Etat d’urgence : à Montauban, assigné sans savoir pourquoi

/etat-durgence-a-montauban-assigne-sans-

  • Etat d’urgence : à Montauban, assigné sans savoir pourquoi | Vu de l’intérieur
    http://delinquance.blog.lemonde.fr/2015/12/07/etat-durgence-a-montauban-assigne-sans-savoir-pourquoi

    Est-ce pour son militantisme au sein de la Confédération nationale du travail (CNT), un syndicat d’inspiration anarchiste ? Il ne s’en est jamais caché et il n’y a rien d’illégal là-dedans à ce qu’il sache. Est-ce parce qu’il a été condamné pour des violences commises lors d’une manifestation interdite à Toulouse, en novembre 2014, après la mort de Rémi Fraisse ? Il avait alors jeté trois pierres sur les forces de l’ordre. Mais il a déjà été jugé et a « payé » : « J’ai porté mon bracelet électronique du 29 juin au 3 novembre dernier et tout s’est bien passé », assure-t-il. Ali Benamara tentait depuis de retrouver une vie « normale », en travaillant comme agent d’entretien pour une société de nettoyage la semaine, en voyant ses amis le week-end. Et en se tenant loin des militants les plus agités lors des manifestations.

    La normalité aura été de courte durée. Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 novembre, à 3 h 30, trois policiers sont venus toquer à sa porte pour lui demander de les suivre au commissariat de Montauban, où lui serait remis un procès-verbal. Ali Benamara s’est habillé à la hâte et a suivi les fonctionnaires, sans bien savoir pourquoi. « Dans la fourgonnette je flippais. Je leur ai demandé de m’expliquer. Ils ont dit qu’ils ne pouvaient rien me dire mais que je serais sûrement sorti dans les 10 minutes. » Il tient à souligner que les trois policiers ont été courtois et calmes et ne l’ont pas menotté - contrairement à plusieurs cas que nous avons déjà évoqué sur ce blog. « Il n’y a pas eu de perquisition, ils ne sont même pas rentrés dans l’appartement. »

    « Rien, aucune explication ne m’a été donnée »

    Dans le bureau du brigadier, Ali Benamara s’est vu notifier une #assignation_à_résidence durant toute la durée de la COP21, à la suite d’un arrêté du ministère de l’intérieur émis le 25 novembre, comme plus d’une vingtaine de personnes en France. Ali, pourtant, n’avait aucunement l’intention de se rendre sur Paris pour cet évènement, ce qu’il a déclaré au policier. « Et quand bien même j’en aurais eu envie, je n’aurais pas pu me le permettre, tant financièrement que professionnellement », ajoute-t-il aujourd’hui. Ali a cherché à connaître les raisons exactes ayant conduit à son assignation, en vain. Il n’en saurait pas plus. Pas d’évocation de son délit passé, ni de son engagement syndical… « Rien, aucune explication ne m’a été donnée », assure-t-il, le ton las. Rien, donc, pour justifier qu’il existe « des raisons sérieuses de penser que le comportement » d’Ali Benamara « constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics » - selon les termes de la loi du 20 novembre sur l’état d’urgence.

    Ali Benamara est ressorti du commissariat vers 4 h 30, avec pour seul justificatif un exemplaire du procès-verbal valant arrêté. Contrairement aux autres cas d’assignations à résidence dans le cadre de la COP21 dont Le Monde a eu connaissance, Ali n’a pas pu consulter directement le texte de l’arrêté émis par le ministère de l’intérieur. Selon Me Groc, avocat d’Ali Benamara, il fait peu de doute qu’"on a omis volontairement de communiquer à son client l’arrêté ministériel pour faire obstruction à un éventuel #recours. Tout est mis en oeuvre pour faire obstruction aux recours". Sur l’exemplaire de son PV, Ali a lu et relu les six articles énumérant les mesures qu’il doit respecter. Mais il n’a jamais trouvé les #motifs de son assignation - ils n’y figurent pas.

    Après les descentes à la recherche d’"individus", sans vérification d’identité (Pepper grill), les perquises de nuit sans #perquisition...

    #état-d'urgence