La COP est terminée, comment continuer ? - AntiCOP21.org
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Pour le 12 décembre, le gouvernement faisait pression pour que rien n’ait lieu mais la coalition climat, 350.org et beaucoup d’autres ont finalement réussi à imposer un rassemblement autorisé à midi près de l’arc de triomphe. C’était l’occasion de dérouler une longue ligne rouge, censée à la fois démontrer notre force collective et le fait que nous regardions ce que faisaient nos dirigeants au Bourget, si oui ou non ils allaient passer la ligne rouge de la crise climatique… De fait, sur le moment, il y avait une belle joie, une impression de force diffuse, malgré l’entourage policier, et l’absence de mouvement. C’est peut-être ce début de joie qui a poussé ensuite le rassemblement a partir en manif (non autorisé au préalable, à priori), via l’avenue Malakoff jusqu’à la Tour Eiffel, ce qui fut quasiment la seule occasion de manif de toute la COP… Et il fut fort agréable de joyeusement marcher dans ces rues du Paris riche, à si nombreux.
La seconde partie de la journée, samedi 12, était beaucoup moins joyeuse. L’autre aile du mouvement, représenté par Alternatiba, avait refusé de participer au rassemblement de la ligne rouge, trouvant la chose trop « eco-terroriste » ou presque. Cela n’avait pas manqué de faillir faire exploser l’unité des organisations (350.org, attac, coalition climat, Climate Justice Action,…), toutes les autres ne partageant pas la position d’Alternatiba, qui a pour autant du poids du fait de disposer de beaucoup de bénévoles (ils ont organisé cette année de très nombreux rassemblements festifs, tels qu’à montreuil le 4 et 5 décembre. Ils ont acquis ainsi une bonne capacité de mobilisation)… Essentiellement, leur problème venait de ne pouvoir être sûr de pouvoir gérer ce qui allait se passer et qui allait être là. Alternatiba, en ce sens, veulent bien du peuple mais pas n’importe lequel. Il le préfère discipliné
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La COP et tout son processus fait de l’écologie une question morale, une obligation de principe à laquelle face à l’étendue de la catastrophe 195 dirigeants ont accepté hier de se plier. Pour nous, ce n’est pas une donnée de plus, ou un nouveau domaine qu’il faut gérer, ce sont des manières de vivre et d’habiter qui sont en jeu, ce sont tout nos modes d’existence qui doivent être bouleversées, transformées.
Il n’est pas seulement question de montrer à nos dirigeants qu’il y a un peuple, qu’il y a des manifestants, qu’il y a des voix qu’ils n’entendent pas et une sagesse qu’ils doivent écouter. Ce peuple là, son existence est une évidence, une vérité, il y a des centaines de forces, de lieux, de gens, capables et en mesure (avec un peu d’air et moins de police) d’exister librement et de prendre en main ce monde.
De l’existence de quelque chose comme des peuples ou du populaire, en quelque sorte, nous n’avons jamais douté, quand bien même eux nous prétendent que ce n’est là que chimères ou fantômes absurdes. Il ne s’agit que de gagner en confiance, en pouvoirs, en puissance d’agir et d’occuper tous les lieux que nous souhaitons. La démocratie n’est pas cette affaire d’angoissés qui multiplie les barrières, les contrôles et les gilets jaunes, mais tout l’inverse. C’est affaire de profusion, de multiplications d’initiatives et d’actions, de prises de paroles et d’interventions. C’est affaire de surgissement, d’apparitions tant impromptues que préparées, mais dont les termes et les façons ne sont pas déterminées ou déterminables à l’avance. Il n’y a rien à organiser, mais tout à aider, tout à favoriser, tout à faire pour que se multiplient nos forces sans qu’aucunes puissances en surplomb n’en organise ni les venues, ni les formes, ni les temporalités. La démocratie suppose, exige, une grande confiance, et c’est de cela que l’anti-terrorisme et l’écologie tant moraliste qu’abstraite de nos dirigeants veulent nous déposséder.
(Collectif étendu)