George Orwell, Le socialisme et l’industrialisation, 1937
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On voit ici où le bât blesse. Ayant décelé la cause économique cachée du fascisme, l’auteur pose comme allant de soi que l’aspect spirituel de la question est dénué d’importance. Le fascisme est dépeint comme une manœuvre de la « classe dirigeante », ce qu’il est effectivement en substance. Mais ceci explique uniquement l’attirance que le fascisme peut exercer sur les capitalistes. Que dire des millions de gens qui ne sont pas des capitalistes, qui, sur le plan matériel, n’ont rien à attendre du fascisme, qui bien souvent s’en rendent parfaitement compte, et qui pourtant sont fascistes ? De toute évidence, leur choix est purement idéologique. S’ils se sont jetés dans les bras du fascisme, c’est uniquement parce que le communisme s’est attaqué, ou a paru s’attaquer, à des valeurs (patriotisme, religion) qui ont des racines plus profondes que la raison économique. Et en ce sens, il est parfaitement exact que le communisme fait le lit du fascisme. Il est navrant que les communistes s’obstinent à sortir des lapins économiques de chapeaux idéologiques. En un sens, cela a bien pour effet de révéler la vérité, mais avec cette conséquence annexe que la propagande communiste manque pour l’essentiel son but. C’est cette réaction de rejet intellectuel à l’égard du socialisme, telle qu’elle se manifeste surtout chez les esprits réceptifs, que je veux étudier dans ce chapitre. Cette analyse sera assez longue dans la mesure où la réaction en question est très largement répandue, très puissante, et presque totalement négligée par les penseurs socialistes.
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