Daech : ce monstre qui adore se faire haïr
Ou comment les interventions guerrières des grandes puissances au Moyen-Orient risquent au final de renforcer Daech et les régimes autoritaires de la région.
Par Mathieu Léonard, paru dans CQFD n°138 (décembre 2015) en kiosques depuis le vendredi 4 décembre / Dossier 4 pages état d’urgence et dossier 10 pages COP21
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L’année 2015 a vu battre les records de vente d’armes françaises auprès des pétro-monarchies wahhabites, modèles et sponsors des groupes djihadistes. « N’est-ce pas indécent ? », demandait Bourdin à Manuel Valls mi-octobre sur BFM. « Indécent de se battre pour notre économie, pour nos industries, pour nos emplois ? », avait répliqué le Premier ministre dans un de ces mouvements de menton qui lui sont familiers. Le 13 octobre, lors de son voyage en Arabie Saoudite, Valls avait twitté tel un ado : « 10 milliards d’euros de contrats ! Le gouvernement mobilisé pour nos entreprises et l’emploi. » Les actions de l’industrie de l’armement ont fait un bond de 4 % au lendemain des attentats. Bien évidemment, « l’effet boomerang » n’explique pas tout, ni de la montée en puissance de Daech, ni d’une responsabilité unilatérale de l’Occident. En septembre, le député Alain Marsaud (LR), ancien chef du Service central de lutte antiterroriste durant les « glorieuses » années 1980, déclarait : « Nous avons détruit le Moyen-Orient. On a commencé par l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie avec la politique douteuse qui est la nôtre […] Je me demande même si Daech n’est pas un élément stabilisateur de la région. »
Dessin : Soulcié