Quelle morale, et pour qui ?

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  • Quelle morale, et pour qui ? - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/Quelle-morale-et-pour-qui.html

    (Article du 6 décembre 2011)

    Que vise le retour de la morale à l’école, prôné par le gouvernement ? Selon Ruwen Ogien, ce n’est qu’un nouvel épisode de la guerre intellectuelle menée contre les pauvres, qui vise à les faire passer pour responsables de leur situation de plus en plus précaire.

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    #pauvreté #école #morale

    • http://fr.wikipedia.org/wiki/Ruwen_Ogien
      et
      http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89thique_minimale

      il soutient qu’il n’y a pas de problème moral dans la pornographie, et plus largement dans la prostitution ou le sado-masochisme. Délaissant une part des opposants à la pornographie, Ruwen Ogien s’intéresse uniquement aux détracteurs libéraux de cette dernière. Ce n’est pas les accusations d’« obscénité » qui sont l’objet de ses analyses, mais celles qui font de la pornographie une atteinte aux femmes, à la dignité humaine, ou un danger pour les mineurs. Selon lui, ces positions témoignent d’une incapacité à assumer les conséquences du libéralisme politique. Si de nombreux libéraux professent une opposition à la pornographie en tant que telle, c’est parce qu’ils n’assument pas l’« éthique minimale » que devrait admettre tout libéral conséquent.

      (aucun rapport avec la morale à l’école, mais en rapport avec d’autres sujets du moment sur seenthis)

    • @Rastapopoulos
      Damned, je dois être minimaliste, je l’ignorais..

      Je suis d’accord avec toi pour dire que l’absence de morale est une morale puissante qui débouche sur l’acceptation de la loi du plus fort. Le capitalisme l’a bien compris en se reliftant sous les traits du néolibéralisme, pour trouver le second souffle qui lui a permis de sortir vainqueur de la guerre froide...

      J’avoue que je n’ai pas encore pris le temps de lire le propos d’Ogien sur la morale, mais je me reconnais dans l’extrait que tu donnes, au sens ou moi aussi j’essaie d’éviter de penser à la place des autres pour définir ce qui est bien ou mal pour eux, mais j’essaie de penser pour partager avec les autres ce qui nous ferait le moins mal, notamment sur les sujets dont on débat beaucoup sur seenthis :

      Le principe de neutralité demande de rester neutre à l’égard des conceptions personnelles de la vie bonne. Dans Penser la pornographie il est utilisé relativement aux conceptions du bien sexuel. Il s’agit de rester neutre envers les orientations sexuelles des individus (le sado-masochisme, l’homosexualité) et envers la façon dont ils conçoivent une sexualité réussie. L’adoption d’une telle attitude neutre est justifiée par l’impossibilité de s’accorder raisonnablement sur ce qu’est une vie « bonne ». La neutralité prônée par Ogien s’explique donc de façon très classique, par le constat de désaccords irréductibles sur les conceptions du bien.

      A noter cette phrase très trompeuse :

      il soutient qu’il n’y a pas de problème moral dans la pornographie, et plus largement dans la prostitution ou le sado-masochisme

      On a tendance à lire dans ses propos qu’il considère que la prostitution ce n’est pas « mal ». Ce n’est pas ce qu’il dit. Il dit que ce n’est ni bien, ni mal, chacun le vit comme il veut. Le vrai enjeu est de savoir si chacun PEUT vivre comme il veut. Dans le cas de la prostitution, il est clair que ce qui fait débat, c’est la question de la liberté réelle ou illusoire des prostituées à vivre leur vie et leur sexualité comme elles l’entendent...

    • Il existe déjà un essai qui s’appelle la morale anarchiste et qui tient une position non maximaliste, qui par ailleurs précise bien qu’il s’agit de conseils, et qui soutient qu’il faut se défendre des oppresseurs. Mettre au même niveau le sado-masochisme, et la prostitution c’est une erreur. Le sado-masochisme c’est un accord clair entre les contractants, elle n’implique pas de rapport d’argent. La prostitution c’est différent, et dans le cadre du capitalisme on ne peux pas exclure des rapports de soumissions non contractualisé, qui actualise toujours la question philosophique sur le consentement et la soumission.

  • Quelle morale, et pour qui ? - La Vie des idées
    Ruwen Ogien, 2011
    #Morale à l’école et guerre aux pauvres
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    L’idée que les pauvres sont responsables de ce qui leur arrive à cause de leur culture se porte mieux qu’on aurait pu le prédire après la querelle des années 1960 aux États-Unis, qui l’avait vue péricliter. [32] Il semble bien que la diffusion assez massive d’un discours quasi raciste ou, en tout cas peu fondé scientifiquement, sur l’incompatibilité présumée entre le « mode de vie africain » ou la « religion musulmane » et la réussite économique et sociale dans les sociétés « modernes », démocratiques et laïques lui ait redonné une certaine vitalité en France. [33] Il y a, bien sûr, un aspect démagogique dans la diffusion de l’idée que le problème de l’école est culturel et non économique, et dans le projet, associé, de faire revenir à l’école la morale plutôt que des enseignants et de l’argent public. « Dépenser plus ne sert à rien, car ce qui manque à l’école, ce n’est pas l’argent mais la morale » est un slogan qui passe probablement mieux que « L’éducation n’est plus une priorité de l’État ».

    Mais le retour de la morale à l’école exprime aussi une certaine philosophie, qu’on comprend mieux si on prend à la lettre les propos des penseurs conservateurs qui le défendent. Ils disent très crûment que mettre l’accent sur la nécessité de la morale à l’école permet de « diminuer l’importance du facteur social » dans l’explication de la délinquance ou de l’échec scolaire. [34] C’est en ce sens qu’on peut dire du retour de la morale à l’école qu’il est un nouvel épisode dans la guerre intellectuelle contre les pauvres, visant, comme les précédents, à les rendre responsables des injustices qu’ils subissent.

  • Quelle morale, et pour qui ? (La Vie des idées)
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    Par conséquent, dans l’#école démocratique, il est légitime d’instaurer une instruction civique, dont l’objectif est de nous apprendre le fonctionnement des institutions politiques et les règles du vivre ensemble. Mais il n’est pas légitime d’imposer une instruction morale, dont l’ambition serait de nous engager dans l’une ou l’autre de ces façons de vivre. […]
    D’un côté, [la circulaire du 17 novembre 1883] mettait « en dehors du programme obligatoire l’enseignement de tout dogme particulier ». D’un autre côté, elle plaçait au premier rang un enseignement moral et civique qui pouvait apparaître comme un dogme, puisqu’il affirmait un certain nombre de vérités morales premières « que nul ne peut ignorer ».
    […] En fait, la suppression de la #morale à l’école dans les années 1970, ou, plus exactement, son remplacement par un apprentissage citoyen, n’était pas un effet de la « corruption des esprits par la pensée 68 », comme l’affirment aujourd’hui les plus réactionnaires, mais une tentative un peu plus élaborée de surmonter une difficulté contenue dans la circulaire de Jules Ferry. Séparer ce qui relève des règles de coexistence dans une société démocratique et les conceptions morales particulières, se contenter d’enseigner les premières à l’école publique, et renvoyer les secondes à la sphère privée, permettait de résoudre un conflit latent depuis la loi de 1883.
    […] Pour le comprendre, il faut commencer par lire de plus près la circulaire [du 25 août 2011] du ministère. Ce qui frappe, dans les thèmes d’étude proposés, c’est leur caractère hétéroclite et, finalement, orienté par une certaine conception de la morale qu’on n’est pas obligé de partager. D’autre part, les recommandations pédagogiques sont tellement rétrogrades qu’on pourrait presque croire à un canular. […]
    Cet ensemble est un bric-à-brac conceptuel. […] En réalité, la circulaire range dans la classe des « notions morales » des valeurs qu’il serait plus juste d’appeler « prudentielles » (hygiène et maîtrise de soi), et d’autres qui relèvent plus de l’instruction civique que de l’éducation morale (respect du bien public, égalité des sexes, politesse, justice
 et tolérance).
    […] Comme l’ont fait observer plusieurs spécialistes, l’#éducation morale et civique, si elle doit se faire, donnera de meilleurs résultats en étant une préoccupation constante, et en étant pratiquée tout au long de la journée « dans la cour d’école, en classes, en prenant des exemples du quotidien » plutôt qu’en « mémorisant des maximes d’une autre époque ».
    […] Philosophiquement, cette guerre aux pauvres s’exprime aussi dans les tentatives d’expliquer la situation des plus défavorisés par des déficits culturels ou moraux, plutôt que par les effets d’un système social injuste à la base, et d’une redistribution des bénéfices de la coopération sociale et économique qui ne permet pas de compenser les handicaps initiaux.
    […] Si les pauvres veulent que leur destin individuel et collectif change, ils devront, disaient les interprètes de Lewis, commencer par « changer de culture », et inculquer à leurs enfants, dès le plus jeune âge, les notions de travail, d’épargne, de discipline, de contrôle de soi, de capacité à reporter au futur la satisfaction de certains désirs.
    […] Il y a, bien sûr, un aspect démagogique dans la diffusion de l’idée que le problème de l’école est culturel et non économique, et dans le projet, associé, de faire revenir à l’école la morale plutôt que des enseignants et de l’argent public.
    […] Mais le retour de la morale à l’école exprime aussi une certaine philosophie, qu’on comprend mieux si on prend à la lettre les propos des penseurs conservateurs qui le défendent. Ils disent très crûment que mettre l’accent sur la nécessité de la morale à l’école permet de « diminuer l’importance du facteur social » dans l’explication de la délinquance ou de l’échec scolaire. C’est en ce sens qu’on peut dire du retour de la morale à l’école qu’il est un nouvel épisode dans la guerre intellectuelle contre les pauvres, visant, comme les précédents, à les rendre responsables des injustices qu’ils subissent.

    #culture_de_la_pauvreté

  • L’étaernel retour de la morale à l’école (La Vie des idées)
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    Que vise le retour de la morale à l’école, prôné par le gouvernement ? Selon Ruwen Ogien, ce n’est qu’un nouvel épisode de la guerre intellectuelle menée contre les pauvres, qui vise à les faire passer pour responsables de leur situation de plus en plus précaire. (...) Source : La Vie des idées