Les prisonniers politiques, je les aimais bien, mais le problème, c’est que c’est des mecs qui vivent en prison, complètement à part. Les gars de l’ETA ou plus tard d’Action directe, c’est des militants, donc des martyrs de la révolution. Ils ne sont pas concernés par ce que j’appelle le côté social et répressif de la chose, parce qu’eux sont quasiment volontaires. Et puis fallait pas entamer une discussion, parce que là, ils n’y étaient plus du tout. Enfin, c’est toi qui n’y étais plus, ils t’attaquaient sur le prolétariat, ils te sortaient le livre, et là, t’en pouvais plus. Le gangster de base ou le mec qui est en prison pour un braquage de supermarché, il n’en a rien à foutre de Marx et de Proudhon. Les [prisonniers] politiques, c’est des gens très conviviaux, ceci étant dit, mais si tu veux discuter du sens de la justice par exemple, ils ne parlent pas le même langage que toi, c’est pas la même justice pour eux. C’est pas le délinquant, comme moi, qu’on a traîné en prison d’année en année. C’est des gens victimes d’un système politique, pas d’un système social. Ça pourrait se rejoindre, finalement, mais c’est pas le même truc, pas la même perception de la répression.