le maire censure une exposition sur l’immigration

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    • L’article étant bref et édifiant, je me permets de e citer intégralement, en graissant quelques passages :

      « Nous sommes choqués ». Mohamed Nemri, président de l’association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) d’Argenteuil, est en colère. L’exposition « Ceux qui marchent encore… », installée dans l’Agora de l’Hôtel de ville d’Argenteuil depuis lundi, devait être le grand final des 30 ans de l’association.

      Mais ce mardi soir, l’ATMF s’est résolue à la démonter, cinq jours avant la date prévue. En cause : la censure exercée par le maire (LR) Georges Mothron, qui a demandé le matin que 4 des 21 panneaux relatant trente ans de luttes sociales des quartiers et de l’immigration soient retirés. « Soit on peut tout laisser, soit on enlève tout, affirme Mohamed Nemri. Il est hors de question d’amputer l’exposition ». Créée par « Écho des cités » pour les trente ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 , elle comprend des documents qui évoquent chronologiquement et de façon frontale les luttes des travailleurs immigrés dans les années 1970, les combats contre la double peine ou encore les mobilisations contre les lois Pasqua dans les années 1990. « Cette histoire, l’histoire de la marche, c’est aussi l’histoire de la France, regrette l’association. On n’en occulte pas une partie ». Les quatre panneaux incriminés, aux titres quelque peu provocateurs, correspondent à quatre périodes précises. Celui intitulé « Les ratonnades de bienvenue (1971-1973) » évoque ainsi les violences contre les immigrés, notamment à Marseille en 1973. « Les noirs au four, les Arabes à la Seine » parle des affrontements à l’usine Talbot de Poissy en 1984, « Pasqua dégaine, Tonton ramasse la mise » revient sur les lois sur l’immigration de 1986 et « Racket d’un quartier en toute impunité » raconte l’épopée de la copropriété du Petit Bard à Montpellier. Pour l’ATMF, la décision de la mairie est incompréhensible : « la semaine dernière, l’exposition était à la médiathèque de la ville, ça s’est très bien passé. Nous avons travaillé en amont avec la ville sur le programme, c’est même elle qui a imprimé les livrets de nos 30 ansdans lesquels cet accrochage est annoncé ». Chez les quelques visiteurs croisés mardi entre les panneaux, l’étonnement est également palpable. « Mon père a été témoins de certains de ces événements, se rappelle une quadragénaire. C’est important de faire œuvre de mémoire ». « C’est la diversité de la France qui fait sa richesse aujourd’hui », ajoute une autre. Côté ville, on assume la décision car on assure n’avoir jamais pris connaissance de ces affiches, et donc ne pas les avoir approuvées. « Elles ne nous ont jamais été présentées, explique-t-on au cabinet du maire. Le maire a découvert ces quatre panneaux surprenants en passant voir l’exposition mardi matin. Dans le climat actuel, c’est quelque chose que l’on ne veut pas voir dans un lieu public ». Pour la ville, ces panneaux sont « stigmatisants » et n’ont rien à voir avec les 30 ans de l’ATMF, seul événement dont la commune est partenaire. « Ce sont des causes qui nous tiennent à cœur depuis 30 ans, souligne Mohamed Nemri. Notre association est même citée dans les documents ».

      A comparer avec le foin quasi permanent sur la censure et la liberté d’expression lorsque ce sont des blancs qui s’expriment ou lorsque le point de vue exprimé est celui des blancs ... et par exemple, il y a un an, quand l’antiraciste Brett Bayley déclenchait la colère des afro-descendants en exposant, avec le soutien et la caution du MRAP, de la LDH, de la LICRA, des CRS et de tant d’intellectuels et de militants de gauche et d’extrême gauche,
      des noirs victimisés tout en invisibilisant les esclavagistes blancs comme les luttes de résistance noires...

      Comme l’écrivait #Colette_Guillaumin il y a vingt cinq ans,

      " [les] théories de la société [...] sont la forme intellectuelle de rapports sociaux déterminés. [...] les appréhensions conceptuelles ne sont pas distinguables des relations sociales : elles sont elles-mêmes une relation sociale. [elles sont] la face mentale des rapports concrets. [...] L’entrée des minotiraires dans le domaine théorique conduit [au] bouleversement des perspectives. "

      (#Femmes_et_théories_de_la_société : remarques sur les effets théoriques de la #colère_des_opprimés, 1981)

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      #ATMF