L’intégration, cet effort réciproque qui reste à accomplir

/lintegration-cet-effort-reciproque-qui.

  • Cours d’arabe au CP : « Dans le supérieur, l’enseignement de l’arabe n’est pas du tout stigmatisé » (20minutes.fr)
    http://www.20minutes.fr/societe/1858487-20160603-cours-arabe-cp-superieur-enseignement-arabe-tout-stigmati

    Dès la rentrée 2016, la première langue vivante sera étudiée à partir du CP. Si dans l’immense majorité des cas, le choix se portera sur l’anglais, quelques écoles proposeront l’apprentissage de l’espagnol, de l’allemand, de l’italien ou encore de l’arabe. Depuis son annonce, l’introduction de cette dernière ne cesse de susciter la polémique : la député Les Républicains Annie Genevard a dénoncé une « langue communautaire ». Des propos repris par Bruno Lemaire. « L’apprentissage de l’arabe au CP mènera droit au communautarisme », a déclaré lundi le candidat à la primaire de droite. Comment expliquer une telle stigmatisation de l’arabe ?

    Pourquoi l’enseignement de l’arabe est-il mal perçu en France ?

    C’est un peu le même débat que pour l’enseignement de l’allemand : lorsque des parents inscrivent leurs enfants dans des classes germaniques, c’est avant tout pour l’environnement. Ils ne choisissent pas la langue la plus utile mais les élèves qui l’apprennent sont traditionnellement les meilleurs. On a d’ailleurs vu l’enseignement de cette langue s’effondrer lorsque les élèves ont été dispatchés dans différentes classes. C’est exactement le même mécanisme pour l’arabe : les parents rechignent à choisir ce cours parce qu’ils ne veulent pas que leurs enfants soient dans des classes avec en majorité des enfants d’immigrés.

    C’est donc le signe d’un racisme latent ?

    Oui, mais pas uniquement. Les études ont montré que les enfants d’origine étrangères ont un niveau scolaire plus bas que les autres. Ce n’est pas lié à l’origine des familles mais à la pauvreté. A niveau socioprofessionnel égal, les enfants d’immigrés réussissent aussi bien que les autres, voire parfois mieux.

    #éducation #apprentissage_des_langues #Arabe #mixité #stigmatisation

  • Hello amis de seenthis, je sollicite votre bienveillance pour un éclaircissement

    J’ai écrit dernièrement un billet qui me tenait à coeur, issue d’une soudaine prise de conscience à la veille des attentats, amplifiée par la réalité atroce du lendemain.
    En gros la question de l’intégration des populations d’origine maghrébines, qui ont un « capital culturel » que la France snobe délibérément, par exemple par le fait que la langue arabe n’est quasiment pas enseignée dans les écoles de France, alors qu’elle est bcp plus parlée que l’Allemand par exemple (et je ne parle pas du latin..), et que la France a des relations historiques avec les pays du Maghreb.

    Ce billet n’ayant reçu absolument aucun feedback, cela me perturbe car je doute de la pertinence de mon raisonnement.
    Aussi si des âmes charitables veulent bien me consacrer un peu de temps pour m’éclairer, je vous en serais reconnaissant.
    Je souhaite récupérer des éléments de réponses pour comprendre en quoi ce texte ne suscite que de l’indifférence, en quoi il n’est pas digne d’intérêt. Cela me permettra de progresser en n’apportant aux discussions publiques que des apports plus pertinents.
    Est-ce un problème de forme, de manque de clarté dans l’expression, de propos illisibles ?
    Ou bien sur le fond, est-ce que j’enfonce des portes ouvertes ? Suis-je confondant de naïveté ? Est-ce une réflexion inutile ?
    Ai-je une posture agaçante qui me rend antipathique ?
    Je manque de légitimité, de notoriété, cela décrédibilise mon raisonnement ?

    Je suis incapable de privilégier la moindre hypothèse.
    Je suis donc preneur de tout éclairage franc et sincère.
    Voilà voilà, je surmonte mon orgueil en venant mendier votre sollicitude, et comme un mendiant honteux, j’espère ne pas vous déranger :-)
    J’ai ce besoin de partager le fruit de mes réflexions pour progresser dans ma compréhension du monde par échanges mutuels. Si je fais des monologues dans le vide, la logique voudrait que j’en tire des conclusions implicites et m’arrête d’écrire, ce dont je ne parviens pas à me résigner.

    • Je fus enseignant d’arabe, et je répondrai juste sur ce point même si le terme « intégration » mériterait plein d’autres commentaires.
      Je reprends quelques uns de tes mots :
      « La question se pose, alors que près de 3 millions de français sont arabophones, » : non, ils sont d’origine arabophone pour la plupart, sachant qu’une bonne partie des populations concernées sont berbérophones aussi. En plus, au regard des origines sociales, rarement éduqués, par rapport à une langue dont la maîtrise du code écrit est un terrible marqueur social. Intégrés justement, ces populations le sont jusqu’à un certain point puisque la/les langue(s) d’origine ont été perdues en grande partie (certes, pour un français mal maîtrisé dans le cadre d’une institution scoalire clivante).

      « Pourquoi l’arabe arrive si loin dans le classement des langues vivantes du baccalauréat ? Pourquoi un tel tabou, pour ne pas parler d’indifférence ou de mépris ? »
      Question complexe là encore. Prof d’arabe en banlieue, il m’arrivait de me tirer une balle dansle pied en suggérant aux familles de mettre leurs enfants brillant scoalirement an allemand plutôt qu’en arabe où ils allaient couler scolairement avec le reste du bateau ! Les familles d’origine arabophone ne font pas forcément (loin de là) le choix de l’arabe à l’école (classes ghetto, choix de l’enseignement religieux de l’arabe, choix de l’intégration comme les auters, etc.) mais surtout les « Gaulois » ne vont, sauf à être suicidaires scolairement, sauf dans de rares lycée d’élite en fin de parcours, jamais choisir l’arabe (alors que le chinois, hein !)
      « Comment les français d’origine arabe peuvent-ils ressentir cela ? »
      Autant de réponses que d’individus...
      « Et pourquoi ces jeunes bilingues ne peuvent pas ou si peu faire valoir cette compétence dans le système scolaire français ? » parce qu’ils ne les ont pas, précisément, ces compétences... N’oublie pas que l’arabe « littéral » n’est la langue naturelle de personne (sauf Allah et encore ;-)) et que les éventuelles "avantages"qu’ils possèderaient par rapport à d’autres candidats scolarisés (vocabulaire, investissement personnel, maîtrise des phonèmes...) sont réduits à néant au regard du statut social de cette langue.

      Parmi les multiples trahisons de la gauche socialiste, celle de Miterrand en l’occurrence, qui a enterré, en 1983 je crois, une réforme préconisée par l’arabisant (génial) jacques Berque préconisant, pour TOUS les élèves de la République, des cours obligatoires de sensibilisation à TOUTES les cultures immigrées... Son rapport s’appelait « Les enfants de l’immigration à l’école de la République » (mais il consistait à mettre la République à l’école de l’immigration aussi).

      Voilà, on est 35 ans plus tard...

    • Depuis ton appel à contribution je réfléchis à une réponse. Ce qui a laissé le temps à @gonzo d’en proposer une à laquelle, bien que n’ayant pas autant d’expérience, je ne peux que souscrire vivement.

      J’ajouterai quelques remarques. D’abord, me semble-t-il une dimension que l’on retrouve pour les langues régionales françaises et, en l’espèce, le breton. Où les stratégies d’intégration aboutissent à ne pas valoriser, voire à rejeter complètement, la langue d’origine. Et pour lisser tout ça, le rouleau compresseur linguistique de la télévision.

      Pour l’arabe, on peut rajouter le racisme effréné qui régnait dans l’enseignement universitaire et tout particulièrement à l’égard des « arabophones cultivés », dénigrant absolument tout validité à une connaissance de l’arabe littéral acquise en dehors de l’établissement universitaire occidental. En gros, heureusement que les européens se sont penchés sur cette langue merveilleuse qu’est l’arabe, parce que les bougnoules sont bien trop bornés pour en comprendre l’esprit. Je caricature à peine…

      Ajoutez à ces considérations « scientifiques » une pratique discriminatoire avérée. Aux Langues O, il y a plus de trente ans, les étudiants au patronyme arabe disparaissaient extrêmement rapidement. À l’époque (je ne sais pas si c’est toujours le cas) le premier cycle (DULCO) se faisait en 3 ans avec la possibilité de suivre la première et la deuxième année simultanément conditionnée à un examen en fin de premier trimestre universitaire dit autorisation de cumul. J’ai passé cet examen à côté d’un bon copain algérois, j’ai fait la version, il a fait le thème. Je l’ai eu, pas lui… Idem, pour mon autre copain syrien d’origine tcherkesse…

      Du coup par la suite, le public étudiant était composé majoritairement (de l’ordre de 60%) de jeunes filles de bonne famille dont c’était la seule formation universitaire, quelques militaires, en général à 3 galons, venant acquérir un bagage permettant d’accompagner l’exportation des belles productions françaises dans les pays concernés et des atypiques qui réalisaient là un deuxième voire un troisième cursus, en complément à d’autres formations supérieures.

    • Apres lecture de ton texte @petit_ecran_de_fumee, que j’ai trouvé plein de questionnement interessant. Je ne trouve bien sur rien d’aussi pertinant que ce que disent @gonzo, @simplicissimus, @remi et @odilon. Je vais voir si j’ai des choses intéressantes a mettre en lien sur la question de l’intégration, histoire de pas trop écrire pour ne rien dire.
      –---
      Édit :
      Sur « les mots sont importants » il y a pas mal de choses :
      http://lmsi.net/Integration-et-assimilation
      http://lmsi.net/Integration-piege-a-cons
      http://lmsi.net/L-integration-contre-l-egalite
      http://lmsi.net/L-integration-contre-l-egalite,407
      En fait il y a meme une rubrique « intégration »
      http://lmsi.net/-Integration-

    • Tiens, une illustration de cette aberration...
      Ne pas connaitre le langage de l’adversaire c’est par définition la cause originelle qui a donné naissance à cet adversaire.

      http://www.20minutes.fr/societe/1839175-20160504-special-investigation-gendarmes-traquent-vraiment-djihadi

      La séquence a de quoi interroger. Dans le documentaire « Les soldats d’Allah » diffusé lundi soir sur Canal + pour Spécial Investigation, le colonel Nicolas Duvinage, patron du Centre de cybercriminalité de la gendarmerie nationale (C3N), expliquait qu’il ne disposait d’aucun agent arabophone : « On utilise des outils en ligne type Google Translate. La traduction est de qualité assez approximative. Ça pourrait être mieux d’en avoir mais encore une fois, nous ici on se contente de ce qui est visible sur internet ».

      (...)

      Si au sein de cette unité spécifique, composée de 43 gendarmes, aucun ne parle arabe, ce n’est évidemment pas le cas dans la totalité des services amenés à effectuer des recherches et des missions de surveillance sur internet et les réseaux. Les besoins existent et les ressources sont faibles reconnaît toutefois un agent de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), qui dépend de la Direction Centrale de la Police Judiciaire : « Nous n’en avons pas énormément et lorsque nous n’avons pas la chance d’avoir un policier arabophone, il arrive que nous faisions appel à des traducteurs de façon ponctuelle ou d’affiner avec des agents qui appartiennent à d’autres unités ».

    • Un bel exemple d’asymétrie franco-centriste condescendante pour illustrer mon propos : en gros, nous ne les avons pas assez éclairé de notre lumière .. La culture, ça ne peut être que la notre. La leur n’existe même pas...

      http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-etat-islamique-explication-de-texte-16-11-2015-1981932_1886.php

      Alors, désolé pour les profilers : le rédacteur de la revendication peut être n’importe lequel de nos élèves déshérités – et pas l’un des pires, parce que les pires ont joué aux kamikazes. N’importe lequel de ces centaines de milliers de gosses laissés pour compte d’un enseignement qui méprise désormais la culture – et ce n’est pas près de s’arranger.

      Le choc des cultures

      Je viens de sortir Voltaire ou le djihad (éditions de l’Archipel). J’y explique que le « conflit de civilisations » dont parlait jadis Huntington est en fait un conflit de cultures – entre une culture française que nous avons cessé de transmettre, par idéologie, mauvaise conscience et pédagogie du néant, et une anti-culture islamique, celle des Almohades d’autrefois et des salafistes d’aujourd’hui. Nous devons impérativement remettre sur pied la transmission de la culture française et européenne, au lieu de nous perdre dans des arguties idiotes. Nous devons à nouveau exalter l’histoire nationale. Dire d’où nous venons. Sinon…