Comment le Radio France américain invente l’écoute de demain, High-Tech & Médias

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  • Comment NPR invente l’écoute de demain
    http://www.lesechos.fr/journal20151023/lec2_high_tech_et_medias/021424190914-comment-le-radio-france-americain-invente-lecoute-de-demain-11

    « Si on devait inventer la #radio de demain, qu’est-ce que ce serait ? » C’est ce qu’ont un jour décidé de se demander Joel Sucherman, un dirigeant de #NPR responsable des produits numériques, et ses confrères de cette radio publique américaine, dont l’équivalent en France serait un mélange de France Culture et d’une radio généraliste sans publicités. Au cours de cette réflexion, ils sont rapidement tombés sur le modèle Spotify. « On y passe à la chanson suivante lorsqu’on n’est pas satisfait et on est aidé pour trouver de morceaux qu’on aime, au moyen d’algorithmes et d’éditorialisation faite par des humains, c’est-à-dire de la "smart curation", » explique aux « Echos » Joel Sucherman.

    Financée par des dons, la National Public Radio a fini par lancer en juillet 2014 NPR One, une application (gratuite) pour smartphones et tablettes qui suscite une énorme curiosité dans le milieu de la radio.
    Il serait un peu court de la résumer à un « Spotify de la radio ». Mais ce qui est certain, c’est que NPR vise un objectif intéressant : réussir à personnaliser ce média tout en conservant sa simplicité.
    La disponibilité de tous les #podcasts de la terre gratuitement a en effet fini par décourager les auditeurs. Sous l’avalanche des choix, il est devenu trop compliqué de se faire sa radio sur mesure.

    Ce que résume - sans doute trop - brutalement un expert des nouveaux médias : « Le podcast, c’est fini. » Autre avantage du modèle NPR One, ce que Sara Sarasohn, sa rédactrice en chef, appelle la « sérendipité », c’est-à-dire la coïncidence heureuse : on a le plaisir de tomber sur un programme intéressant par hasard.

    Concrètement, NPR étant une banque de contenus dans laquelle viennent se servir des radios publiques locales (WNYC à New York, par exemple), l’utilisateur de NPR One est d’abord invité à choisir son NPR local. Le fil de sa radio peut ensuite démarrer. A chaque fois qu’il aime une chronique, une fiction ou un documentaire, il signale son intérêt. L’#algorithme va en tenir compte. Il intégrera aussi les podcasts que télécharge l’auditeur, ou ses recherches par mots clefs. Sara Sarasohn fait aussi remarquer que l’algorithme sait quand les auditeurs ont décroché au milieu d’une émission. Et il en tient compte. Cela gêne-t-il les journalistes qu’on traque ainsi le succès de leurs créations minute par minute ? « Pas du tout, ils sont fascinés, je ne peux pas leur donner du feed-back assez vite », s’amuse-t-elle. Encore un avantage de NPR One, assure Joel Sucherman : « Ce retour de renseignements nous permet d’améliorer nos programmes et d’en créer de nouveaux. »

    Cela dit, les journalistes de NPR gardent la main. « Je peux décider d’envoyer à un certain type d’auditeurs un programme parce que je sens qu’il va apprécier ou, s’il se passe quelque chose d’important en Syrie, je peux décider d’envoyer ce reportage à tout le monde », explique Sara Sarasohn.

    NPR ne communique pas de chiffres, ni sur le montant investi ni sur le nombre d’utilisateurs. Elle assure que le temps d’écoute moyen sur NPR One est « très élevé, de plus d’une demi-heure ». La radio précise que le projet comporte quatre équipes de développement logiciel de cinq personnes et qu’il a été financé sur deux ans par deux fondations dont celle de Bill Gates.