best places), I hope you find something you can contribute to. In brief, open access is the best way to publish scholarly material – more readers, and articles under authors’ control. It is a logical outcome of the invention of the web, and the Academic Spring protests of 2012 (analysis, reasons), which have had echoes – eg the Lingua debacle over the resignation of an editorial board that was dissatisfied with Elsevier’s control of copyright and high OA charges, and all the Netherlands universities’ fight with the same company in 2015 about high charges.

      Most of the journals on the list are run by the “community economies” of unpaid academics, university libraries or departments, or scholarly societies, and a few are commercial but still have acceptable author fees that mere mortals could afford (APCs) *. Only if the big publishers are able to offer OA at reasonable fees, is it worth considering publishing an OA article with them. That said, as Sir/Prof. Tim Gowers argues, journals these days exist only to accommodate author prestige – you can publish anything online, or easily just email the author for a copy of an article (or use Researchgate, Academia.edu or Sci-hub). So OA journals need to be as good in quality and meticulous as those conventional ones that are costing our libraries a fortune. I hope I only list good ones here.

      The invention of the web and its rollout in the early 1990s spelled the end of the need for conventional firewalled journals. Printed copies are no longer required (although they may be desired by a few) and the culture among scholars has changed to storing individual article PDFs and only printing them if needed. There are few costs for hosting a journal online – storing its files is easy. Costs, or value, are all in the labour. To suggest there are major cost implications of OA is not true, unless professional editors or translators are used. If publishing is done largely by academics and their institutions, which is my hope, the cost of running journals is absorbed into regular workloads or taken up by grants, and we have a true change in publishing underway. “The commitment of scholars everywhere to finding new ways of improving access to knowledge” (Willinsky 2003) need not be commercialised or costly. The ‘big five’ publishers (who now control 66% of papers in social sciences in the WoS, and rising…) and some of the smaller ones will have to adapt or perish (but they do produce indexing, which is useful for now). We will have our copyrights and a larger potential readership, and university libraries will have more money to spend. We will also be able to support smaller and multilingual world periphery journals.

      Useful sites

      DOAJ if your journal isn’t on here, a curated list of proper OA journals, not good. However in 2016 they did some housecleaning, but it was pretty poorly done so many legit. journals complained about being missed off. This now (2017) seems to be rectified.
      A campaign to alert you to dodgy publishers, because there are some http://thinkchecksubmit.org.
      A listing of academic articles on radical OA http://radicaloa.disruptivemedia.org.uk/resources/radical-open-access-literature
      A video about OA https://youtu.be/L5rVH1KGBCY


      Paywall (2018) the movie https://paywallthemovie.com – free and recommended.
      Open Access Chronicle http://paper.li/jimtill/1309217562
      Beall’s List, Original site was removed in Jan ’17 – possibly the author was threatened with litigation in some way. (now archived and updated https://beallslist.weebly.com). Crappy journals designed to make money, and allowing substandard work, (were) identified and weeded out. Beall, now retired, did focus on the negatives of OA, was criticised for libertarian views supporting free enterprise but only for the conventional, subscription-based publishing establishment. And it must be said, he held a very embarrassing conspiracy theory about all OA publishing!
      QOAM Quality Open Access Market. Crowd-sourced assessment of OA journals. Evolving. List of journals and publishers is useful. http://www.qoam.eu
      Francophone journals list (geography) http://www.openedition.org/catalogue-journals?searchdomain=catalogue-journals&q=geography
      All Australian university-run journals https://aoasg.org.au/australian-oa-journals
      Useful journal list in the environmental field, not all free http://www.esf.edu/es/sonnenfeld/envsoc_journals.htm
      JURN – good and updated list of OA journals, edited and searchable. Site down 2019 try here for a pdf instead http://www.jurn.org/directory
      ESOP young academics list of OA planning journals https://aesopyoungacademics.wordpress.com/2015/10/23/open-access-week-planext-and-a-list-of-oa-journals
      List of online anthropology journals http://www.antropologi.info/links/Main/Journals
      INASP It funds Nepal Journals Online (most with credible academic status), Bangladesh Journals Online (BanglaJOL), Philippines Journals Online (PhilJOL) and Sri Lanka Journals Online (SLJOL), (and other countries). For Africa see www.ajol.info. Not all of these are good though; if I find good ones there I will place them below. For Eastern Europe see https://www.ceeol.com
      Latin America journal listing (til 2015) http://lanic.utexas.edu/la/region/journals
      Impact of the social sciences – a useful LSE project with some actual data.
      Giant list by Jan Szczepanski, 9mb word file! Not all are cheap or taking english articles. https://www.ebsco.com/open-access/szczepanski-list
      Radical Open Access conference, June 2015, Coventry http://radicalopenaccess.disruptivemedia.org.uk/videos
      Walt Crawford writes more about OA publishing than anybody else- even book length manuscripts interrogating the DOAJ database. He shows reputable free OA journals are predominant – only a minority have high APCs.

      https://simonbatterbury.wordpress.com/2015/10/25/list-of-decent-open-access-journals

  • Recension : Patrick Radden Keefe, Frédéric Autran, Cécile Brajeul, Addiction sur ordonnance. La crise des antidouleurs
    https://journals.openedition.org/lectures/33475

    Ce livre interroge à la fois le fonctionnement des administrations de la santé publique et l’éthique médicale. Patrick Radden montre bien comment la cupidité et le profit permettent de corrompre des personnes haut placées qui vont ensuite travailler pour Purdue Pharma. Il dénonce également le fait que les institutions culturelles et universitaires qui reçoivent des dons de la part de l’entreprise pharmaceutique continuent à les accepter, sans remettre en question l’origine de ces financements.

    #C&F_éditions #Addiction_sur_ordonnance

  • Rébellions urbaines et déviances policières
    https://journals.openedition.org/conflits/18839

    Document 1 : La « doctrine officieuse de la bavure policière ».
    Discours du préfet Olivier Philip devant les policiers du commissariat de Vénissieux, 30 novembre 1983.
    « Excluant l’hypothèse de la grosse erreur (…), votre hiérarchie a toujours couvert publiquement ce qu’on l’on peut appeler la petite erreur. On peut commettre une petite erreur dans le feu de l’action. Vous devez être couvert, quitte à ce qu’une sanction interne à la “maison” intervienne après enquête et sans publicité excessive. L’incident de la semaine dernière est une “grosse erreur” sur deux points :
    a) erreur en elle-même. Vous savez ce qui s’est passé. Je n’insisterai pas, notamment sur l’attitude verbale adoptée, sur le fait que les locaux ont été saccagés et pas seulement semble-t-il par des clients, sur le fait que l’on a obligé les jeunes à se coucher par terre sous la menace. Une balle a été tirée à hauteur d’homme et la tragédie évitée de justesse. L’Inspection Générale vérifie les détails et en tirera les conclusions qu’elle jugera utile.
    b) erreur par la désobéissance aux ordres. C’est sans doute l’aspect le plus grave de cette affaire. La mission donnée aux CRS, consignée par écrit par le Commissaire responsable, l’a été dans le cadre d’un contexte qu’il connaissait. (…) [L]’ordre a été donné d’intervenir pour protéger la famille française de l’auteur de l’homicide (accidentel ou non), et dont deux voitures venaient d’être incendiées. Telle était la mission. (…) Or, 4 CRS sont allés effectuer un contrôle d’identité dans un café situé à 800 mètres du lieu d’intervention. Tout s’est passé à peu près normalement, mais ils y sont retournés peu après. Pour ce faire, ils ont abandonné leur mission. (…) Un Chef ne peut pas être désobéi. Le Chef doit supporter les conséquences des ordres qu’il donne et il doit les assumer. Mais vous devez comprendre qu’un responsable n’a pas à supporter, n’a pas à assumer les conséquences d’un acte lorsqu’on lui a désobéi.
    Les faits étaient évidents, immédiatement connus de la Presse, la désobéissance flagrante. La Télévision régionale étant saisie et plusieurs européens du quartier y intervenant pour relater les faits, il était indispensable pour le Préfet délégué pour la Police d’intervenir publiquement. C’est ce qu’il a fait à ma demande. Il n’était pas possible d’attendre car il faut réagir immédiatement à l’événement dans ce genre de situation. C’est l’intérêt de la Police. Celle-ci doit être crédible aux yeux de la population. Nous perdrons notre crédibilité si nous n’avons pas le courage de reconnaître les faits et les erreurs. Nous perdrons la confiance de la population si nous mentons. Vous savez bien que la vérité est vite connue dans le quartier. Vous êtes susceptibles d’intervenir à tout moment aux Minguettes pour assurer dans des conditions difficiles l’ordre public. La population doit avoir confiance en votre impartialité. Nous devons êtres crédibles, non seulement vis-à-vis de la population mais aussi vis-à-vis du Gouvernement. 74 »

  • Dominique Cardon, Culture numérique
    https://journals.openedition.org/lectures/32737

    Sont ainsi mobilisés de nombreux savoirs associés au numérique, à ses outils, et aux services informatiques. Autour d’un objet trop rarement saisi dans sa globalité, Cardon mûrit une analyse qui croise la sociologie, la science politique, l’économie, ou encore les sciences de l’information et de la communication. Les ruptures que l’informatique a pu induire en termes de pratiques de communication, de consommation et de production y sont décrites avec précision. Bien souvent, l’auteur prend appui sur les protagonistes de ces ruptures – ingénieurs, manageurs, scientifiques, politiques – pour dynamiser son propos et restituer les rôles de grandes figures souvent méconnues. In fine, Culture numérique aborde successivement : la généalogie d’internet ; le web comme bien commun ; la culture participative et les réseaux sociaux ; l’espace public numérique ; l’économie des plateformes ; le big data et les algorithmes.

    Les deux chapitres suivants traitent de la participation numérique aux débats publics et des nouveaux procédés de communication associés au numérique – ceci en prise avec les précédents travaux de l’auteur1. Notamment, il s’agit de décrire et classer les réseaux sociaux selon une typologie qui tient compte de la visibilité des acteurs et de leurs modalités de prise de parole : Cardon y distingue d’une part l’identité en ligne réelle de l’identité projetée, afin d’envisager sa fidélité à la réalité ; d’autre part, il s’agit de tenir compte, en termes d’identité acquise ou active, de la tendance des internautes à montrer qui ils sont ou ce qu’ils font. En découlent de nombreuses classifications – l’identité civile renvoyant par exemple à la subjectivation des individus qui publicisent leurs caractéristiques réelles sur des réseaux sociaux tandis que l’identité narrative résulterait d’un processus de théâtralisation des informations mises en ligne. Ainsi, ces types d’identité déterminent plusieurs formes de visibilité des acteurs sur les plateformes : montrer en étant caché, tout montrer et tout voir, etc. Les réseaux sociaux comportent en effet des systèmes relationnels spécifiques, solidaires du déploiement d’identités parfois exclusivement numériques. Ils permettent à chacun de choisir ce qu’il diffuse et démocratisent des pratiques créatives telles qu’entre autres la musique ou l’écriture – même s’ils consacrent en retour un certain conformisme2 et posent des enjeux de régulation très clairs3.

    #Culture_numérique #Dominique_Cardon

  • J’ai lu l’article de médiapart posté par @aude_v et je suis assez fatigué de toujours voir l’économie comme l’alpha et l’oméga de la montée des fascismes. Crise économique qui par extension ne parle que de la "réaction" de ceux qui sont les plus touchés par elle, les classes populaires et les pauvres.
    La Suède pays sous tension ne subit de crise économique.
    Je me pose la question du Brésil ,terre de colonisation et d’esclavage,et d’une tradition de la violence politique et raciale.
    La question aussi du poids américain sur les pressions exercées.
    Le PT peut représenter une avancée mais il reste un parti réformiste de pouvoir.

    La crise politique brésilienne : histoire et perspectives d’une ‘terre en transe’
    https://journals.openedition.org/bresils/2687

    Cet article cherche à interpréter la crise politique et sociale qui sévit au Brésil aujourd’hui à la lumière de son histoire, en essayant de dépasser les analyses conjoncturelles qui sont les plus fréquentes dans la presse d’opinion. Dans cette perspective, le texte examine l’impeachment de Dilma Rousseff et le conservatisme qui se fit jour durant ce processus comme produit des structures socio-politiques et des cultures politiques qui se rencontrèrent au moment de la formation de l’État national, du passé esclavagiste du Brésil et de la construction du régime républicain avec son projet de modernisation et d’exclusion. D’un manière synthétique, j’analyse le conflit entre le pouvoir législatif et l’exécutif comme étant l’une des caractéristiques du régime républicain brésilien, les interventions de type coups d’État dans les moments de crise politico-sociale et la présence de valeurs autoritaires qui s’inscrivent dans la longue durée de l’histoire brésilienne, en terminant par un examen rapide des impasses de la conjoncture présente.

    Racismes et antiracismes au Brésil-Démocratie raciale et blanchiment.
    https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1998_num_1213_1_3168

    Opinion Hitler in Brasilia : The U.S. Evangelicals and Nazi Political Theory Behind Brazil’s President-in-waiting

    Paywall-Mix up fascist geopolitics, Pat Robertson’s LGBT hate, Bannon’s nationalism and Putin’s shills and you get Jair Bolsonaro, who’s nostalgic for the U.S.-backed dictatorship that tortured and killed thousands of leftists - and he’s about to come to power
    https://www.haaretz.com/world-news/.premium-hitler-in-brasilia-the-u-s-evangelicals-and-nazi-political-theory-

    Les évangélistes en Amérique Latine : De l’expression religieuse à la mobilisation sociale et politique transnationale
    https://journals.openedition.org/conflits/201?lang=en

    Quelles transnationalités ? La transnationalité évangéliste est tributaire d’une dynamique de relations inter-individuelles et inter-organisationnelles structurée autour de multiples rencontres, de conférences et de colloques organisés à l’échelle régionale, nationale et mondiale. Comme nous l’avons souligné précédemment, les principaux acteurs de ces réunions sont des pasteurs dont l’importance est reconnue suivant l’appréciation de la taille de leur Eglise et de l’influence de celle-ci au sein de la société. La transnationalité, dans le cadre de la diffusion des évangélistes dans les sociétés latino-américaines, a pour fondement la reproduction d’un modèle que les groupes exportateurs ont pour vocation de proposer. Ainsi, se créent des espaces et des réseaux transnationaux construits autour d’un même modèle et d’une même dynamique. Les télé-évangélistes sont un exemple frappant de cette logique qui favorise une multiplication des acteurs à travers la transnationalité. Les télé-évangélistes, les pasteurs ayant accès aux médias et aux ressources économiques que ces médias permettent de collecter, étaient jusqu’à la fin des années 70 principalement nord-américains. Désormais, Billy Graham, Jimmy Swaggart ou Pat Robertson n’ont plus le monopole de la représentation religieuse évangéliste sur le sous-continent latino-américain. En l’espace de deux décennies, s’est créée une diplomatie religieuse autochtone, habituée aux rouages politiques et sociaux des bureaucraties locales. Cette diplomatie a été formée aux Etats-Unis et possède ses propres infrastructures dont le siège, bien souvent, se trouve dans ce pays du fait des conditions économiques et fiscales particulièrement favorable

    Le monopole étatique de la violence : le Brésil face à l´héritage occidental
    https://journals.openedition.org/conflits/1883

    Michel Wieviorka (2004) raises the hypothesis that Max Weber´s formulation of the legitimate monopoly of physical violence as the foundation of Modern State, in the western societies, is exhausted. Although one can agree with this proposition, we cannot accept it in absolute terms should we consider the societies of the Extreme Occident (Rouquié, 1986) as it is the case of Brazil. This paper explores the concept according to which, in contemporary Brazil, in spite of changes as result with globalization in its different aspects, the democratic control of violence and urban crime continues to challenge present double form: on the one hand, the social control of endemic violence within civil society; and on the other hand, the control both by civil and the government of the repressive forces of the State.

    Démocratie et Etat de non-droit au Brésil : analyse et témoignage
    https://journals.openedition.org/conflits/1887?lang=en

    Traces of autoritarism remain even in the founding moments – such as the two decades following 1985 – of the Brasilian democracy. I will discuss in this essay aspects related to the constitutional guarantees and in particular civil rights and the functionning of the judiciary power and the police. I will try to spot the light on the endemic violence and on systematical violations of human rights under the democratic constitutionnal governments, and in particular since the 1990s. I will also examine the efforts made by the Brasilian government and civil society aiming at enlarging the full enjoyment of individual rights to the whole population. Finally this essay also includes my personal account on my short stay at the Brasilian federal government.

    Le monopole étatique de la violence : le Brésil face à l´héritage ...
    PDF : https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=13&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjPgsHv6aH

    La récupération du « développement » par l’oligarchie dans le Nordeste brésilien ou la modernisation agraire détournée
    https://www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1991_num_32_126_4612

  • Thibault Le Texier, Histoire d’un mensonge. Enquête sur l’expérience de Stanford
    https://journals.openedition.org/lectures/25127

    L’expérience de Stanford visait à étudier le comportement de deux groupes de sujets volontaires, assignés à endosser le rôle de « gardien » ou celui de « prisonnier » dans un environnement carcéral simulé. Elle a été écourtée en raison des comportements agressifs et déshumanisants des gardiens envers les prisonniers. Ils se seraient complétement identifiés à leur rôle de gardien dans la prison, au point d’occulter leur identité personnelle. En fait tout n’était que mensonge...

  • Lacarrière J., 2018, Le #géographe_des_brindilles, Lachapelle-sous-Aubenas, Hozhoni, 281 p.
    http://journals.openedition.org/cybergeo/29123

    Après Ce bel et vivace aujourd’hui (Lacarrière, 2015), réédition du Bel et nouvel aujourd’hui augmentée de textes divers (interviews, articles...) portant, à l’instar de l’ouvrage d’origine, sur diverses manifestations de la poétique de la modernité contemporaine, Le géographe des brindilles permet aux amateurs des écrits de Jacques Lacarrière de découvrir de nouveaux textes, là encore de natures variées (courts articles, éditos, préfaces jamais publiées, courtes fictions, extraits de journal de voyage et d’entretien, traductions du grec ancien...), portant cette fois sur la nature, l’environnement, l’écologie et leurs déclinaisons dans les lettres.

  • Jacques Krynen, L’État de justice. France, XIIIe-XXe siècles. I. L’idéologie de la magistrature ancienne
    http://journals.openedition.org/chs/1583

    Mettant en évidence un permanent et croissant rejet de la justice dite retenue, car exercée par le roi ou ses proches agents, Jacques Krynen souligne d’abord l’ambition des magistrats parlementaires à juger souverainement, au nom d’une double prétention. Parce que le roi n’est pas juriste, qu’ils considèrent faire corps avec le monarque et rappellent la dimension sacrée de la fonction de juger, les magistrats ont d’abord développé l’idée qu’ils « représentent » le monarque ; un examen précis des textes et des références fait apparaître que la représentation évoquée n’a rien d’une délégation d’autorité, à laquelle pourrait laisser penser la notion de « justice déléguée », mais ressemble à une substitution, à un véritable « transfert de souveraineté » (p. 61), le parlement se considérant comme « l’image présente de la personne absente » (p. 70). Parallèlement, les magistrats se considèrent comme les « prêtres de la justice », rappelant ainsi non seulement l’origine divine de la puissance de juger mais aussi la nature sacrée de leur fonction. Dans les mots et les discours, des arguments temporels et spirituels conduisent ainsi à défendre l’idée d’une dépossession du roi de son droit de justice

  • La transmission du savoir théologique
    Le cas des femmes mystiques illettrées

    http://journals.openedition.org/crm/12835

    plan du texte :

    Le savoir monastique féminin
    L’accès au livre en dehors du cadre conventuel
    Les communautés de lecture
    Les vies de saints
    Complexité des relations au livre et à la lecture
    Les récits de vies et d’expériences mystiques de saintes femmes
    Le rôle de la prédication et des relations avec des conseillers spirituels
    Le rôle de l’image et de la liturgie
    Conclusion

    #féminisme #théologie