Les Indigènes du Royaume : Bruxelles : stratification spatio-ethnique

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  • Bruxelles : stratification spatio-ethnique

    « Les quartiers ouvriers du XIXème siècle, encerclant le centre d’affaires par l’ouest et formant ce qu’on appelle le croissant, parfois aussi la banane pauvre de Bruxelles, concentrent le plus d’étrangers. Il s’agit des quartiers immigrés de Schaerbeek, Saint-Josse, #Molenbeek, Anderlecht et Saint-Gilles, habités par les Belges qui n’ont pas participé à la suburbanisation et des Italiens, Espagnols, Grecs, Turcs et Marocains. Dans certains de ces quartiers, les immigrés et leurs descendants atteignent jusqu’à 75 % de la population totale. La concentration spatiale des logements du secteur locatif résiduel est bien rendue par la carte des logements sans confort (manque au moins un W-C privé, une salle de bain ou l’eau courante). De tels logements sont fréquents dans la couronne du XIXème siècle mais quasi absents autour de la Forêt de Soignes au sud et à lest de Bruxelles. Les enfants et jeunes - la population e 0 à 24 ans - sont surreprésentés (plus d’un tiers de la population locale) d’une part dans le vieux cœur urbain suite à l’immigration ouvrière, et d’autre part dans la périphérie, en dehors des limites de la Région de BruxellesCapitale, en conséquence de la suburbanisation. Dans les quartiers centraux, ces jeunes sont en majorité des étrangers, alors qu’ils sont belges dans la couronne périphérique. Les processus de socialisation et les chances d’épanouissement sont très inégales entre chacun de ces milieux urbains, en raison des écarts en matière de qualité du logement, d’infrastructures scolaires et den matière de qualité du logement, d’infrastructures scolaires et de loisirs, d’initiatives pour la jeunesse et globalement des perspectives d’avenir offertes par les aînés. Après tout, les uns vivent dans uu quartiers équipes selon les normes du XIXème siècle (où l’on travaillait 12 heures par jour à partir de 12 ans), dans des communes pauvres ; les autres dans des quartiers créés lors des Golden Sixties reflétant la société de consommation et de loisirs, dans les communes les plus riches du pays. Depuis la fin des années septante, la crise a eu pour effet de consolider les quartiers immigrés dans la ville. La hausse du chômage et de l’insécuriré d’emploi, la chute des revenus ont frappé les immigrés et bloqué leurs possibilités d’accéder aux quartiers plus périphériques. Cette tendance est renforcée par l’accroissement du nombre de propriétaires parmi les immigrés. Entre 1981 et 1991, la part des propriétaires occupants est passée de 13 à 37 % chez les Turcs et de 10 à 30 % chez les Marocains. Dans la plupart des cas, il s’agit d’achats l’urgence, suscités par la spéculation foncière et la hausse généralisée des prix du logement (les prix ont plus que doublé entre 1988 et 1992). L’achat était pour eux la seule façon de se prémunir contre des loyers insurmontables, de garantir leur sécurité d’occupation et de se maintenir dans les quartiers où ils se sont intégrés. Ce changement de statut n’a donc pas bouleversé leur répartition dans la ville. Ce sont, pour la plupart, des logements bon marchés, issus du secteur locatif résiduel qu’ils ont acquis dans leurs propres quartiers. Ces nouveaux propriétaires rénovent eux-mêmes leur logement, pour autant qu’ils en aient les moyens et mettent souvent en location les niveaux les plus rentables. Finalement, le commerce ethnique (magasins d’alimentation, restaurants. snacks. etc.) s’est fortement développé en tant que stratégie de survie. Ces entrepreneurs visent à échapper au chômage tout en tirant profit de la concentration spatiale de la demande spécifique de leurs compatriotes (les niches de marchés ethniques). En même temps, la présence abondante de ce genre de commerce entraîne une forte concurrence et permet aux habitants de s’approvisionner à moindre prix. Le commerce ethnique contribue donc aussi à lier chaque groupe à son quartier. Dans cette mesure, il est un élément de démarginalisation dans le quartier cependant, la consolidation des quartiers ethniques va de pair avec leur marginalisation au niveau de la ville. D’une part, les chances d’emploi (en dehors de l’entreprenariat ethnique, de quelques services mal payés, aux conditions de travail peu engageantes, tel le nettoyage de bureaux et finalement de l’économie informelle) s’affaiblissent dans ses quartiers. Entre 1980 et 1991, la région de Bruxelles-Capitale a perdu 25000 emplois industriels lesquels se sont déplacés vers la périphérie flamande (HalleVilvoorde). Les quartiers pauvres du centre-ville se transforment ainsi en pièges à chômage pour les jeunes issus de l’immigration et destinés par l ’enseignement aux emplois manuels peu spécialises. »

    http://bougnoulosophe.blogspot.fr/2007/10/bruxelles-stratification-spatio.html