Ousmane H. représente l’archétype du retraité pauvre : cumulant quelques mois de chômage et plusieurs trimestres non déclarés par ses employeurs, il se retrouve à 65 ans avec une pension de 161 euros par mois... Pour compléter son revenu, il a eu droit à 33 euros de majoration pour trois de ses six enfants à charge et à l’allocation de solidarité aux personnes âgées (l’Aspa, qui remplace les anciennes prestations liées au minimum vieillesse). Total : 742 euros. Cette somme composant sa retraite, Ousmane entendait la partager avec sa famille restée au Maroc, comme il le faisait jadis avec son salaire.
Mais pour toucher les 742 euros du minimum vieillesse, il faut résider au moins six mois et un jour par an en France. A ne pas confondre avec les allocations logement, les APL, pour lesquelles il faut y résider huit mois. Ousmane H. ne sait ni lire ni écrire. Il affirme que personne ne lui a jamais expliqué ces règles de résidence. En 2009-2010, sa première année de retraite, il passe dix mois sur douze avec sa famille au Maroc : sa femme, gravement malade du coeur, a besoin de lui. Lorsqu’il revient au foyer parisien en mars 2011, il y trouve un courrier le convoquant à la Cnav, la Caisse nationale d’assurance vieillesse.
« Je vais au rendez-vous et je suis reçu par une contrôleuse. Elle me demande mon passeport, vérifie tous les visas et calcule que je n’ai pas passé assez de temps en France, que je ne remplis plus les conditions de résidence. Elle me dit que j’ai touché trop d’argent et qu’il va me falloir rembourser. Je m’étonne, j’explique que je ne comprends pas ce qui m’arrive, elle me dit que je suis un tricheur. »