Royaume-Uni Le coût social du plein-emploi, France

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  • Royaume-Uni Le coût social du plein-emploi
    http://www.lesechos.fr/journal20151109/lec1_france/021456488439-royaume-uni-le-cout-social-du-plein-emploi-1173502.php#

    Le Royaume-Uni a presque retrouvé son bas niveau de #chômage d’avant la crise. Mais le nombre de #travailleurs_pauvres y explose.

    Le redressement est spectaculaire : très touché par la crise eu égard au rôle essentiel joué par les services financiers dans son économie, le Royaume-Uni a vu son taux de chômage bondir de 5,3 % en 2007 à 8,2 % en 2011… avant de retomber à 5,5 % cet été. Des résultats obtenus au forceps : l’arrivée en 2010 du gouvernement conservateur de David Cameron s’est accompagnée de lourdes réformes structurelles imposées malgré la forte opposition des syndicats, comme une refonte du droit du licenciement plafonnant à un an de salaire les indemnités pour renvoi abusif. Une forte pression a aussi été exercée sur les #chômeurs de longue durée : ils doivent suivre toute formation qui leur est prescrite par un Jobcentre ou encore effectuer des travaux d’intérêt général pour ne pas perdre leur #indemnisation. Le service public de l’emploi s’est en outre largement appuyé sur des prestataires extérieurs privés, payés en fonction du nombre de chômeurs à qui ils arrivent à trouver un emploi.

    Mais ce miracle anglais a un coût social. Portée aussi par le redressement de son économie et par la baisse de l’impôt sur la société, la nette reprise de l’emploi s’est faite au prix d’une précarité de plus en plus marquée, symbolisée par l’explosion des #contrats_« zéro_heure »

    Productivité en baisse

    En place bien avant la crise et initialement destiné à faciliter le #travail ponctuel d’#étudiants ou de #retraités, ce contrat offre une extrême flexibilité à l’employeur, qui peut mobiliser ces #salariés au gré de ses besoins sans avoir à leur garantir de durée minimale de travail. Le nombre de salariés sous ce contrat a triplé en trois ans, de 250.000 en 2012 à 750.000 aujourd’hui, surtout dans l’hôtellerie-restauration et les services à la personne. Ils travaillent en moyenne 25 heures par semaine.

    Au final, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) souligne ainsi que « les bonnes performances du marché de l’emploi ont eu pour contrepartie une stagnation, voire une diminution de la productivité » et un « accroissement » du nombre de travailleurs pauvres (près de 5 millions) et du « sous-emploi subi ». Au risque, prévient-il, que le creusement des inégalités en résultant soit « accentué par la diminution annoncée des aides sociales, de nature à fragiliser à terme la pérennité du modèle social britannique ».

    D. P., Les Echos

    #plein-emploi_précaire #blairisme_continué

    • Pour mémoire : Plein emploi jospinien, le turbin sans les talbins, CARGO, 1999
      http://www.ac.eu.org/spip.php?article479

      Le plein emploi de papa, c’était, soit la version hard : les femmes à l’usine d’armement et les hommes au front, les camps de rééducation par le travail ou les porteurs de lunettes dans les rizières, histoire de leur apprendre ce qu’être productif voulait dire... soit la version soft, où les charmes de la production en série de bagnoles et autres merveilles interchangeables fabriquées en masse permettaient à un fordisme défunt d’assurer au plus grand nombre la garantie de perdre sa vie à la gagner... Mais, le règne dictatorial du « one best way » taylorien qui depuis l’entreprise organisait la société a vécu. Aux grèves sauvages, au turn over incontrôlable, à la fuite hors de l’usine, opposés par le travail à l’exploitation, le capital répond depuis 25 ans par l’imposition d’une discipline hors de l’usine. Cette discipline hors les murs touche directement toute la société pour retourner le contrôle de la mobilité au profit du capital. Le salaire n’est plus un investissement nécessaire à la massification de la consommation et à la croissance des profits mais un pur moyen de #contrôle.

      Le plein emploi d’aujourd’hui, celui que nous annonce Lionel Jospin pour dans dix ans, est donc tout différent de celui d’hier : c’est celui vers lequel tendent les Etats-Unis avec leur 4 % de chômage et leur 2 % de population active derrière les barreaux ; c’est celui du glissement progressif vers le workfare, c’est-à-dire l’obligation de travailler lorsqu’on dépend des superbes allocations généreusement versées par les social-démocraties européennes, en France en Allemagne, en Grande-Bretagne... c’est la société rêvée où des millions de salariés pauvres « working poors » misérablement payés à accomplir des tâches inutiles ou nuisibles, n’auraient plus l’outrecuidance d’alourdir les chiffres du chômage et, partant, le scintillant bilan gouvernement de la gauche plurielle.