bricolage et impasse », par Denis Godard

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  • « Evacuation des migrants de République : bricolage et impasse », par Denis Godard
    http://blogs.mediapart.fr/blog/la-chapelle-en-lutte/131115/evacuation-des-migrants-de-republique-bricolage-et-impasse-par-denis

    Ce vendredi 13 novembre, 250 #migrants ont été évacués de la place de la République dans des cars vers des centres d’hébergement. Nième #évacuation depuis début juin, 2ème évacuation depuis 3 semaines sur la place.

    Ahamad ne s’appelle pas Ahmad mais on ne donnera pas son nom parce qu’en Afghanistan il est censé être mort. Pour que sa famille ne soit pas en danger. Il était une des figures de ce campement et de la solidarité parmi les migrants. La veille il avait passé sa soirée à emmener des familles vers des lieux pour la nuit. Epuisé et ayant raté le dernier métro il n’avait pas dormi là. Ce matin, voulant revenir il s’est fait contrôler par des flics, suffisamment longtemps pour ne pas être accepté dans les cars qui vidaient le campement. Malgré la pression des quelques soutiens il n’a pu partir comme quelques autres des ses camarades.

    Après avoir tenté l’intimidation et l’humiliation policière pendant des jours, espérant que les migrants lâcheraient l’affaire la préfecture et la mairie avaient laissé le campement se construire depuis une semaine. Depuis le rassemblement de vendredi dernier.

    Nous savions donc qu’après la répression, le pouvoir allait utiliser son autre carte pour vider la place avant la COP21 : organiser une évacuation pour justifier la destruction du campement. Le souci des migrants était d’avoir une stratégie pour éviter la répétition des scénarios précédents et de laisser des camarades sur le carreau. Cela a presque fonctionné. Aussi parce que c’était la volonté des autorités : s’assurer que, juste avant la COP21, ne s’installe un autre campement, ici ou ailleurs. Aux yeux du monde entier. Eviter aussi de risquer, au même moment que les révoltes de Calais, des affrontements avec les migrants en plein Paris. Alors cette fois on a obtenu que de nombreux migrants arrivés après la constitution de la nasse policière puissent monter dans les cars. (...)

    Depuis juin - où la mairie et la préfecture disaient déjà qu’il n’y avait plus de places - ce sont des milliers de places qui ont été trouvées sur Paris et la banlieue. Depuis l’évacuation du lycée Jean Quarré où là, juré craché, tout ce qui était possible avait été fait, ce sont 80, il y a presqu’un mois, puis 88 il y a 15 jours et aujourd’hui 250 nouvelles places qui ont été ouvertes. A chaque fois il a fallu que les migrants luttent et que le soutien s’exprime. Depuis le lycée, sytématiquement le pouvoir a d’abord utilisé le bâton avant de céder.

    Mais, même quand, pour leurs propres raisons, les autorités essaient d’évacuer tous les migrants, elles échouent. Les raisons sont simples : elles ne le font pas dans l’intérêt des migrants.

    #centre_d'hébergment_d'urgence