• Pas de démocratie sociale en dehors du cadre national Le Devoir(Canada) 30 juin 2016 | Guillaume Rousseau - Professeur de droit
    Le résultat du référendum sur le Brexit met en lumière les limites du modèle de l’Union européenne

    À la surprise des classes supérieures du monde entier, le peuple britannique a tranché : il préfère sa démocratie et ses services publics à l’ordolibéralisme européen. En réaction, des europhiles du continent souhaitent pousser la construction européenne encore plus loin et, prétendent-ils, la rendre plus démocratique et plus sociale. Or, s’il y a bien une leçon à retenir du référendum sur le Brexit, c’est que les Britanniques ont senti le besoin de reprendre le contrôle de leur pays, parce qu’en dehors du cadre national il ne peut y avoir de démocratie et encore moins de démocratie sociale.

    Pas de démocratie en dehors du cadre national
     
    Les constructeurs de l’Union européenne ont cru qu’il suffisait de créer des institutions — démocratiques en apparence, comme le Parlement européen — pour créer une démocratie européenne. C’était un peu court, car la démocratie ne se résume pas à l’élection de représentants. Une véritable démocratie suppose qu’il existe un débat citoyen et une opinion publique dont le Parlement est la caisse de résonance. Pour qu’il y ait un tel débat et une telle opinion, il doit y avoir des journaux, des revues, des lignes ouvertes, bref, des médias de masse communs les accueillant. À l’échelle du Royaume-Uni, comme à celle de tous les États-nations, il existe de semblables médias. Ils sont possibles parce qu’à cette échelle il y a une langue et une culture communes permettant aux citoyens de diverses origines de s’exprimer, de se comprendre et de dégager leur intérêt commun. L’État-nation étant basé sur la coïncidence entre espace politique et espace de convergence culturelle, avec ses composantes, il est la seule entité pouvant être véritablement démocratique.
     
    À l’inverse, l’Union européenne étant supranationale, elle n’est pas et ne pourra jamais être une vraie démocratie. Parce qu’il n’y a pas une langue et une culture européennes communes, il n’y a pas de médias de masse communs permettant l’émergence d’un débat citoyen et d’une opinion publique européenne. Ce qu’il y a à Bruxelles, ce sont des lobbys qui défendent leurs intérêts particuliers et des membres des classes supérieures qui débattent entre eux dans leur intérêt.
     
    Dans ce contexte, la solution aux problèmes des peuples européens n’est pas plus d’Europe, mais moins d’Europe, puisqu’elle éloigne d’eux le pouvoir et le met entre les mains d’une élite déconnectée. Et cela est vrai autant du point de vue de la démocratie tout court que de la démocratie sociale.
     
    Pas de démocratie sociale en dehors du cadre national
     
    Dans sa volonté de dépasser le cadre politique ayant permis l’émergence de la démocratie sociale, basée sur un compromis entre le capital et le travail, l’Union européenne a mis en avant le principe de la libre circulation des biens, des services et des personnes. En permettant ainsi aux multinationales de délocaliser leurs productions vers des pays où la main-d’oeuvre est meilleur marché, sans perdre l’accès au marché national, ou de faire venir de la main-d’oeuvre bon marché au pays, l’Union européenne a rendu superflu ce compromis du point de vue du capital, affaiblissant du coup la démocratie sociale.
     
    Devant cet état de fait, les europhiles de gauche prétendent pouvoir rebâtir la démocratie sociale à l’échelle européenne. Cela est impossible. Cette forme de démocratie suppose que face aux forces du grand capital il y ait des contrepoids, dont une opinion publique et un peuple. Souvent, lorsqu’un gouvernement national tente d’imposer une réforme néolibérale, il se bute à une opinion publique réfractaire et parfois même à un peuple qui peut descendre dans la rue pour ainsi bloquer cette réforme. Une telle mobilisation est impossible à l’échelle de l’Union européenne en raison de l’immensité de son territoire et de l’absence d’une opinion publique… et d’un peuple européen.
     
    Sans parler que chaque gauche est nationale et a son propre modèle issu de son histoire : participation des travailleurs à la direction des entreprises en Allemagne, services publics et Code du travail universels en France, nationalisations et syndicalisme politique en Grande-Bretagne, etc. Autant de modèles fragilisés par l’intégration européenne qui ne sont pas solubles dans quelques normes sociales européennes. Les travaillistes britanniques ont tenté de convaincre leurs électeurs de voter pour le maintien dans l’union sous prétexte de préserver ces normes, mais comme celles-ci ne font pas le poids face au principe de la libre circulation, leur électorat populaire n’a pas suivi.
     
    Cela ne devrait plus faire de doute : l’État-nation est le seul type d’organisation assez petit pour incarner des citoyens d’origines diverses partageant une langue et une culture communes, et donc assez petit pour être vraiment démocratique, mais en même temps assez grand pour mettre en oeuvre de puissantes mesures sociales protégeant les travailleurs et les citoyens vulnérables contre les effets délétères de la mondialisation.
     
    Ce n’est sans doute pas un hasard si cette réalité nous est rappelée par une des plus vieilles nations démocratiques du monde et plus précisément par les classes ouvrières et populaires en son sein.
    Source : http://www.ledevoir.com/international/europe/474516/pas-de-democratie-sociale-en-dehors-du-cadre-national

    #Nation #Société #Politique #Royaume-Uni #union_européenne #euro #europe #UE #UEF #référendum #Bruxelles #comission_européene #International #frontière #territoires #parlement_européen #démocratie

    • Un article qui tente de réhabiliter l’idéologie nationaliste mais se contente d’affirmer sans démontrer. Un peu léger. L’État-nation n’a rien à voir avec la taille de l’État notamment. Ni avec la langue. Et certainement pas avec la démocratie.

    • En dehors du cadre national il ne peut y avoir de démocratie et encore moins de démocratie sociale . Cette phrase semble te choquer vlentz. Pourtant, c’est une règle de base, enseignée dans toutes les sciences po(1) qui se respectent.

      Guillaume Rousseau, l’auteur, est canadien, Professeur de droit à l’Université de Sherbrooke, Quebec, au Canada, état fédéral, et ne travaille donc pas pour un lobby de l’union européenne des paradis fiscaux, ni dans la superficialité.
      Pour ce qui est du fédéral, il connait, lui.

      (1) On dit aussi science popo. A lire ou écouter : De l’utilité sociale du divin canular démocratique. http://www.campuslille.com/index.php/easyblog/entry/de-l-utilite-sociale-du-divin-canular-democratique-science-popo

  • Autour de lille en Mai - Guy Ciancia
    Ou bien Mai 68 en province, à Lille, chroniques anarchistes..

    Entre légende et utopie, témoignage autobiographique et analyse théorique, cet essai est un des premiers à aborder les évènements de Mai 68 en province.


    Source : http://www.campuslille.com/index.php/easyblog/entry/autour-de-lille-en-mai-guy-ciancia
    Fallait bien, cette légende, que quelqu’un se risque à la raconter. Guy Ciancia l’a délibérément pliée à tous ses caprices, ses incongruités, ses écarts de langage. Il n’invoque, pour sa défense, qu’une pléthore de documents (tracts, photos, coupures de journaux, rapports de police) et de références béton.

    Alfred Jarry, Benjamin Péret, Jean-Patrick Manchette, Léo Malet... et plusieurs affranchis hors de tout soupçon viennent corroborer les épisodes de ce feuilleton exotique. Loin des barricades parisiennes édifiées, prétendent certains, pour épater quelques touristes japonais.

    On était une bande de camarades qui fréquentaient les réunions mensuelles de la Fédération Anarchiste dans un bistrot de la place Rihour, au début des années 1960. Persuadés que les diverses crises du capitalisme ne se résoudraient que par l’abolition du salariat. On crachait déjà sur les patrons, les curés, les flics, et les racailles léninistes – notamment staliniennes – qui se bousculaient pour perpétuer l’exploitation. En 1968, on a fait comme d’hab’ ; et après 1968, aussi.

    Guy Ciancia

    #Lille #Mai68 #audio #radio #Radios_libres #Radio_Campus_Lille

  • Au secours, Seenthis, mon ainée (en CM1) chantonne La Marseillaise à tout bout de champ, et ce week-end c’était carrément à tue-tête. « Ben oui, on l’apprend à l’école. »

    J’ai besoin d’un bon gros soutien psychologique, là.

    • Courage ! Moi j’avais interdit à ma fille de la chanter en lui expliquant que c’était un chant d’assassins racistes. Sinon, mets lui celle de Gainsbourg un peu plus fort !

    • Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur nos plaines ?
      Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
      Ohé ! Partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
      Ce soir, l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.

      2. Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
      Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
      Ohé ! Les tueurs à la balle et au couteau, tirez vite !
      Ohé ! Saboteur, attention à ton fardeau : dynamite !

      3. C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères !
      La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère !
      Il est des pays où les gens aux creux des lits font des rêves !
      Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève.

      4. Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
      Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.
      Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
      Chantez, compagnons, dans la nuit la liberté vous écoute.

      5. Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
      Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
      Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh...

    • Solution : Leur passer «  La Rengaine des résignés » de Raoul Vaneigem interprétée par Fanchon Daemers
      Sur l’air de : La fille au roi Louis
      Première interprétation : Fanchon Daemers, 2014

      http://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/LaRengaine.mp3
      Ca commence au bout d’une minute

      Y a tout à perdre
      Rien à gagner
      C’est le règne
      Des résignés
      Et c’est pourquoi
      On va crever
      Dans la chambre à
      Gaz des banquiers . . . . . .

      C’est la débine 

      Et la combine
      
Chacun pour soi

      Telle est la loi
      
Et c’est pourquoi

      On va crever

      Dans la chambre à 

      Gaz des banquiers


      Où sont l’amour
      
Et l’amitié
      
Morte est 
La solidarité.
      
Et c’est pourquoi

      On va crever

      Dans la chambre à
      
Gaz des banquiers



      Pas de budget 

      Pour les Ecoles
      
Les hôpitaux
      
Car nos impôts
      
Vont financer 

      Les escaliers

      Vers la chambre à

      Gaz des banquiers

      C’est la guerre des
      
Voisins de paliers

      Tout est prétexte
      
À se flinguer.
      
Qu’importe puis-
      
Qu’on va crever,
      
Dans la chambre à
      
Gaz des banquiers



      oPur se venger 

      De leur lâch’té

      Ils attaquent
      
Les étrangers
      
Mais c’est ensemble
      
Qu’ils vont crever
      
Dans la chambre à

      Gaz des banquiers.

      L’argent fout l’camp

      Si vous pensez 

      que pour autant 

      La vie s’en va

      Vous gagnerez
      
De quoi crever
      
Dans la chambre à
      
Gaz des banquiers



      Pourtant
      le soleil 
de la vie
      
Continue à
      
Nous éclairer.
      
C’est pas le moment
      
De crever,

      Dans la chambre à
      
Gaz des banquiers


      La vraie vie 

      C’est la gratuité
      
J’veux plus payer
      
Pour engraisser
      
Ceux qui pensent
      
Nous envoyer

      Dans la chambre à
      
Gaz des banquiers



      L’argent qui tue 

      Va les tuer.
      
Il n’y aura
      
Qu’à les pousser

      Pour qu’ils achèvent
      
De crever,
      
Dans leur chambre à
      
Gaz des banquiers.

      Cette chanson est la seconde qu’a écrite Raoul Vaneigem. La première : La vie s’écoule :
      http://www.dailymotion.com/video/x15bmlw_la-vie-s-ecoule-fanchon-daemers-paroles-raoul-vaneigem_music


      Source et informations : http://www.campuslille.com/index.php/easyblog/entry/la-rengaine-des-resignes-par-fanchon-daemers

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    • Bonne nouvelle : dans son cahier de poésie, où il faut qu’elle fasse un dessin illustrant la Marseillaise, elle a mis un bonhomme qui chante avec la main sur le cœur et une main curieusement en l’air (tiré d’une vieille gravure, je crois), une dame, et un gros encadré marqué « STOPÉ LA GUERRE ».