« C’est du monde musulman croyant que doit venir l’effort »

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  • #Molenbeek : On exagère un peu en parlant de plaque tournante.
    « C’est du monde musulman croyant que doit venir l’effort »
    http://www.lecho.be/dossier/attaquesparis/C_est_du_monde_musulman_croyant_que_doit_venir_l_effort.9699827-8267.art?ckc=1
    Spécialiste de l’Islam, Felice Dassetto, sociologue et professeur émérite à l’UCL, estime que les autorités, belges comme musulmanes, n’ont pas pris la mesure du radicalisme religieu x.

    Les auteurs des attentats de Paris provenaient de Molenbeek. Pourquoi la Belgique est-elle devenue cette plaque tournante de l’Islam radical ?
    On exagère un peu en parlant de plaque tournante. Cela semble être un fil conducteur dans ces événements, mais d’autres parties de l’Europe sont aussi des lieux de connexion avec l’Islam radical. La Belgique est-elle, plus que d’autres pays européens, un lieu de radicalisme, je n’en suis pas convaincu. Y a-t-il une police, une sûreté de l’État moins efficace chez nous ? Jusqu’en 2012-2013, la police était pourtant parvenue à étouffer toute tentative d’attentat…

    Quelle est la part de responsabilité des Mosquées dans la radicalisation ?
    Ce qui interpelle surtout, ce sont certains discours qui, sans prêcher le départ au Djihad, prêchent le malaise d’être dans un contexte belge, non musulman. Je pense à des centres culturels islamiques ou des Mosquées proches de la mouvance des Frères Musulmans qui insistent fortement sur la nécessité d’affirmer l’Islam face au contexte jugé indifférent, voire hostile. De même, dans les Mosquées salafes, qui prêchent le fait de dire qu’on est pas à l’aise dans le contexte non-musulman parce qu’on ne peut pas pratiquer comme on veut,...

    Il y a aussi le discours de victimisation – profondément erroné – donné aux jeunes intellectuels musulmans, et qui affirme l’existence d’une islamophobie généralisée dans l’UE. Ces discours préparent un terrain de mal-être sur lesquels peuvent se greffer des discours plus radicaux qui pousseront certains jeunes à se dire que la seule chose à faire est de prendre les armes et de partir combattre, ou alors de prendre les armes contre ce monde « mauvais pour les Musulmans ».

    (...)

    A-t-on trop longtemps fermé les yeux sur les influences des discours extrémistes ?
    Il n’y a pas grand-chose que l’on peut faire. D’un point de vue répressif, il y a une liberté d’expression qu’il faut respecter. Je pense que les Musulmans eux-mêmes ne se rendent pas compte dans quelle voie ils sont entraînés. Cette voie est erronée. Elle peut amener à des conséquences graves, comme les attentats, mais aussi à la désillusion, au constat qu’il n’y a rien de bon pour eux. Et cela ne les aide évidemment pas à se retrousser les manches pour s’en sortir malgré la situation économique difficile.

    La solution pour lutter contre le radicalisme ne vient-elle pas des Musulmans eux-mêmes ?
    Oui. C’est de l’intérieur du monde croyant que doit venir un effort gigantesque de réinterprétation, car ce ne sont pas les laïques qui arriveront à convaincre les religieux. Il y a une élite musulmane qui a une vision réformatrice de l’état musulman, mais elle n’ose pas sortir du bois pour affirmer clairement la nécessité d’un autre Islam. Ces réformistes ne parviennent pas à s’organiser, mais les Salafistes, les Frères musulmans, eux, sont très organisés. Or quand on est organisé on a plus d’impact…

    N’est-on pas trop hypocrite face au problème de l’islam radical ?
    Oui, je pense qu’on n’a pas voulu voir les choses en face. La classe politique a fort tardé à prendre en compte le côté explosif et l’impact de certaines idéologies religieuse, en les niant de peur de susciter des réactions d’hostilité. Idem du côté musulman. Certains disent « ce n’est pas l’Islam » Mais si, c’est aussi l’Islam ! Il y a une forte autocritique à faire, les Musulmans ont une grande réflexion à mener.

    • La classe politique a fort tardé à prendre en compte le côté explosif et l’impact de certaines idéologies religieuse, en les niant de peur de susciter des réactions d’hostilité.

      En france, ce n’est pas la même stratégie, pour avoir vu fin 90 proliférer les salles de prière en lieu et place des salles pour les jeunes dans une banlieue de droite proche de Neuilly-sur-seine, je pense que cette assertion est fausse. Une certaine classe politique savait parfaitement ce qu’elle faisait en réduisant les jeunes à cette activité.