« En Allemagne, le travail ne connaît pas la crise » (Le Monde, 02/12)

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    Jamais encore l’Allemagne n’avait comptabilisé sur son sol autant de travailleurs en activité. Selon les chiffres publiés mardi 1er décembre par l’agence nationale pour l’emploi, 43,4 millions de personnes domiciliées en Allemagne exerçaient une activité en octobre. C’est 125 000 travailleurs en activité de plus qu’en septembre, qui était déjà un mois record, et presque un million de plus qu’en janvier. En un an, le nombre de chômeurs s’est réduit de 84 000 personnes, pour atteindre 2,63 millions de demandeurs d’emploi, soit 6 % de la population active.

    Dans les régions industrielles du sud de l’Allemagne, ce taux est de moins de 3,8 %, soit une situation de #plein-emploi. « L’activité a nettement augmenté, et la demande des entreprises en force de travail s’est renforcée. L’Allemagne est bien armée pour affronter les défis à venir », a déclaré, mardi, le directeur de l’agence pour l’emploi, Frank-Jürgen Weise, qui supervise également depuis septembre l’Office national pour les réfugiés. Si l’agence pour l’emploi table sur une légère hausse du chômage à partir de 2016 une fois les dossiers de demande d’asile traités, elle se montre optimiste sur l’avenir. Le stock d’emplois à pourvoir est en effet très important : 610 000 postes sont actuellement non pourvus en Allemagne, c’est 96 000 de plus qu’il y a un an.

    Peu de #chômeurs signifie peu d’#allocations versées : les caisses de l’agence affichaient, fin novembre, un résultat excédentaire vertigineux de 3,2 milliards d’euros. Selon une étude de l’institut économique de Kiel, publiée le 1er décembre, cet excédent devrait atteindre 3,7 milliards d’euros en 2016, au point que les économistes de l’institut suggèrent de baisser les cotisations d’assurance-chômage de 0,3 %, à 2,7 % afin d’augmenter le pouvoir d’achat.

    L’éclatante santé du marché du travail allemand tient en premier lieu à la robustesse de l’économie nationale. Celle-ci enregistre de nombreuses créations d’emplois, notamment grâce au développement des services et à l’essor de la construction. L’augmentation des salaires depuis le début de la décennie, après vingt ans de modération, a également eu un effet bénéfique sur l’économie. « Le maintien de salaires modérés en Allemagne n’était pas un bon modèle à long terme, constate Enzo Weber, expert du marché du travail à l’institut IAB, et l’effet de rattrapage n’a pas pénalisé les entreprises. »

    La hausse des salaires a permis de stimuler la consommation intérieure, qui est actuellement le principal relais de croissance de l’économie (+ 0,6 % au troisième trimestre 2015), alors que certains marchés d’exportation restent moroses. De quoi occuper un stock de travailleurs en constante augmentation, liée à l’arrivée en Allemagne de travailleurs venus d’Europe de l’Est et du Sud, principalement de Bulgarie.

    Quel contraste avec la situation d’il y a tout juste dix ans ! En 2005, l’Allemagne comptait plus de cinq millions de personnes sans emploi, et était surnommée « l’homme malade de l’Europe » en raison de son incapacité à juguler le chômage de masse. Pour M. Weber, les réformes Hartz, menées au début des années 2000, ont largement contribué à ce retournement de situation, avec non seulement une remise à plat du droit du travail, mais aussi de l’organisation des institutions. « Il y avait, en 2005, beaucoup de postes non pourvus. Nos études récentes montrent que les réformes ont permis de stimuler la création d’emplois et de mieux mettre en relation les entreprises et personnes en recherche de travail », explique-t-il.

    Le chômage de longue durée a ainsi été réduit de moitié depuis 2005, il concerne principalement des personnes faiblement qualifiées, souvent fragilisées par des problèmes de santé. L’expert note également que la tendance à la précarisation de l’emploi, un effet très critiqué des réformes du marché du travail, est en train de se stabiliser. « Le développement du travail intérimaire a atteint un palier », dit-il.

    Il en est de même pour les fameux minijobs, ces contrats d’activité réduite, aux charges sociales faibles, que l’introduction du salaire minimum au début de l’année 2015 a rendus moins attractifs. Ce dernier, jugent les experts, n’a d’ailleurs pas eu l’effet désastreux, sur le marché du travail, annoncé par ses détracteurs. (...)