« Permis de tuer au Sahel »
▻http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/02/permis-de-tuer-au-sahel_4801279_3212.html
Depuis l’intervention française au Mali, le ministère de la défense se félicite régulièrement de la « mise hors de combat » de présumés terroristes. L’armée française administre la peine de mort alors que la France l’a abolie en 1981 et que sa diplomatie promeut l’abolition partout à travers le monde. Ce curieux paradoxe vient de l’absence de réflexion sur la manière de lutter contre le terrorisme.
La France a épousé la conception américaine de lutte contre le terrorisme, la fameuse war on terror, sans en mesurer les conséquences et surtout en constater la tragique inefficacité. Il suffit pour s’en convaincre de regarder dans quel état se trouvent l’Afghanistan et l’Irak pour comprendre combien cette stratégie est un échec. Un échec total. Le Mali ne fait pas exception à la règle.
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La lutte contre le terrorisme ne peut se limiter à l’élimination de chefs présumés. Exécuter sans aucune forme de procès des présumés terroristes, c’est tuer au nom de nos valeurs, ce que, justement, nous reprochons à nos adversaires. Certains avancent la légitime défense. C’est oublier qu’elle est définie en droit français : la riposte doit intervenir au moment de l’agression, sinon c’est une vengeance. Et c’est ainsi qu’elle est perçue par les populations locales car exécuter un présumé chef terroriste, c’est avant tout tuer un père, un mari, un fils ou un frère.
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La démocratie est perçue comme permettant à une minorité de s’enrichir en toute impunité avec la bénédiction de la communauté internationale dont l’hypocrisie confine à la complicité.
▻http://rue89.nouvelobs.com/blog/rues-dafriques/2015/07/03/laurent-bigot-la-france-se-moque-de-lafrique-234757
Laurent Bigot
Ancien sous-directeur chargé de l’Afrique de l’Ouest au Quai d’Orsay (juillet 2008-mars 2013), ce diplomate de carrière a été remercié, dit-on, en raison de son franc-parler.