Scenes de guerre en zone de paix

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  • Scenes de guerre en zone de paix - Making-of
    http://blogs.afp.com/makingof/?post/scenes-de-guerre-en-zone-de-paix

    Lesbos, Grèce, 10 novembre 2015 - Ce qui me choque le plus dans cette couverture, c’est de me dire qu’on n’est pas en zone de guerre. Qu’on travaille en zone de paix. Mais les émotions qui passent par mon objectif sont dignes d’une scène de guerre.

    J’ai travaillé en Syrie et en Libye. Photographier la guerre, je connais. Quand on va là-bas, on s’attend à ce genre de scènes. Mais pas à Lesbos.

    A Lesbos, la souffrance humaine ne diffère pas de celle qu’on croise dans une guerre. De savoir que ce n’est pas le cas rend les choses encore plus émotionnelles. Et beaucoup plus douloureuses.

  • Scenes de guerre en zone de paix - Making-of
    http://blogs.afp.com/makingof/?post/scenes-de-guerre-en-zone-de-paix
    Ce matin, au bled, un Camerounais qui vit dans le bled d’à côté et qui donne des conférences un peu partout dans le monde pour raconter la vie des migrants, ce qu’il a été, est intervenu au cinéma pour expliquer son parcours aux jeunes du lycée. Il a raconté sa tentative par Melilla et le fait que les Marocains les ont rabattus par milliers contre la clôture où les attendaient les Espagnols qui leur ont tiré dessus… délibérément… 5 ou 6000 personnes.
    Ils ont été une poignée à survivre. les Marocains les ont embarqué, leur ont pris leurs pompes et les ont largué dans le désert, histoire qu’il finisse le job.

    La politique migratoire européenne est un putain de #génocide, il n’y a pas un seul autre mot pour désigner ça. C’est aujourd’hui et une majorité écrasante de nos concitoyens approuvent ça.
    Hier soir, j’ai fini de visionner Le Chagrin et la pitié.
    Pas pris une ride…

    Il y a quelques jours, j’ai transporté le corps d’un bébé pendant des heures. On avait crapahuté avec des collègues jusqu’à une plage assez éloignée et rocheuse. C’était impossible à atteindre, il fallait escalader des tas de rochers et de falaises pour arriver là. Et quand nous y avons été, nous avons vu ce bébé, couché dans les rochers. Il était là depuis quelques jours, il commençait à y avoir une odeur. Tout seul dans les rochers.

    On a décidé de le ramener. Alors on l’a mis dans un sac et on a remonté la falaise avec, pour qu’il puisse au moins être enterré.

    #migrants #photo

    • Aris Messinis parlant de ses filles :

      Je crois que je serai plus strict avec elles, après ce que j’ai vu ici.
      Parce que quand elles se mettront à pleurnicher pour une bêtise, par exemple pour un jouet, je penserai à leur chance de ne pas connaître ça. Je vais essayer de le leur faire comprendre. Bien sûr que je ferais tout pour elles, mais en essayant maintenant de leur apprendre davantage de choses, des choses que je ne leur aurais pas apprises si je n’avais pas couvert cette histoire.
      Elles doivent comprendre que le bonheur c’est de respirer, de voir le soleil, d’avoir quelque part où dormir.