ADESS - Aménagement, Développement, Environnement, Santé et Sociétés - UMR 5185 - Séminaire du GRANIT 12 décembre : « De l’usage contestataire des cartes »
►http://www.ades.cnrs.fr/spip.php?article1272&lang=fr
« L’histoire sociale des cartes, à la différence de celle de la littérature, de l’art ou de la musique, semble ne comporter que peu de modes d’expression véritablement populaires, alternatifs ou subversifs. Les cartes sont essentiellement un langage de pouvoir et non de contestation. »
Brian Harley (1988), « Maps, Knowledge, and Power » in : Cosgrove Denis, Daniels Stephen (eds), The Iconography of Landscape : essays on the symbolic representation, design and use of past environments, Cambridge University Press, pp. 301-302.
25 ans après cette affirmation de Brian Harley, ce constat est-il toujours d’actualité ? Alors que les derniers cycles de séminaires GRANIT (les données de l’environnement en 2011-12, les cartographies participatives en 2012-13, Internet comme terrain en 2014-15) nous ont permis de mettre en évidence la démultiplication des modes de fabrique cartographique, l’expansion des usages de la carte et la diversification de ses producteurs-utilisateurs, l’émergence de la cartographie radicale et de la contre-cartographie ne permet-elle pas désormais d’envisager la carte comme un langage de contestation ?
De l’usage contestataire des cartes | Carnet (neo)cartographique
▻http://neocarto.hypotheses.org/1127
Qu’est-ce que la cartographie radicale ?
présentation : ▻http://lambert.nico.free.fr/radical/GRANIT_ADESS_V2.pdf
« La lutte est mère de toute chose » (Démocrite).
1) Radicalité
Faire une carte radicale, c’est développer une (contre) vision du monde. C’est proposer une contre-géographie, une vision dissonante de celle couramment admise. C’est créer des cartes « obus » pour « pulvériser la pensée dominante ». Ces représentations peuvent être iconoclastes et artistiques (cARTographie) ou classiquement “bertiniennes”.
NB : Le terme « obus » est emprunté au Philosophe Paul Ariès, militant pour la décroissance, pour qui les mots obus sont des moyens de rentrer avec fracas sur la scène publique et ainsi susciter le débat. D’autres parlent quant à eux de « cartes en colère » (Philippe Rekacewicz).
2) Subjectivité
Faire de la cartographie radicale, c’est aussi construire des représentations en toute rigueur scientifique tout en assumant la fonction discursive des cartes construites. Si les cartes ont indéniablement une dimension objective (on ne truque pas les données, on les représente selon des règles graphiques largement admises pour leur efficacité visuelle) elles disposent en même temps d’une dimension subjective : elles expriment un point de vue. On le sait, pour jouer son rôle, la carte doit abstraire et schématiser la réalité, seul moyen de la rendre intelligible. « Une carte qui ne généraliserait pas en simplifiant serait parfaitement inutile » (Monmonier, 1991). Il faut donc choisir quelles facettes de la réalité montrer. On met en scène une carte pour qu’elle raconte une histoire. Une carte radicale est donc une carte qui s’assume comme telle : sous couvert d’une apparence scientifique sérieuse (réelle), elle déploie des arguments. « In short, maps don’t merly represent space, they shape arguments » (Wood, Monmonier in an atlas of radical cartography).